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Rue Émilienne Moreau-Évrard

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La rue Émilienne Moreau-Évrard est une voie d'orientation est-ouest, ayant pour origine la rive ouest du boulevard Saint-Conwoïon et aboutissant sur la rive est de la rue d'Inkermann, dans le prolongement est de la rue Porcon de la Barbinais. La voie s'établit sur le site de l'ancien garage militaire de Guines[1], et fait partie de la Zone d'Aménagement Concerté Guines, dont la date de livraison est prévue en 2022. Elle a été ainsi dénommée par délibération du conseil municipal de Rennes en date du 21 janvier 2019 pour honorer : son héroïsme et courage.

Émilienne Moreau-Évrard

Emilienne Moreau-Evrard[2]
La rue en construction en novembre 2022.

Héroïne en 14-18

Résistante – Compagnon de la libération (Wingles, Pas-de-Calais, 4 juin 1898 - Lens, 5 janvier 1971)

Émilienne Moreau-Evrard Wikipedia-logo-v2.svg est née en 1898, à Wingles (62), où sa mère est femme au foyer et son père employé aux mines. En 1899, celui-ci est nommé dans une mine à Lens où il devient, dix ans plus tard, chef-surveillant sur une autre fosse. En 1914, son père à 50 ans et totalise déjà 38 ans de travail. Son épouse l'incite donc à prendre sa retraite. Ne voulant pas rester inactif, il trouve un commerce d'épicerie-mercerie-bonneterie, à Loos-en-Gohelle (62). C'est là que se trouve la famille lorsqu'éclate la première Guerre mondiale. Rapidement, la ville est occupée par l'ennemi. Durant les 11 mois d'occupation, la famille va perdre le fils aîné tué au combat et le père usé par les privations. A 17 ans, Émilienne s'occupe alors des enfants du village et devient leur l'institutrice. Elle n'admet pas l'invasion ennemie. À plusieurs reprises, grâce à ses observations, elle renseigne les soldats français et anglais qui tentent d'entrer dans Loos, pour leur indiquer les positions ennemies et leur éviter de tomber dans une embuscade. Durant l'affrontement, elle transforme sa maison en poste médical avancé et s'improvise infirmière. A l'occasion, elle prend également les armes contrer l'ennemi. Grace à son aide, les soldats britanniques vont éviter les pièges et se rendent maître des lieux. Émilienne est devenue "l'Héroïne de Loos".

Son courage doit être montré en exemple à la population. Le Général Foch la cite à l'ordre de l'armée et ses exploits sont relatés dans la presse. Les allemands se sentent humiliés, sa tête est mise à prix et menacent de fusiller tout civil qui sera pris les armes à la main si la remise de décoration a lieu aux Invalides. Le 27 novembre 1915, en même temps que des poilus, elle est décorée la Croix de Guerre, avec palme, sur la place d'arme à Versailles.

Le Président de la République Raymond Poincaré Wikipedia-logo-v2.svg la reçoit au Palais de l'Élysée pour la décorer de la croix du combattant. L'Ambassadeur d'Angleterre la reçoit également dans son Ambassade pour lui décerner la "Military Medal", la "Royal Red Cross" (1ère classe) et "l'ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem". Elle est ensuite reçue personnellement par le roi George V Wikipedia-logo-v2.svg. La presse lui demande d'écrire ses mémoires, qui sont publié sous forme de feuilleton et le propriétaire du journal lui met un château à disposition, à Versailles, pour la loger avec sa famille. Des photos à son image sont distribuées sur le front. Un film intitulé "La Jeanne d'Arc de Loos" est réalisé en Australie. Une rose blanche à reflet pourpre va porter le nom d'Émilienne Moreau.

Tous ces évènements ne lui font pas oublier son objectif de devenir institutrice. Elle passe son brevet élémentaire, puis son brevet secondaire et devient institutrice dans une école de garçon à Paris. Après l'armistice, elle revient dans le Pas-de-Calais et continue à enseigner. À partir de 1930, elle milite au sein du Parti Socialiste SFIO. En 1934, à Lillers (62), elle épouse en secondes noces Just Evrard Wikipedia-logo-v2.svg, le secrétaire général adjoint de la fédération socialiste du Pas-de-Calais. Le couple va avoir deux garçons.

Avec l'arrivée d'Hitler au pouvoir, sa tête est à nouveau mise à prix et deux membres du Parti Nazi, chargés de l'assassiner, sont arrêtés. Durant l'occupation, elle est assignée en résidence surveillée. Malgré cela elle dénonce la capitulation et s'oppose au régime de Pétain. Avec son mari, elle fonde, fin 1940, la section socialiste clandestine de Lens. Just Evrard est arrêté puis libéré en 1942. Il part se réfugier à Lyon. Émilienne Moreau-Evrard en contact avec l'Intelligence Service leur envoi de précieux renseignements. Traquée par la Gestapo, elle parvient à rejoindre son mari à Lyon. Sous le pseudonyme de Jeanne Poitier ou Emilienne la Bonde, elle participe activement à de nombreux réseaux de Résistance : la France au Combat, Brutus ou Libération-Nord. En 1944, dix-sept de ses camarades sont arrêtés, mais elle parvient à s'enfuir et à rejoindre Londres. De retour en France, en 1944, elle est l'une des six femmes à être faites "Compagnon de la Libération" par le Général de Gaulle, qui le 11 août 1945, à Béthune, lui remet la Croix de la Libération. Décorée de la Croix de guerre 1939-1945, de la Croix du combattant volontaire de la Résistance et est nommée Officier de la Légion d'honneur. En 1945, son mari est élu député du Pas-de-Calais. Émilienne Moreau-Evrard est alors membre du Comité directeur du Parti Socialiste de 1945 à 1963, Présidente de la Fédération du Pas-de-Calais des anciens combattants républicains et conseillère honoraire de l'Assemblée de l'Union Française (1947 – 1958). Émilienne Moreau-Evrard décède à son domicile de Lens, le 5 janvier 1971.

Notice biographique Joël DAVID– Res-Com

Lien externe

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Références

Projet porté par Joël David Chargé d'odonymie à la Ville de Rennes

Propos recueilli par Elisa Triquet Médiatrice numérique