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« Ma jeunesse dans le quartier Jeanne d'Arc » : différence entre les versions

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== Le Patro ==
=== Le Patro ===




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Et comme à cette époque on construisait très peu, du moins dans le quartier, il y avait du monde à venir voir, c'était une curiosité. Je me souviens d'une image, c'était la façon de faire du ciment à l’époque. Un groupe de six ouvriers armé d'une pelle s'était mis en rond autour d'un tas de sable qui venait d'être déversé là par un tombereau à cheval. Avec ensemble, ils plantaient leur pelle dans le haut du tas de sable pour l'étaler en forme de cuvette. Ils prenaient chacun un sac de ciment stocké à côté sur des planches et le déversait au milieu. Et toujours en rond autour, ils mélangeaient sable et ciment. Ensuite, à tour de rôle, ils allaient chercher un seau d'eau, le déversait au milieu, pendant que les autres brassaient sans relâche l'ensemble, jusqu'à en faire une pâte onctueuse.   
Et comme à cette époque on construisait très peu, du moins dans le quartier, il y avait du monde à venir voir, c'était une curiosité. Je me souviens d'une image, c'était la façon de faire du ciment à l’époque. Un groupe de six ouvriers armé d'une pelle s'était mis en rond autour d'un tas de sable qui venait d'être déversé là par un tombereau à cheval. Avec ensemble, ils plantaient leur pelle dans le haut du tas de sable pour l'étaler en forme de cuvette. Ils prenaient chacun un sac de ciment stocké à côté sur des planches et le déversait au milieu. Et toujours en rond autour, ils mélangeaient sable et ciment. Ensuite, à tour de rôle, ils allaient chercher un seau d'eau, le déversait au milieu, pendant que les autres brassaient sans relâche l'ensemble, jusqu'à en faire une pâte onctueuse.   
Et parfois, ils chantaient "tout là-haut sur le toit d'une maison...". Chacun en prenait une boule et jaugeait le résultat au creux de la main. Et, après un coup de cidre, ils montaient le ciment à dos d'homme aux échelles pour aller enduire le mur de façade.  
Et parfois, ils chantaient "tout là-haut sur le toit d'une maison...". Chacun en prenait une boule et jaugeait le résultat au creux de la main. Et, après un coup de cidre, ils montaient le ciment à dos d'homme aux échelles pour aller enduire le mur de façade.  
A JAR, dans la partie comprise entre l'Eglise et le parc de Maurepas que j'ai vu construire. (sauf la rue La Fontaine existante) il n'y avait pratiquement que des champs, dont le "champ militaire", ou des jardins autour des rares habitations, parfois de simples baraques en bois. Chez moi, comme chez d'autres, il n'y avait ni eau, ni gaz, ni électricité, ni commodités. J'ai toujours fait mes devoirs à la lampe à pétrole  l'hiver.
A JAR, dans la partie comprise entre l'Eglise et le parc de Maurepas que j'ai vu construire. (sauf la rue La Fontaine existante) il n'y avait pratiquement que des champs, dont le "champ militaire", ou des jardins autour des rares habitations, parfois de simples baraques en bois. Chez moi, comme chez d'autres, il n'y avait ni eau, ni gaz, ni électricité, ni commodités. J'ai toujours fait mes devoirs à la lampe à pétrole  l'hiver.
Les souvenirs qui me reviennent souvent à l’esprit sont nombreux. Le Patro, l’école, le quartier, le TIV, le tramway et ses baladeuses pour Cesson, et surtout la guerre vu de JAR (les faits, pas les dates) :
Les souvenirs qui me reviennent souvent à l’esprit sont nombreux. Le Patro, l’école, le quartier, le TIV, le tramway et ses baladeuses pour Cesson, et surtout la guerre vu de JAR (les faits, pas les dates) :




== La mobilisation ==
=== La mobilisation ===




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== Les réquisitions ==
=== Les réquisitions ===


A l'octroi de Paris, par exemple, on voyait arriver de rares voitures réquisitionnées. Mais elles attendaient des chauffeurs qui paraissaient rares dans l’armée française à l’époque....A l'école JAR devenue caserne, les gamins du quartier adoptés par les soldats français les accompagnaient à St Laurent, (à pied cela va de soi à cette époque) pour aller chercher les chevaux réquisitionnés qui attendaient à l'intérieur même de l'église de St-Laurent. Nous étions autorisés à monter sur l'un d'eux pour rentrer à l'école caserne JAR.  
A l'octroi de Paris, par exemple, on voyait arriver de rares voitures réquisitionnées. Mais elles attendaient des chauffeurs qui paraissaient rares dans l’armée française à l’époque....A l'école JAR devenue caserne, les gamins du quartier adoptés par les soldats français les accompagnaient à St Laurent, (à pied cela va de soi à cette époque) pour aller chercher les chevaux réquisitionnés qui attendaient à l'intérieur même de l'église de St-Laurent. Nous étions autorisés à monter sur l'un d'eux pour rentrer à l'école caserne JAR.  
On découvrait comment les hommes faisaient vite corps avec leurs chevaux ; ils dormaient dehors dans la paille au chaud entre leurs pattes. Peu après, on a vu un convoi de charrettes à cheval se former derrière l’école et un beau matin quand je me suis réveillé, ils n'étaient plus là. Ils étaient partis à la guerre avec leurs chevaux et leurs charrettes à cheval.
On découvrait comment les hommes faisaient vite corps avec leurs chevaux ; ils dormaient dehors dans la paille au chaud entre leurs pattes. Peu après, on a vu un convoi de charrettes à cheval se former derrière l’école et un beau matin quand je me suis réveillé, ils n'étaient plus là. Ils étaient partis à la guerre avec leurs chevaux et leurs charrettes à cheval.


==Les Anglais==
===Les Anglais===


Les Anglais les ont remplacés dans le quartier, pas à l'école mais au patronage. Ils étaient motorisés eux. C'était un autre spectacle que de les voir s'exercer à faire du dérapage contrôlé en moto dans la boue derrière l'Eglise. Dans le "champ de la mère Guihard" comme on l'appelait, situé entre l'école et l'Eglise, ils avaient parqué une centaine de voitures anglaises de tout type. Elles n'étaient même pas gardées. Pour démarrer, il suffisait de tirer sur le starter et le bouton de démarrage. Quelques jeunes du quartier les ont essayées.  
Les Anglais les ont remplacés dans le quartier, pas à l'école mais au patronage. Ils étaient motorisés eux. C'était un autre spectacle que de les voir s'exercer à faire du dérapage contrôlé en moto dans la boue derrière l'Eglise. Dans le "champ de la mère Guihard" comme on l'appelait, situé entre l'école et l'Eglise, ils avaient parqué une centaine de voitures anglaises de tout type. Elles n'étaient même pas gardées. Pour démarrer, il suffisait de tirer sur le starter et le bouton de démarrage. Quelques jeunes du quartier les ont essayées.  
Les Anglais cherchaient parfois à échanger de l'essence contre des tomates. Ils jetaient aussi les bidons d'essence vides. C'était très utile pour les pauvres gens. On en faisait notamment des poêles à sciure de bois. On allait chercher de la sciure chez le menuisier Bellamy de la rue la Fontaine, on l'humidifiait légèrement, on en remplissait le bidon vide, non sans avoir fait au centre une cheminée de tirage en carton creux ou autre. Et ça brûlait toute la nuit, maintenant une chaleur douce dans la pièce.
Les Anglais cherchaient parfois à échanger de l'essence contre des tomates. Ils jetaient aussi les bidons d'essence vides. C'était très utile pour les pauvres gens. On en faisait notamment des poêles à sciure de bois. On allait chercher de la sciure chez le menuisier Bellamy de la rue la Fontaine, on l'humidifiait légèrement, on en remplissait le bidon vide, non sans avoir fait au centre une cheminée de tirage en carton creux ou autre. Et ça brûlait toute la nuit, maintenant une chaleur douce dans la pièce.




== Le bombardement de la plaine de Baud par les Allemands ==
=== Le bombardement de la plaine de Baud par les Allemands ===


Je me trouvais seul témoin, juste derrière l'Eglise Jeanne d'Arc, quand le mur (provisoire en brique) de la sacristie s'écroula presque qu'à mes pieds aux premiers souffles des premières déflagrations. Tous les camarades qui se trouvaient dans les parages se précipitèrent à l'intérieur du Patro. L'abbé Barbotin refoula tout son petit monde vers la salle du côté de la rue Guillaume Lejean ou se trouvaient à ce moment des militaires français. L'officier leur ordonna de se mettre en position de combat, avec armes et cartouchières, allongés sur la butte qui existait alors entre la cour du Patro et l'Eglise. Peu après, on voyait arriver des anglais, traînant des blessés, se mettre à l’abri, aussi loin que possible dans les champs. Des gens du quartier ont passé deux et trois nuits dans les fossés sous les haies par peur de voir leur maison s'effondrer.
Je me trouvais seul témoin, juste derrière l'Eglise Jeanne d'Arc, quand le mur (provisoire en brique) de la sacristie s'écroula presque qu'à mes pieds aux premiers souffles des premières déflagrations. Tous les camarades qui se trouvaient dans les parages se précipitèrent à l'intérieur du Patro. L'abbé Barbotin refoula tout son petit monde vers la salle du côté de la rue Guillaume Lejean ou se trouvaient à ce moment des militaires français. L'officier leur ordonna de se mettre en position de combat, avec armes et cartouchières, allongés sur la butte qui existait alors entre la cour du Patro et l'Eglise. Peu après, on voyait arriver des anglais, traînant des blessés, se mettre à l’abri, aussi loin que possible dans les champs. Des gens du quartier ont passé deux et trois nuits dans les fossés sous les haies par peur de voir leur maison s'effondrer.




== La débâcle ==
=== La débâcle ===
   
   


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== L'arrivée des Allemands ==
=== L'arrivée des Allemands ===
   
   


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== Les murs ont des oreilles ==
=== Les murs ont des oreilles ===
   
   


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== Les Allemands à l’école ==
=== Les Allemands à l’école ===
   
   


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