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Quai Émile Zola
Le quai Émile Zola se situe dans le quartier 1 : Centre entre la place de la République et le Quai de Richemont. Ce nom de voie fut proposé au conseil municipal de la Ville de Rennes du 27 décembre 1909, pour substituer celui de la place de la Mission.
« La place de la Mission et Émile Zola - M. Janvier a soumis à l'approbation du Conseil une proposition du Comité socialiste rennais demandant que le nom de Émile Zola soit donné à la place de la Mission.
- Pourquoi pas à une autre place ou à une autre rue ? questionne le maire. Si vous voulez bien, nous allons scinder la proposition et voter sur le principe de donner à une voie rennaise le nom de Zola : ensuite on choisira la rue.
A la presque unanimité, le Conseil a décidé de baptiser une voie publique du nom de l'auteur de "Pot-Bouille".
Sur le deuxième point de la proposition du Comité socialiste, une vive discussion s'est élevée.
M. Bahon[2] a développé fort longuement les raisons qui militent, d'après lui, en faveur de l'adoption de la motion présentée. Après avoir rappelé qu'il avait déjà été question d'enlever la croix érigée place de la Mission, projet qui serait peut-être repris plus tard, il dit qu'il y aurait une certaine élégance à voir le calvaire s'élever au centre d'une place qui s'appellerait place « Émile Zola ».
A cela M. Janvier a répondu que la population y verrait une mesure tracassière et qu'il croyait qu'on ferait mieux de chercher un autre endroit afin d'éviter de froisser inutilement les croyances d'une grande partie des Rennais.
M. Dottin[3] a nettement déclaré qu'il voyait là quelque chose d'assez grossier comme antithèse, qui ne lui plaisait pas.
Enfin on a voté. Résultat : 14 voix pour, 11 voix contre. Le maire ayant voix prépondérante, la proposition du Comité socialiste a donc été repoussée, et il a été décidé de confier à la commission des travaux publics le soin de chercher quelle rue il conviendrait de dénommer Émile Zola. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 28 décembre 1909 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
Finalement, la dénomination fut adoptée par délibération du conseil municipal de la Ville de Rennes le 6 mars 1911[4]. Il s'agissait auparavant du quai de Châteaubriand jusqu'en 1849 puis du quai de l'Université.
« Le quai de l'Université s'appellera quai Zola - Le rapport concernant les travaux d'aménagement du palais des Musées, dont une importante partie est devenue libre par suite du transfert à l'Ancien Séminaire des Facultés de Droit et des Lettres est adopté. Ces travaux s'élèvent à 135 834 francs.
La dénomination du quai de l'Université, en bordure duquel sont placés les bâtiments des Musées, n'ayant plus sa raison d'être, le Maire proposait dans un rapport le nom de Waldeck-Rousseau, qui l'habita, à cette voie.
On vote sur cette proposition, puis sur celle du groupe socialiste, demandant que l'appellation actuelle soit changée en celle de quai Zola. Les mains se lèvent, mais on n'est pas d'accord sur le résultat de l'opération. Les socialistes déclarent qu'il y a eu plus de mains levées pour Zola que pour Waldeck-Rousseau. Le maire affirme qu'il n'en est rien ; que d'ailleurs sa proposition a été adoptée en séance plénière. Mais MM. Bahon, Leprince, et Maniez insistent pour que l'on recommence le vote. M. Leprince réclame l'appel nominal. [...]
A une voix de majorité Zola l'emporte donc sur l'ancien président du Conseil.
Ce n'est qu'à partir du 1er janvier 1912 que ce vote aura son effet. »
— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 7 mars 1911 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
« Quai Emile ZOLA ??
Le quai de l'Université s'appellera désormais Quai Émile Zola. Cette décision des socialistes prouve bien leur faiblesse d'esprit. Le maire voulait baptiser ce quai du nom de Waldeck-Rousseau. Mais les papiers du grand homme, qui a illustré avec son dos la cheminée du café de la comédie, roulant sur l'Affaire Dreyfus qui eut Rennes pour principal décor (voir l'acte Balle-au-dos), les socios ont pensé que le père J'accuse protecteur de la Mouquette (la Mouquette est un personnage du roman "Germinal" de Zola, ndlr) était tout désigné pour donner son nom Panthéonisé à un quai de Rennes. Il est vrai que la Vilaine est si malpropre, que ce voisinage ne pourra lui être préjudiciable !!
Mais, Janvier ne fait pas ce qu'il veut encore qu'il ait l'habitude de dire : « Mes conseillers, mes adjoints, ma mairie, mon théâtre ». Pauvre homme ! »
— La Vie Rennaise
Origine : Numéro du 10 mars 1911 • Recueilli par Manu35 • 2018 • licence
Le nom de Waldeck-Rousseau sera finalement donné deux ans plus tard, le 29 avril 1913, à une nouvelle voie donnant un peu plus au nord sur le boulevard de Sévigné.
Aménagement
On remarque au n° 4 un immeuble de qualité architecturale élevée, construit sur les terrains de l'ancien couvent des Ursulines, qui occupait, avec les Carmes et les Jésuites, toute la partie est de la ville basse. Proche du type de l'hôtel immeuble, avec un volume principal à trois travées et ordre colossal, surmonté d'un toit en carène, il marque le milieu du quai, participant à l'établissement d'un front urbain remarquable qui constitue une façade de prestige pour ce secteur de la ville basse. L'accès cocher se faisait par la rue du Pré Botté, à l'emplacement même de l'entrée de l'ancien couvent. Il est coté *** au plan local d'urbanisme ainsi que l'immeuble n° 6.
Cette voie rend hommage à Émile Zola, célèbre romancier français (1840 - 1902) dont l'engagement dans l'affaire Alfred Dreyfus avec la publication en janvier 1898, dans le quotidien L'Aurore, de l'article intitulé « J'accuse » lui valut un procès pour diffamation et un exil à Londres dans la même année.
Sur la carte
Note et références
- ↑ Le Vieux Rennes, Paul Banéat. p.189 Larcher - 1911
- ↑ rue Carle Bahon
- ↑ rue Georges Dottin
- ↑ Délibérations municipales, Archives de Rennes