Bannière liberation Rennes 2.jpg

A l'occasion des 80 ans de la libération de Rennes, (re)découvrez l'ensemble des
contributions autour de la Seconde Guerre mondiale et de la libération sur Wiki-Rennes.

« Bombardement du 8 mars 1943 » : différence entre les versions

De WikiRennes
Aller à la navigationAller à la recherche
aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Aucun résumé des modifications
Ligne 6 : Ligne 6 :


La mission du 8 mars pour les 91e, 303e, 305e et 306e groupes est le bombardement des installations ferroviaires de Rennes. Les forteresses volantes arrivant de la baie de Saint-Brieuc, abordent la ville à 14 h 30 par l'ouest après avoir survolé Mordelles à très haute altitude (6000 mètres). Le 303e groupe a 7 appareils engaggés, le 322e squadron a cinq à 14 h 31 avec chacun dix bombes de 225 kg  et trouve une Flak intense et forte. Le 323e squadron a trois appareils engagés et le 324 e en a quatre <ref> rapports quotidiens des 322e, 323e et 324e squadrons</ref>. Pour sa part Le 401e squadron a détaché trois appareils, chargés comme tous de dix bombes de 225 kg et survolant la cible à altitude de 7300 m; son rapport fait état d'une Flak légère et imprécise et d'un bon bombardement systématique sur le point visé, et d'une Flak de légère à intense mais  tout aussi imprécise tant au retour qu'aller. <ref> 91st bomb group. Dailies of th 401st squadron. 1943 </ref>  Il en est de même pour le 306th bomb group, qui a eu un appareil  abattu sur Trébry, et fait rapport d'un bon résultat de son bombardement à vue. Six appareils ont été abattus au cours de cette mission en raison de fortes attaques de  25 chasseurs avant même l'atteinte du point initial pour le bombardement ainsi qu'au retour. Le bombardement a duré vingt minutes, 135 tonnes de bombes ont été déversées. Les conditions étaient bonnes, sans couverture nuageuse ni brume, avec 16 km de visibilité. Les photos prises de 6700 mètres par le 303e groupe, qui trouve la Flak légère et  généralement imprécise, montrent des résultats qualifiés de passables à bons avec une bonne concentration près de la zone ciblée et 10 à 12 déflagrations dans la zone de la gare de triage, la plupart noires mais trois d'entre elles étaient hautes et grises.<ref> 303rd B.G.(H) Combat mission n°21 8 march 1943- railroad marshalling yards - Rennes, France </ref>  Trois appareils allemands Fw des deux groupes de chasse JG 26 ont été abattus.(Les Britanniques en revendiquèrent quatre et trois autres probables.)
La mission du 8 mars pour les 91e, 303e, 305e et 306e groupes est le bombardement des installations ferroviaires de Rennes. Les forteresses volantes arrivant de la baie de Saint-Brieuc, abordent la ville à 14 h 30 par l'ouest après avoir survolé Mordelles à très haute altitude (6000 mètres). Le 303e groupe a 7 appareils engaggés, le 322e squadron a cinq à 14 h 31 avec chacun dix bombes de 225 kg  et trouve une Flak intense et forte. Le 323e squadron a trois appareils engagés et le 324 e en a quatre <ref> rapports quotidiens des 322e, 323e et 324e squadrons</ref>. Pour sa part Le 401e squadron a détaché trois appareils, chargés comme tous de dix bombes de 225 kg et survolant la cible à altitude de 7300 m; son rapport fait état d'une Flak légère et imprécise et d'un bon bombardement systématique sur le point visé, et d'une Flak de légère à intense mais  tout aussi imprécise tant au retour qu'aller. <ref> 91st bomb group. Dailies of th 401st squadron. 1943 </ref>  Il en est de même pour le 306th bomb group, qui a eu un appareil  abattu sur Trébry, et fait rapport d'un bon résultat de son bombardement à vue. Six appareils ont été abattus au cours de cette mission en raison de fortes attaques de  25 chasseurs avant même l'atteinte du point initial pour le bombardement ainsi qu'au retour. Le bombardement a duré vingt minutes, 135 tonnes de bombes ont été déversées. Les conditions étaient bonnes, sans couverture nuageuse ni brume, avec 16 km de visibilité. Les photos prises de 6700 mètres par le 303e groupe, qui trouve la Flak légère et  généralement imprécise, montrent des résultats qualifiés de passables à bons avec une bonne concentration près de la zone ciblée et 10 à 12 déflagrations dans la zone de la gare de triage, la plupart noires mais trois d'entre elles étaient hautes et grises.<ref> 303rd B.G.(H) Combat mission n°21 8 march 1943- railroad marshalling yards - Rennes, France </ref>  Trois appareils allemands Fw des deux groupes de chasse JG 26 ont été abattus.(Les Britanniques en revendiquèrent quatre et trois autres probables.)
Un communiqué annonça <ref> London, March 8, 1943, (CP)</ref>:
'''Des bombardiers américains sur des centres ferroviaires français'''
''Deux chasseurs de Toronto ont abattu deux des cinq chasseurs nazis dans le raid sur Rennes. Londres, 8 mars 1943. Des bombardiers lourds américains escortés de chasseurs canadiens et britanniques ont repris l'offensive contre la menace des sous-marins allemands, en plein jour aujourd'hui, en martelant les points clés ferroviaires de Rennes et de Rouen et en abattant une vingtaine de chasseurs ennemis dans les premières opérations aériennes concentrées menées par les unités alliées depuis samedi[...] cinquième raid mené de jour par l'U.S.A.F. en onze jours. Rennes est un important centre de fournitures pour les sous-marins et un noeud ferroviaire des lignes menant aux bases sous-marines de Hitler à Lorient, Saint-Nazaire et Brest ainsi qu'au port de Cherbourg.[...] Un communiqué publié conjointement par l'U.S. Air Force et le ministère de l'air britannique dit que les bombardiers ont attaqué Rennes "avec succès" en dépit d'une forte opposition ennemie.''


En l'occurence le résultat de cette mission incite à pencher pour une autre traduction de "staggered" au vu de l'altitude des appareils lors du bombardement de Rennes : altitudes vertigineuses.
En l'occurence le résultat de cette mission incite à pencher pour une autre traduction de "staggered" au vu de l'altitude des appareils lors du bombardement de Rennes : altitudes vertigineuses.
Ligne 21 : Ligne 27 :




Ce n'est pas cette fois-ci que le 305e groupe de bombardement recevra la "distinguished unit citation" pour bombardement précis. Et pourtant les rapports des 7 et 30 avril 1943 ont qualifié les résultats de spectaculaires :" ''Les bombardiers frappèrent la gare de triage, la coupant aux deux extrémités et bloquant le trafic pendant trois ou quatre jours. Il fallut encore plusieurs jours, voire deux semaines avant une reprise normale du trafic. Entre-temps, les communications ferroviaires avec la péninsule de Brest, et en particulier avec les bases sous-marines, furent sérieusement désorganisées, car Rennes constituait la clé stratégique de tout le réseau ferroviaire de Bretagne''."<ref> The Army Air Force in World War II- Europe : Torch to Pointblank. August 1942 to december 1943. chap. 10 éditeur W. F. Craven et J. L. Cate</ref>  Sur une photo aérienne de l'U.S.A.F., sont cerclés et numérotés les neuf emplacements ferroviaires  atteints, des voies longeant le boulevard du Colombier à l'ouest, jusqu'aux trains stationnés sur le triage de la plaine de Baud, à l'est.<ref> photo dans ''Rennes sous l'occupation'', par François Bertin, éditions Ouest-France- 1979 </ref>  Au 91e groupe de bombardement, on fait état d'un "résultat très bon. Tant l'interrogation des équipages de combat que les photos des attaques de frappe indiquent qu'une majorité de nos bombes tomba à quelques centaines de yards du point visé. On observa plusieurs gros incendies à la gare de triage et à des bâtiments industriels adjacents * <ref> note : il s'agit des bâtiments de l'Ecoconique !</ref> alors que la formation quittait la zone ciblée." <ref> Dailies of th 91st bomb group</ref> Le rapport du 463e squadron note que l'opposition de la Flak a été considérable mais que de bonnes photographies ont été ramenées qui révèlent une excellente concentration de bombardement et le constat est le même pour le 59e squadron  qui indique que la cible a été balisée avec succès par des feux rouges et verts, que le bombardement a été bien concentré. <ref> history of the 463th and 467th squadrons</ref> A l'époque ce bombardement ainsi que celui de la gare de triage de Hamm, dans la Rhur, le 4 mars, sont présentés à l'opinion américaine comme des exemples prometteurs dans ce mois de mars qui fera date dans l'histoire du bombardement de précision en haute altitude. <ref> ''The Army Air forces' official story of th VIII bomber command's first year over Europe'' - Magazine Life N° 29 novembre 1943, p. 80 </ref>
Ce n'est pas cette fois-ci que le 305e groupe de bombardement recevra la "distinguished unit citation" pour bombardement précis. Et pourtant les rapports des 7 et 30 avril 1943 ont qualifié les résultats de spectaculaires :" ''Les bombardiers frappèrent la gare de triage, la coupant aux deux extrémités et bloquant le trafic pendant trois ou quatre jours. Il fallut encore plusieurs jours, voire deux semaines avant une reprise normale du trafic. Entre-temps, les communications ferroviaires avec la péninsule de Brest, et en particulier avec les bases sous-marines, furent sérieusement désorganisées, car Rennes constituait la clé stratégique de tout le réseau ferroviaire de Bretagne''."<ref> The Army Air Force in World War II- Europe : Torch to Pointblank. August 1942 to december 1943. chap. 10 éditeur W. F. Craven et J. L. Cate</ref>  Sur une photo aérienne de l'U.S.A.F., sont cerclés et numérotés les neuf emplacements ferroviaires  atteints, des voies longeant le boulevard du Colombier à l'ouest, jusqu'aux trains stationnés sur le triage de la plaine de Baud, à l'est.<ref> photo dans ''Rennes sous l'occupation'', par François Bertin, éditions Ouest-France- 1979 </ref>  Au 91e groupe de bombardement, on fait état d'un "résultat très bon. Tant l'interrogation des équipages de combat que les photos des attaques de frappe indiquent qu'une majorité de nos bombes tomba à quelques centaines de yards du point visé. On observa plusieurs gros incendies à la gare de triage et à des bâtiments industriels adjacents * <ref> note : il s'agit des bâtiments de l'Economique !</ref> alors que la formation quittait la zone ciblée." <ref> Dailies of th 91st bomb group</ref> Le rapport du 463e squadron note que l'opposition de la Flak a été considérable mais que de bonnes photographies ont été ramenées qui révèlent une excellente concentration de bombardement et le constat est le même pour le 59e squadron  qui indique que la cible a été balisée avec succès par des feux rouges et verts, que le bombardement a été bien concentré. <ref> history of the 463th and 467th squadrons</ref> A l'époque ce bombardement ainsi que celui de la gare de triage de Hamm, dans la Rhur, le 4 mars, sont présentés à l'opinion américaine comme des exemples prometteurs dans ce mois de mars qui fera date dans l'histoire du bombardement de précision en haute altitude. <ref> ''The Army Air forces' official story of th VIII bomber command's first year over Europe'' - Magazine Life N° 29 novembre 1943, p. 80 </ref>


La SNCF fera état de 40 cheminots tués, 92 blessés et de 425 familles de cheminots sinistrés.<ref> lettre du service exploitation, bureau administratif SNCF de Rennes du 30 mai 1943 adressée à une donatrice de Dinard</ref> Mais le spécialiste de la SNCF Machefert-Tassin, sous une rubrique intitulée "un échec stratégique", relèvera à Rennes, pour ce bombardement 10% des impacts sur des sites de la SNCF et met en regard les 300 morts atteints en dehors.  <ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin- actes du colloque del'AHICF des 21 et 22 juin 2000- 2001</ref> Une étude américaine de 2006 sur les bombardements en Europe concédera que " ''l'attaque sur Rennes a pu être contreproductive. Un bombardement imprécis a causé la mort de 300 civils français. Des attaques plus précises sur d'autres gares de triage, elles aussi situées à côté ou sur des zones peuplées, infligèrent des pertes moindres''."<ref> Bombing the European Axis Powers, par Richard G. Davis, Air University Press, Maxwell Air Force base, Alabama. 2006</ref>
La SNCF fera état de 40 cheminots tués, 92 blessés et de 425 familles de cheminots sinistrés.<ref> lettre du service exploitation, bureau administratif SNCF de Rennes du 30 mai 1943 adressée à une donatrice de Dinard</ref> Mais le spécialiste de la SNCF Machefert-Tassin, sous une rubrique intitulée "un échec stratégique", relèvera à Rennes, pour ce bombardement 10% des impacts sur des sites de la SNCF et met en regard les 300 morts atteints en dehors.  <ref> ''Une entreprise publique dans la guerre, la SNCF 1939-1945'' par Yves Machefert-Tassin- actes du colloque del'AHICF des 21 et 22 juin 2000- 2001</ref> Une étude américaine de 2006 sur les bombardements en Europe concédera que " ''l'attaque sur Rennes a pu être contreproductive. Un bombardement imprécis a causé la mort de 300 civils français. Des attaques plus précises sur d'autres gares de triage, elles aussi situées à côté ou sur des zones peuplées, infligèrent des pertes moindres''."<ref> Bombing the European Axis Powers, par Richard G. Davis, Air University Press, Maxwell Air Force base, Alabama. 2006</ref>
24 592

modifications

Menu de navigation