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« Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n°21 » : différence entre les versions

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Gilbert Laméron, le neveu de ma tante Pauline, le plus âgé, est un des chefs de notre bande. Nous, ses subordonnés, sommes impitoyables envers le chef car profitant de son absence nous déclamons en choeur ''« Laméron, cul tout rond qu’a du poil à son menton »''. Il est l’organisateur de la plupart  de nos jeux et bien sûr nous dirige. Les colonnes infernales des sonnettes, c’est lui mais aussi la Marotte (maraude). En cette fin d’automne, des fruits demeurent encore suspendus, arrogants ne demandant qu’à être cueillis par leur propriétaire. Le fruit ne prête pas attention à qui le cueille ou qui le mange, tandis que le propriétaire a un avis différent. Prévoyant notre venue celui-ci nous  attendait avec une bonne trique et administre une rossée mémorable au plus grand, Gilbert, pris en flagrant délit de cueillette interdite. A ce moment, les cris du coupable s’entendent de très loin.
Gilbert Laméron, le neveu de ma tante Pauline, le plus âgé, est un des chefs de notre bande. Nous, ses subordonnés, sommes impitoyables envers le chef car profitant de son absence nous déclamons en choeur ''« Laméron, cul tout rond qu’a du poil à son menton »''. Il est l’organisateur de la plupart  de nos jeux et bien sûr nous dirige. Les colonnes infernales des sonnettes, c’est lui mais aussi la Marotte (maraude). En cette fin d’automne, des fruits demeurent encore suspendus, arrogants ne demandant qu’à être cueillis par leur propriétaire. Le fruit ne prête pas attention à qui le cueille ou qui le mange, tandis que le propriétaire a un avis différent. Prévoyant notre venue celui-ci nous  attendait avec une bonne trique et administre une rossée mémorable au plus grand, Gilbert, pris en flagrant délit de cueillette interdite. A ce moment, les cris du coupable s’entendent de très loin.
[[Fichier:Parc Barbieux - Croix Roubaix.jpg]]


Le parc Barbieux, de l'autre côté du grand boulevard, au bout de la rue Holden, est un immense parc, joliment arboré. Il s’étend entre Croix et Roubaix.  
Le parc Barbieux, de l'autre côté du grand boulevard, au bout de la rue Holden, est un immense parc, joliment arboré. Il s’étend entre Croix et Roubaix.  
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A la rentrée scolaire de 1945, je suis inscrit à l’école communale de Croix. Je connais assez bien mes tables de multiplication avec une manière très personnelle de les réciter. Je ne les récite pas, je les chante sans m’en rendre compte. Ainsi quand la maîtresse m’interroge, je me demande pourquoi elle me regarde pendant toute ma récitation avec un grand sourire et beaucoup de bienveillance. L’image du sourire de cette institutrice est demeurée fraîche dans mes souvenirs.  
A la rentrée scolaire de 1945, je suis inscrit à l’école communale de Croix. Je connais assez bien mes tables de multiplication avec une manière très personnelle de les réciter. Je ne les récite pas, je les chante sans m’en rendre compte. Ainsi quand la maîtresse m’interroge, je me demande pourquoi elle me regarde pendant toute ma récitation avec un grand sourire et beaucoup de bienveillance. L’image du sourire de cette institutrice est demeurée fraîche dans mes souvenirs.  
   
   
[[Fichier:Croix Ecole Victor Hugo classe 7e - 1945.jpg]]


Périodiquement il y a, distribution de biscuits vitaminés accompagnés d’un gobelet de limonade pour chacun  des élèves. Celle-ci s’effectue dans la cour de l’école. C’est toujours bon à prendre !
Périodiquement il y a, distribution de biscuits vitaminés accompagnés d’un gobelet de limonade pour chacun  des élèves. Celle-ci s’effectue dans la cour de l’école. C’est toujours bon à prendre !


J’ai le souvenir de la Rue Holden qui commence depuis le grand boulevard et qui se termine près de la Grand’place au centre ville. Avant d'accéder à cette place on passe devant l'Usine Holden, usine de textile qui avait eu le privilège de posséder la plus haute cheminée de France, disait fièrement ma tante Pauline. C'est maintenant, je crois, la Firme  "Les Trois Suisses" qui est installée à cet endroit.  
J’ai le souvenir de la Rue Holden qui commence depuis le grand boulevard et qui se termine près de la Grand’place au centre ville. Avant d'accéder à cette place on passe devant l'Usine Holden, usine de textile qui avait eu le privilège de posséder la plus haute cheminée de France, disait fièrement ma tante Pauline. C'est maintenant, je crois, la Firme  "Les Trois Suisses" qui est installée à cet endroit.  


En 1945 l’usine est traversée par la rue du même nom qui la coupe presque en sa moitié En se dirigeant vers le centre, la partie située côté gauche est partiellement détruite. Coôé droit tout les bâtiments semblent intacts.
En 1945 l’usine est traversée par la rue du même nom qui la coupe presque en sa moitié En se dirigeant vers le centre, la partie située côté gauche est partiellement détruite. Coôé droit tout les bâtiments semblent intacts.
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''« L'uniforme anglais est nettement moins joli par rapport à celui des Américains. Le drap qui le constitue n’est pas très chic. Le casque est bizarre, on dirait un plat pour servir la soupe. Celui des Américains est nettement plus beau et de plus, ils en ont deux, eux. Les Anglais seulement un. Les Américains sont décontractés et sourient beaucoup. Les Anglais sont trop sérieux. La cabine de tous les véhicules britanniques est laide, on dirait des bull-dogs».''  
''« L'uniforme anglais est nettement moins joli par rapport à celui des Américains. Le drap qui le constitue n’est pas très chic. Le casque est bizarre, on dirait un plat pour servir la soupe. Celui des Américains est nettement plus beau et de plus, ils en ont deux, eux. Les Anglais seulement un. Les Américains sont décontractés et sourient beaucoup. Les Anglais sont trop sérieux. La cabine de tous les véhicules britanniques est laide, on dirait des bull-dogs».''  
[[Fichier:Usine Holden - Croix R.jpg]]


Il me faut maintenant aller au devant de l’évènement. Dans la rue Holden je croise des soldats et m’approche d’eux ''histoire de fraterniser.'' ''J’ai de l’expérience pour ce genre de contact, je ne suis pas un novice.'' Les militaires que je découvre  semblent très affairés et sont occupés à différentes taches. Ils traversent la rue pour se rendre d'un côté ou de l'autre de l'usine. Nous sommes en octobre/novembre 1945. L'époque des rations militaires avec des friandises à distribuer aux enfants par les soldats est révolue. Les Britanniques ne sont pas aussi riches que les Américains, ils n’ont pas grand-chose à offrir. Ils ont chez eux comme chez nous des tickets de rationnement. Nous qui avions été tant dorlotés par les GIs à Vezin-le-Coquet ici, ''nous étions de la revue.''
Il me faut maintenant aller au devant de l’évènement. Dans la rue Holden je croise des soldats et m’approche d’eux ''histoire de fraterniser.'' ''J’ai de l’expérience pour ce genre de contact, je ne suis pas un novice.'' Les militaires que je découvre  semblent très affairés et sont occupés à différentes taches. Ils traversent la rue pour se rendre d'un côté ou de l'autre de l'usine. Nous sommes en octobre/novembre 1945. L'époque des rations militaires avec des friandises à distribuer aux enfants par les soldats est révolue. Les Britanniques ne sont pas aussi riches que les Américains, ils n’ont pas grand-chose à offrir. Ils ont chez eux comme chez nous des tickets de rationnement. Nous qui avions été tant dorlotés par les GIs à Vezin-le-Coquet ici, ''nous étions de la revue.''
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Au début des années 2000, J'ai retrouvé le hangar au bas Vezin, où j'allais tourner la meule pour aider Albert Pinel à aiguiser les couteaux, le pressoir aussi dans ce même hangar où j’ai vu couler tant de jus de pommes.  L'endroit du pylône en haut du chemin vert et le chemin vert lui-même. L'école a disparu elle a été remplacée par une autre, beaucoup plus grande et très moderne, à la mesure de cette nouvelle ville dortoir qu’est devenu mon petit village. Le café de la maréchalerie est devenu pharmacie. La forge et les ateliers de réparations ont été transformés en café et autres commerces. Les dépendances de chez Touffet  sont aussi démolies. Le cimetière transféré hors le bourg. Le château de la Drouétière a réduit ses étages et supprimé son belvédère, après la grande tempête de décembre 1999. Les bassins situés devant la façade du château de la Frelonnière ont été comblés. Le château de la Glestière s’est embelli avec de magnifiques dépendances et un magnifique parc. Le bois de la Glestière où nous avons tant joué s’est couvert de résidences. Le château de Montigné est maintenant une maison de repos pour les ecclésiastiques. Beaucoup de maisons situées de part et d'autre de la route principale du bourg, construites en partie en pisé ont disparu. Il en reste très peu, comme par exemple le pâté de maisons, Blanchard, Trincart, Bigot.  La salle du café où nous avons vécu cinq années à six personnes, me semble à présent ridiculement petite.
Au début des années 2000, J'ai retrouvé le hangar au bas Vezin, où j'allais tourner la meule pour aider Albert Pinel à aiguiser les couteaux, le pressoir aussi dans ce même hangar où j’ai vu couler tant de jus de pommes.  L'endroit du pylône en haut du chemin vert et le chemin vert lui-même. L'école a disparu elle a été remplacée par une autre, beaucoup plus grande et très moderne, à la mesure de cette nouvelle ville dortoir qu’est devenu mon petit village. Le café de la maréchalerie est devenu pharmacie. La forge et les ateliers de réparations ont été transformés en café et autres commerces. Les dépendances de chez Touffet  sont aussi démolies. Le cimetière transféré hors le bourg. Le château de la Drouétière a réduit ses étages et supprimé son belvédère, après la grande tempête de décembre 1999. Les bassins situés devant la façade du château de la Frelonnière ont été comblés. Le château de la Glestière s’est embelli avec de magnifiques dépendances et un magnifique parc. Le bois de la Glestière où nous avons tant joué s’est couvert de résidences. Le château de Montigné est maintenant une maison de repos pour les ecclésiastiques. Beaucoup de maisons situées de part et d'autre de la route principale du bourg, construites en partie en pisé ont disparu. Il en reste très peu, comme par exemple le pâté de maisons, Blanchard, Trincart, Bigot.  La salle du café où nous avons vécu cinq années à six personnes, me semble à présent ridiculement petite.
Le 30 mai 2013
Albert Gilmet
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