« Révolte du papier timbré » : différence entre les versions

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D'origine champenoise, le ministre méprise et délaisse l'industrie textile bretonne d'une grande importance pour la région et favorise les draperies rémoises. Puis en 1675, alors que la guerre inquiète, le climat affecte gravement les récoltes. Entre une industrie textile en peine et des cultures dévastées, les bretons s'appauvrissent.
D'origine champenoise, le ministre méprise et délaisse l'industrie textile bretonne d'une grande importance pour la région et favorise les draperies rémoises. Puis en 1675, alors que la guerre inquiète, le climat affecte gravement les récoltes. Entre une industrie textile en peine et des cultures dévastées, les bretons s'appauvrissent.


Et c'est dans ce contexte, que sont annoncés en mars [[1675]], sans que les Etats de Bretagne y aient consenti, l'impôt sur le papier timbré (une taxe sur tous les documents officiels) et l'impôt sur le tabac.
Et c'est dans ce contexte, que sont annoncés en mars [[1675]], sans que les Etats de Bretagne y aient consenti, l'impôt sur le papier timbré (une taxe sur tous les documents officiels). L'impôt sur le tabac nommé "betun") et le droit de marque sur l'étain, utilisé pour la vaisselle commune, avaient été enregistrés par le Parlement.


De plus, la rumeur se répand en Basse Bretagne que le roi veut imposer à la province : l'impôt sur le sel, la gabelle. Elle soulève la colère bretonne. En effet, depuis [[1532]], la Bretagne était dispensée de la gabelle comme pays producteur.
De plus, la rumeur se répand en Basse Bretagne que le roi veut imposer à la province : l'impôt sur le sel, la gabelle. Elle soulève la colère bretonne. En effet, depuis [[1532]], la Bretagne était dispensée de la gabelle comme pays producteur.
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=== La révolte===
=== La révolte===


Le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du Champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d' ''herbe à Nicot'' ou  ''pétun'' dont on apprécie les qualités de coupe-faim dans le peuple qui ne mange pas à sa faim. Il fait de même au bureau du papier timbré sous le palais. Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent.
Comme à Bordeaux fin mars,Le 18 avril, le peuple envahit le bureau de tabac,[[ place du Champ Jacquet]], saccage tout et s'empare des balles d' ''herbe à Nicot'' ou  ''pétun'' dont on apprécie les qualités de coupe-faim dans le peuple qui ne mange pas à sa faim. Il fait de même au bureau du papier timbré sous le palais. Le 25, le temple protestant de Cleunay est incendié sous prétexte que des commis des tabacs et du papier timbré sont de la religion. Les compagnies de milice bourgeoises, les "cinquantaines", se mobilisent.
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
[[Fichier:Revolte_du_papier_timbre.JPG|300px|left|thumb|Tableau allégorique de la révolte du papier timbré, par Jean-Bernard Chalette - 1676. A gauche, la ville de Rennes est dans les flammes de l'enfer. L'impôt est représenté par un char conduit par un diable, sur lequel se trouve le duc de Chaulnes (musée de Bretagne) - de Wikimedia Commons)]]
La colère explose en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le [[duc de Chaulnes]],traité de "gros cochon", est assiégé en son Hôtel, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé. Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ... Mme de Chaulnes est à demi morte des menaces qu'on lui fait tous les jours"'' - Au passage de la duchesse dans la rue Haute, les séditieux avaient jeté un chat mort pourri dans son carrosse.
La colère explose en juin [[1675]] à Rennes. Le gouverneur, le [[duc de Chaulnes]] qui a fait entrer en ville trois compagnies de 150 hommes du régiment de la Couronne,fut,traité de "gros cochon", est assiégé en son Hôtel caillassé par une "colique pierreuse" selon Mme de Sévigné, et, dans toute la Basse Bretagne, de très nombreux manoirs sont mis à sac et brûlés. Rue Haute, la duchesse est arrêtée par la foule qui la prie d'être la marraine d'un nouveau né qu'on lui tend mais elle reçoit sur ses genoux la charogne d'un chat crevé. Le 17 juillet, en fin de matinée, le bureau du papier timbré est à nouveau dévasté. Apeurée, [[Madame de Sévigné]] écrit encore à sa fille, le 24 juillet [[1675]] - ''"Nous ne voulons pas aller nous jeter dans la fureur qui agite notre province, elle augmente tous les jours ... Mme de Chaulnes est à demi morte des menaces qu'on lui fait tous les jours"'' - Au passage de la duchesse dans la rue Haute, les séditieux avaient jeté un chat mort pourri dans son carrosse.


Si cette fureur est à la mesure de la misère, elle l'est aussi des rancœurs accumulées contre l'irrésistible grignotage, par le pouvoir royal, de la chère indépendance de la province. Rennes paiera par une affreuse et longue répression. Le 12 octobre, c'est une brusque prise de contrôle par l'armée : 6000 hommes du duc de Chaulnes, venant de  Basse Bretagne où ils avaient réprimé la révolte des [[Bonnets rouges]], arrivent en ville par toutes les portes et les habitants sont désarmés. Le Parlement est exilé à Vannes, un exil qui va durer quinze ans. Rennes va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs. Le 24 une contribution est levée sur les habitants pour contribuer à la nourriture et à l'entretien des troupes.
Si cette fureur est à la mesure de la misère, elle l'est aussi des rancœurs accumulées contre l'irrésistible grignotage, par le pouvoir royal, de la chère indépendance de la province. Rennes paiera par une affreuse et longue répression. Le 12 octobre, c'est une brusque prise de contrôle par l'armée : 6000 hommes du duc de Chaulnes, venant de  Basse Bretagne où ils avaient réprimé la révolte des [[Bonnets rouges]], arrivent en ville par toutes les portes et les habitants sont désarmés. Le Parlement est exilé à Vannes, un exil qui va durer quinze ans. Rennes va connaître une sinistre occupation militaire, la destruction de ses faubourgs. Le 24 une contribution est levée sur les habitants pour contribuer à la nourriture et à l'entretien des troupes.


Le 25 octobre, sur la lande de la "Courouse", le duc de Chaulnes et la duchesse accompagnés de la noblesse transportée en 25 carosses, avaient assisté à une démonstration de force consistant en la revue de 3000 hommes de troupe: mousquetaires, dragons, une partie du régiment de la Couronne er de celui des gardes, archers de la maréchaussée. Le 26 octobre, Pierre Daligault, joueur de violon, "''suffisamment atteint et convaincu d'avoir  emeu la populace, rompu et pillé les bureaux du papier timbré''," reçut vif les coups de barre de fer, "son corps exposé sur la roue pendant 24 heures, puis divisé en quatre quartiers, et portés et pendus, l'un à la Magdeleine'' (route de Nantes), le ''second au Bourg l'Evêque, le 3e ruë Haute et le dernier ruë Huë'' ([[ rue de Paris]]), ''à des poteaux fichés à cet effet''" , c'est à dire aux quatre coins cardinaux. Le 29 octobre,pour avoir tiré un coup de fusil sur le duc de Chaulnes, Pierre Trehol, fripier, fut pendu et étranglé au "grand bout de Cohuë". Le 31 octobre, Perrine Dubois, convaincue d'avoir participé au vol du voeu d'argent en l'église des Dominicains dite de Bonne Nouvelle, fut condamnée à la question, pendue et étranglée au "Grand bout de Cohuë". Le 4 novembre, Jean Rivé, habitant de la rue Haute, reconnu comme chef de la révolte est condamné "''de faire amande honorable à la porte de l'églize cathédrale de Saint-Pierre  avec une torche ardente aux mains, la corde, tête et pieds nus, demandant pardon à Dieu, au roy et à la justice, de là etre conduit au placis de Sainte Anne, et y etre rompu vif sur un échafaut, et sa tête séparée de son tronc etre plantée au haut d'une pique qui sera placée près le pont  Saint Martin avec un ecriteau qui contenoit ces mots : Chef de séditieux, son corps jetté à la voirie, ses biens acquis et confisqués au roy".'' Le même jour Pierre Boissard fut condamné et rompu vif. le 5 novembre, Guillaume Froc, de Saint-Gilles,  qui, armé d'un fusil, s'était vanté de vouloir tuer le duc,fut rompu vif à coups de barre de fer et son corps exposé à Saint-Gilles. Le 2 novembre, Jean Blé, de la rue Haute est pendu au Grand bout de Cohuê pour avoir obligé les officiers à prendre les armes lors de la sédition. Un arrêté royal suscité par le duc ordonna que tous les habitants de la rue Haute (maintenant [[rue Saint-Malo]]), du couvent de Bonne-Nouvelle jusqu'au pont Saint-Martin seraient expulsés de leurs maisons et que celles-ci seraient rasées mais les deux tiers sous le fief du roi furent épargnées et rachetées par leurs propriétaires. Le 7 novembre le  duc de Chaulnes part pour la tenue des Etats à Dinan.
Le 25 octobre, sur la lande de la "Courouse", le duc de Chaulnes et la duchesse accompagnés de la noblesse transportée en 25 carosses, avaient assisté à une démonstration de force consistant en la revue de 3000 hommes de troupe: mousquetaires, dragons, une partie du régiment de la Couronne er de celui des gardes, archers de la maréchaussée. Le 26 octobre, Pierre Daligault, joueur de violon, "''suffisamment atteint et convaincu d'avoir  emeu la populace, rompu et pillé les bureaux du papier timbré''," reçut vif les coups de barre de fer, "son corps exposé sur la roue pendant 24 heures, puis divisé en quatre quartiers, et portés et pendus, l'un à la Magdeleine'' (route de Nantes), le ''second au Bourg l'Evêque, le 3e ruë Haute et le dernier ruë Huë'' ([[ rue de Paris]]), ''à des poteaux fichés à cet effet''" , c'est à dire aux quatre coins cardinaux. Le 29 octobre,pour avoir tiré un coup de fusil sur le duc de Chaulnes, Pierre Trehol, fripier, fut pendu et étranglé au "grand bout de Cohuë". Le 31 octobre, Perrine Dubois, convaincue d'avoir participé au vol du voeu d'argent en l'église des Dominicains dite de Bonne Nouvelle, fut condamnée à la question, pendue et étranglée au "Grand bout de Cohuë". Le 4 novembre, Jean Rivé, aubergiste à l'enseigne du "Sauvage" dans la rue Haute, reconnu comme chef de la révolte est condamné "''de faire amande honorable à la porte de l'églize cathédrale de Saint-Pierre  avec une torche ardente aux mains, la corde, tête et pieds nus, demandant pardon à Dieu, au roy et à la justice, de là etre conduit au placis de Sainte Anne, et y etre rompu vif sur un échafaut, et sa tête séparée de son tronc etre plantée au haut d'une pique qui sera placée près le pont  Saint Martin avec un ecriteau qui contenoit ces mots : Chef de séditieux, son corps jetté à la voirie, ses biens acquis et confisqués au roy".'' Le même jour Pierre Boissard fut condamné et rompu vif. le 5 novembre, Guillaume Froc, de Saint-Gilles,  qui, armé d'un fusil, s'était vanté de vouloir tuer le duc,fut rompu vif à coups de barre de fer et son corps exposé à Saint-Gilles. Le 2 novembre, Jean Blé, de la rue Haute est pendu au Grand bout de Cohuê pour avoir obligé les officiers à prendre les armes lors de la sédition. Un arrêté royal suscité par le duc ordonna que tous les habitants de la rue Haute (maintenant [[rue Saint-Malo]]), du couvent de Bonne-Nouvelle jusqu'au pont Saint-Martin seraient expulsés de leurs maisons et que celles-ci seraient rasées mais les deux tiers sous le fief du roi furent épargnées et rachetées par leurs propriétaires. Le 7 novembre le  duc de Chaulnes part pour la tenue des Etats à Dinan.


===Rennes occupée===
===Rennes occupée===
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