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===Un fleuve coulant vers l'Atlantique===
===Un fleuve coulant vers l'Atlantique===


La '''Vilaine''' (breton : ''Gwilen'' ou ''Gwilun'') a un vilain nom en français. Il viendrait de ''ar ster vilen'', la rivière aux moulins, effectivement nombreux jadis, ou de la couleur jaune des eaux boueuses : ''ar ster velen'', en breton la rivière jaune, hypothèse d'autant plus tenace que son aspect en ville ne la dément pas souvent. La forme écrite la plus ancienne se trouve dans Grégoire de Tours: ''Vicenonia'' (lib. X,9) Dans le Cartulaire de Redon du 9e siècle on trouve ''Visnonia'', ''Vitisnonia'', ''Visnonicum flumen.'' Au Moyen Âge on l'appelait ''Visnaine'', mais aussi ''Visnogne'', ''Visnongne'', ''Visnègne''.<ref> Article de G. Loth dans Annales de Bretagne, t.XII,n°2 - 1897</ref>.
La '''Vilaine''' (breton : ''Gwilen'' ou ''Gwilun'') a un vilain nom en français. Il viendrait de ''ar ster vilen'', la rivière aux moulins, effectivement nombreux jadis, ou de la couleur jaune des eaux boueuses : ''ar ster velen'', en breton la rivière jaune, hypothèse d'autant plus tenace que son aspect en ville ne la dément pas souvent. La forme écrite la plus ancienne se trouve dans Grégoire de Tours: ''Vicenonia'' (lib. X,9) Dans le Cartulaire de Redon du 9e siècle on trouve ''Visnonia'', ''Vitisnonia'', ''Visnonicum flumen.'' Au Moyen Âge on l'appelait ''Visnaine'', mais aussi ''Visnogne'', ''Visnongne'', ''Visnègne''<ref> Article de G. Loth dans Annales de Bretagne, t.XII, n°2 - 1897.</ref>.


Une amusante étymologie populaire a sa source dans la grande beauté des femmes de Rennes constatée dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, beauté dont la cause aurait été attribuée aux eaux du fleuve qui embellissaient les femmes s’y baignant au point que l'on y aurait envoyé des jeunes personnes au physique peu avantagé, et de dire qu’on les envoyait à Rennes prendre des ''bains de vilaine''.<ref>Etymologie populaire du nom de la Vilaine, par Louis de Villers, secrétaire général de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, imp. René Prud'homme - 1898</ref>
Une amusante étymologie populaire a sa source dans la grande beauté des femmes de Rennes constatée dans les premiers siècles de l’ère chrétienne, beauté dont la cause aurait été attribuée aux eaux du fleuve qui embellissaient les femmes s’y baignant au point que l'on y aurait envoyé des jeunes personnes au physique peu avantagé, et de dire qu’on les envoyait à Rennes prendre des ''bains de vilaine''<ref>Etymologie populaire du nom de la Vilaine, par Louis de Villers, secrétaire général de la Société archéologique d'Ille-et-Vilaine, imp. René Prud'homme - 1898.</ref>
[[Fichier:Le_bassin_de_la_vilaine.jpeg|200px|right|thumb|le bassin du fleuve La Vilaine.]]
[[Fichier:Le_bassin_de_la_vilaine.jpeg|200px|right|thumb|Le bassin du fleuve La Vilaine.]]


Elle est bien un fleuve puisqu'elle se jette directement dans la mer par un estuaire majestueux large de deux kilomètres. Géographiquement le terme "rivière" est donc inadéquat. Elle prend sa source dans le département de la Mayenne, à une faible altitude de 153 mètres, dans les collines de Juvigné, au sud-ouest d'Ernée, descend vers le sud-ouest jusqu'au-delà de Vitré, s'infléchit vers le sud à la sortie de l'agglomération rennaise, coule dans un défilé au-delà de [[Pont-Réan]] et se jette dans l’océan Atlantique entre les communes de {{w|Camoël}} (le Moustoir) et de {{w|Pénestin}}  (Tréhiguier), dans le département du Morbihan. La longueur de son cours est de 225 km , traversant 57 communes. Les affluents de son bassin versant de 10 400 km2 sont nombreux que l'on apprenait en géographie voici des décennies : la Cantache, la Veuvre, [[la Flume]], la Vaunoise, le Meu, la Seiche, le Canut, le Blosne<ref>[[Blosne (rivière)]]</ref>, le Semnon, la Chère, le Don (Oui ! mais pas la Volga), l'Oust, l'Isac, et... l'[[Ille]] qui, jointe à son nom donne le sien  au département d'Ille-et-Vilaine.
Elle est bien un fleuve puisqu'elle se jette dans la mer par un estuaire large de deux kilomètres. Géographiquement le terme "rivière" est donc inadéquat. Elle prend sa source dans le département de la Mayenne, à une faible altitude de 153 mètres, dans les collines de Juvigné, au sud-ouest d'Ernée, descend vers le sud-ouest jusqu'au-delà de Vitré, s'infléchit vers le sud à la sortie de l'agglomération rennaise, coule dans un défilé au-delà de [[Pont-Réan]] et se jette dans l’océan Atlantique entre les communes de {{w|Camoël}} (le Moustoir) et de {{w|Pénestin}}  (Tréhiguier), dans le département du Morbihan. La longueur de son cours est de 225 km , traversant 57 communes. Les affluents de son bassin versant de 10 400 km2 sont nombreux que l'on apprenait en géographie voici des décennies : la Cantache, la Veuvre, [[la Flume]], la Vaunoise, le Meu, la Seiche, le Canut, le Blosne<ref>[[Blosne (rivière)]]</ref>, le Semnon, la Chère, le Don (Oui ! mais pas la Volga), l'Oust, l'Isac, et... l'[[Ille]] qui, jointe à son nom donne le sien  au département d'Ille-et-Vilaine.


Cette confluence est à l'origine d'un premier nom de la ville de [[Rennes]] :[[ Condate]] établie sur une butte dominant d'une quinzaine de mètres les zones marécageuses de l'Ille et de la Vilaine. Passée la ville, le fleuve vire au sud et devenait maritime en aval de Redon qui disposait administrativement d'un port de mer. Elle fut un des premiers fleuves qu'on canalisa : de Rennes à son embouchure et par le canal d'Ille-et-Rance se fit  ainsi la liaison Manche-Océan en [[1851]]. Construit en 1970 à l’embouchure du fleuve dans le but premier de réduire le risque d’inondation dans la vallée, le barrage d’Arzal bloque la marée qui remontait auparavant jusqu’à Redon, et même au-delà, en vives eaux.  
Cette confluence est à l'origine d'un premier nom de la ville de [[Rennes]] :[[ Condate]] établie sur une butte dominant d'une quinzaine de mètres les zones marécageuses de l'Ille et de la Vilaine. Passée la ville, le fleuve vire au sud et devenait maritime en aval de Redon qui disposait administrativement d'un port de mer. Elle fut un des premiers fleuves qu'on canalisa : de Rennes à son embouchure et par le canal d'Ille-et-Rance se fit  ainsi la liaison Manche-Océan en [[1851]]. Construit en 1970 à l’embouchure du fleuve dans le but premier de réduire le risque d’inondation dans la vallée, le barrage d’Arzal bloque la marée qui remontait auparavant jusqu’à Redon, et même au-delà, en vives eaux.  


[[Fichier:Plan_de_1726.jpeg|250px|right|thumb|En 1726 La Vilaine se tortille dans Rennes et enlace la cité sur le plan de Robelin et Gabriel]]
[[Fichier:Plan_de_1726.jpeg|250px|right|thumb|En 1726, la Vilaine se tortille dans Rennes et enlace la cité sur le plan de Robelin et Gabriel.]]


===Si Vilaine ?===
===Si Vilaine ?===


L'eau est souvent jaune et même parfois sale. En amont de l'agglomération elle ne devait pas être si sale ou l'on n'était pas difficiles et regardant : à la fin du 19e siècle, au [[Gué de Baud]], en amont de la Vilaine canalisée et au [[Cabinet-Vert]], en amont du Pont Laënnec, on se baignait dans le fleuve en respectant les dispositions arrêtées par le maire pour les baignades publiques ouvertes le 1er juin, comme l'indique un arrêté municipal du 20 mai 1899 : à la baignade du Gué de Baud, un drapeau hissé marque l'occupation de la baignade par les troupes de la garnison, les après-midi du lundi au vendredi compris. Elles sont surveillées par des maîtres nageurs et limitées par des poteaux. Il est défendu de s'y baigner sans caleçon ou autre vêtement ou dans d'autres lieux. Il y a même des cabines fermées au Cabinet-Vert avec un droit d'utilisation de 0,10 F. Et même on y lavait le linge en 1940 [[Fichier:Les_lavandieres_des_quais.jpeg|250px|right|thumb|Sur les marches en bas des quais en 1940]] et le [[15 août 1944 : à Rennes on se baigne dans la Vilaine]] ! La notion de pollution a évolué et la pollution augmentée.
L'eau est souvent jaune et même parfois sale. En amont de l'agglomération elle ne devait pas être si sale ou l'on n'était pas difficiles et regardant : à la fin du 19e siècle, au [[Gué de Baud]], en amont de la Vilaine canalisée et au [[Cabinet-Vert]], en amont du Pont Laënnec, on se baignait dans le fleuve en respectant les dispositions arrêtées par le maire pour les baignades publiques ouvertes le 1er juin, comme l'indique un arrêté municipal du 20 mai 1899 : à la baignade du Gué de Baud, un drapeau hissé marque l'occupation de la baignade par les troupes de la garnison, les après-midi du lundi au vendredi compris. Elles sont surveillées par des maîtres nageurs et limitées par des poteaux. Il est défendu de s'y baigner sans caleçon ou autre vêtement ou dans d'autres lieux. Il y a même des cabines fermées au Cabinet-Vert avec un droit d'utilisation de 0,10 F. Et même on y lavait le linge en 1940 [[Fichier:Les_lavandieres_des_quais.jpeg|250px|right|thumb|Sur les marches en bas des quais en 1940]] et le [[15 août 1944 : à Rennes on se baigne dans la Vilaine]] ! La notion de pollution a évolué et la pollution augmentée.


===La canalisation dans Rennes===  
===La canalisation dans Rennes===  
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===Elément d'urbanisme au 21e siècle===
===Elément d'urbanisme au 21e siècle===


La fin de la batellerie qui utilisait jusqu'en [[1975]] le [[quai de la Prévalaye]] et le [[quai Robinot de Saint-Cyr]], sur le fleuve, notamment pour le stockage de sables pour le bâtiment, a coïncidé avec les premiers projets de remodelage des quartiers en intégrant les rives désormais considérées comme facteur valorisant et ceci jusqu'à hauteur du [[quai d'Auchel]],sur des programmes conçus par l'urbaniste Alexandre Chemetoff. En fait, la prise en considération de l'eau commença un peu avant avec l'aménagement du quartier de Bourg-l'Evesque<ref>[[rue du Bourg l'Evesque]]</ref>. On n'occulte plus le fleuve et La [[promenade des Bonnets Rouges]] en témoigne ainsi et à l'est, l'aménagement des berges le long de l'[[avenue François Château]], dans le secteur Baud-Chardonnet en sera une autre application. Péniches et bateaux de plaisance signalent le nouvel accord entre les Rennais et les eaux, avec la reconquête des berges. Et d'aucuns aimeraient bien voir casser "la dalle" couvrant le fleuve entre le [[quai Duguay-Trouin]] et le [[quai Lamennais]].


[[File:La Vilaine à Rennes.JPG|250px|thumb|Vue de la Vilaine du Quai de la Prévalaye, à Rennes (au fond, le pont de Bretagne).]]
Il n'est pas étonnant que cet étrange fleuve figure maintes fois dans le poème d'un Rennais<ref>[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] : quatrains 27 à 31, 37, 58, 63, 73.</ref>.
La fin de la batellerie qui utilisait jusqu'en [[1975]] le [[quai de la Prévalaye]] et le [[quai Robinot de Saint-Cyr]], sur le fleuve, notamment pour le stockage de sables pour le bâtiment, a coïncidé avec les premiers projets de remodelage des quartiers en intégrant les rives désormais considérées comme facteur valorisant et ceci jusqu'à hauteur du [[quai d'Auchel]],sur des programmes conçus par l'urbaniste Alexandre Chemetoff. En fait, la prise en considération de l'eau commença un peu avant avec l'aménagement du quartier de Bourg-l'Evesque<ref>[[rue du Bourg l'Evesque]]</ref>. On n'occulte plus le fleuve et La [[promenade des Bonnets Rouges]] en témoigne ainsi et à l'est, l'aménagement des berges le long de l'[[avenue François Château]], dans le secteur Baud-Chardonnet en sera une autre application. Péniches et bateaux de plaisance signalent le nouvel accord entre les Rennais et les eaux, avec la reconquête des berges. Et d'aucuns aimeraient bien voir casser "la dalle" couvrant le fleuve entre le [[quai Duguay-Trouin]] et le [[quai Lamennais]].


Il n'est pas étonnant que cet étrange fleuve figure maintes fois dans le poème d'un Rennais<ref>[[Rennes d'histoire et de souvenirs]] quatrains 27 à 31, 37, 58, 63,73</ref>.
[[File:Plein Ouest.jpg|center|thumb|Vue de la Vilaine du pont de Bretagne, à Rennes.]]


===Voir aussi===
===Voir aussi===
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