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Rue Père Bourdon
La rue Père Bourdon se situe dans le quartier 2 : Thabor – Saint-Hélier – Alphonse Guérin et prend son origine sur la rue d'Antrain. Cette voie fut dénommée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 24 juillet 1923 puis prolongée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 5 novembre 1973[1].
Cette voie rend hommage au Père Augustin Bourdon, directeur de l'œuvre des apprentis (1820 - 1911)
« Mgr Bourdon. La ville de Rennes apprendra avec bonheur la distinction flatteuse dont M. le chanoine Bourdon vient d'être honoré par Léon XIII. Sur la demande du cardinal Labouré, le Souverain Pontife a nommé le bon et digne « Père Bourdon » comme il est appelé par toutes les générations qu'il a élevées à la dignité de prélat romain. Il n'est pas besoin de rappeler les immenses services rendus par M. le chanoine Bourdon à la population ouvrière de Rennes dans son établissement de Toutes Grâces, où depuis tant d'années les enfants trouvent des distractions honnêtes qui les préservent de bien des dangers. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 2 mars 1900 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
« Avec Mgr Bourdon disparait une figure bien rennaise et des plus sympathiques.
Qui ne connaissait, en effet, ce prêtre aux cheveux blancs, dont le chapeau à larges bords ombrageait un visage creusé de rides, mais demeuré jeune quand même, et que l'on voyait trottiner par les rues, alerte comme un jeune homme.
Sous des dehors un peu froids, Mgr Bourdon, le « père Bourdon », comme on disait autrefois, avant que le Pape n'en fit un prélat de sa maison, était la bonté même ; les innombrables jeunes gens qui ont fréquenté Toutes-Grâces, en savent quelque chose.
Mgr Bourdon, nous le disions hier, était Rennais pour avoir vu le jour rue Saint-Hélier, le 22 juillet 1820.
On peut donc dire qu'il était un des doyens de notre cité, avec Mme Marçais-Martin, qui est décédée lundi, à 91 ans, comme Mgr Bourdon, et dont les obsèques ont lieu ce matin.
Le défunt, qui était le fils d'un tanneur, fit ses études au lycée de Rennes, où il eut comme camarade M. Cucheval-Clarigny, devenu membre de l'Institut. Puis il entra au séminaire de Saint-Sulpice, à Paris, où il étudia la théologie.
Ordonné prêtre en 1845, il fut choisi pour diriger l'œuvre des Orphelins, qu'avait créée Mgr Saint-Marc, qui, en 1860, le fit chanoine honoraire.
La conférence de Saint-Vincent-de-Paul lui conféra plus tard la direction d'une œuvre de jeunesse, qu'elle avait placée sous le vocable de N.-D.-de-Toutes-Grâces, car c'est une erreur de croire que Mgr Bourdon, ainsi qu'on en était convaincu dans le public, était le fondateur de cette œuvre, à laquelle il consacra jusqu'au dernier moment tous ses efforts.
Il ne revendiqua d'ailleurs jamais ce titre, qu'on lui attribuait à tort, et souventes fois, près de ses intimes, il se défendait d'avoir eu le mérite de cette fondation. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 4 mai 1911 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
« Mgr BOURDON - Quel est le Rennais qui ne connaissait, il y a quelques années, Mgr Bourdon ? Il s'en allait par les rues, trottant menu, les épaules légèrement courbées, la main levée sans cesse vers son chapeau tricorne pour saluer quelqu'un de ses innombrables amis. On l'avait toujours vu ainsi et nos parents nous avaient appris à prononcer son nom avec vénération.
Quand il mourut, il y a bientôt dix ans, une foule considérable suivit son cercueil une grande figure venait de disparaître.
Nulle vie pourtant n'avait été plus unie, plus calme, mais elle avait été un effort incessant de soixante années de dévouement à une seule œuvre, à une seule idée : le patronage de Toutes-Grâces.
Et voici pourtant que cette existence si paisible a une histoire, une histoire qui fait époque dans la vie sociale du pays.
Sous le règne de Louis-Philippe, une renaissance catholique très accentuée se produisit sous l'impulsion de grands penseurs, dont l'un, Ozanam , fonda la Société de Saint-Vincent de Paul, destinée à venir en aide par tous les moyens aux classes nécessiteuses (1834).
Après Paris, Lyon et Nîmes, Rennes eut en 1836 sa conférence. D'abord composée de cinq jeunes gens, elle ne tarda pas à prendre de l'extension. Bien vite, on pensa à former l'esprit des ouvriers que la grande industrie naissante obligeait désormais à travailler dans des ateliers au milieu d'une promiscuité dangereuse. On pensa que des patronages pourraient utilement les conserver le dimanche en des lieux plus sains.
C'est ainsi que la première idée des œuvres post-scolaires est sortie des conférences de Saint-Vincent de Paul. En 1840, la conférence de Quimper, en 1843, celle de Saint-Brieuc avec Pouhaër, s'adjoignirent des patronages.
Mgr de Lesquen, puis Mgr Saint-Marc avaient, à Rennes, protégé de tout leur pouvoir l'œuvre des conférenciers. En janvier 1846, ce dernier donna comme directeur au patronage naissant des apprentis Rennais, M. l'abbé Bourdon.
M. l'abbé Julien Bourdon (en fait, Auguste ou Augustin Bourdon, ndlr) était né dans le quartier de la Californie le 22 juillet 1820. Après des études au Collège royal, au Petit Séminaire de Rennes, et à Saint-Sulpice, il fut ordonné prêtre le 20 décembre 1845 dans la nouvelle cathédrale et célébrait sa première messe à la chapelle de la rue du Griffon, chez les sœurs de Saint-Vincent de Paul.
Le patronage des apprentis et orphelins tint ses premières réunions au présidial. Au milieu d'une organisation précaire, l'œuvre vécut cependant ainsi jusqu en 1858. Au mois de janvier de cette année-là, elle fut refondue sur une nouvelle base. L'abbé Bourdon acheta la maison de Montabizé, le patronage était désormais chez lui. L'achat eut lieu le 1er mars. l'installation le 9 mai de la même année et la bénédiction de la statue de la vierge de Toutes-Grâces le 29 juillet 1859, quelques jours après une visite du nonce venu à Rennes pour présider les fêtes de la transformation de l'évêché en archevêché.
Le 8 juillet 1860, M. l'abbé Bourdon était nommé chanoine, le 14 juillet 1861 étaient transférées à Toutes-Grâces les reliques de saint Faustin ; le 23 juin 1865 fut posée la première pierre de la chapelle, elle était bénie le 5 avril 1866. [...]
L'église l'avait, quelques années avant sa mort élevé à la dignité de prélat romain. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 18 juillet 1920 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
« Le centenaire de Mgr Bourdon - [...] La parole est donnée à M. Fr. Simon, qui doit nous faire l'exposé de la vie, et de l'œuvre de celui dont nous fêtons aujourd'hui le centenaire.
Nul ne pouvait être désigné à meilleur escient pour ce travail. Nul n'avait pu mieux apprécier toute la beauté de cette vie de dévouement que fut celle de Mgr Bourdon.
Après un début consacré aux souhaits de bienvenue et une première partie, pleine d'aperçus élevés sur le rôle du prêtre et de Mgr Bourdon en particulier dans l'éducation de la jeunesse, M. Fr. Simon en vint assez vite à nous parler de l'homme dont la mémoire est vénérée de tous les Rennais. [...]
Il en était de nombreux dans 1a salle, dont les tempes étaient chenues, et qui ne pouvaient céler leur émotion en entendant l'évocation des promenades du lundi de Pâques, des dîners du dimanche chez le père Bourdon et du pas de conduite qu'on lui faisait jusqu'à sa demeure au numéro 13, de la rue du Pré Botté. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 19 juillet 1920 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
La rue Père Bourdon
La rue Père Bourdon est dénommée une dizaine d'années après la mort du prélat :
« LES NOUVELLES RUES - PÈRE BOURDON (1820-1911)
La décision du Conseil Municipal donnant le nom du « Père Bourdon » à l'une des nouvelles voies urbaines du faubourg d'Antrain, n'a fait que régulariser un fait existant.
La reconnaissance populaire avait ainsi dénommé le chemin qui conduisait à cette maison de l'œuvre de Toutes-Grâces, si connue de tous les Rennais.
La mémoire de Mgr Augustin Bourdon est loin d'être oubliée ; nulle physionomie ne fut plus familière à ses contemporains. Il appartenait à l'une des plus honorables familles d'industriels rennais ; son père, même, fut délégué par les tanneurs pour protester, en 1816 (déjà !) contre l'élévation des impôts indirects.
A la tête d'une certaine fortune, le jeune Bourdon embrassa l'état ecclésiastique (1846) ; il participa à la fondation de l'Orphelinat de garçons et s'occupa, dès le début de son ministère, de la création de son œuvre de jeunesse, dans le but, déclarait-il dans une circulaire de cette lointaine époque, que nous avons sous les yeux, "d'aider la jeunesse ouvrière à remplir ses devoirs religieux et sociaux" et lui permettre de "trouver à Toutes-Grâces, dans une récréation honnête et utile, le délassement de ses travaux de la semaine".
La vie du Père Bourdon fut longue ; elle fut entièrement consacrée à son œuvre éminemment sociale du patronage de la jeunesse, qui est considérée comme un modèle du genre et où les diverses organisations se mettent toujours à la hauteur de tous les progrès.
Il signait tout simplement : BOURDON, prêtre, directeur de l'œuvre ; le succès de son apostolat lui valut cependant les honneurs ecclésiastiques ; il fut nommé chanoine ; les papes Léon XIII et Pie X lui décernèrent, successivement, le titre de prélat romain qui lui donnait droit à l'appellation de Monseigneur ; celle de « Père Bourdon » a prévalu et on a bien fait de la consacrer. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 28 juillet 1923 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
« M. l'abbé Bourdon fut le fondateur de l'œuvre de Notre-Dames de Toutes-Grâces, l'inoubliable Père Bourdon dont une de nos rues porte le nom. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 17 avril 1934 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
Sur la carte
Note et références
- ↑ Délibérations municipales, Archives de Rennes