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Église Saint-Germain

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L'Eglise Saint-Germain avant 1720, année de l'incendie (en rouge) et sur plan actuel, au centre gauche[1]
L'église Saint-Germain, côté sud vers 1910. Les maisons à droite furent détruites lors du bombardement du 9 juin 1944

L'église primitive datait du XIIe siècle. Petite, elle fut entourée d'un cimetière au XIIIe siècle. Les fouilles de l'Inrap Wikipedia-logo-v2.svg de 2014-15 ont permis de montrer que le site, au pied de l'église actuelle, était déjà occupé dès l'an 1000[2].

Au moyen-âge la paroisse était très étendue. Elle comprenait alors, non seulement les rues voisines de son église, mais, au-delà de la Vilaine, tous les environs du collège (actuel lycée Zola) jusqu'à la Porte-Blanche et une partie de la rue Vasselot, de la rue du Pré-Botté et de la rue des Carmes ; elle comprenait, de plus, la rue Saint-Malo et une portion de la rue de Dinan et de la place Sainte-Anne.

L'actuel édifice fut construit en granit appareillé, sur une période s'étalant de 1470 à 1690. Un acte de 1402 constate un don fait à cette paroisse. Commencé en gothique flamboyant, il fut achevé en style Renaissance tardive. Pour l'église Saint-Germain, existe aux archives du département d'Ille-et-Vilaine les lettres du duc Jean V, en date de 1434, dont la teneur suit : Jehan par la grace de Dieu, duc de Bretaigne, conte de Montfort et de Richemont : A tout ceulx qui ces présentes lettres verront ou orront salut. Comme la paroisse de Saint-Germain en notre ville de Rennes soit l'une des plus grandes et notables d'icelle, et en laquelle il a plus grant numbre de peuple pour le présent, et il soit avisé que cette église soit de si pou de lese et longueur en édifice que à peine se y povent accuillir ès festes sollennes la moitié des paroissiens de ladite paroisses, ainz quant aucune feste ou notable service y sont faiz, convient à la plus grant partie desdits paroissiens estre hors d'icelle église, par quoy reverand pere en Dieu l'évesque dudit lieu de Rennes considérant cestes chouses, desirant ladite eglise estre creue et aumentée, ait de nouvel et puis nagueres fait commandement et injonction ausdits paroissiens de croistre et édifier en plus grant laise et qualité que n'est pour ceste heure le cueur et chanceau de ladite église, à ce que les habitants et demourans en icelle paroesse y puissent estre assemblement recuillis et herbregez es dimanches et festes solennes pour Dieu prier et y ouir son service, ce que fere ne porront ne ne povent en nulle faczon honeste ne profitable senz aucunement prendre et empeschez partie de notre rue et grant chemin apellé la rue Corbin,[3] et auxi la ruelle et venelle par laquelle l'en vait du pont Saint Germain en la rue de Saint George, combien qu'il y ait assez d'autres chemins par ou on y puisse aller, et pour ceste cause sont venus devers nous les aucuns desdits paroissiens qui nous ont humblement supliez leur souffrir bescher et cavez en notre dite rue et grant chemin, et y prendre et fere les fondemens du pignon et chanceau de ladite église (par aucune ?) quantité selon les edifices, et sur tout ce lour fere telle provision et ordonnance qu'il nous plera ; SAVOIR FAISONS que nous, informez de lour bonne entention desirans l'aumentacion des églises plus que la diminucion, voulans participer es biens faiz et prieres de ladite église, avons aujourduy de grace especial voulu et octrié, voulons et octrions ausdits paroissiens qu'ilz puissent fere becher et caver en nosdites rue et grant chemin en la leise et endroit du pignon de leurdite eglise, selon la grandeur d'icelui que de nouvel ilz y veullent fere fere édifier jucques au numbre de quatre ou cinq piez.

C'était au XVIe siècle la paroisse des riches marchands merciers de la ville.

«  Saint-Germain est une des plus vieilles paroisses de Rennes, c'est certainement, si l'on en excepte la chapelle Saint-Yves, la plus antique église de la cité, c'est la paroisse du Parlement, des gens de robe, elle possède "l'enfeu" (niche funéraire à fond plat, ndlr) du sénéchal d'Argentré. »

— L'Ouest-Eclair
Origine : Numéro du 19 juillet 1921 • Recueilli par Manu35 • 2018licence

Le plan est inhabituel : rectangulaire avec un chevet à l'est et un mur ouest plats, mais avec un pan coupé à l'angle sud-ouest qui suit le tracé de l'ancienne voie romaine Rennes-Angers occupé aujourd'hui par la rue du Vau-Saint-Germain.

Le flanc nord, probablement du XIVe siècle, comporte quatre chapelles latérales. Le flanc sud en comporte cinq. La façade ouest comprend une immense baie gothique occultée par l'orgue installé au XIXe siècle. Le porche sud, de Renaissance tardive (1606-1623), est dû à Germain Gaultier Wikipedia-logo-v2.svg, premier architecte du palais du Parlement de Bretagne avant l'intervention de Salomon de Brosse[4]. Le clocher (1519-1550) n'en était pas un, à l'origine, mais la tour-beffroi du corps de garde de la ville, cédée à la paroisse en 1651.

Vitrail composite au-dessus du chœur de l'église Saint-Germain, assemblage de morceaux de vitraux du 16e siècle détruits lors de la Révolution - (de Wikimedia Commons)
Vitrail sud (XVIe siècle) de l'église Saint-Germain - de Wikimedia Commons)
Façade sud de l'église Saint-Germain
L'Église Saint-Germain vue depuis la passerelle Saint-Germain. Janvier 2023
L'église Saint-Germain sur le plan d'Argentré - 1616
L'église sur le plan Forestier - 1726
L'église par un beau soleil de février 2024 (photo Erwan Corre)


L'église Saint-Germain vue d'en haut

La nef, assez haute, est caractéristique du gothique flamboyant breton : piliers légers, grandes arcades en plein cintre, longues sablières à la base de la voûte en lambris de bois, ornées de figures monstrueuses ou grotesques. La voûte fut aussi fortement endommagée en 1944. Elle fut érigée en voûte continue haute, formée d'un berceau brisé unique. Le chœur se termine par un chevet plat occupé par un superbe fenestrage gothique abritant aujourd'hui le curieux vitrail du chœur, vrai habit d'Arlequin constitué de fragments de vitraux du XVIe siècle détruits à la Révolution, retrouvés au XIXe siècle siècle dans un tonneau et assemblés sans ordre.

L'église fut fortement endommagée par le bombardement du 9 juin 1944[5]. La plupart des vitraux actuels a été réalisée en seconde moitié du XXe siècle par le maître-verrier Max Ingrand Wikipedia-logo-v2.svg qui s'illustra aussi à la chapelle du grand-séminaire, à la cathédrale Saint-Pierre ou encore à l'Eglise Toussaints. L'église conserve toutefois le vitrail le plus ancien de Rennes, du XVIe siècle, au flanc sud, mais recomposé en 1860 avec les vitraux demeurés intacts dans tout l'édifice. Il regroupe des panneaux ayant trait à la vie de la Vierge, à la Passion, ou à la vie de sainte Anne et saint Joachim ou à celle de saint Jean l'Évangéliste. Étonnant aussi est le grand vitrail derrière le chœur, habit d'arlequin composé de fragments de vitraux, assemblés sans ordre, qui avaient été détruits lors de la Révolution et retrouvés dans un tonneau au XIXe siècle. L'église comporte plusieurs enfeus et dalles tombales, telle que celle du grand historien Bertrand d'Argentré, transférée en 1829 dans la chapelle Sainte-Anne.

Eglise Saint-Germain, intérieur de la nef (photo Coyau)
Les orgues de Saint-Germain(photo Erwan Corre)

Le maître-autel est surmonté d'un baldaquin formé de quatre colonnes de marbre blanc avec chapiteaux corinthiens dorés, d'époque Louis XVI, qui soutiennent une frise à rinceaux d'or et une double corniche. Prévus pour la cathédrale Saint-Vincent de Saint-Malo, ils furent achetés en 1805 par la paroisse Saint-Germain pour reconstituer son mobilier pillé à la Révolution. En 1811, ils furent surmontés d'un baldaquin en bois doré avec la croix du Christ vainqueur de la Mort et dominant la Terre représentée par deux énormes serpents. Derrière, au fond de l'abside, un grand tableau du peintre anversois Gaspard de Crayer Wikipedia-logo-v2.svg, daté de 1664, représente la résurrection de Lazare. Les restes de Bertrand d'Argentré, sénéchal de Bretagne, qui reposaient depuis 1590 dans la chapelle des Cordeliers, furent transférés en 1829, dans la chapelle Sainte-Anne de l'église Saint-Germain. Le nom de d'Argentré est gravé sur une dalle de marbre noir.

Desssin C. Didou
Porte ouest (de Wikimedia Commons)









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Références