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« Bombardements des 9 et 12 juin 1944 » : différence entre les versions

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Dans la nuit du jeudi au vendredi 9 juin 1944, après plusieurs alertes, des bombardiers en haute altitude lâchent les bombes, vers deux heures du matin, pendant près de trente minutes, sur les ateliers de la gare, la [[rue Saint-Hélier]], la [[rue Dupont-des-Loges]], la [[rue Duhamel]], l'[[avenue Janvier]], le[[boulevard de la Liberté]], la [[rue du Vieux-Cours]], la [[place du Vau Saint-Germain]], endommageant l'église, et même sur la [[rue d'Echange]] et la [[rue de Dinan]]. " ''Dans la nuit, le spectacle est absolument dantesque. On a l'impression que toute l'avenue Janvier et la rue Saint-Hélier sont en flammes, comme toutes les maisons encadrant l'église Saint-Germain''." <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'' par René Patay - 1974</ref>  
Dans la nuit du jeudi au vendredi 9 juin 1944, après plusieurs alertes, des bombardiers en haute altitude lâchent les bombes, vers deux heures du matin, pendant près de trente minutes, sur les ateliers de la gare, la [[rue Saint-Hélier]], la [[rue Dupont-des-Loges]], la [[rue Duhamel]], l'[[avenue Janvier]], le[[boulevard de la Liberté]], la [[rue du Vieux-Cours]], la [[place du Vau Saint-Germain]], endommageant l'église, et même sur la [[rue d'Echange]] et la [[rue de Dinan]]. " ''Dans la nuit, le spectacle est absolument dantesque. On a l'impression que toute l'avenue Janvier et la rue Saint-Hélier sont en flammes, comme toutes les maisons encadrant l'église Saint-Germain''." <ref> ''Mémoires d'un Français moyen'' par René Patay - 1974</ref>  


286 Lancaster, 169 Halifax accompagnés de 28 Mosquito "attaquent les voies ferrées à six endroits pour empêcher les renforts allemands d'atteindre la Normandie. Le groupe n°5 attaqua la gare de Rennes avec succès". Les rapports de mission font état de bombardement bien concentré avec succès, la cible balisée par les marqueurs, des feux rouge, vert et jaune lâchés de 10 000 mètres. Le plafond nuageux étant assez bas (2000 mètres), les équipages devaient passer en dessous  de la couche nuageuse pour voir la cible mais sont visés par 4 canons de Flak lourds et 15 légers. <ref> 627th squadron mission report </ref> Des bombes de 500 kg et 225 kg sont lâchées par les Avro Lancaster de la Royal Air Force. <ref>rapports de mission  des squadrons de la RAF 50, 463, 467</ref>. L'aviation britannique perd un Lancaster à l'atterrissage au retour et un Mosquito éclaireur <ref> daily 627th squadron </ref> mais la chasse allemande perd une dizaine d'appareils.
286 Lancaster, 169 Halifax accompagnés de 28 Mosquito "attaquent les voies ferrées à six endroits pour empêcher les renforts allemands d'atteindre la Normandie. Le groupe n°5 attaqua la gare de Rennes avec succès". Les rapports de mission font état de bombardement bien concentré avec succès, la cible balisée par les marqueurs, des feux rouge, vert et jaune lâchés de 10 000 mètres. Le plafond nuageux étant assez bas (2000 mètres), les équipages devaient passer en dessous  de la couche nuageuse pour voir la cible mais sont visés par 4 canons de Flak lourds et 15 légers. <ref> 627th squadron mission report </ref> Des bombes de 500 kg et 225 kg sont lâchées par les Avro Lancaster de la Royal Air Force. <ref>rapports de mission  des squadrons de la RAF 50, 463, 467</ref>. Les rapports du 463e squadron avec 16 Lancasters  engagés et du 467e avec 14 font état d'un "temps médiocre tant à l'aller qu'au retour et qu'en dépit des conditions défavorables les équipages étaient confiants quant à la précision de leur bombardement, ce qui fut confirmé par un vol de reconnaissance le lendemain avec vision d'incendies encore en cours et de cratères sur la gare passagers, les hangars d'entretien et de marchandises". L'aviation britannique perdit un Lancaster à l'atterrissage au retour et un Mosquito éclaireur <ref> daily 627th squadron </ref> mais la chasse allemande perd une dizaine d'appareils.


On peut s'étonner de ce satisfecit quand on constate, au sol, les dégâts collatéraux jusqu'à 800 mètres de l'axe de la cible. Les raisons peuvent en être trouvées du fait que les formations comportaient sept à douze appareils volant de front, couvrant au sol une bande de 500 à 800 mètres et aussi du fait que, si les premiers lâchers étaient bien marqués, la fumée des impacts obscurcissait complètement l'objectif aux appareils suivants<ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin - actes du colloque de l'AHICF des 21 et 22 juin 2000 - 2001.</ref>. On relève aussi avec étonnement le rapport du 397e groupe de bombardement américain qui fait état, à la date du 8 juin, de B-26 "''envoyés contre un pont de chemin de fer à Rennes mais furent contraints d'atteindre des cibles de rencontre  (targets of opportunity) avec des résultats de corrects à excellents.''"<ref> historical report of headquarters detachment 397th bombardment group (M)</ref> L'Ouest-Eclair du 10/11 juin titre : "'''Un raid terroriste de l'aviation anglo-américaine sur la population civile de Rennes.''' ''Une centaine de victimes ont été retirées des décombres'''. '''Des quartiers entiers sont anéantis par les engins explosifs et les bombes incendiaires''". L'article fait état de la difficulté pour les pompiers d' éteindre les incendies provoqués par les bombes incendiaires, des conduites d'eau étant crevées, et de celles éprouvées par les sauveteurs en raison des bombes à retardement. Le 12, le journal annonce : "''Après le raid terroriste de l'aviation anglo-américaine des centaines de maisons d'habitation ont été écrasées par les bombes ou ravagées par l'incendie. On compte plusieurs milliers de sinistrés''."
On peut s'étonner de ce satisfecit quand on constate, au sol, les dégâts collatéraux jusqu'à 800 mètres de l'axe de la cible. Les raisons peuvent en être trouvées du fait que les formations comportaient sept à douze appareils volant de front, couvrant au sol une bande de 500 à 800 mètres et aussi du fait que, si les premiers lâchers étaient bien marqués, la fumée des impacts obscurcissait complètement l'objectif aux appareils suivants<ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin - actes du colloque de l'AHICF des 21 et 22 juin 2000 - 2001.</ref>. On relève aussi avec étonnement le rapport du 397e groupe de bombardement américain qui fait état, à la date du 8 juin, de B-26 "''envoyés contre un pont de chemin de fer à Rennes mais furent contraints d'atteindre des cibles de rencontre  (targets of opportunity) avec des résultats de corrects à excellents.''"<ref> historical report of headquarters detachment 397th bombardment group (M)</ref>
 
''L'Ouest-Eclair'' du 10/11 juin titre : "'''Un raid terroriste de l'aviation anglo-américaine sur la population civile de Rennes.''' ''Une centaine de victimes ont été retirées des décombres'''. '''Des quartiers entiers sont anéantis par les engins explosifs et les bombes incendiaires''". L'article fait état de la difficulté pour les pompiers d' éteindre les incendies provoqués par les bombes incendiaires, des conduites d'eau étant crevées, et de celles éprouvées par les sauveteurs en raison des bombes à retardement. Le 12, le journal annonce : "''Après le raid terroriste de l'aviation anglo-américaine des centaines de maisons d'habitation ont été écrasées par les bombes ou ravagées par l'incendie. On compte plusieurs milliers de sinistrés''."


La préfecture communique qu'en raison des circonstances, les obsèques des victimes seront célébrées sans aucune cérémonie officielle. Dans la vieille chapelle désaffectée du [[Cercle Paul-Bert]], [[rue de Paris]], transformée en chapelle ardente, on aligne les cercueils sous d'immenses tentures tricolores et le quotidien publie une première liste de 56 victimes. La brève cérémonie a lieu sous une nouvelle alerte. Devant les familles des victimes placées le long des murs latéraux à la tête des cercueils, Mgr Roques donne l'absoute, en présence des autorités civiles et les cercueils sont transportés vers les deux cimetières de la ville. "La population fuit Rennes par toutes les routes", relate le quotidien qui indique que "durant toute la journée d'hier, les sauveteurs, bravant le danger des bombes à retardement, ont lutté contre le feu et poursuivi les travaux de déblaiement".
La préfecture communique qu'en raison des circonstances, les obsèques des victimes seront célébrées sans aucune cérémonie officielle. Dans la vieille chapelle désaffectée du [[Cercle Paul-Bert]], [[rue de Paris]], transformée en chapelle ardente, on aligne les cercueils sous d'immenses tentures tricolores et le quotidien publie une première liste de 56 victimes. La brève cérémonie a lieu sous une nouvelle alerte. Devant les familles des victimes placées le long des murs latéraux à la tête des cercueils, Mgr Roques donne l'absoute, en présence des autorités civiles et les cercueils sont transportés vers les deux cimetières de la ville. "La population fuit Rennes par toutes les routes", relate le quotidien qui indique que "durant toute la journée d'hier, les sauveteurs, bravant le danger des bombes à retardement, ont lutté contre le feu et poursuivi les travaux de déblaiement".
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