https://www.wiki-rennes.fr/api.php?action=feedcontributions&user=Aldebert&feedformat=atomWikiRennes - Contributions [fr]2024-03-29T13:47:31ZContributionsMediaWiki 1.39.2https://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Occupation_-_Lib%C3%A9ration_-_Vezin_le_Coquet&diff=86085Occupation - Libération - Vezin le Coquet2024-03-25T16:59:36Z<p>Aldebert : </p>
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<div>[[Fichier:2_-_Papeterie_de_Bretagne.jpg|right|350x350px|thumb|Une enveloppe des papeteries de Bretagne]]<br />
Madeleine Pécoil vient d’avoir 12 ans quand un détachement de l’armée allemande, l’avant-garde d’une multitude de leurs représentants qui occuperont la France durant cinq années, fait son entrée, l'après midi du 18 juin dans [[Vezin-le-Coquet]] . Ce mois de Juin 1940, fut particulièrement ensoleillé et chaud. Les envahisseurs ont soif et pour entamer leur long séjour, apprennent la France tout d’abord à travers les cafés. Le petit village de Vezin-le-Coquet 650 habitants, est en mesure de répondre à cette exigence car il en compte bon nombre. On peut nommer celui de chez Letort, Bigot, Bouget, Touffet, Gallais et aussi le café Épicerie Saulnier-Pécoil situé au bout du bourg à gauche en direction du [[Le Rheu|Rheu]], intersection de la route de [[L'Hermitage]] à proximité de la grange de Pierre Fourché.<br />
<br />
C’est là que Madeleine, Henriette et Raphaël vivent avec leurs parents. Madeleine se distingue en présentant déjà un caractère volontaire et enjoué, elle est intéressée par tout ce qui l’entoure, elle aime communiquer et tout particulièrement pour ce qui est d’échanges épistolaires.<br />
<br />
Le café Saulnier-Pécoil ne fait pas exception, ainsi, à l'instar des autres débits de boissons, il est visité par quelques soldats Allemands qui entrent pour consommer. Derechef les vainqueurs (du moment) souhaitent faire croire qu’ils sont venus « en amis » ainsi l’un d’eux veut-il absolument serrer la main de Madeleine. Madeleine n’accepte pas cette main ostensiblement tendue vers elle. Elle recule autour de la grande table de la salle du café, refusant ce contact, poursuivie par le supposé nouvel ami de rencontre. Parmi le groupe d’Allemands présents, dans le café, l’un d’eux, s’exprimant en français, lui dit d’une manière ferme. « ''Serrez-lui la main avant qu’il ne se fâche »''. Contrainte et forcée, craignant une vilaine réaction de l’Allemand, Madeleine accepte alors cette main tendue et dit en la saisissant ''« C’est la première patte de cochon que je serre ce matin »''. Chacun rit alors et ceux qui n’ont pas compris aussi, le rire est communicatif. Comme monsieur Jourdain qui sans le savoir faisait de la prose, Madeleine, elle, faisait déjà de la résistance.<br />
<br />
Durant l’occupation le café Saulnier-Pécoil sera perquisitionné deux fois par les Allemands avec en prime une visite musclée de la milice. La grange de Pierre Fourché, celle des petits bals si prisés des Vezinois, jouxte le café Saulnier-Pécoil. C’est un endroit pratique pour cacher des résistants l’espace d’une nuit, à l’insu du propriétaire qui habite en haut du bourg. Pour ce type d’action, il est vital de n’avoir que peu de témoins. Les Allemands reniflent néanmoins autour et dans le café Saulnier-Pécoil, jusqu'à le perquisitionner. Ils sont venus en pleine nuit, obligeant les demoiselles Pécoil à se lever alors qu’elles rechignent à quitter leur lit. Au terme de la visite rien d’inquiétant n’est trouvé, pas même les drapeaux du front populaire, les documents qui s’y attachent et les tracts qui sont bien cachés dans le grenier. Sans doute cherchaient-ils uniquement des hommes.<br />
<br />
Madeleine est maintenant en âge de travailler. Elle a été embauchée à la papeterie de Bretagne route de Lorient. Même si le travail est parfois pénible, elle tient le coup. Elle s’y fait des camarades. Il y a Maria qui est conductrice de machine. Odette, Paulette, Simone et Yvette Le Moigne ''(Heureuse de quitter cet emploi devenu pour elle trop fatiguant)'', Denise Daugan, Louisette Guillot toujours ''« aussi diable »'', Henriette Monnier, Denise Leroy, Paulette ''(qui a quitté la papeterie pour être placée en ferme, où elle fait la cuisine et tire les vaches)''. Ne pas oublier, Maître Lecointre ''(qui mettait parfois des heures en bas)''. En juillet 1944 Papa Jules informe ces dames et demoiselles que les congés payés ne seront pas attribués à celles qui ne sont pas venues rejoindre leur poste de travail après le débarquement. Hem ! Il y a de la résistance dans l’air !!!<br />
<br />
<br />
[[Fichier:4_-_Madeleine_debout_au_centre._Abords_de_la_papeterie.jpg|left|350x350px|thumb|Aux abords de la papeterie, Madeleine debout au centre]]<br />
La papeterie de Bretagne est sous la direction de l’occupant. Ainsi le jour d’une visite de personnalités allemandes, toutes ces dames et demoiselles se sont entendues pour aligner à leur poste de travail trois petits papiers de couleur, bleu blanc rouge. Le mécontentement des visiteurs est visible. Cette provocation ne fut toutefois pas sanctionnée.<br />
<br />
Les soldats des régiments d’Afrique et d’Asie, qui combattent auprès de la France en 1940, ne seront pas envoyés en Allemagne après avoir été faits prisonniers, contrairement à leurs frères d’arme de la Métropole. Les Nazis ne veulent pas d’eux sur leur territoire. Ils craignent qu’ils contaminent leur pays en y introduisant des maladies tropicales. Ils craignent aussi qu’ils laissent à leurs femmes l’empreinte de leur passage, ce n’est pas bon pour ceux qui se proclament race supérieure.<br />
<br />
En 1941, certains de ces soldats originaires d’Afrique et d’Asie, prisonniers de guerre, sont internés et détenus dans le Frontstalag 133 D, celui du camp de la Marne à [[Rennes]]. Ils sont organisés, pour quelques-uns, en commando de travail pour être utilisés par l’Armée allemande notamment comme manutentionnaires. Chaque jour, un camion allemand chargé de ces prisonniers de guerre africains, passe devant le café Épicerie Pécoil. Il se dirige vers le camp de subsistance de la Chévrie, route de L’Hermitage, qui sert de dépôt à l’armée allemande. Ce lieu avait déjà été utilisé par les anglais avant 1940 et le sera par les Américains en 1944.<br />
<br />
L’arrivée du camion dans le bourg ne passe pas inaperçu des habitants et bien entendu des locataires du café Saulnier-Pécoil, c’est un passage obligé. Ce sont alors de grands saluts échangés accompagnés de paroles de réconfort. Les prisonniers de guerre espérant une amélioration de leur triste condition, sont à la recherche d’une marraine de guerre qui saurait peut-être leur apporter de petits colis de nourriture. Le camion ne s’arrête pas, même si les Allemands qui le conduisent restent indifférents aux manifestations de sympathie des Vezinois. Pour se faire connaître certains prisonniers jettent aux demoiselles des petits mots préparés au stalag sur lesquels ils ont écrit quelques lignes mais surtout leur adresse.<br />
<br />
<br />
Le séjour des Allemands se termine enfin dans notre région. La percée d’Avranches puis l’avance rapide des troupes anglo-américaines les obligent à battre en retraite. Il ne faut pas laisser traîner les bicyclettes. Nos fuyards les confisquent pour s’en retourner plus rapidement chez eux, moins fiers qu’à l’instant de leur arrivée. Les gens du village cachent préventivement leurs deux roues dans les champs de blé et vont pour la plupart passer leur dernière nuit d’occupation à l’abri dans les fossés du chemin vert où ils pensent être en sécurité. On ne sait jamais, le récent massacre exercé sur la population civile par les nazis à Oradour-sur-Glane, demeure bien présent dans les esprits.<br />
<br />
<br />
L’arrivée de nos libérateurs à Vezin-le-Coquet est un délire de joie. Beaucoup d’habitants du bourg sont déjà allés à leur rencontre à L’Hermitage et bénéficient de la primeur de goûter au bonheur de la liberté retrouvée.<br />
Finis le vert de gris et la tête baissée au passage de l’ennemi. Finis les contrôles arbitraires. Finie la crainte d’être pris dans une rafle. Vive les beaux uniformes biens coupés, d’une belle couleur d’un franc kaki. Finies les croix gammées et les croix noires, vive les magnifiques étoiles blanches cerclées peintes sur de jolis véhicules remplis de grands gaillards qui saluent avec un large sourire. Vive la croix de Lorraine, les trois couleurs arborées et la Marseillaise chantée sans crainte. Finis l’ombre sinistre de la milice et leurs massacres. Finie la peur au ventre qu’ils provoquaient. Finis les tirs de DCA. Finis aussi les bombardements qui ont tant fait de victimes et qui me faisaient si peur. Cet instant, d’une grande intensité émotionnelle, aussi fugace fut-il, marque pour beaucoup la rupture d’un état de cauchemar vers celui d’un renouveau de liberté et de paix.<br />
<br />
C’est la Libération ! Mot magique qui marquera pour longtemps une période heureuse de notre histoire. Ainsi, en ce mois d’août 1944, le café épicerie Pécoil, reçoit chaleureusement, après quatre années d’attente, une clientèle à qui Madeleine ne fera pas le coup de la patte de cochon. Des consignes émanant du QG US sont données, aux milliers de GIs au repos pour deux semaines dans de nombreux camps créés pour la circonstance autour de Vezin, de ne pas fréquenter les cafés. Pourtant malgré cela, le café épicerie Pécoil, sans probablement faire exception, reçoit régulièrement la visite de quelques militaires. Le capitaine Tessier qui parle couramment le français fait partie des habitués, il est cantonné au château de la Glestière. Il s’est autoproclamé neveu du propriétaire du château, puisque celui-ci se nomme tout comme lui TESSIER. Viennent tout aussi régulièrement Carl E. JOHNSON, Robert D. RANDOLPH, Russell LEWIS tous de la Chemical Company 60th et 64th, le Pvt Tony CASTELL 458th AAA AW et aussi Steven (Steve).<br />
[[Fichier:1_-_Marraine_de_guerre_Milisson.jpg|right|505x505px|thumb|Un des nombreux courriers]]<br />
Outre le repos dont ils ont grandement besoin après leur dure campagne qu’ils ont menée en Normandie, des spectacles sont organisés pour distraire cet effectif très important de militaires. Madeleine est invitée à celui notamment donné au bas du champ de Lebastard. Je me rappelle y être aussi présent auprès de mon copain de la Canon Company du 13th Inf Reg. Même si nous ne saisissons peu, sinon rien des conversations qui sont échangées sur le grand podium dressé en contrebas du pré, qui présente presque la forme d’un amphithéâtre, nous apprécions chansons et musique aux rythmes nouveaux. C’est l’occasion aussi pour les GI de distribuer des friandises aux spectateurs civils présents. Le spectacle est ouvert à tous. Qu’elle est belle cette liberté nouvellement retrouvée en compagnie de sympathiques amis !<br />
<br />
Musique, chansons et théâtre ne suffisent pas complètement au repos du guerrier. La présentation sur les planches de telles distractions n’exerce pas l’effet suffisant pour calmer ou modérer les ardeurs de tous ces jeunes militaires. Il manque l’ingrédient principal, l’indispensable récréation, celle de jeunes femmes. On note alors, qu’à Vezin, entre le café Bigot et la demeure de madame Bouget la couturière, s’est miraculeusement créé un lieu où d’aimables représentantes de la gent féminine, venues de Rennes, s’exercent contre rétribution, à redonner du courage à nos libérateurs pour leurs prochaines campagnes. Comme déjà précisé dans une des chroniques vezinoises, ce lieu n’a rien de légal, il n’est indiqué sur aucun plan, aussi les militaires qui ont connaissance de son existence sans en connaitre le lieu, errent la nuit dans le village en frappant à de nombreuses portes ou volets. Excédé par leurs continuelles visites nocturnes, le beau-père de Madeleine, un soir, leur verse sur la tête depuis l’étage, le contenu d’un pot de chambre déjà bien visité.<br />
<br />
Madeleine et Henriette refusent de mettre brusquement fin aux sympathiques contacts qu’elles ont établis avec quelques soldats devenus des amis. Leur départ est bien triste pour beaucoup d’entre nous, un grand vide se crée soudain dans notre petit village. Elles font promettre à leurs amis de leur écrire et promettent, elles aussi, de ne pas les laisser sans leur envoyer de leurs nouvelles. C’est ainsi que s’établit une correspondance entre les deux sœurs Pécoil et leurs camarades de la 60th et 64th Chemical Company. Certes ce ne fut pas une correspondance suivie mais, par exemple, Carl E.Johnson adressa à Madeleine plusieurs courriers.<br />
<br />
- '''Sur celui du 3 Novembre 1944''' : ''Il informe qu’il est en Hollande, qu’il « travaille » beaucoup et surtout la nuit. Dans le froid qu’il rencontre, il rêve à un bon feu de cheminée chez lui, aux USA. Que Robert (Randolph) est au lit après avoir reçu la lettre d’Henriette – Que Steve ne travaille pas aujourd'hui, il est au quartier Général. Il transmet ses salutations à toute la famille et la remercie pour leur chaleureux accueil à Vezin-le-Coquet.<br />
''<br />
<br />
- '''Celui du 6 Novembre 1945''' : ''Il est très heureux de recevoir une lettre de Madeleine, il pensait avoir été oublié ainsi que ses camarades, par toute la famille à qui il transmet ses amitiés sans oublier Bernard. Il est au camp Baltimore à Suippes. Après avoir quitté la Bretagne il est allé en Hollande – Allemagne – Luxembourg. En Allemagne il s’est rendu à Munich, Neu Beckum, Dahlenberg, Hanover… (et bien d’autre villes) pour donner une idée de mes déplacements durant cette guerre. Quand la guerre s’est terminée j’étais à Dahklenburg près du fleuve Elbe. De là j’ai été expédié à Marseille prendre le bateau pour retourner chez moi aux USA. Mais il a fallu que ma compagnie retourne au Luxembourg puis à Suippes. J’espère être chez moi pour Noël. Il me tarde de revoir ma mère mon père et mes sœurs. Russell et Jack ne sont plus dans ma compagnie, Randolph et Steve sont ici avec moi.'' <br />
<br />
Il termine sa lettre en français et ses quelques lignes sont émouvantes. ''Peut-être (écrit-il) nous allons chez nous d’ici mais je n’oubliez pas vous et votre famille. Vous êtes ma bien chère amie et vous a me donné beaucoup d’heures jolie. Écrivez-moi encore. Donnez mon sincère amitié à votre sœur, frère, mama, papa et le chien aussi. Excusez-moi pour mon français. C’est terrible, je sais.<br />
<br />
Mais encore une carte de Noël avec ces simples mots : Votre ami Carl''<br />
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Le nombre de lettres évoquées ici reçues par Madeleine n’est pas exhaustif. <br />
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[[Fichier:Courrier_à_Madeleine.jpg|centre|600x600px|thumb|Courrier à Madeleine]]<br />
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<br />
Les fréquents déplacements de nos amis sont probablement dus au fait qu’ils appartiennent à une unité de décontamination. Les lieux qu’ils visitent correspondent à des régions où ont été installés, par les nazis, des camps de concentration.<br />
<br />
Madeleine relate quelques autres souvenirs de l’époque de l’Occupation. Elle évoque le tragique drame vécu par madame Simone Fourché de Vezin, née le 14 juin 1905 à Rennes I&V qui, séparée de son mari, vit à Rennes. Elle est installée chez sa belle-sœur madame Tullou, qui tient une épicerie, [[rue de Paris]]. Simone Fourché appartient avec la famille Tullou à un réseau de résistance et détient un poste radio émetteur récepteur. Elle est arrêtée le 12 avril 1943 à Rennes et déportée (Nuit et brouillard - Nacht und Nebel) en camp de concentration. Les prisonniers du camp où elle est détenue sont transférés dans d’autres camps au fur et à mesure de l’avancée des Alliés. C’est au cours d’un de ces transferts à pieds, sur une route, qu’elle est reconnue par un Vezinois, prisonnier de guerre français, Monsieur Frin, qui se trouve là au moment de son passage. Son attention est attirée par la chute sur la route de Madame Simone Fourché, quelqu’un la relevant. Extraordinaire concours qui fait se rencontrer deux personnes du même village, en un lieu aussi lointain, parmi cette foule de personnes déplacées dans le tumulte de la guerre. Madame Fourché est plus tard libérée par les Alliés mais décédera des suites des maltraitances qu’elle a subies, le 7 janvier 1945 à Lyon pendant son retour de déportation. Son parcours de déportée : Lauban – Ravensbrück – Flossenburg - Graslitz. Matricule 79960.<br />
<br />
Madame Tullou, belle-sœur de madame Fourché, ainsi que sa fille Madeleine Tullou furent prises dans cette même rafle à Rennes et déportées elles aussi en Allemagne.<br />
Madeleine Tullou est née le 1er janvier 1925 à Rennes(35). Arrêtée le 12 avril 1943 à Rennes, elle est déportée "NN" le 17 février 1944. Lieux de déportation: Aachen, Lauban, Breslau, Ravensbrück, Flossenburg, Graslitz, Zwodau. Elle est libérée en mai 1944 à Zwodau. Elle est décédée le 3 mars 2011 à l'âge de 86 ans. Elle avait été élevée au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur pour fait de résistance. <br />
<br />
Madeleine est affiliée à l’Union des Femmes Françaises. En 1945, c’est le moment du retour des prisonniers. Il faut les accueillir à la [[gare de Rennes]]. Elle s’y rend avec ses camarades de l’association pour porter aide et assistance à ceux qui sont restés cinq années en captivité en Allemagne.<br />
<br />
Le 11 septembre 2016 Albert René GILMET<br />
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<br />
A second jour du printemps 2024, à 96 ans Madeleine s'en est allée mais ses témoignages demeureront présents dans l'histoire de sa commune, Vezin le Coquet, qu'elle n'avait jamais quittée. Repose en paix Madeleine.<br />
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<br />
Voir blog Aldebert: http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]][[Catégorie:Seconde Guerre mondiale]]</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Occupation_-_Lib%C3%A9ration_-_Vezin_le_Coquet&diff=86084Occupation - Libération - Vezin le Coquet2024-03-25T16:57:28Z<p>Aldebert : </p>
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<div>[[Fichier:2_-_Papeterie_de_Bretagne.jpg|right|350x350px|thumb|Une enveloppe des papeteries de Bretagne]]<br />
Madeleine Pécoil vient d’avoir 12 ans quand un détachement de l’armée allemande, l’avant-garde d’une multitude de leurs représentants qui occuperont la France durant cinq années, fait son entrée, l'après midi du 18 juin dans [[Vezin-le-Coquet]] . Ce mois de Juin 1940, fut particulièrement ensoleillé et chaud. Les envahisseurs ont soif et pour entamer leur long séjour, apprennent la France tout d’abord à travers les cafés. Le petit village de Vezin-le-Coquet 650 habitants, est en mesure de répondre à cette exigence car il en compte bon nombre. On peut nommer celui de chez Letort, Bigot, Bouget, Touffet, Gallais et aussi le café Épicerie Saulnier-Pécoil situé au bout du bourg à gauche en direction du [[Le Rheu|Rheu]], intersection de la route de [[L'Hermitage]] à proximité de la grange de Pierre Fourché.<br />
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C’est là que Madeleine, Henriette et Raphaël vivent avec leurs parents. Madeleine se distingue en présentant déjà un caractère volontaire et enjoué, elle est intéressée par tout ce qui l’entoure, elle aime communiquer et tout particulièrement pour ce qui est d’échanges épistolaires.<br />
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Le café Saulnier-Pécoil ne fait pas exception, ainsi, à l'instar des autres débits de boissons, il est visité par quelques soldats Allemands qui entrent pour consommer. Derechef les vainqueurs (du moment) souhaitent faire croire qu’ils sont venus « en amis » ainsi l’un d’eux veut-il absolument serrer la main de Madeleine. Madeleine n’accepte pas cette main ostensiblement tendue vers elle. Elle recule autour de la grande table de la salle du café, refusant ce contact, poursuivie par le supposé nouvel ami de rencontre. Parmi le groupe d’Allemands présents, dans le café, l’un d’eux, s’exprimant en français, lui dit d’une manière ferme. « ''Serrez-lui la main avant qu’il ne se fâche »''. Contrainte et forcée, craignant une vilaine réaction de l’Allemand, Madeleine accepte alors cette main tendue et dit en la saisissant ''« C’est la première patte de cochon que je serre ce matin »''. Chacun rit alors et ceux qui n’ont pas compris aussi, le rire est communicatif. Comme monsieur Jourdain qui sans le savoir faisait de la prose, Madeleine, elle, faisait déjà de la résistance.<br />
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Durant l’occupation le café Saulnier-Pécoil sera perquisitionné deux fois par les Allemands avec en prime une visite musclée de la milice. La grange de Pierre Fourché, celle des petits bals si prisés des Vezinois, jouxte le café Saulnier-Pécoil. C’est un endroit pratique pour cacher des résistants l’espace d’une nuit, à l’insu du propriétaire qui habite en haut du bourg. Pour ce type d’action, il est vital de n’avoir que peu de témoins. Les Allemands reniflent néanmoins autour et dans le café Saulnier-Pécoil, jusqu'à le perquisitionner. Ils sont venus en pleine nuit, obligeant les demoiselles Pécoil à se lever alors qu’elles rechignent à quitter leur lit. Au terme de la visite rien d’inquiétant n’est trouvé, pas même les drapeaux du front populaire, les documents qui s’y attachent et les tracts qui sont bien cachés dans le grenier. Sans doute cherchaient-ils uniquement des hommes.<br />
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Madeleine est maintenant en âge de travailler. Elle a été embauchée à la papeterie de Bretagne route de Lorient. Même si le travail est parfois pénible, elle tient le coup. Elle s’y fait des camarades. Il y a Maria qui est conductrice de machine. Odette, Paulette, Simone et Yvette Le Moigne ''(Heureuse de quitter cet emploi devenu pour elle trop fatiguant)'', Denise Daugan, Louisette Guillot toujours ''« aussi diable »'', Henriette Monnier, Denise Leroy, Paulette ''(qui a quitté la papeterie pour être placée en ferme, où elle fait la cuisine et tire les vaches)''. Ne pas oublier, Maître Lecointre ''(qui mettait parfois des heures en bas)''. En juillet 1944 Papa Jules informe ces dames et demoiselles que les congés payés ne seront pas attribués à celles qui ne sont pas venues rejoindre leur poste de travail après le débarquement. Hem ! Il y a de la résistance dans l’air !!!<br />
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[[Fichier:4_-_Madeleine_debout_au_centre._Abords_de_la_papeterie.jpg|left|350x350px|thumb|Aux abords de la papeterie, Madeleine debout au centre]]<br />
La papeterie de Bretagne est sous la direction de l’occupant. Ainsi le jour d’une visite de personnalités allemandes, toutes ces dames et demoiselles se sont entendues pour aligner à leur poste de travail trois petits papiers de couleur, bleu blanc rouge. Le mécontentement des visiteurs est visible. Cette provocation ne fut toutefois pas sanctionnée.<br />
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Les soldats des régiments d’Afrique et d’Asie, qui combattent auprès de la France en 1940, ne seront pas envoyés en Allemagne après avoir été faits prisonniers, contrairement à leurs frères d’arme de la Métropole. Les Nazis ne veulent pas d’eux sur leur territoire. Ils craignent qu’ils contaminent leur pays en y introduisant des maladies tropicales. Ils craignent aussi qu’ils laissent à leurs femmes l’empreinte de leur passage, ce n’est pas bon pour ceux qui se proclament race supérieure.<br />
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En 1941, certains de ces soldats originaires d’Afrique et d’Asie, prisonniers de guerre, sont internés et détenus dans le Frontstalag 133 D, celui du camp de la Marne à [[Rennes]]. Ils sont organisés, pour quelques-uns, en commando de travail pour être utilisés par l’Armée allemande notamment comme manutentionnaires. Chaque jour, un camion allemand chargé de ces prisonniers de guerre africains, passe devant le café Épicerie Pécoil. Il se dirige vers le camp de subsistance de la Chévrie, route de L’Hermitage, qui sert de dépôt à l’armée allemande. Ce lieu avait déjà été utilisé par les anglais avant 1940 et le sera par les Américains en 1944.<br />
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L’arrivée du camion dans le bourg ne passe pas inaperçu des habitants et bien entendu des locataires du café Saulnier-Pécoil, c’est un passage obligé. Ce sont alors de grands saluts échangés accompagnés de paroles de réconfort. Les prisonniers de guerre espérant une amélioration de leur triste condition, sont à la recherche d’une marraine de guerre qui saurait peut-être leur apporter de petits colis de nourriture. Le camion ne s’arrête pas, même si les Allemands qui le conduisent restent indifférents aux manifestations de sympathie des Vezinois. Pour se faire connaître certains prisonniers jettent aux demoiselles des petits mots préparés au stalag sur lesquels ils ont écrit quelques lignes mais surtout leur adresse.<br />
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Le séjour des Allemands se termine enfin dans notre région. La percée d’Avranches puis l’avance rapide des troupes anglo-américaines les obligent à battre en retraite. Il ne faut pas laisser traîner les bicyclettes. Nos fuyards les confisquent pour s’en retourner plus rapidement chez eux, moins fiers qu’à l’instant de leur arrivée. Les gens du village cachent préventivement leurs deux roues dans les champs de blé et vont pour la plupart passer leur dernière nuit d’occupation à l’abri dans les fossés du chemin vert où ils pensent être en sécurité. On ne sait jamais, le récent massacre exercé sur la population civile par les nazis à Oradour-sur-Glane, demeure bien présent dans les esprits.<br />
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L’arrivée de nos libérateurs à Vezin-le-Coquet est un délire de joie. Beaucoup d’habitants du bourg sont déjà allés à leur rencontre à L’Hermitage et bénéficient de la primeur de goûter au bonheur de la liberté retrouvée.<br />
Finis le vert de gris et la tête baissée au passage de l’ennemi. Finis les contrôles arbitraires. Finie la crainte d’être pris dans une rafle. Vive les beaux uniformes biens coupés, d’une belle couleur d’un franc kaki. Finies les croix gammées et les croix noires, vive les magnifiques étoiles blanches cerclées peintes sur de jolis véhicules remplis de grands gaillards qui saluent avec un large sourire. Vive la croix de Lorraine, les trois couleurs arborées et la Marseillaise chantée sans crainte. Finis l’ombre sinistre de la milice et leurs massacres. Finie la peur au ventre qu’ils provoquaient. Finis les tirs de DCA. Finis aussi les bombardements qui ont tant fait de victimes et qui me faisaient si peur. Cet instant, d’une grande intensité émotionnelle, aussi fugace fut-il, marque pour beaucoup la rupture d’un état de cauchemar vers celui d’un renouveau de liberté et de paix.<br />
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C’est la Libération ! Mot magique qui marquera pour longtemps une période heureuse de notre histoire. Ainsi, en ce mois d’août 1944, le café épicerie Pécoil, reçoit chaleureusement, après quatre années d’attente, une clientèle à qui Madeleine ne fera pas le coup de la patte de cochon. Des consignes émanant du QG US sont données, aux milliers de GIs au repos pour deux semaines dans de nombreux camps créés pour la circonstance autour de Vezin, de ne pas fréquenter les cafés. Pourtant malgré cela, le café épicerie Pécoil, sans probablement faire exception, reçoit régulièrement la visite de quelques militaires. Le capitaine Tessier qui parle couramment le français fait partie des habitués, il est cantonné au château de la Glestière. Il s’est autoproclamé neveu du propriétaire du château, puisque celui-ci se nomme tout comme lui TESSIER. Viennent tout aussi régulièrement Carl E. JOHNSON, Robert D. RANDOLPH, Russell LEWIS tous de la Chemical Company 60th et 64th, le Pvt Tony CASTELL 458th AAA AW et aussi Steven (Steve).<br />
[[Fichier:1_-_Marraine_de_guerre_Milisson.jpg|right|505x505px|thumb|Un des nombreux courriers]]<br />
Outre le repos dont ils ont grandement besoin après leur dure campagne qu’ils ont menée en Normandie, des spectacles sont organisés pour distraire cet effectif très important de militaires. Madeleine est invitée à celui notamment donné au bas du champ de Lebastard. Je me rappelle y être aussi présent auprès de mon copain de la Canon Company du 13th Inf Reg. Même si nous ne saisissons peu, sinon rien des conversations qui sont échangées sur le grand podium dressé en contrebas du pré, qui présente presque la forme d’un amphithéâtre, nous apprécions chansons et musique aux rythmes nouveaux. C’est l’occasion aussi pour les GI de distribuer des friandises aux spectateurs civils présents. Le spectacle est ouvert à tous. Qu’elle est belle cette liberté nouvellement retrouvée en compagnie de sympathiques amis !<br />
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Musique, chansons et théâtre ne suffisent pas complètement au repos du guerrier. La présentation sur les planches de telles distractions n’exerce pas l’effet suffisant pour calmer ou modérer les ardeurs de tous ces jeunes militaires. Il manque l’ingrédient principal, l’indispensable récréation, celle de jeunes femmes. On note alors, qu’à Vezin, entre le café Bigot et la demeure de madame Bouget la couturière, s’est miraculeusement créé un lieu où d’aimables représentantes de la gent féminine, venues de Rennes, s’exercent contre rétribution, à redonner du courage à nos libérateurs pour leurs prochaines campagnes. Comme déjà précisé dans une des chroniques vezinoises, ce lieu n’a rien de légal, il n’est indiqué sur aucun plan, aussi les militaires qui ont connaissance de son existence sans en connaitre le lieu, errent la nuit dans le village en frappant à de nombreuses portes ou volets. Excédé par leurs continuelles visites nocturnes, le beau-père de Madeleine, un soir, leur verse sur la tête depuis l’étage, le contenu d’un pot de chambre déjà bien visité.<br />
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Madeleine et Henriette refusent de mettre brusquement fin aux sympathiques contacts qu’elles ont établis avec quelques soldats devenus des amis. Leur départ est bien triste pour beaucoup d’entre nous, un grand vide se crée soudain dans notre petit village. Elles font promettre à leurs amis de leur écrire et promettent, elles aussi, de ne pas les laisser sans leur envoyer de leurs nouvelles. C’est ainsi que s’établit une correspondance entre les deux sœurs Pécoil et leurs camarades de la 60th et 64th Chemical Company. Certes ce ne fut pas une correspondance suivie mais, par exemple, Carl E.Johnson adressa à Madeleine plusieurs courriers.<br />
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- '''Sur celui du 3 Novembre 1944''' : ''Il informe qu’il est en Hollande, qu’il « travaille » beaucoup et surtout la nuit. Dans le froid qu’il rencontre, il rêve à un bon feu de cheminée chez lui, aux USA. Que Robert (Randolph) est au lit après avoir reçu la lettre d’Henriette – Que Steve ne travaille pas aujourd'hui, il est au quartier Général. Il transmet ses salutations à toute la famille et la remercie pour leur chaleureux accueil à Vezin-le-Coquet.<br />
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- '''Celui du 6 Novembre 1945''' : ''Il est très heureux de recevoir une lettre de Madeleine, il pensait avoir été oublié ainsi que ses camarades, par toute la famille à qui il transmet ses amitiés sans oublier Bernard. Il est au camp Baltimore à Suippes. Après avoir quitté la Bretagne il est allé en Hollande – Allemagne – Luxembourg. En Allemagne il s’est rendu à Munich, Neu Beckum, Dahlenberg, Hanover… (et bien d’autre villes) pour donner une idée de mes déplacements durant cette guerre. Quand la guerre s’est terminée j’étais à Dahklenburg près du fleuve Elbe. De là j’ai été expédié à Marseille prendre le bateau pour retourner chez moi aux USA. Mais il a fallu que ma compagnie retourne au Luxembourg puis à Suippes. J’espère être chez moi pour Noël. Il me tarde de revoir ma mère mon père et mes sœurs. Russell et Jack ne sont plus dans ma compagnie, Randolph et Steve sont ici avec moi.'' <br />
<br />
Il termine sa lettre en français et ses quelques lignes sont émouvantes. ''Peut-être (écrit-il) nous allons chez nous d’ici mais je n’oubliez pas vous et votre famille. Vous êtes ma bien chère amie et vous a me donné beaucoup d’heures jolie. Écrivez-moi encore. Donnez mon sincère amitié à votre sœur, frère, mama, papa et le chien aussi. Excusez-moi pour mon français. C’est terrible, je sais.<br />
<br />
Mais encore une carte de Noël avec ces simples mots : Votre ami Carl''<br />
<br />
Le nombre de lettres évoquées ici reçues par Madeleine n’est pas exhaustif. <br />
<br />
[[Fichier:Courrier_à_Madeleine.jpg|centre|600x600px|thumb|Courrier à Madeleine]]<br />
<br />
<br />
<br />
Les fréquents déplacements de nos amis sont probablement dus au fait qu’ils appartiennent à une unité de décontamination. Les lieux qu’ils visitent correspondent à des régions où ont été installés, par les nazis, des camps de concentration.<br />
<br />
Madeleine relate quelques autres souvenirs de l’époque de l’Occupation. Elle évoque le tragique drame vécu par madame Simone Fourché de Vezin, née le 14 juin 1905 à Rennes I&V qui, séparée de son mari, vit à Rennes. Elle est installée chez sa belle-sœur madame Tullou, qui tient une épicerie, [[rue de Paris]]. Simone Fourché appartient avec la famille Tullou à un réseau de résistance et détient un poste radio émetteur récepteur. Elle est arrêtée le 12 avril 1943 à Rennes et déportée (Nuit et brouillard - Nacht und Nebel) en camp de concentration. Les prisonniers du camp où elle est détenue sont transférés dans d’autres camps au fur et à mesure de l’avancée des Alliés. C’est au cours d’un de ces transferts à pieds, sur une route, qu’elle est reconnue par un Vezinois, prisonnier de guerre français, Monsieur Frin, qui se trouve là au moment de son passage. Son attention est attirée par la chute sur la route de Madame Simone Fourché, quelqu’un la relevant. Extraordinaire concours qui fait se rencontrer deux personnes du même village, en un lieu aussi lointain, parmi cette foule de personnes déplacées dans le tumulte de la guerre. Madame Fourché est plus tard libérée par les Alliés mais décédera des suites des maltraitances qu’elle a subies, le 7 janvier 1945 à Lyon pendant son retour de déportation. Son parcours de déportée : Lauban – Ravensbrück – Flossenburg - Graslitz. Matricule 79960.<br />
<br />
Madame Tullou, belle-sœur de madame Fourché, ainsi que sa fille Madeleine Tullou furent prises dans cette même rafle à Rennes et déportées elles aussi en Allemagne.<br />
Madeleine Tullou est née le 1er janvier 1925 à Rennes(35). Arrêtée le 12 avril 1943 à Rennes, elle est déportée "NN" le 17 février 1944. Lieux de déportation: Aachen, Lauban, Breslau, Ravensbrück, Flossenburg, Graslitz, Zwodau. Elle est libérée en mai 1944 à Zwodau. Elle est décédée le 3 mars 2011 à l'âge de 86 ans. Elle avait été élevée au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur pour fait de résistance. <br />
<br />
Madeleine est affiliée à l’Union des Femmes Françaises. En 1945, c’est le moment du retour des prisonniers. Il faut les accueillir à la [[gare de Rennes]]. Elle s’y rend avec ses camarades de l’association pour porter aide et assistance à ceux qui sont restés cinq années en captivité en Allemagne.<br />
<br />
Le 11 septembre 2016 Albert René Gilmet<br />
<br />
<br />
A second jour du printemps 2024, à 96 ans Madeleine s'en est allée mais ses témoignages demeureront présents dans l'histoire de sa commune, Vezin le Coquet, qu'elle n'avait jamais quittée. Repose en paix Madeleine.<br />
<br />
<br />
Voir blog Aldebert: http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]][[Catégorie:Seconde Guerre mondiale]]</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Occupation_-_Lib%C3%A9ration_-_Vezin_le_Coquet&diff=86083Occupation - Libération - Vezin le Coquet2024-03-25T16:56:46Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Fichier:2_-_Papeterie_de_Bretagne.jpg|right|350x350px|thumb|Une enveloppe des papeteries de Bretagne]]<br />
Madeleine Pécoil vient d’avoir 12 ans quand un détachement de l’armée allemande, l’avant-garde d’une multitude de leurs représentants qui occuperont la France durant cinq années, fait son entrée, l'après midi du 18 juin dans [[Vezin-le-Coquet]] . Ce mois de Juin 1940, fut particulièrement ensoleillé et chaud. Les envahisseurs ont soif et pour entamer leur long séjour, apprennent la France tout d’abord à travers les cafés. Le petit village de Vezin-le-Coquet 650 habitants, est en mesure de répondre à cette exigence car il en compte bon nombre. On peut nommer celui de chez Letort, Bigot, Bouget, Touffet, Gallais et aussi le café Épicerie Saulnier-Pécoil situé au bout du bourg à gauche en direction du [[Le Rheu|Rheu]], intersection de la route de [[L'Hermitage]] à proximité de la grange de Pierre Fourché.<br />
<br />
C’est là que Madeleine, Henriette et Raphaël vivent avec leurs parents. Madeleine se distingue en présentant déjà un caractère volontaire et enjoué, elle est intéressée par tout ce qui l’entoure, elle aime communiquer et tout particulièrement pour ce qui est d’échanges épistolaires.<br />
<br />
Le café Saulnier-Pécoil ne fait pas exception, ainsi, à l'instar des autres débits de boissons, il est visité par quelques soldats Allemands qui entrent pour consommer. Derechef les vainqueurs (du moment) souhaitent faire croire qu’ils sont venus « en amis » ainsi l’un d’eux veut-il absolument serrer la main de Madeleine. Madeleine n’accepte pas cette main ostensiblement tendue vers elle. Elle recule autour de la grande table de la salle du café, refusant ce contact, poursuivie par le supposé nouvel ami de rencontre. Parmi le groupe d’Allemands présents, dans le café, l’un d’eux, s’exprimant en français, lui dit d’une manière ferme. « ''Serrez-lui la main avant qu’il ne se fâche »''. Contrainte et forcée, craignant une vilaine réaction de l’Allemand, Madeleine accepte alors cette main tendue et dit en la saisissant ''« C’est la première patte de cochon que je serre ce matin »''. Chacun rit alors et ceux qui n’ont pas compris aussi, le rire est communicatif. Comme monsieur Jourdain qui sans le savoir faisait de la prose, Madeleine, elle, faisait déjà de la résistance.<br />
<br />
Durant l’occupation le café Saulnier-Pécoil sera perquisitionné deux fois par les Allemands avec en prime une visite musclée de la milice. La grange de Pierre Fourché, celle des petits bals si prisés des Vezinois, jouxte le café Saulnier-Pécoil. C’est un endroit pratique pour cacher des résistants l’espace d’une nuit, à l’insu du propriétaire qui habite en haut du bourg. Pour ce type d’action, il est vital de n’avoir que peu de témoins. Les Allemands reniflent néanmoins autour et dans le café Saulnier-Pécoil, jusqu'à le perquisitionner. Ils sont venus en pleine nuit, obligeant les demoiselles Pécoil à se lever alors qu’elles rechignent à quitter leur lit. Au terme de la visite rien d’inquiétant n’est trouvé, pas même les drapeaux du front populaire, les documents qui s’y attachent et les tracts qui sont bien cachés dans le grenier. Sans doute cherchaient-ils uniquement des hommes.<br />
<br />
Madeleine est maintenant en âge de travailler. Elle a été embauchée à la papeterie de Bretagne route de Lorient. Même si le travail est parfois pénible, elle tient le coup. Elle s’y fait des camarades. Il y a Maria qui est conductrice de machine. Odette, Paulette, Simone et Yvette Le Moigne ''(Heureuse de quitter cet emploi devenu pour elle trop fatiguant)'', Denise Daugan, Louisette Guillot toujours ''« aussi diable »'', Henriette Monnier, Denise Leroy, Paulette ''(qui a quitté la papeterie pour être placée en ferme, où elle fait la cuisine et tire les vaches)''. Ne pas oublier, Maître Lecointre ''(qui mettait parfois des heures en bas)''. En juillet 1944 Papa Jules informe ces dames et demoiselles que les congés payés ne seront pas attribués à celles qui ne sont pas venues rejoindre leur poste de travail après le débarquement. Hem ! Il y a de la résistance dans l’air !!!<br />
<br />
<br />
[[Fichier:4_-_Madeleine_debout_au_centre._Abords_de_la_papeterie.jpg|left|350x350px|thumb|Aux abords de la papeterie, Madeleine debout au centre]]<br />
La papeterie de Bretagne est sous la direction de l’occupant. Ainsi le jour d’une visite de personnalités allemandes, toutes ces dames et demoiselles se sont entendues pour aligner à leur poste de travail trois petits papiers de couleur, bleu blanc rouge. Le mécontentement des visiteurs est visible. Cette provocation ne fut toutefois pas sanctionnée.<br />
<br />
Les soldats des régiments d’Afrique et d’Asie, qui combattent auprès de la France en 1940, ne seront pas envoyés en Allemagne après avoir été faits prisonniers, contrairement à leurs frères d’arme de la Métropole. Les Nazis ne veulent pas d’eux sur leur territoire. Ils craignent qu’ils contaminent leur pays en y introduisant des maladies tropicales. Ils craignent aussi qu’ils laissent à leurs femmes l’empreinte de leur passage, ce n’est pas bon pour ceux qui se proclament race supérieure.<br />
<br />
En 1941, certains de ces soldats originaires d’Afrique et d’Asie, prisonniers de guerre, sont internés et détenus dans le Frontstalag 133 D, celui du camp de la Marne à [[Rennes]]. Ils sont organisés, pour quelques-uns, en commando de travail pour être utilisés par l’Armée allemande notamment comme manutentionnaires. Chaque jour, un camion allemand chargé de ces prisonniers de guerre africains, passe devant le café Épicerie Pécoil. Il se dirige vers le camp de subsistance de la Chévrie, route de L’Hermitage, qui sert de dépôt à l’armée allemande. Ce lieu avait déjà été utilisé par les anglais avant 1940 et le sera par les Américains en 1944.<br />
<br />
L’arrivée du camion dans le bourg ne passe pas inaperçu des habitants et bien entendu des locataires du café Saulnier-Pécoil, c’est un passage obligé. Ce sont alors de grands saluts échangés accompagnés de paroles de réconfort. Les prisonniers de guerre espérant une amélioration de leur triste condition, sont à la recherche d’une marraine de guerre qui saurait peut-être leur apporter de petits colis de nourriture. Le camion ne s’arrête pas, même si les Allemands qui le conduisent restent indifférents aux manifestations de sympathie des Vezinois. Pour se faire connaître certains prisonniers jettent aux demoiselles des petits mots préparés au stalag sur lesquels ils ont écrit quelques lignes mais surtout leur adresse.<br />
<br />
<br />
Le séjour des Allemands se termine enfin dans notre région. La percée d’Avranches puis l’avance rapide des troupes anglo-américaines les obligent à battre en retraite. Il ne faut pas laisser traîner les bicyclettes. Nos fuyards les confisquent pour s’en retourner plus rapidement chez eux, moins fiers qu’à l’instant de leur arrivée. Les gens du village cachent préventivement leurs deux roues dans les champs de blé et vont pour la plupart passer leur dernière nuit d’occupation à l’abri dans les fossés du chemin vert où ils pensent être en sécurité. On ne sait jamais, le récent massacre exercé sur la population civile par les nazis à Oradour-sur-Glane, demeure bien présent dans les esprits.<br />
<br />
<br />
L’arrivée de nos libérateurs à Vezin-le-Coquet est un délire de joie. Beaucoup d’habitants du bourg sont déjà allés à leur rencontre à L’Hermitage et bénéficient de la primeur de goûter au bonheur de la liberté retrouvée.<br />
Finis le vert de gris et la tête baissée au passage de l’ennemi. Finis les contrôles arbitraires. Finie la crainte d’être pris dans une rafle. Vive les beaux uniformes biens coupés, d’une belle couleur d’un franc kaki. Finies les croix gammées et les croix noires, vive les magnifiques étoiles blanches cerclées peintes sur de jolis véhicules remplis de grands gaillards qui saluent avec un large sourire. Vive la croix de Lorraine, les trois couleurs arborées et la Marseillaise chantée sans crainte. Finis l’ombre sinistre de la milice et leurs massacres. Finie la peur au ventre qu’ils provoquaient. Finis les tirs de DCA. Finis aussi les bombardements qui ont tant fait de victimes et qui me faisaient si peur. Cet instant, d’une grande intensité émotionnelle, aussi fugace fut-il, marque pour beaucoup la rupture d’un état de cauchemar vers celui d’un renouveau de liberté et de paix.<br />
<br />
C’est la Libération ! Mot magique qui marquera pour longtemps une période heureuse de notre histoire. Ainsi, en ce mois d’août 1944, le café épicerie Pécoil, reçoit chaleureusement, après quatre années d’attente, une clientèle à qui Madeleine ne fera pas le coup de la patte de cochon. Des consignes émanant du QG US sont données, aux milliers de GIs au repos pour deux semaines dans de nombreux camps créés pour la circonstance autour de Vezin, de ne pas fréquenter les cafés. Pourtant malgré cela, le café épicerie Pécoil, sans probablement faire exception, reçoit régulièrement la visite de quelques militaires. Le capitaine Tessier qui parle couramment le français fait partie des habitués, il est cantonné au château de la Glestière. Il s’est autoproclamé neveu du propriétaire du château, puisque celui-ci se nomme tout comme lui TESSIER. Viennent tout aussi régulièrement Carl E. JOHNSON, Robert D. RANDOLPH, Russell LEWIS tous de la Chemical Company 60th et 64th, le Pvt Tony CASTELL 458th AAA AW et aussi Steven (Steve).<br />
[[Fichier:1_-_Marraine_de_guerre_Milisson.jpg|right|505x505px|thumb|Un des nombreux courriers]]<br />
Outre le repos dont ils ont grandement besoin après leur dure campagne qu’ils ont menée en Normandie, des spectacles sont organisés pour distraire cet effectif très important de militaires. Madeleine est invitée à celui notamment donné au bas du champ de Lebastard. Je me rappelle y être aussi présent auprès de mon copain de la Canon Company du 13th Inf Reg. Même si nous ne saisissons peu, sinon rien des conversations qui sont échangées sur le grand podium dressé en contrebas du pré, qui présente presque la forme d’un amphithéâtre, nous apprécions chansons et musique aux rythmes nouveaux. C’est l’occasion aussi pour les GI de distribuer des friandises aux spectateurs civils présents. Le spectacle est ouvert à tous. Qu’elle est belle cette liberté nouvellement retrouvée en compagnie de sympathiques amis !<br />
<br />
Musique, chansons et théâtre ne suffisent pas complètement au repos du guerrier. La présentation sur les planches de telles distractions n’exerce pas l’effet suffisant pour calmer ou modérer les ardeurs de tous ces jeunes militaires. Il manque l’ingrédient principal, l’indispensable récréation, celle de jeunes femmes. On note alors, qu’à Vezin, entre le café Bigot et la demeure de madame Bouget la couturière, s’est miraculeusement créé un lieu où d’aimables représentantes de la gent féminine, venues de Rennes, s’exercent contre rétribution, à redonner du courage à nos libérateurs pour leurs prochaines campagnes. Comme déjà précisé dans une des chroniques vezinoises, ce lieu n’a rien de légal, il n’est indiqué sur aucun plan, aussi les militaires qui ont connaissance de son existence sans en connaitre le lieu, errent la nuit dans le village en frappant à de nombreuses portes ou volets. Excédé par leurs continuelles visites nocturnes, le beau-père de Madeleine, un soir, leur verse sur la tête depuis l’étage, le contenu d’un pot de chambre déjà bien visité.<br />
<br />
Madeleine et Henriette refusent de mettre brusquement fin aux sympathiques contacts qu’elles ont établis avec quelques soldats devenus des amis. Leur départ est bien triste pour beaucoup d’entre nous, un grand vide se crée soudain dans notre petit village. Elles font promettre à leurs amis de leur écrire et promettent, elles aussi, de ne pas les laisser sans leur envoyer de leurs nouvelles. C’est ainsi que s’établit une correspondance entre les deux sœurs Pécoil et leurs camarades de la 60th et 64th Chemical Company. Certes ce ne fut pas une correspondance suivie mais, par exemple, Carl E.Johnson adressa à Madeleine plusieurs courriers.<br />
<br />
- '''Sur celui du 3 Novembre 1944''' : ''Il informe qu’il est en Hollande, qu’il « travaille » beaucoup et surtout la nuit. Dans le froid qu’il rencontre, il rêve à un bon feu de cheminée chez lui, aux USA. Que Robert (Randolph) est au lit après avoir reçu la lettre d’Henriette – Que Steve ne travaille pas aujourd'hui, il est au quartier Général. Il transmet ses salutations à toute la famille et la remercie pour leur chaleureux accueil à Vezin-le-Coquet.<br />
''<br />
<br />
- '''Celui du 6 Novembre 1945''' : ''Il est très heureux de recevoir une lettre de Madeleine, il pensait avoir été oublié ainsi que ses camarades, par toute la famille à qui il transmet ses amitiés sans oublier Bernard. Il est au camp Baltimore à Suippes. Après avoir quitté la Bretagne il est allé en Hollande – Allemagne – Luxembourg. En Allemagne il s’est rendu à Munich, Neu Beckum, Dahlenberg, Hanover… (et bien d’autre villes) pour donner une idée de mes déplacements durant cette guerre. Quand la guerre s’est terminée j’étais à Dahklenburg près du fleuve Elbe. De là j’ai été expédié à Marseille prendre le bateau pour retourner chez moi aux USA. Mais il a fallu que ma compagnie retourne au Luxembourg puis à Suippes. J’espère être chez moi pour Noël. Il me tarde de revoir ma mère mon père et mes sœurs. Russell et Jack ne sont plus dans ma compagnie, Randolph et Steve sont ici avec moi.'' <br />
<br />
Il termine sa lettre en français et ses quelques lignes sont émouvantes. ''Peut-être (écrit-il) nous allons chez nous d’ici mais je n’oubliez pas vous et votre famille. Vous êtes ma bien chère amie et vous a me donné beaucoup d’heures jolie. Écrivez-moi encore. Donnez mon sincère amitié à votre sœur, frère, mama, papa et le chien aussi. Excusez-moi pour mon français. C’est terrible, je sais.<br />
<br />
Mais encore une carte de Noël avec ces simples mots : Votre ami Carl''<br />
<br />
Le nombre de lettres évoquées ici reçues par Madeleine n’est pas exhaustif. <br />
<br />
[[Fichier:Courrier_à_Madeleine.jpg|centre|600x600px|thumb|Courrier à Madeleine]]<br />
<br />
<br />
<br />
Les fréquents déplacements de nos amis sont probablement dus au fait qu’ils appartiennent à une unité de décontamination. Les lieux qu’ils visitent correspondent à des régions où ont été installés, par les nazis, des camps de concentration.<br />
<br />
Madeleine relate quelques autres souvenirs de l’époque de l’Occupation. Elle évoque le tragique drame vécu par madame Simone Fourché de Vezin, née le 14 juin 1905 à Rennes I&V qui, séparée de son mari, vit à Rennes. Elle est installée chez sa belle-sœur madame Tullou, qui tient une épicerie, [[rue de Paris]]. Simone Fourché appartient avec la famille Tullou à un réseau de résistance et détient un poste radio émetteur récepteur. Elle est arrêtée le 12 avril 1943 à Rennes et déportée (Nuit et brouillard - Nacht und Nebel) en camp de concentration. Les prisonniers du camp où elle est détenue sont transférés dans d’autres camps au fur et à mesure de l’avancée des Alliés. C’est au cours d’un de ces transferts à pieds, sur une route, qu’elle est reconnue par un Vezinois, prisonnier de guerre français, Monsieur Frin, qui se trouve là au moment de son passage. Son attention est attirée par la chute sur la route de Madame Simone Fourché, quelqu’un la relevant. Extraordinaire concours qui fait se rencontrer deux personnes du même village, en un lieu aussi lointain, parmi cette foule de personnes déplacées dans le tumulte de la guerre. Madame Fourché est plus tard libérée par les Alliés mais décédera des suites des maltraitances qu’elle a subies, le 7 janvier 1945 à Lyon pendant son retour de déportation. Son parcours de déportée : Lauban – Ravensbrück – Flossenburg - Graslitz. Matricule 79960.<br />
<br />
Madame Tullou, belle-sœur de madame Fourché, ainsi que sa fille Madeleine Tullou furent prises dans cette même rafle à Rennes et déportées elles aussi en Allemagne.<br />
Madeleine Tullou est née le 1er janvier 1925 à Rennes(35). Arrêtée le 12 avril 1943 à Rennes, elle est déportée "NN" le 17 février 1944. Lieux de déportation: Aachen, Lauban, Breslau, Ravensbrück, Flossenburg, Graslitz, Zwodau. Elle est libérée en mai 1944 à Zwodau. Elle est décédée le 3 mars 2011 à l'âge de 86 ans. Elle avait été élevée au grade de Chevalier de la Légion d'Honneur pour fait de résistance. <br />
<br />
Madeleine est affiliée à l’Union des Femmes Françaises. En 1945, c’est le moment du retour des prisonniers. Il faut les accueillir à la [[gare de Rennes]]. Elle s’y rend avec ses camarades de l’association pour porter aide et assistance à ceux qui sont restés cinq années en captivité en Allemagne.<br />
<br />
Le 11 septembre 2016 Albert René Gilmet<br />
<br />
A second jour du printemps 2024, à 96 ans Madeleine s'en est allée mais ses témoignages demeureront présents dans l'histoire de sa commune, Vezin le Coquet, qu'elle n'avait jamais quittée. Repose en paix Madeleine.<br />
<br />
<br />
Voir blog Aldebert: http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]][[Catégorie:Seconde Guerre mondiale]]</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation/Lib%C3%A9ration_n%C2%B019&diff=82715Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°192023-09-01T16:36:24Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
== Hommage à un de nos libérateurs ==<br />
<br />
[[Fichier:13INF DUI.gif|150px|left]][[Fichier:Daddy.jpg|150px|right]][[Fichier:8th transparent master.gif|150px|center]]<br />
<br />
== Joseph F. PERSIN ==<br />
<br />
=== Le 13th inf Rgt première unité à occuper Rennes ===<br />
<br />
Après l’opération Cobra et la percée d’Avranches, la 8th Inf Div est chargée de la [[Libération de Rennes]] le 4 août 1944. Ainsi certaines unités ont établi leurs quartiers pour un repos de deux semaines environ, tout autour de cette ville. Un extrait des archives, maintenant déclassifiées, concernant les rapports journaliers du commandement du 13th IR, ''Headquarters Thirteenth Infantry APO #8 U.S. Army, Report of enemy action'' mentionnent :<br />
<br />
« Le 13th Inf Rgt fut la première unité à entrer et prendre la ville de Rennes.<ref>[[Libération de Rennes]]</ref> Cette belle capitale de la Bretagne était comme un tapis coloré de fleurs quand nos unités passaient par les rues et avenues l’arme à la bretelle. Les femmes, les jeunes et vieux accouraient nous serrer la main et embrasser les amerloques (Yanks). Quand nos jeeps et véhicules passaient à travers la foule, beaucoup essuyaient des larmes de joie et couvraient notre convoi de fruits et fleurs en criant, Vive l'Amérique! »<br />
<br />
La première mission du 13th a été de contrôler les principales rues de Rennes et de protéger le camp d’aviation de [[Saint-Jacques-de-la-Lande]].<br />
<br />
<br />
=== Éléments du 13th Inf Rgt stationnés à Vezin-le-Coquet ===<br />
<br />
Des éléments du 13th Inf Rgt étaient stationnés à [[Vezin-le-Coquet]] et sa ''Cannon Company'', dans le pré Lebastard à l’emplacement même aujourd’hui nommé [[Allée des Roseaux]].<br />
Cette période de repos, relativement longue pour les soldats, a permis à la population civile, tout au moins pour certains, d’établir des contacts moins superficiels avec des GIs et favoriser ainsi des liens d’amitié.<br />
<br />
C’est le cas pour Joseph F.Persin (Joe) et mon père. Je me souviens de Joe quand il est venu faire ses adieux le soir, la veille du départ de son unité, la ''Cannon Company'', en route pour aller libérer Brest. <br />
<br />
<br />
=== Joe fait parvenir de ses nouvelles ===<br />
<br />
Le 24 février 1945, Joe a fait connaître de ses nouvelles à mon père en lui envoyant une lettre. La lettre est égarée mais heureusement l’enveloppe a été retrouvée. Celle-ci contient de précieuses informations qui ont permis d’entreprendre des recherches. Le nom de son unité, sa division APO#8 son N° matricule étaient essentiels. <br />
Pour ce faire, j’ai reçu l’aide précieuse d’Antoine, dit ''Panzerfaust''<ref>De l’association de reconstitution ''Saint Malo Historical group'' et du Forum ''Bretagne occupation et Libération''</ref>.<br />
<br />
<br />
=== Contacts établis avec la famille de Joe ===<br />
<br />
Jim Baker, le neveu de Joe, a répondu très aimablement à un courriel que je lui ai adressé. Il m’a fait savoir qu’il était intéressé et très touché par cette prise de contact. <br />
Il a relaté quelques moments de la vie civile de Joe, qui malheureusement est décédé en 1999. <br />
<br />
Joe a une fille, Barbara, avec laquelle Jim m’avait promis d’établir un contact, ce qui s’est réalisé assez rapidement. Il a aussi un fils, Gregory (Greg). La famille de Joe est d’origine croate. Ses enfants ne possèdent que très peu de photographies de lui qui pourraient le représenter durant la campagne de France ou d’Allemagne. Joe ne parlait jamais de la guerre à sa famille.<br />
<br />
[[Fichier:Joe-City Park.jpg]] [[Fichier:Joe - In Fatigues.jpg]] <br />
<br />
<br />
=== Joe, presque sosie de Gordon Mac Crea ===<br />
<br />
Jim m’informe que Joe ressemblait beaucoup à {{w|Gordon Mac Crea}}, ainsi quand il invita son oncle à une soirée à Chicago où Gordon Mc Crea se produisait, Joe a occupé discrètement une place à la table du chanteur, quand celui-ci était sur scène. C’est alors Joe qui est devenu pour un instant, le centre du spectacle. Ils ont fini la soirée ensemble en interprétant en duo une chanson du répertoire du célèbre comédien-chanteur.<br />
<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Joseph F Persin 1917-1999.jpg|thumb|Joseph Persin]]<br />
<br />
<br />
=== Parcours de Joe après démobilisation ===<br />
<br />
Joe est né en 1917, il épouse Betty (Elizabeth) en 1940. Du mariage naît en 1946 un premier enfant décédé à la naissance, puis deux autres, Barbara née en 1947 et Gregory en 1950. Le couple fut toujours très uni et les enfants furent toujours très proches de leurs parents.<br />
<br />
Ils ont vécu en Pennsylvanie jusqu’en 1963. Joe était contremaître dans une aciérie. II perd son travail suite à la fermeture de l’usine. Il part ensuite s’établir, avec sa famille, dans l’Illinois où il trouve un nouvel emploi dans une usine de fabrication de camions semi-remorques. Il termine là, sa carrière comme contremaître.<br />
''La vie a été très difficile'', raconte Barbara, ''et il a fallu que Joe ait simultanément deux activités professionnelles pour se rétablir financièrement suite à son licenciement''. Joe était très courageux, il avait beaucoup d’amis.<br />
<br />
<br />
=== Joe nous quitte en 1999 ===<br />
<br />
En janvier 1999, Joe se sentait très fatigué, il n’avait plus qu’un seul rein à la suite d’un cancer. Après un examen médical, il sut qu’il avait une leucémie. Les trois derniers mois de sa vie, dialyse après dialyse, ont été très difficiles pour lui surtout, mais aussi pour ses proches qui l’adoraient. Il est décédé le 30 mars 1999.<br />
<br />
Après la campagne de Normandie Joe, avec son unité, a combattu à Brest, au Luxembourg, il a participé à la très longue et terrible {{w|bataille de la Forêt de Hürtgen}} en Allemagne. À la fin de la guerre il se trouvait sur les bords de l’Elbe.<br />
<br />
<br />
'''Repose en paix Joe.'''<br />
<br />
[[Fichier:Cannon company.JPG]]<br />
<br />
Le 10 avril 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Autre information Blog Aldebert: [http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]<br />
<br />
<br />
== Notes et références ==<br />
<references/><br />
<br />
<br />
== Liens internes ==<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°18]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n° 20]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B002&diff=79021Chronique vezinoise sous l'occupation n°022023-01-29T17:55:06Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
''Souvenirs d’un enfant.''<br />
<br />
'''LA MARÉCHALERIE ET LE CAFÉ LETORT'''<br />
<br />
'''''Ce jour là sous l'occupation'''''<br />
<br />
Comme beaucoup de maisons du village, l'école est située en bordure de la rue principale, comme aussi celle où nous habitons. Immédiatement faisant face à l’école, de l’autre côté, se tient la maréchalerie. Il suffit de traverser la rue à la fin de l’école et hop voilà !… Je me retrouve dans ce qui était devenu un de mes territoires préférés, là où j’ai particulièrement mes marques. Le risque de me faire renverser par une automobile à cette époque est très limité, peut-être même quasiment nul. Nous sommes en guerre donc pas de carburant, pas de voitures automobiles civiles. Il faut noter néanmoins que j’ai réussi l’exploit de me faire renverser par une bicyclette à deux pas de chez moi. Un peu affolée madame ''Trincart'' la voisine, qui est sur le pas de sa porte et qui a tout vu, me relève, me prend dans ses bras, elle me ramène à ma mère en houspillant très fortement le cycliste. Madame ''Trincart'' a de la voix et se fait entendre. Le transfert se fait par la fenêtre qui donne sur la rue. Je suis immédiatement mis au lit et par voie de conséquence privé de la promenade de l’école du samedi après midi. Je me considère ainsi puni pour une faute que je n’ai pas commise. Je donne aussi de la voix jusqu’à m’endormir.<br />
<br />
[[Fichier:Cafe de la Marechalerie Vezin 1943.jpg|center]]<br />
<br />
Sur la photo au premier plan : l'enfant aux souvenirs heureux. Taïaut est à l'arrière-plan ''(le téléphone est au repos, lui aussi)'' à droite, la rampe de fer pour attacher les chevaux.<br />
<br />
'''''Les chevaux rois'''''<br />
<br />
Les chevaux sont essentiels pour les cultivateurs mais aussi pour les particuliers et tout ce qui concerne les transports. Nous nous en rendons probablement moins compte aujourd’hui. <br />
<br />
Certaines personnes du village, gens aisés, disposent d’un petit attelage pour assurer leurs déplacements, comme par exemple chez ''Touffet''. C’est un cabriolet, attelé à un cheval superbe. ''Jean Pinel'', le petit fils, m’emmène quelque fois avec lui à l’occasion de courses qu’il doit effectuer. ''Jean Pinel'', à l’époque était ''« le bon ami platonique de ma grande sœur, mais chut !… »'', ce qui me valait probablement quelques privilèges.<br />
<br />
Il faut veiller aux soins des chevaux, les entretenir soigneusement, les chausser, d’où l’activité importante qui se déroule dans'' ma'' maréchalerie. Il faut aussi réparer les machines agricoles, fabriquer, forger certaines pièces indispensables, inexistantes sur le marché. Les pièces détachées sont difficiles à trouver sinon impossibles. J’adore me rendre dans la forge. Les ''Letort'' en sont les propriétaires. Le père ''Pierre'', le fils ''Pierrot'' et plusieurs employés s’y activent. Le père ''Letort'' est manchot, il est appareillé comme le Capitaine Crochet. Cela ne l’empêche pas de battre le fer comme les autres. Le fils, ''Pierrot'', c’est un peu mon idole, c’est lui qui porte la Bannière les jours de procession. À cette époque, il a entre dix sept et vingt ans.<br />
<br />
'''''Les forgerons font chanter leurs enclumes'''''<br />
<br />
J’aime sentir toutes les odeurs produites par la forge : la corne du sabot d’un cheval qui grille au moment de l’ajustement du fer, l'odeur que dégage le fer brûlé que le bras martèle sur l’enclume, celle de la graisse des machines agricoles en attente de réparation. L'entrée de la forge est libre pour moi, je ne me prive pas de regarder, d’observer, ainsi je suis d'un œil attentif les opérations successives de fabrication d'un superbe fer à cheval à partir d'une simple barre de fer ou la réalisation d’une pièce de charrue. Combien de coups de marteau faut-il donner pour effectuer cette transformation ? Le fer retourne souvent au feu dans le charbon incandescent qu'il est constamment nécessaire d'activer. Quand on me le permet, je ne laisse à personne ma place pour tirer la chaîne du grand soufflet dont l'activation de l'air redonne une belle couleur rouge orange au charbon. Le forgeron n'ignore pas le plaisir et la fierté que j’ai en l’actionnant. Je pense qu'il prend plaisir à me faire plaisir. Alphonse Gautier, mon copain, a aussi gouté à ce petit bonheur. <br />
À proximité de chaque enclume, se trouve un fût rempli d'eau dans lequel le forgeron trempe le fer qu'il travaille pour le refroidir, un bouillonnement se fait entendre, la vapeur jaillit, elle ajoute à l'odeur particulière de la forge, cette odeur que j'aime tant. Contre les murs sont disposés quantité d'outils, souvent fabriqués pour des opérations particulières, spécifiques. Je remarque surtout les pinces, peut-être parce qu’elles sont les plus nombreuses. C'est une grande maréchalerie, constamment en activité, les chocs des marteaux sur les enclumes sont comme une musique et donnent un air de fête, de gaîté au village. Les dimanches sont tristes, la forge est muette, ses portes sont pourtant grandes ouvertes, il ne m’est pas interdit d'y entrer. La maréchalerie fait aussi débit de boissons, c’est madame ''Letort'' et la bonne qui font fonctionner le commerce. <br />
<br />
'''''Le café Letort'''''<br />
<br />
L'ensemble des bâtiments se compose d'une grande maison de construction moderne pour l’époque, avec étage, bâtie en schiste rouge. Aujourd’hui c’est une pharmacie. Les impostes des fenêtres du rez-de-chaussée sont ornées de briques rouges ainsi que les fenêtres simples de l’étage. L'étage est réservé aux appartements privés. La salle du café, la cuisine, occupent entièrement le rez-de-chaussée. On y sert du cidre à la bolée et au litre. Les fûts sont à la cave, on tire le cidre à partir du comptoir. Pour les boissons des enfants ou des dames, on propose des sodas. Je les appelle les sodas verts, jaunes et rouges, je ne connais pas ou ne retiens pas les dénominations exactes, Menthe, Citron ou Grenadine. Les bouteilles sont en verre blanc épais, on distingue bien la couleur du produit contenu. Elles sont toutes jolies. Le choix est souvent difficile et les occasions rares, surtout entre la rouge et la verte, la jaune est trop fade à mon goût. Pour pouvoir verser le liquide dans le verre, il faut appuyer sur une bille bloquée par la pression dans le goulot. Je laisse cette opération à un plus costaud que moi ou à un adulte, la chose est trop difficile, je n’en ai pas la force. À l’ouverture, quand la bille est enfin dégagée, j’adore entendre le bruit du gaz qui s'échappe brusquement, pschitt !!… et les bulles qui se forment. C'était un luxe pour un enfant appartenant à une infortunée famille.<br />
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<br />
Le café'' Letort'' est le plus important et le plus fréquenté de tous les cafés du village qui en compte, environ six ou sept, c’est aussi celui que je préfère, bien entendu !<br />
<br />
Le village n’est pas grand, par contre les stations pour se désaltérer sont nombreuses, comme je l'ai déjà souligné. Elles sont aussi des lieux conviviaux de rencontre où les discussions tournent souvent sur ''« comment peut-on se procurer ceci où cela, »'' car tout manque.<br />
<br />
Chez ''Letort'', il y a une cabine téléphonique. ''La cabine téléphonique du village''. Le numéro UN. On téléphone, en même temps, on boit un coup d'cid. Le téléphone est là, surtout pour les urgences, très peu de particuliers en disposent. Quand sa sonnerie se fait entendre suite à un appel, nul dans les parages ne peut l'ignorer, car ''Taïaut'' mon vieux copain, le bon chien du patron, se met à hurler tout durant que tinte la sonnerie. On se le raconte encore actuellement chez les anciens. Le patron, Monsieur ''Letort'', le père ''Letort'', comme on a l’habitude de l’appeler chez nous, a le verbe haut mais combien il est brave, les services qu'il rend ne se comptent plus. Il a perdu une main et travaille avec un crochet. Son épouse le dépasse encore en gentillesse et en amabilité. Le fils, ''Pierrot'', travaille aussi à la forge. ''Pierrot'', mon idole, ma référence me surnomme ''« le p’tit Russe »'' à cause de mes cheveux très blonds et mes chaussures blanches des dimanches… Blanches! En début de journée... parce que le soir... c’est une autre affaire.<br />
<br />
La maréchalerie est pour moi un lieu de spectacles et d’attractions mon deuxième chez moi. Il s’y passe toujours un événement intéressant. Le ferrage des roues des charrettes par exemple. Cette opération mobilise plus d’une demi douzaine de bonshommes. Elle s’effectue en compagnie du menuisier-charron monsieur ''Galet''. Il y a aussi la castration des chevaux de trait. Des spectacles gratuits, vivants, intéressants que les enfants ne manquent pas de regarder quand ils ne sont pas à l’école. Tiens ! Comment se fait-il que je me sois trouvé si souvent spectateur ? Peut-être y avait-il plus d’un jeudi par semaine. Il est vrai qu'en ce temps là, nous revendiquions, en vain, la semaine des quatre jeudis !<br />
<br />
'''''Le charron et la menuiserie galet'''''<br />
<br />
Les roues des chartes, charrettes ou tombereaux sont fabriquées sur place à [[Vezin-le-Coquet]]. Le charron-menuisier intervient sur tout ce qui est bois : moyeux, rayons et jantes. Le forgeron fabrique les cerclages et les fixations. L'opération d'assemblage se passe en haut du bourg, sur une aire aménagée à cet effet devant l’atelier de la menuiserie ''Galet''. Chez monsieur'' Galet'' il y a deux fils ''Pierre'' et ''Georges''. La roue entièrement de bois est prête quand les forgerons se présentent. Elle est placée bien à plat. L'opération de cerclage est une affaire délicate. Le cercle en fer est chauffé sur un aménagement spécial, circulaire. Il faut bien sûr que le fer se dilate pour permettre l'ajustement autour de la roue. Quand il est jugé suffisamment à point quatre intervenants munis chacun d'une pince adaptée saisissent le cerclage et l'emboîte autour de la roue. Il faut faire très vite, car si cette opération traîne, le bois risque de brûler. Des flammes apparaissent d’ailleurs par instant. Des hommes, avec des arrosoirs surveillent et attendent le signal pour verser de l'eau sur le ferrage, pas trop tôt, pas trop tard ! Celui-ci se rétracte en refroidissant, compresse ensemble des assemblages. Encore quelques coups de marteau pour fignoler le travail, ne pas oublier de bien visser les fixations sur la jante. Voilà ! Une belle roue est née. C’est un beau spectacle, nous sommes une flopée d'enfants à nous en réjouir, y compris ''Alphonse''. Après cette rude journée, plus d'une bolée d'cid est bue au café de la maréchalerie.<br />
<br />
'''''Castration des chevaux de trait'''''<br />
<br />
En Ille-et-Vilaine, à cette époque, c’est le cheval qui est utilisé pour le labour ou le charroi, à l'inverse d'autres régions ou les bœufs et même les vaches le remplacent. Périodiquement des chevaux de trait encore entiers, sont amenés par leur propriétaire à la maréchalerie où ils seront castrés. Le spectacle est public. Les chevaux sont alignés devant le café ''Letort'', attachés à une barre métallique, ils attendent d’être opérés. Les uns après les autres, ils sont immobilisés sur un travail ou trémail et le vétérinaire opère. Le vétérinaire est le seul à être revêtu d’une blouse, c’est l’homme de l’art. Les parties de chair qui sont détachées du cheval sont laissées sur place. Ainsi en sortant de l'école j’aperçois ces choses presque rondes, il est tentant de shooter dedans. C’est mou, c’est flasque, ça ne vaut pas un ballon et ça salit les chaussures ! Au fait ! Comment c’est fait un ballon? Je ne me souviens pas en avoir vu un, sauf celui de la première équipe de foot de Vezin en 1943. J’abandonne le shoot, les chaussures sont tâchées, gare à la réprimande une fois de retour à la maison. Les restes filandreux disparaîtront les jours suivants, peut-être ramassés et enterrés ? Peut-être mangés par les chiens, rien ne se perd en temps de guerre. Une fois le travail accompli et les chevaux allégés, les bonshommes ont soif, il faut se rafraîchir le gosier, mais où donc aller, eh bien ! Au café ''Letort'', il n’y a qu’un seul pas à faire et deux marches à monter, ''pour boire un coup d'cid ou p’tet ben deux et aussi, un coup d'calva, ben dame oui !.''<br />
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[[Fichier:1-Enveloppe corresspondance Ets LETORT.jpg]]<br />
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[[Fichier:Forge de chez Letort.jpg|vignette]] <br />
<br />
Eh bien oui! Pour moi LA MARECHALERIE ET LE CAFE LETORT à Vezin le Coquet étaient le centre du monde... il n'y avait pas de gare à Vezin, c'est pourquoi!!!<br />
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<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°01]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B001&diff=76669Chronique vezinoise sous l'occupation n°012022-09-27T17:09:48Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
'''Après l'exode, installation à Vezin-le-Coquet'''<br />
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<br />
'''''Présentation de la famille'''''<br />
<br />
Mon père est né à Lille en décembre 1905 dans une famille déjà nombreuse. ll reste beaucoup de jeunes bouches à nourrir lorsque les Prussiens envahissent le nord de la France en 1914, lesquels occuperont Lille pendant quatre longues années. Les estomacs des enfants gémissent de n’être pas satisfaits de nourriture. Lille est alors intra-muros, il faut franchir les portes gardées de la ville pour "aller à la campagne" et tenter de se ravitailler. Les enfants les franchissent sans peine pour sortir mais pour entrer la situation est plus délicate surtout lorsqu'ils cachent sous leur manteau une betterave sucrière dérobée dans un champ, qu’ils ont prévu de manger cuite au four. C’est tout à fait défendu par l’autorité prussienne, ainsi lorsqu’ils sont découverts au passage gardé, le soldat de service leur administre une magistrale fessée. Aussi, préventivement et pour amortir les coups de ceinturon, placent-ils un petit sac en jute entre leurs fesses et la culotte, les effets des coups semblent moins rudes. <br />
La betterave sucrière cuite au four a un goût horrible, elle garnit toutefois tant soit peu l'estomac pour un temps. Lorsque ma grand mère coupe le pain en tranches d’égales épaisseurs, pain souvent fourni par des œuvres charitables religieuses, les plus jeunes s’installent autour d’elle pour observer. Une fois l'opération de tranchage terminée et le pain rangé pour un prochain repas, les enfants tracent du doigt sur la table des limites qui marquent pour chacun, la quantité de miettes qu'ils peuvent se partager et manger immédiatement. Mon père a eu un rétrécissement d'estomac par suite d'une insuffisance alimentaire et fut envoyé après guerre, comme bien d'autres enfants du Nord, dans un établissement de repos en montagne. Ce préambule me semble indispensable pour expliquer la raison pour laquelle nos parents n'ont pas voulu que nous restions dans le Nord au moment de l’invasion des hordes nazies en juin 40. Les évènements se répétaient<br />
<br />
En juin 40, notre père travaille dans une teinturerie dans le Nord qui traite le drap militaire. Requis sur place, marié, quatre enfants à charge, la rapidité de la défaite ne lui a pas laissé le temps de porter le fusil, ou plus exactement tirer au canon car il est artilleur, sous-chef de pièce. Les troupes allemandes ont déjà franchi la frontière belge et commencent à envahir ce pays ami. Il faut s'en aller au plus vite, les boches seront bientôt là.<br />
<br />
'''''Le chemin de l'exode'''''<br />
<br />
Le chef d’entreprise de la teinturerie confie à mon père un camion avec le carburant nécessaire pour rouler aussi loin que possible. Nous partons donc. Le camion est capable d’emmener deux familles à son bord, la nôtre, deux adultes, quatre enfants, et une famille de Belges, qui se compose aussi de deux adultes, quatre enfants, au total nous sommes donc douze. Le camion devra être remis à la préfecture du lieu du terme de notre exode, c’est la consigne donnée par le patron avant le départ de Wasquehal (Nord). Cette consigne fut respectée par notre père après notre arrivée à Rennes. J'avais alors 2 ans et demi. <br />
<br />
Il nous a raconté plus tard certaines péripéties du voyage. Sur la route de l'exode se mélangent alternativement véhicules civils et militaires. Les convois militaires respectent une distance réglementaire entre chacun des véhicules. Notre père jugeant l'allure trop lente, double quand l’occasion se présente. Il remonte ainsi le convoi jusqu'au moment précis où un officier français, pistolet au poing, le menace, en lui intimant l’ordre de cesser cet exercice sinon… <br />
<br />
Le convoi est en proie aux attaques de la chasse allemande. Certains des véhicules militaires composant le convoi sont équipés d'armes antiaériennes, cependant les soldats ne s’en servent pas. Lorsque les chasseurs de la Luftwaffe surgissent au-dessus de la file de véhicules tout le monde se dirige précipitamment au fossé sans volonté de riposter.<br />
<br />
'''''Arrivée à Rennes'''''<br />
<br />
Les deux familles au complet mais aussi un chien que j’ai oublié de citer et qui se fera renverser et tuer par une voiture peu de temps après notre arrivée, arrivent alors à Rennes sans dommage au sein d’un flot de réfugiés venant surtout des régions du nord de la France et de Belgique. <br />
L’image que nous donnons, nous les enfants à la chevelure blonde comme les blés, incite certaines personnes à nous appeler ''les Boches du Nord'' ! Est-ce l’inquiétude provoquée par ce flot ininterrompu de réfugiés venant envahir leur région qui motive cette attitude? Sans doute une réaction de crainte soudaine consécutive à cet évènement exceptionnel et tragique, l’exode. Cette réflexion désobligeante formulée par quelques grincheux ne s’est, par la suite, plus fait entendre<ref>[[Mai-juin 1940, l'afflux des réfugiés à Rennes]]</ref>.<br />
<br />
'''''Prise en charge par les organismes de secours'''''<br />
<br />
L'administration, la Croix-Rouge et les œuvres charitables, les dames à cornettes, ont fort à faire. Nous sommes très rapidement pris en charge, d’une manière excellente, bien organisée par l’administration locale, malgré le flux soudain de réfugiés pour lesquels il est indispensable de trouver un hébergement. Les familles sont dirigées vers des points d'accueils, ensuite relogées dans des habitations réquisitionnées dans les villes ou villages du département. Durant cette courte attente mes sœurs plus âgées sont placées dans un centre d’accueil pour enfants à la Bouëxière, route de Liffré, cet établissement est à cette époque un préventorium.<br />
<br />
'''''Arrivée à Vezin-le-Coquet'''''<br />
<br />
Nous sommes assez rapidement dirigés, par chance, vers un petit village situé à une dizaine de kilomètres de Rennes, Vezin-le-Coquet. Le logement qui nous est attribué consiste en une unique pièce, une salle annexe d’un café. Avec mes yeux d’enfant je la vois cette pièce très grande. Quand, dans les années 90, je suis revenu la revisiter, mes yeux d’adulte l’ont vue alors dans sa réelle dimension, c’est à dire bien exiguë pour une famille composée d’un couple avec quatre enfants qui auront à y vivre pendant cinq années.<br />
<br />
<br />
<br />
[[Fichier:- Albert et Annick Pinel et les quatre refugies.jpg]]<br />
<br />
Albert et Annick Pinel (à gauche premier plan) ainsi que les quatre jeunes réfugiés photographiés peu de temps après leur arrivée à Vezin-le-Coquet. La photo est prise devant la fenêtre qui donne sur la rue de Montfort.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Une fenêtre donne sur la rue principale, rue de Montfort, c’est la route nationale Rennes-Brest. Un passage obligé pour tous ceux qui traversent le bourg d’Est en Ouest. La porte d’entrée de cette unique pièce est située à l’arrière, côté potager. Avant d’y accéder, il faut franchir un sas qui distribue aussi à sa gauche l’entrée de la salle du café Bigot et la réserve. Nous occupons en effet une des deux pièces du café, celle de droite. Il n’y a pas l'eau courante, comme partout dans le bourg. Au fond du potager un puits assure l’approvisionnement de ce précieux liquide. L’eau du puits est claire, potable et probablement absente de pollution. Nous avons l’électricité. Nous sommes privilégiés. En effet tous les foyers du pâté de maisons où nous demeurons ne possèdent pas ce luxe, pardi, c’est grâce au débit de boissons. Beaucoup s’éclairent encore à la lampe à pétrole ou à la bougie. <br />
Chaque matin il faut déplier et ranger une partie des lits pour faire de la place dans la pièce et les réinstaller le soir pour la nuit. Par suite d’une promiscuité qu’ils subissent en permanence la vie de nos parents pendant ces cinq années n'a pas été facile. Pour nous, surtout les trois derniers enfants, nous sommes heureux et indifférents à ce problème majeur. Cette époque est celle du plus grand bonheur de notre vie. Nous en avons reparlé encore et encore.<br />
<br />
'''''Début d'intégration parmi les villageois'''''<br />
<br />
Mes aînés lient rapidement connaissance avec d’autres enfants du village. J’ai toujours entendu dire à la maison que l’accueil des gens de Vezin-le-Coquet avait été sympathique, cordial à notre égard. On peut comprendre que la propriétaire de la salle du café, madame Bigot, lésée d’une partie de son lieu de commerce, occupée par cette famille nombreuse, peut ne pas être satisfaite. Elle ne nous le fait toutefois pas sentir. Je me souviens du goût de la pistache qu’elle me donne quand parfois elle discute avec ma mère sur la pas de la porte du café. Le geste large qu’elle exécute au-dessus du comptoir quand elle plonge une main dans un grand et profond bocal afin de saisir et d’extraire le joli bonbon noir. Geste que je surveille dans le détail en attendant la suite. J’adore les pistaches, le seul bonbon de l’époque dont je me souvienne et pour cause. Il a fallu attendre l’arrivée des Américains pour rattraper, assez largement d’ailleurs, le temps perdu. Sous l’occupation l’absence de confiseries était pour moi totale ou presque. Une confiserie ne doit pas uniquement être bonne mais aussi être jolie à regarder, enviée, le goût s’en trouve alors renforcé, j’étais déjà un connaisseur ou tout simplement un enfant.<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert : http://39-45.org/blog.php?u=5328&b=1479<br />
<br />
===Lien interne===<br />
<references/>[http://www.example.com titre du lien]<br />
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<br />
[[Amand Bazillon résistant]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°02]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B013&diff=76367Chronique vezinoise sous l'occupation n°132022-08-27T10:08:22Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
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'''Souvenirs d’un enfant'''<br />
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== Derniers potins avant le départ de l’occupant ==<br />
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'''''Avion anglais touché par la DCA'''''<br />
<br />
Un avion, un bombardier anglais, est touché par la DCA. Il tourne au-dessus du village. L’équipage a sauté en parachute. Certains aviateurs ont été récupérés et faits prisonniers par les Allemands. Un side-car passe dans le bourg, il transporte à son bord un des aviateurs. Lorsque celui-ci croise des villageois curieux qui le regardent passer, l’Anglais leur adresse un petit signe d'amitié. Il semble blessé. <br />
<br />
'''''Police allemande à la recherche de parachutistes anglais.'''''<br />
<br />
À une autre date ''guère plus datée que la précédente''… les Allemands recherchent des parachutistes anglais ''(dans l'esprit des gens, les parachutistes ne peuvent qu'être Anglais.).'' <br />
Des Allemands procèdent à des inspections dans le bourg, ils questionnent les habitants. Ils entrent dans le café Touffet pour interroger les consommateurs présents ainsi que la propriétaire. Madame Touffet est une personne âgée qui ignore la signification du mot ''parachutiste''. Croyant avoir à subir un contrôle pour combattre le marché noir, elle ouvre les deux battants de son armoire à étagères, pleine de linge bien rangé et déclare de bonne foi ''« regardez sur ces étagères vous ne trouverez pas de parachutistes. »'' <br />
L'histoire ne précise pas la réaction des Allemands. Ont-ils songé un instant que cette brave dame se payait leur tête ? Non, personne ne le pense, ils auront bien observé madame Touffet, il y a des attitudes qui ne mentent pas.<br />
<br />
'''''Promenade de séminaristes en herbe'''''<br />
<br />
Ma fenêtre qui donne sur la rue principale, laquelle est presque un passage obligé, offre souvent du spectacle. Chaque jeudi, s’il fait beau temps, jour de promenade, je vois passer, deux par deux, les petits devant, les grands derrière, tout un groupe de séminaristes. Ils sont vêtus d’une soutane noire, la tête couverte d'un chapeau à large bord pareillement noir, le missel à la main. Comme il s'agit pour la plus part de jeunes et très jeunes, il y a du chahut en tête des rangs, des rires et parfois des éclats de voix. Cet évènement est pour moi une énigme. ''Comment se fait-il qu'il y ait des curés si petits qui jouent comme des enfants.'' <br />
Je n'ai pas pensé questionner ma mère à ce sujet. Ma mère a pourtant réponse à tout. Par exemple quand je lui dis, entre les repas, '' « maman j’ai faim !'' », elle me répond du tac au tac ''« Mange ta main et garde l'autre pour demain. »''<br />
<br />
'''''Insolite handicapée'''''<br />
<br />
Un autre spectacle vu de ma fenêtre, cette vieille femme, habillée de hardes, elle paraît malpropre. Elle se déplace avec une chaise sur laquelle elle pose un genou recouvert d’un chiffon. Elle avance en se servant de la chaise comme d’une béquille. Elle arrive du bas du bourg et remonte bien lentement toute la rue qui est bien longue. Le déplacement est laborieux. Où va-t-elle, d’où vient-elle. Encore un événement inexpliqué.<br />
<br />
'''''Les réquisitions de l'occupant'''''<br />
<br />
Le passage, dans notre rue, de convois de véhicules allemands de toutes sortes est assez fréquent. Certains s'arrêtent pour la nuit dans le village et des officiers exigent parfois d’être logés chez l'habitant. <br />
Un blindé est stationné contre le mur de l’école. Je suis dans la cour, perché sur la dalle où trônait avant-guerre une statue. La statue a disparu. (''Elle est à inscrire sur l’infiniment longue liste des vols perpétrés par l’occupant qui, pendant presque cinq ans, s’est exercé à un pillage systématique de notre pays.''(1) <br />
J’aperçois la tête et le tronc d’un soldat qui émerge du blindé. Il est vêtu d’un uniforme noir, il me regarde et détourne la tête. Les soldats habillés de noir ou de bleu foncé me font vraiment peur. Ils ressemblent à des miliciens. <br />
<br />
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<br />
[[Fichier:Support de la statue.jpg|center|thumb|upright=2|Sur le coin tronqué du mur, on aperçoit une margelle, support de la statue volée]]<br />
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<br />
<br />
Un soir et comme d’ailleurs tous les soirs, ma mère réinstalle les lits pour la nuit à venir. C’est un convoi de panzer, qui stationne dans le village, les soldats qui l’accompagnent étant de noir vêtus. Ce soir là, et comme d’ailleurs beaucoup de soirs, je ne suis pas très obéissant. Ma mère me rappelle à l’ordre et menace alors d’héberger un Allemand pour la nuit. Je deviens tout à coup très rapidement sage.<br />
<br />
Devant le portail de l’école, c’est la fin de la journée, tout est calme, il me faut rentrer à la maison. Une voiture légère allemande est stationnée devant chez Letort. Ses propriétaires consomment au café de la maréchalerie. La porte du café s’ouvre brusquement, deux soldats en sortent. Ils sont coiffés de casquette et leur uniforme est de couleur vert de gris. Ils ont dégainé leur pistolet et se poursuivent à tour de rôle en criant comme des gamins. Ils se dirigent vers l’atelier des machines agricoles et commencent à tirer vers l’intérieur. Après chaque coup de pistolet tiré, ils s’exclament. Peut-être s’amusent-ils, me dis-je pour me rassurer, c’est encore une affaire à éclaircir ! Je rentre à la maison.(Témoignage similaire relevé sur le site "Réquisitions allemandes" qui nous dit) ''Ils boivent beaucoup. Plus que toute autre soldatesque en opérations ? En tout cas, les incidents dus à l'ivresse abondent dans les rapports ; en juillet 1941, des militaires échangent entre eux des coups de revolvers dans un café de la rue du Pressoir, ''Saumur''.<br />
<br />
''<br />
'''''L'espoir'''''<br />
<br />
Les Allemands sont-ils partis ?… Pas sûr !… Les Américains ne sont pas encore arrivés, c’est certain!… Mais que font-ils ? <br />
<br />
Le lendemain, dans l’après-midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .<br />
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie école et, de fait, devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent. <br />
<br />
Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez vous qu'ils sont encore à Rennes ? »'' <br />
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.<br />
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre km). <br />
<br />
Le père Letort prend le combiné du téléphone....Je suis à côté du téléphone, bien entendu ! Il tourne la manivelle.'' Allô, dit-il. Alors ! Ah oui… sont-ils partis?… Comment? …'''. Oui, ils sont partis''' !'' crie t-il à tous. Joie soudaine, allégresse. <br />
<br />
'''''La Marseillaise est chantée devant l'école'''''<br />
<br />
Sans perdre de temps, monsieur Guérin réunit les enfants présents, pourtant sensés être en grandes vacances, pour chanter haut et clair, une libre Marseillaise. J’étais resté près du téléphone, la bonne, Angèle, m’expédie alors vivement vers le groupe de l’autre côté de la rue. ''« Va chanter avec eux »'' me dit-elle. Adultes et enfants, tous ensemble, entonnent une vibrante Marseillaise, parait il émouvante.<br />
<br />
'''''Tous aux dépôts allemands'''''<br />
<br />
Persuadés que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté, paraît il, intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?<br />
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français. <br />
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg. <br />
Soudain, moment de panique, il paraît que les Allemands reviennent ! Affolement général chez les grands. Personnellement je ne perçois pas le danger. Je continue tranquillement de contempler mon butin.<br />
Bien heureusement, les Allemands ne sont pas revenus jusqu’à nous. <br />
<br />
Dans le grand hangar du bois de ''la Glestière'', sont entreposés, par piles, des sacs à dos militaires. La partie supérieure de chaque sac est recouverte d’une peau de vache. La poche principale centrale est vide, les petites disposées de part et d’autre du sac contiennent quelques trésors. De toutes façons, à mon âge, je ne suis pas en mesure d’estimer la valeur de quoi que ce soit. Ce sont des petits drapeaux triangulaires de couleur jaune sur lesquels est imprimée une tête de mort de couleur noire. On y trouve aussi des rouleaux de ruban d’un beau jaune orange reluisant. J’extrais aussi des tubes en bakélite de couleur marron, contenant des pastilles d’eau de javel (chlore). Beurk!...ça sent mauvais. <br />
''Pi-Park'' n'est pas un camp du génie militaire pour rien. <br />
<br />
Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place. <br />
Je suis vraiment déçu de mes trouvailles. J’imaginais découvrir un plus beau et grand trésor. J'emporte des rouleaux de ruban qui ne profiteront qu'aux filles. Le lendemain elles ont toutes des rubans jaunes dans les cheveux. Jeanine et Gaby Trincar ne sont pas en reste. Ah! les filles, elles en ont été si longtemps privées de ces jolis rubans. <br />
<br />
'''''Panique! L'Allemand revient'''''<br />
<br />
Sur la route au moment de notre retour de ''la Gléstière'', après avoir récupéré ce qui pouvait être pris dans ce qui restait des stocks abandonnés par les Allemands, il y eut tout à coup un vent de panique, quelqu'un a crié « Les Allemands reviennent ! ». <br />
En effet deux, trois ou quatre Allemands sont revenus, ils arrivaient de Montigné ''(ça ! c'étaient des mauvais m’a dit Madeleine)''. Ils ont pris un otage, un jeune homme et décident de le fusiller devant le monument aux morts du cimetière en guise de ''« cadeau d’adieu »''. Des témoins de l'événement, voisins ou passants, ont alors crié bien fort ''« les Américains !. ...les Américains arrivent !… »''. Les Allemands ont alors rapidement pris la fuite en abandonnant leur otage vivant. <br />
<br />
Par opposition aux Allemands mauvais, Madeleine me dit qu'il y en avait de gentils. Ceux du champ de DCA, de très jeunes soldats dont j’ai déjà évoqué la présence. Lorsque je me rends dans leur cantonnement, je mange sans crainte et sans hésitation les bonbons qu'ils me donnent. Oui ! Parce qu'il faut préciser, entre nous les enfants, nous nous passons la recommandation suivante ''« il ne faut surtout pas manger des bonbons que les Allemands donnent car ils sont empoisonnés et en plus, dedans il y a de la crotte de cheval »''. J’avoue avoir assumé tous ces risques en ne respectant pas cette consigne.<br />
<br />
Albert Pinel, qui vient de nous quitter en cette année 2010, est le fils du boucher et frère de Jean, ''le bon ami'' de ma sœur aînée. C’est lui qui est chargé d’affûter les couteaux de la boucherie et ceux utilisés après abattage. Il habite au bas du bourg avant la [[Chronique vezinoise sous l'occupation.11|grange à Fourché]] et le café Pécoil/Saunier. Il a l’habitude d’aiguiser ses couteaux sur une meule qui n’est pas motorisée, celle qui se trouve dans une grange de la ferme chez Anger, au Bas Vezin route de Montigné. Alors forcément quand il se rend à l’affûtage, il passe forcément devant notre fenêtre, et forcément je suis là quand je ne suis pas chez Letort ou à l'école. Peut-être n’affûte-t-il que le jeudi ?! Il m’aperçoit et me dit alors ''« Bébert viens tourner la meule »''. Ce n’est pas une demande, pas même une invitation, c’est un ordre. Je me crois donc obligé d’obéir. Il faut dire que je le crains un peu. Il est de l’équipe des grands qui commandent. Je l’accompagne donc jusqu’à la ferme Anger au Bas Vezin. Je connais parfaitement le détail de ce qui va se dérouler. Albert ne parle pas beaucoup. Sous un aspect très réservé, peut-être un peu froid, il a très bon cœur. Je tourne la meule, je tourne, je sais quand il faut cesser de tourner ou recommencer. Le travail terminé, Albert met la main dans sa poche, il sort une pièce trouée et me la tend.'' Je l’savais ! C’est toujours ainsi que ça se passe.!'' Je cours vite porter ma pièce à maman. Je suis sans doute un expert en tournage de meule pour affûtage de couteaux, enfin, c’est comme cela que je le ressens.<br />
<br />
Parmi les personnes du bourg de notre connaissance, nombreux se nomment Albert. Il y a Albert Pinel, fils d'Albert Pinel qui m’a élevé au grade de filleul parce que je m'appelle Albert, mon père que madame Letort appelle toujours ''monsieur'' Albert.<br />
Parmi tous ces Albert et afin d’éviter toute confusion, surtout à la maison, on m’appelle partout Bébert.<br />
<br />
C'est curieux, encore bien longtemps après la guerre, chez le populaire et à la campagne on s’exprime souvent en sou pour désigner la menue monnaie alors que le sou a disparu de la circulation depuis belle lurette. On dit "dix sous" pour une pièce de cinquante centimes, "vingt sous" pour une pièce d'un franc, "quarante sous" pour deux francs et "cent sous" pour une pièce de cinq francs. Le sou a la vie dure !<br />
''<br />
<br />
<br />
Nota (1) - ''Un éclaircissement ici s'impose. En fait la statue, qui représentait un poilu terrassant du pied l'aigle impériale prussien, a été détruite par les Allemands qui n'avaient pu supporter ce spectacle. Les débris ont été laissés sur place. La statue n'était pas métallique, elle n'intéressait donc pas l'occupant. Elle était l’œuvre d'un ancien Vezinois, Monsieur Nicot qui en avait fait don à la commune.'''' En fait, il s'agit très probablement de [[Louis Henri Nicot]].<br />
<br />
Février 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Autres informations Blog Aldebert: [http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°12]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°14]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Pers%C3%A9cution_nazie&diff=74341Persécution nazie2022-02-13T18:19:30Z<p>Aldebert : Page créée avec « '''Pour échapper à la persécution des nazis.''' Nous sommes en 1948, peut-être 1949. A cette époque, la garderie de vacances, quartier Villeneuve à Rennes sud, diri... »</p>
<hr />
<div>'''Pour échapper à la persécution des nazis.'''<br />
<br />
Nous sommes en 1948, peut-être 1949. A cette époque, la garderie de vacances, quartier Villeneuve à Rennes sud, dirigée par Monsieur Rébillon accueillait les enfants filles et garçons. Elle fonctionnait toute la journée pendant la période des grandes vacances, en effet elle était équipée d’une cantine où les repas servis étaient copieux. Tous les jours la viande accompagnait le plat de résistance sauf le vendredi, jour du poisson. Les enfants étaient répartis par groupes en fonction de l’âge et du sexe. Chaque après midi, une promenade était programmée, souvent en des lieux où les enfants pouvaient s’ébattre en toute quiétude et liberté sous la surveillance des moniteurs et monitrices.<br />
<br />
Parfois le Directeur, monsieur Rébillon, organisait de courtes excursions qui duraient la journée. Il pouvait s’agir d’un voyage qui nous menait en autocar au bord de la mer soit à Dinard, Saint Servan, Saint Malo ou St Jacut de la mer. Au cours de nos déplacements les femmes de service nous accompagnaient, elles étaient chargées de l’intendance, ainsi notre repas froid pour le pique-nique du midi était assuré.<br />
<br />
Ce jour là, journée habituelle, le tableau d’information indique, écrit à la craie, le but de la promenade de l’après midi, «la Rabine de la Prévalaye». Je redoutais le trajet que nous devions effectuer. Il était très long, il traversait des lieux peu intéressants. Il fallait se diriger d’abord en direction de la route de Nantes. Après avoir franchi un pont de chemin de fer, nous longions des terrains militaires, d’où provenaient, très proches de nous, le bruit des rafales d’armes automatiques d’entrainement dans les stands de tirs.<br />
<br />
Souvent sur place, à la Rabine, la musique d’un Goum marocain nous avait précédé et s’exerçait pendant que nous nous ébattions dans le petit bois tout à coté.<br />
<br />
Mon copain Bruno et moi, discutions perchés sur une des premières branches d’un gros arbre. Une envie soudaine d’uriner prend l’un de nous et comme de bien entendu l’autre est aussi pris de cette même envie. Sans descendre de notre perchoir, nous nous soulageons et c’est à celui qui projettera son jet le plus loin. Durant ce jeu naïf, nous ne sommes pas sans nous observer l’un l’autre et je remarque chez lui une particularité qui m’intrigue. Je remarque que l’extrémité de son organe très masculin n’était pas recouverte par la peau comme l’était la mienne mais au contraire complètement découverte. Je lui en demande alors la raison. Il me répond qu’il a été opéré assez récemment et sa maman lui a dit qu’il fallait que cela se fasse pour des raisons d’hygiène. Une grande inquiétude commence alors à me gagner. Vais-je être malade, comment expliquer à mon père qu’il faille d’urgence m’opérer. A cette époque j’avais environ 11 ans, tout ce qui touchait au sexe était tabou à la maison. Il faut avouer que l’inquiétude s’est vite dissipée à la faveur des jeux qui ont suivi.<br />
<br />
Je ne me doutais pas alors mais comment aurais-je pu savoir ou comprendre que Bruno mon copain de vacances, qui portait un patronyme à consonance italienne, ait pu passer à travers les mailles des filets des pestes brunes et noires. Un parent avait sans doute jugé essentiel, vital même, de reporter, sine die à une époque plus sûre, la circoncision prévue lors de sa naissance. On sait que les nazis traquaient les enfants juifs et les reconnaissaient en leur faisant baisser le pantalon. Cette prudence avait sans doute été une précaution qui avait protégé Bruno des nazis et de leurs auxiliaires.<br />
<br />
Il est des événements survenus dans une vie qui demeurent inexpliqués, longtemps enfouis dans la mémoire et qui resurgissent un jour en dévoilant tout leur sens.<br />
<br />
Albert René Gilmet</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=74340Chronique vezinoise sous l'occupation n°052022-02-13T17:52:31Z<p>Aldebert : </p>
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<div><br />
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG <br />
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Fichier:Dommages de guerre.JPG<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, en d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Ce complément d'information résulte d'une enquête récente ''(en avril 2021)'' effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. ''Le Masters''. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B004&diff=74171Chronique vezinoise sous l'occupation n°042022-02-04T17:54:03Z<p>Aldebert : </p>
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<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
'''La promenade de l’école du samedi après midi. ''Sous l’occupation'''''<br />
<br />
<br />
'''''Promenade du samedi avec l'école sévèrement perturbée par un bombardement'''''<br />
<br />
Un samedi après-midi, les élèves de l’école de Vezin-le-Coquet avec leur maître se dirigent vers le château de Montigné et s'installent pour des jeux dans un petit bois encaissé le long de la ligne de chemin de fer, non loin d’un petit pont qui l'enjambe. Les enfants sont tous présents, petits et grands, ils s’ébattent dans la joie sous un soleil éclatant. Une belle journée, un très joli ciel clair, une météo favorable qui invite à la promenade. Mais attention ! Le beau temps attire aussi certains prédateurs exterminateurs subitement venus du ciel. <br />
<br />
Nous sommes en pleine action de jeu quand tout à coup, de puissantes déflagrations se font entendre, un bombardement survient subitement, sans annonce de sirène, sans vagues d’avions qui auraient pu être aperçues préalablement dans le ciel. Est-ce sur Pi-Park à proximité duquel nous sommes, est-ce sur la ligne de chemin fer située à quelques mètres de notre terrain de jeux ? Rapidement le directeur monsieur Guérin nous fait tous nous allonger contre un haut talus. Le bombardement me semble long, interminable, si près de nous, si intense, si effrayant que pour la toute première fois j’ai vraiment peur. Ce n’est pas une simple peur comme celle du gamin qui va recevoir la fessée, mais une peur panique, une peur qui m’atteint physiquement, comme on dit aux tripes, et m'envahit. Heureusement rien n’est venu s’égarer sur nos têtes et nous rentrons chez nous après cette grande frayeur. Alphonse s’en souvient bien !<ref>[[18 février et 26 février 1943 des Mosquito bombardent le dépôt de la Kriegsmarine]] ou Pi-Park</ref>.<br />
<br />
'''''Conséquence pour l'enfant suite à ce bombardement'''''<br />
<br />
Quelques mois après ce terrible événement, en décembre 1944, mon père nous emmène mon frère et moi sur sa bicyclette, à Pi-Park, qui, entre temps a changé de locataires mais pas d’ouvriers, pour un goûté offert par les soldats américains aux enfants du personnel civil du camp. Pour nous y rendre nous sommes obligés d’emprunter le chemin qui mène à Montigné et par voie de conséquence, de passer tout près du petit bois encaissé où j’ai eu très peur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je l’aperçois et tout à coup une même peur panique me saisit, s’empare encore de moi d’une manière très forte. Heureusement elle se dissipe peu à peu après avoir franchi le pont de chemin de fer. Je le hais ce petit bois !<br />
<br />
Ce devait être à la période de Noël. À peine entré dans le baraquement où le goûter avait lieu, je suis saisi par deux bras vigoureux d’un soldat américain qui me soulèvent et me placent sur une chaise auprès d’une des nombreuses tables où se régalent déjà des enfants. On me sert aussitôt une assiette bien garnie de crème avec des biscuits. Je goûte la crème, je fais la moue, impossible de la manger. Malgré l’invitation répétée d’un G.I. pourtant très attentionné ''« c’est bon, c’est bon, manger ! »''.<br />
Rien à faire, je ne suis pas habitué au goût de ''la vanilla custard'' en boîte. Impossible de l’avaler malgré les gros yeux que me fait, de loin, mon père resté à l’entrée avec d’autres parents. Même sans vanille je préfère la crème, confectionnée avec du bon lait cru des vaches de la ferme Lebastard. À la fin du goûter je me fais tancer'' pour insuffisance de consommation.'' <br />
<br />
Je n'ai aucunement informé mes parents, ou quiconque du moment d’extrême frayeur ressentie dans le petit bois le jour du bombardement. Comment aurais-je su à cet âge l'expliquer clairement? J’étais même pris comme par une honte pour avoir été possédé de cette manière par cette indescriptible frayeur. Plus tard, adolescent, j'ai oublié ou tout simplement pas trouvé utile d'en parler. Adulte, j'ai plusieurs fois été pris de cauchemars, une peur panique semblable à celle qui s’empara de moi le jour de ce bombardement. Et c’est sexagénaire que j’ai attribué la cause de ces cauchemars à l’événement qui s’est déroulé au cours d’'''une promenade du samedi après midi ''sous l’occupation'''''. ''(En effet, il semble ce jour là, qu'il ne s'agissait pas d'un samedi mais d'un jeudi)<br />
''<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert : http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565 <br />
<br />
===Liens internes===<br />
<references/><br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation/lib%C3%A9ration/Paix_n%C2%B021&diff=74144Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n°212022-01-31T17:19:10Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
'''''Arrivée à Croix-Wasquehal'''''<br />
<br />
Nous arrivons au terme de notre voyage, Croix-Wasquehal, au 47 rue Holden, chez mon oncle Henri, le frère de ma mère qui, avec ma tante Pauline son épouse, ont la grande gentillesse d'accepter de nous accueillir chez eux. Ma sœur aînée se souvient de son cousin Claude. Elle le reconnaît de loin. Prévenu de notre arrivée, il nous attend, assis sur la marche de l'entrée de la maison. Il mange une tartine de beurre ou de margarine ou de saindoux qu’il saupoudre toujours, généreusement de sel. Nelly lui fait de grands signes ''« c’est le cousin Claude ! »'' s’exclame t’elle. Jusqu’à présent, j’ai vécu sans connaître d’autre famille que mon père, ma mère, mon frère et mes sœurs. Se découvrir tout à coup un oncle, une tante, cousin et cousine m’oblige à faire un gros effort pour intégrer dans ma vie ces nouveaux venus. Comment cela se fait-il que ma maman ait un frère, même une sœur alors qu’elle est ma maman ? Elle est ma maman, un point c’est tout et je ne la partage pas. <br />
De la gare nous sommes arrivés jusqu’ici par le Mongy (tramway). Instants de retrouvailles pour certains, moi je ne connais personne, instants de joie pour tous. Mon oncle et ma tante nous ont réservé un deux-pièces palier mansardé non isolé dans le grenier de leur maison en attendant de trouver mieux. Il leur faudra une très grande patience pour supporter cette tribu d’enfants habitués aux grands espaces, qui animera en permanence et parfois bruyamment, cette maison d’habitude si tranquille.<br />
<br />
'''''Intégration dans l'équipe d'enfants du quartier'''''<br />
<br />
Peu de temps me sera nécessaire intégrer une équipe d'enfants du quartier. Je deviens le énième galopin, qui, placé parfois en fin de file, devra sonner, après tous les autres à la porte d’une maison du grand boulevard. Il y a des portes où je n’ai pas même le temps et le plaisir de presser le bouton car nous sommes attendus avec un balai. C’est alors une dispersion, une envolée d’oiseaux piailleurs. Ma sœur Jeanine me rappelle avoir participé à ces exercices.<br />
<br />
Gilbert Laméron, le neveu de ma tante Pauline, le plus âgé, est un des chefs de notre bande. Nous, ses subordonnés, sommes impitoyables envers le chef car profitant de son absence nous déclamons en choeur ''« Laméron, cul tout rond qu’a du poil à son menton »''. Il est l’organisateur de la plupart de nos jeux et bien sûr nous dirige. Les colonnes infernales des sonnettes, c’est lui mais aussi la Marotte (maraude). En cette fin d’automne, des fruits demeurent encore suspendus, arrogants ne demandant qu’à être cueillis par leur propriétaire. Le fruit ne prête pas attention à qui le cueille ou qui le mange, tandis que le propriétaire a un avis différent. Prévoyant notre venue, celui-ci nous attendait avec une bonne trique et administre une rossée mémorable au plus grand, Gilbert, pris en flagrant délit de cueillette interdite. À ce moment, les cris du coupable s’entendent de très loin.<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Parc Barbieux - Croix Roubaix.jpg|200px|thumb|Le parc Barbieux actuel]]<br />
'''''Le Parc Barbieux'''''<br />
<br />
Le parc Barbieux, de l'autre côté du grand boulevard, au bout de la rue Holden, est un immense parc, joliment arboré. Il s’étend entre Croix et Roubaix. <br />
Il offre de grands espaces pour s’ébattre. Je remarque rapidement une pièce d’eau avec une cascade. Elle me rappelle le ruisseau du champ de Lebastard à [[Vezin-le-Coquet]]. J'ôte mes chaussures et j’entre dedans jusqu'aux genoux. Attraper les poissons rouges est mon objectif. J’ignore qu'il existe ici des gardiens de parc, chargés de faire respecter les interdits ''« d'aller là ou là »'', les ''« défense de marcher sur la pelouse »''. À Vezin-le-Coquet, des interdits, il y en avait peu et parmi le peu, peu étaient respectés. <br />
Le gardien avec uniforme bleu foncé et casquette municipale survient. Il me surprend en flagrant délit de non respect des interdits. Il me réprimande et menace de prévenir mes parents après avoir noté mon nom et mon adresse. Heureusement mes copains et surtout mes copines sont là pour prendre ma défense et d’expliquer par le menu, avec zèle et volubilité, les raisons de ma faute. Ah ! Ces filles, quelles bonnes comédiennes et quel soutien dans l’adversité! Elles plaident ma cause avec persuasion ''« Monsieur ! il ne savait pas, il arrive juste de Bretagne où il était réfugié pendant toute la guerre, il a eu bien des malheurs »''. ''« Bon çà ira pour cette fois'' » répond l’homme qui, semble t’il, n’avait pas très envie de sévir. Et moi de dire " Dame oui".<br />
<br />
À cette époque je ne sais pas prononcer « oui » sans y ajouter préalablement "dame". C’est ainsi que je parlais quand je vivais en Bretagne. Ce « dame oui » a fait sourire le garde qui voyait là la preuve que j’étais, à l’instant, quelqu’un qui venait d’ailleurs. On a bien souvent souri dans le Nord, dans la famille et à l'école quand j’utilisais cette expression ''« dame oui ».'' Par la suite les copains, l’école, la famille me firent prendre rapidement l’accent du Nord avec ses expressions et son langage local, de sorte que lorsque, neuf mois plus tard, je suis revenu en Bretagne, ''les Dame oui'' étaient totalement absents de mon langage et remplacés par des intonations du Nord que mon maître à l’école Victor Rault à Rennes ne manquait pas de me faire corriger. Par exemple pour le mot wagon ''« On ne prononce pas ouagon mais vagon »''<br />
<br />
[[Fichier:Croix Ecole Victor Hugo classe 7e - 1945.jpg|200px|thumb|École Victor Hugo classe 7e - CROIX - 1945 (Le galopin loquace est marqué de rouge)]]<br />
<br />
'''''L'école à Croix'''''<br />
<br />
À la rentrée scolaire de 1945, je suis inscrit à l’école communale de Croix. Je connais assez bien mes tables de multiplication avec une manière très personnelle de les réciter. Je ne les récite pas, je les chante sans m’en rendre compte. Ainsi quand la maîtresse m’interroge, je me demande pourquoi elle me regarde pendant toute ma récitation avec un grand sourire et beaucoup de bienveillance. L’image du sourire de cette institutrice est demeurée fraîche dans mes souvenirs. <br />
<br />
Périodiquement il y a, distribution de biscuits vitaminés accompagnés d’un gobelet de limonade pour chacun des élèves. Celle-ci s’effectue dans la cour de l’école. C’est toujours bon à prendre !<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Usine Holden - Croix R.jpg|200px|thumb|Usine Holden - Partie droite, sens centre ville]]<br />
<br />
'''''L'usine Holden'''''<br />
<br />
J’ai le souvenir de la Rue Holden qui commence depuis le grand boulevard et qui se termine près de la Grand’place au centre ville. Avant d'accéder à cette place on passe devant l'Usine Holden, usine de textile qui avait eu le privilège de posséder la plus haute cheminée de France, disait fièrement ma tante Pauline. C'est maintenant, je crois, la Firme "Les Trois Suisses" qui est installée à cet endroit. <br />
<br />
En 1945 l’usine est traversée par la rue du même nom qui la coupe presque en sa moitié. En se dirigeant vers le centre, la partie située côté gauche est partiellement détruite. Sur le coté droit tous les bâtiments semblent intacts.<br />
<br />
En fin 1945 l'ensemble des bâtiments est occupé par l’armée britannique. Premier contact avec eux, premières impressions ''« d’un ancien qui en avait vu d’autres »''. Le résultat de mon analyse est quelque peu implacable.<br />
<br />
''« L'uniforme anglais est nettement moins joli par rapport à celui des Américains. Le drap qui le constitue n’est pas très chic. Le casque est bizarre, on dirait un plat pour servir la soupe. Celui des Américains est nettement plus beau et de plus, ils en ont deux, eux. Les Anglais seulement un. Les Américains sont décontractés et sourient beaucoup. Les Anglais sont trop sérieux. La cabine de tous les véhicules britanniques est laide, on dirait des bull-dogs».'' <br />
<br />
<br />
'''''Les Britanniques sont dans le Nord'''''<br />
<br />
Il me faut maintenant aller au devant de l’événement. Dans la rue Holden je croise des soldats et m’approche d’eux ''histoire de fraterniser''. ''J’ai de l’expérience pour ce genre de contact, je ne suis pas un novice''. Les militaires que je découvre semblent très affairés et sont occupés à différentes taches. Ils traversent la rue pour se rendre d'un côté ou de l'autre de l'usine. Nous sommes en octobre/novembre 1945. L'époque des rations militaires avec des friandises à distribuer aux enfants par les soldats est révolue. Les Britanniques ne sont pas aussi riches que les Américains, ils n’ont pas grand-chose à offrir. Ils ont chez eux comme chez nous des tickets de rationnement. Nous qui avions été tant dorlotés par les GIs à Vezin-le-Coquet ici, ''nous étions de la revue.''<br />
<br />
Ce jour-là je me trouve sur le trottoir de gauche de l'usine, un soldat franchit le portail et s'apprête à traverser la rue. Il tient à la main une tartine entière de confiture qu'il s’apprête à manger. Je suis à deux pas de lui, nos regards se croisent tout à coup. Je le fixe plutôt que je ne le regarde. II soutient mon regard un court instant puis me tend sa tartine et sans dire un mot continue son chemin. J'accepte volontiers ce cadeau que je mange immédiatement sans gourmandise cette fois mais avec appétit. C’est bon ! L'image intacte de ce soldat reste nette, fixée dans ma mémoire. Lui ai-je dit merci ?<br />
<br />
Dans la partie droite de l’usine il y a un portail en fer forgé, toujours fermé et verrouillé. Son accès mène à un pavillon inoccupé, annexe de l’usine, pavillon que nous visitons pour nos jeux d’enfants. Le sol est jonché d’une très grande quantité de papiers divers et de carnets à souche. Avec mon frère, nous avons réussi à faire croire à des soldats anglais que nous avions découvert un cadavre allemand. Nous sommes certains, disons-nous, avoir reconnu ses bottes qui dépassent dans un sous-sol exigu et obscur. Bien sérieusement des militaires sont venus inspecter les lieux en notre compagnie, avec des lampes électriques, sans résultat. Nous avions de l’imagination à revendre. <br />
<br />
Mon frère Guy, mon aîné de quinze mois, porte beaucoup d’attention quand il se déplace afin de ne pas laisser passer une occasion de récupérer quelque chose. Il découvre, un jour, derrière le portail toujours fermé, une pièce de tissu bien pliée, accrochée de manière à être invisible de l’extérieur. C'est probablement un ouvrier de l’usine qui a détourné et caché ce butin prévoyant de le récupérer à la fin de sa journée de travail. Mon frère heureux et fier de sa trouvaille l’apporte immédiatement à ma mère qui nous a fait confectionner plus tard à chacun une paire de culottes courtes. Nous pouvons imaginer à quel point la personne qui avait épargné discrètement ce tissu, constatant sa disparition, avait pu nous maudire sans nous connaître. Il faut savoir qu’à cette époque, en 1945/46, tout manquait et le tissu valait son pesant d’or.<br />
<br />
'''''L'hiver dans le Nord'''''<br />
<br />
Nous avions quitté la Bretagne, son beurre, son bon lait et tout et tout pour trouver ici pas grand chose en matière de nourriture. En guise de beurre, ma mère enduit la tartine de mon quatre heures pour l’école, d’une couche de sirop de betterave sucrière, genre mélasse. Je n’aime pas tant que çà cette mélasse sur le pain. Les tartines étant préparées quelques heures avant d’être mangées, deviennent, au moment du goûter, molles comme une serpillière. Comme je regrette le bon beurre salé de mon village. Parfois, il y a distribution de lard salé américain. Je ne suis pas difficile mais ce lard provoque chez moi une envie de vomir quand il est servi à table. Il est tout à fait rance et mal odorant. <br />
<br />
Nous sommes maintenant en Février 1946, ma mère est hospitalisée. Elle décède à la clinique de Roubaix suite à une intervention chirurgicale, elle est âgée à peine de quarante deux ans. Elle a vécu ses derniers moments entourée de ses enfants. Son lit est disposé dans une salle commune, le temps lui est compté. Pour isoler la mourante du reste des malades, un paravent a été dressé sur le côté de son lit offrant plus d’intimité pour vivre ses derniers instants. Je ne me rends pas tellement compte de la situation et ne sais pas encore que je vois ma mère pour la dernière fois. J’avais 8 ans et trois mois.<br />
<br />
Une décision ferme est ensuite prise par mon père, nous retournerons, dès le printemps, en Bretagne à Rennes.<br />
<br />
'''''Épilogue'''''<br />
<br />
Au début des années 2000, J'ai retrouvé le hangar au bas Vezin, où j'allais tourner la meule pour aider Albert Pinel à aiguiser les couteaux, le pressoir aussi dans ce même hangar où j’ai vu couler tant de jus de pommes. L'endroit du pylône en haut du chemin vert et le chemin vert lui-même. L'école a disparu elle a été remplacée par une autre, beaucoup plus grande et très moderne, à la mesure de cette nouvelle ville dortoir qu’est devenu mon petit village. Le café de la maréchalerie est devenu pharmacie. La forge et les ateliers de réparations ont été transformés en café et autres commerces. Les dépendances de chez Touffet sont aussi démolies. Le cimetière transféré hors le bourg. Le château de la Drouétière a réduit ses étages et supprimé son belvédère, après la grande tempête de décembre 1999. Les bassins situés devant la façade du château de la Frelonnière ont été comblés. Le château de la Glestière s’est embelli avec de magnifiques dépendances et un magnifique parc. Le bois de la Glestière où nous avons tant joué s’est couvert de résidences. Le château de Montigné est maintenant une maison de repos pour les ecclésiastiques. Beaucoup de maisons situées de part et d'autre de la route principale du bourg, construites en partie en pisé ont disparu. Il en reste très peu, comme par exemple le pâté de maisons, Blanchard, Trincart, Bigot. La salle du café où nous avons vécu cinq années à six personnes, me semble à présent ridiculement petite.<br />
<br />
Le 30 mai 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Autre information Blog Aldebert:http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
<br />
<br />
== Lien interne ==<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation/libération/Paix n° 20]]<br />
<br />
<br />
'''[[Retour à Rennes-Camp Victor Rault n°22]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation/Lib%C3%A9ration_n%C2%B017&diff=74143Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°172022-01-31T17:01:53Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>'''''Souvenirs d’un enfant'''''<br />
<br />
<br />
== '''Des potins que des potins''' ==<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
=== Tentative d'évasion de prisonniers allemands ===<br />
<br />
<br />
Dans l'après midi de ce jour du mois d’août 1944, des coups de feu retentissent dans le village. Coups de feu vraisemblablement tirés au moyen d’un fusil, les détonations sont puissantes. Il semble que le bruit de cette fusillade provient d'un pré entre la ferme Anger et le bourg, derrière la ferme Plassous. Très rapidement les mères s’inquiètent pour leurs enfants. Elles sortent des maisons et s’activent à leur recherche, nous sommes éparpillés dans tout le village. Je me trouve à cet instant là où je suis le plus souvent, je rejoins alors très vite le centre de discussion près de chez Méhot en face de chez Touffet. La raison de ces tirs est fournie par la rumeur. ''« Des prisonniers allemands ont tenté de s'évader.»'' Gare à eux ! Le GI a la détente facile. <br />
Grand émoi des mamans dans cette partie du village. Elles s’interpellent les unes les autres. Elles causent beaucoup, recausent encore, puis encore et enfin doucement le calme revient au centre du bourg. Chacun reprend, qui ses occupations de travail, qui ses jeux. L’événement du jour est terminé. Il se passe toujours quelque chose à Vezin... ''(Ses soirées Coquettes. 2010-2011-2012 sont célèbres.)''<br />
<br />
Un ruisseau, sur le courant duquel je pose parfois, avec Alphonse des petits bateaux en papier préfabriqués par ma sœur, coule bien canalisé au sortir du pré de la ferme Lebastard, pour traverser la rue de Montfort. Il prend ensuite beaucoup plus d’aise et s’étale plus largement quand il arrive sur la propriété de la ferme Anger au Bas Vezin, surtout à un certain endroit de passage. <br />
[[Fichier:Kübelwagen RR.jpg|right|thumb|upright=2|Kübelwagen: Photo source D Day-overlord.com]]<br />
<br />
=== Des tours de kübelwagen au Bas Vezin, ferme Anger ===<br />
<br />
À cet endroit et dans le souci de distraire les enfants du village, des soldats américains ont attaché en remorque un véhicule allemand en panne de moteur. C’est un câble qui relie les deux véhicules, une jeep à une ''Kübelwagen''. <br />
Les enfants présents sont invités à monter dans le véhicule tracté, au volant duquel se tient un GI. Pour effectuer la balade, par groupe de quatre ou cinq, il faut attendre son tour. <br />
Les nombreux passages dans le ruisseau le transforme en un large gué. Pour notre plus grande joie, les deux véhicules le traversent à vive allure dans les deux sens, après une courte promenade, projetant de grandes gerbes d'eau boueuse.<br />
Une fois encore, nous prenons beaucoup de plaisir avec ces gentils soldats américains qui sont aussi gamins que nous. Nous aurons d’autant plus de peine, de les voir bientôt s’en aller. <br />
<br />
=== Un GMC heurte violemment le café Bouget === <br />
<br />
Un matin, l’œil bien ouvert, l'oreille dirigée dans le sens du vent des nouvelles fraîches, j’entends ma sœur aînée dire ''« La nuit, en plein sommeil, elle a reçu le broc d'eau sur la figure »''. Elle accompagne ses mots d’un regard dirigé vers la maison de madame Bouget (pas la couturière mais une parente qui tient Estaminet), premier bistrot à droite, après avoir franchi le ruisseau. <br />
En effet, un camion, un GMC de l’armée américaine, pour une raison ignorée de nous, est venu en pleine nuit finir violemment sa course contre sa maison. Le coin du mur s'est effondré, renversant sur le lit de la dame dans son sommeil un broc rempli d’eau. <br />
La dame est indemne, simplement arrosée. Pourquoi ma sœur rit-elle en nous relatant les faits ? À cause de l’arrosée qui n’était pas arroseuse! Bon… d’accord !<br />
<br />
À la mi-août, ce sont les tomates que nous avons le plus à offrir aux soldats qui manquent cruellement de légumes frais. Je me rappelle en avoir apporté à mon ''"copain"'' sur le pré Lebastard. Où me les suis-je donc procurées? Sans doute ma mère !<br />
<br />
Ma mère, aidée de ma sœur aînée, lave le linge de soldats américains, des gradés paraît-il. Il faut continuer de gagner sa vie, nos vies, quelles que soient les circonstances. Mon père qui travaille toujours à Pi-Park sous une autre bannière, en apporte régulièrement à la maison, en vrac dans des grands sacs. Le linge est rendu bien propre ainsi que ma mère sait le rendre mais aussi, bien plié, repassé, grâce au fer électrique. La prise du fer électrique est branchée, au dessus de la table centrale, sur l’unique fil qui alimente l’unique ampoule d’éclairage de notre unique pièce. Pratique !!!. <br />
L’ère de la plaque ou fer à repasser ''gendarme'' ou ''autre'', chauffé sur le petit poêle de réfugiés, est révolu pour elles. Heureusement car nous sommes en plein été. Nous vivons maintenant à l’heure américaine du tout électrique. Mais où donc mon père s’est-il procuré ce magique instrument ? Peu de gens en disposaient alors.<br />
<br />
C'est encore pour moi un moment très attendu. Dans les poches des pantalons ou des chemises, il peut encore y demeurer, oubliés des propriétaires, un crayon de bois avec une gomme (une merveille), des chewing-gum, un petit carnet, un paquet de cigarettes entamé et d'autres petites babioles. Peu importe ce que je récolte, c'est pour moi un immense plaisir de fouiller et de trouver ce que je me persuade être des trésors. <br />
<br />
Pour la petite histoire, les crayons de bois couleur jaune avec une gomme, produits actuellement (2013) aux USA, sont identiques à ceux que je découvre, dans les poches des vêtements des GIs des années 40. C’est un scoop ! <br />
<br />
=== Mauvaise nouvelle, le 13th Inf Rgt s'en va ===<br />
<br />
Mauvaise nouvelle !!!... Le départ des soldats américains est annoncé pour demain de très bonne heure. D'abord les artilleurs, ceux qui cantonnent derrière chez nous. La fête au village est terminée.<br />
La veille au soir du départ des Américains, la famille Gilmet presque au complet se tient dans la rue devant la fenêtre. Mon père attend quelqu’un avec un ami, lequel lui demande à plusieurs reprises ''« tu penses qu'il viendra? »''. ''« Certainement, il me l’a promis ! »'' lui répond mon père. Le temps s’écoule teinté d’un peu d’impatience, la température est douce. La clarté s’estompe peu à peu pour faire place au commencement de la nuit. ''« Tu penses vraiment qu'il viendra? »'' répète le copain. ''« Sûr, j'ai confiance, je te l’ai dit, il me l'a promis »''. La nuit commence à montrer vraiment le bout de son nez. <br />
Une jeep arrive enfin à vive allure, stoppe devant nous. Mon père se dirige alors vers notre fenêtre sur la marche de laquelle étaient posées des bouteilles. Il s’en saisit et les remet à nos visiteurs. À coup sûr il doit s’agir de Calvados. Un des soldats tire de l’arrière de la jeep un sac en coton blanc qui contient une belle quantité de sucre en poudre et autres produits. L’échange s’effectue dans un temps très court. On se congratule aussi rapidement, on parle un peu et on se dit adieu.<br />
[[Fichier:Baionnette J.F.Persin RR.jpg|left|thumb]]<br />
<br />
<br />
L’un des soldats se nomme Joseph Persin (Joe). Il a offert à mon père, en signe d’amitié avant son départ , une baïonnette sur l’étui de laquelle il a gravé son nom. Mon père a reçu de ce soldat un courrier daté du 24 février 1945. La lettre a été égarée mais pas l’enveloppe. À cette date le 13th Inf Regiment de la 8th Inf Division était enfin désengagé de la terrible bataille de la forêt de Hürtgen en Allemagne. Bataille qui se Déroula entre le 19 septembre 1944 et le 10 févier 1945. ''Ce fut la plus longue bataille sur la terre allemande pendant la Seconde Guerre mondiale et la plus longue bataille jamais disputée par l'armée américaine dans son histoire.''(Wikipédia)<br />
<br />
L’enveloppe de la lettre de Joseph Persin contient des informations intéressantes qui ont permis de retrouver ses traces. Cette recherche s'est effectuée avec l’aide d’Antoine sans qui je n’aurais sans doute pas réussi. Antoine, hante comme moi les forums traitant de la SGM. [[Fichier:Lettre J.F.Persin RR.jpg|300px|right]]<br />
<br />
Ce n'est pas commun, me rappelle Antoine, qu’un GI adresse un courrier à un civil étranger. Joe mérite alors une certaine attention, ainsi les quelques informations que je possède le concernant permettront de jeter un petit coup d’œil sur sa vie post militaire. Je vais lui dédier une chronique. Joe (Joseph) a été Vezinois pour deux semaines, ce n’est pas rien !<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
Mars 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
<br />
[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
Autre information Blog Aldebert:[http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]<br />
<br />
== Voir aussi ==<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°16]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°18]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B009&diff=74118Chronique vezinoise sous l'occupation n°092022-01-28T18:08:25Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
Souvenir d’un enfant. <br />
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<br />
'''Association Sportive Vezinoise ''Sous l’occupation''''' <br />
<br />
<br />
<br />
En 1943, le maire de Vezin-le-Coquet et son conseil décident de fonder une association sportive qui comprend une équipe de Football. Il est probable que cette équipe est la toute première créée officiellement dans notre commune.<br />
<br />
Composition de l’association.<br />
<br />
Président d’honneur : Monsieur Fernand Bons, maire de Vezin le Coquet<br />
<br />
Président : Monsieur Pierre Letort (père)<br />
<br />
Vice-présidents : MM Delacourt et Boujet<br />
<br />
Secrétaire : Monsieur l’Abbé Gouin, vicaire<br />
<br />
Trésorier : Monsieur Guérin, instituteur<br />
<br />
Entraîneurs bénévoles : MM Gilmet et Renault.<br />
<br />
Pierre Letort (fils) interrégional et ailier gauche de la T.A. prodiguera ses conseils aux jeunes joueurs.<br />
<br />
<br />
Voilà ce que nous communique le Nouvelliste du 22 avril 1943.<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Nouvelliste_22_avril_1943_-_creation_AS_Vezin.jpg]]<br />
<br />
<br />
Les entraînements puis le premier match se déroulent dans un pré de la ferme Lebastard derrière chez nous. C’est à cet endroit que les Américains installeront plus tard, en août 1944, après la percée d'Avranches et après avoir libéré Rennes, une batterie de quatre canons de 105mm, durant leur repos de deux semaines parmi nous. Pour l'instant les Allemands sont toujours nos invités à éviter. Le premier match se joue donc, d'une façon très conviviale et paraît-il très professionnelle. Mon père est juge de touche. Il entraîne aussi l’équipe, c’est écrit dans l’article du journal ''le Nouvelliste'' du 22 avril 1943. <br />
<br />
[[Fichier:1-Vezin_Equipe_de_foot_1943.jpg]]<br />
<br />
<br />
Un des matchs suivants a pour terrain un pré à ''la Belle Epine'', situé à proximité des pièces de DCA, côté gauche de la route en allant vers Pacé. J’accompagne mon père, vous pensez, il est arbitre de touche, oui oui !…. Je me promène en attendant que les équipes s’organisent pour le jeu. J’aperçois de l’autre côté de la route les canons 8,8cm. Je ne me souviens plus si les tubes sont dressés vers le ciel ou en position horizontale. Ce décor est habituel, les canons font partie du paysage. <br />
La première mi-temps commence à peine quand un officier allemand, coiffé d’une casquette, s’avance au milieu du terrain de jeu. Les organisateurs s’approchent de lui pour connaître la raison de sa présence. Il signifie simplement que tout le monde doit déguerpir de cet endroit au plus vite. <br />
Je ne connais pas la raison qui motive cette expulsion de notre terrain en plein match. Est-ce une alerte ? Des avions sont-ils signalés. Est-ce un rassemblement de civils jugé trop important par les autorités militaires occupantes, à proximité des batteries d’artillerie ? Je n’aime pas cet officier et la casquette qu’il porte. Il parle fort et sèchement, il accompagne ses paroles de gestes brusques. Je le trouve laid et je le crains.<br />
<br />
Il n’y a pas à discuter !'' Heraus schnell''. J’ai souvent croisé d’autres soldats allemands à casquettes identiques qui ne m’ont pas donné cette impression de crainte. Allez donc savoir ce qui se passe dans la tête d’un gamin quand on lui supprime sa fête.<br />
<br />
Bon, eh bien ! Puisqu'il en est ainsi, tout le monde s’en retourne à la maison. À la maison, peut-être pour les enfants, quant aux bonshommes, c’est dimanche et il est assuré que certains d’entre eux termineront le match au café Letort.<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
[[Fichier:1-1ere_Equipe_foot_Vezin_1943.jpg]]<br />
<br />
<br />
<br />
Pour les amoureux de l’ancien Vezin, celui de l’époque des années 40, notamment, il est intéressant de reconnaître sur cette photo le pré de la ferme Lebastard, et à sa droite, la petite haie doublée d'une clôture, qui le sépare du terrain de l’école privée qu'on nommait alors ''libre''. Tout au fond à droite, la sortie du pré rejoint un chemin caillouteux qui mène sur sa gauche vers la ferme et sur sa droite vers le maraîcher Maignené. <br />
Après avoir traversé cette voie, juste en face, c’est '''le Chemin vert''', souvenez-vous! ''l'ami dont'' je disais du bien!<br />
<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Carte_de_membre_fondateur_ASV.jpg]]<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Févier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°08]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°10]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B012&diff=74117Chronique vezinoise sous l'occupation n°122022-01-28T18:05:53Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
'''Souvenirs d’un enfant'''<br />
<br />
<br />
<br />
== Détails sur la vie familiale ''sous l’occupation'' ==<br />
<br />
'''''Mon père'''''<br />
<br />
Mon père ''ne donne pas dans la calotte'', disait-on à l’époque ''il bouffe carrément du curé.'' Il fut pourtant, dans sa prime jeunesse, enfant de chœur. Toutefois, avant de rejoindre les anges, il a souhaité passer d’abord par la porte de l’église. On ne sait jamais !<br />
<br />
'''''Ma mère'''''<br />
<br />
Ma mère est très croyante, voire parfois superstitieuse. Un Christ sur la croix est accroché, bien haut au dessus d’un grand miroir, lequel est disposé contre le mur, sur la cheminée de marbre noir. Il veille sur la maisonnée.<br />
<br />
Saint Antoine de Padoue est le saint le plus souvent invoqué par ma mère. Elle fait d’ailleurs appel à ses services au rythme des coupures d’électricité. C’est bien sûr, grâce à lui si les choses égarées retrouvent leur place. Combien de fois ne l'avons nous pas prié, afin de récupérer notre éclairage perdu parmi les nombreuses pannes d'électricité. Autour de la table, une bougie allumée, mère et enfants ensemble psalmodient ''« Saint Antoine de Padoue faites que la lumière revienne... Saint Antoine de Padoue faites...»'' une litanie qui peut durer, un certain temps. Parfois cette chère lumière réapparaît sans trop se faire prier, illuminant soudain l’unique ampoule de la pièce. Alors bien sûr, le Saint est remercié pour ce petit miracle...'' « Ah! comme nous avons eu raison de faire appel à lui ! »''<br />
Une autre fois, notre demande n’est pas entendue, la soirée se termine alors à la bougie. Par ces temps de guerre le Saint a d'autres soucis en tête. Pourquoi aurait-il la mauvaise idée de rétablir le courant électrique qui permettrait aux Allemands d’utiliser les puissants projecteurs de ''la Belle Epine'' contre les avions alliés. Saint Antoine, comme son nom l’indique est un Saint, par accaparement, bien français donc patriote, alors rien à craindre, il saura faire la part des choses.<br />
<br />
Ma mère est également superstitieuse. Lorsque notre petit poêle à charbon chante, probablement à cause de la dilatation de la fonte, elle dit, ''« Tiens! Demain nous aurons du courrier »''. Mieux que la météo, elle prévoit le temps qu’il fera demain... ''« Tiens ! on entend le train qui passe, demain il va pleuvoir. »'' Comme j'aime entendre ces vérités! <br />
<br />
'''''Le confort du logis'''''<br />
<br />
En matière de cuisine, notre petit poêle à charbon pour réfugiés n'assure pas toutes les cuissons, ainsi quand d'aventure ma mère a l’opportunité, bien rare, de faire cuire un rôt, c'est chez le boulanger qu'elle s'adresse. Celui-ci permet, quand sa dernière fournée est terminée, d’utiliser son four pour cuire des plats des particuliers. <br />
Parfois, certains dimanches, à table, on sert pour le dessert des choux à la crème de chez monsieur Rimbert le boulanger si prévenant, c’est un grand jour de fête ! Merveilleux, succulents choux à la crème, j’en conserve encore le goût dans la bouche. Toutes les pâtisseries du monde ne sauront jamais égaler en beauté et en saveur celles de la boulangerie Rimbert. La boulangerie de monsieur Rimbert est située près de l’église, pratique pour prendre le pain après la messe ou passer commande avant l’office. Ne pas oublier de présenter les tickets de pain.<br />
<br />
<br />
Au petit déjeuner, ma mère ajoute parfois dans notre bol de lait, dans lequel surnage une belle couche de crème, une goutte de teinture d’iode. Nous ne sommes pas au bord de la mer alors il faut compenser les carences. Remède des anciens ! C’est son avis. <br />
<br />
'''''Ressources alimentaires locales'''''<br />
<br />
Chaque ferme fabrique son beurre, ceci dit sans malice. Pour le fabriquer, le lait est versé dans une espèce de barrique fixée sur un axe, une baratte. La baratte dispose d’une manivelle qu’il faut tourner jusqu'à formation de la crème, puis du beurre. Une fois l’opération terminée et le beurre ôté… ''ne pas oublier de le battre à la main pour en extraire complètement l’eau qui pourrait encore y demeurer''… un produit liquide résiduel demeure au fond de la barrique qu'on nomme petit lait ou lait écrémé ou baratté. Mélangé à de la nourriture, ce liquide est normalement destiné à l'alimentation des cochons. Nous sommes en temps de guerre, il conviendra alors pour celle de notre famille. Il contient encore quelques miettes de matières grasses. <br />
<br />
Quand l'occasion se présente, avertis par le tam tam breton du Bourg, nous allons faire le plein du bidon de lait. La ferme, dont j’ai oublié le nom, située côté gauche de la route, avant d'arriver au bois de ''la Glestière'', nous en procure parfois.<br />
<br />
Des pommes de terre cuites à l'eau, trempées dans du lait baratté, avec du pain, du beurre, c’est un régal qui fera notre repas du soir. J'aime ce goût suret que donne aux pommes de terre le lait baratté. Oui ! c’est véritablement bon. Les habitudes culinaires forgent le palais, le goût. Il n’est pas étonnant que je n'ai pu apprécier ma première ''vanilla custard'' offerte par des Américains.<br />
<br />
Au moment du repas de midi il arrive que ma mère s’exclame tout à coup ''« Zut! Il n'y a plus de cidre »''. Elle me dit alors ''« Tiens, prends ce litre, et va chez Letort en chercher »''. Bien évidemment chez Letort !!! Où aurais-je pu aller ailleurs que chez Letort ? <br />
<br />
<br />
'''''Le cidre du midi du café Letort'''''<br />
<br />
À l'heure de midi, chez Letort tout le monde est attablé dans la grande salle du café pour le repas. Sont assis, monsieur et madame Letort, Pierrot, les commis, Angèle la bonne. J'arrive avec mon litre vide fermé par un bouchon. Après que j’ai eu salué tout le monde, monsieur Letort m'installe debout sur le banc à côté de lui en me tenant pour éviter que je ne chute. Devant toute l'assemblée, c’est une coutume, je dois chanter une chanson, celle qu'il m'a apprise. ''« Rosalie, elle est partie. Si tu la vois, amène-la-moi. Où est-elle, dans la bouteille. Ouvre le bouchon, elle est dans l'fond. ».''Monsieur Letort m’accompagne dans ma chanson. Je mime le bouchon qu'on enlève... je constate avec surprise que Rosalie se trouve tout à coup au fond de la bouteille... Je suis comédien il est vrai et j’aime cela. L’assistance semble ravie, moi je le suis au moins autant qu’elle, applaudissements, monsieur Letort me descend du banc. Mon spectacle est terminé. La bonne remplit mon litre de cidre en le tirant du tonneau, je repars heureux. Ma mère ne m'a pas donné d'argent par précaution, peur que je le perde. Peut-être que ce litre est un cadeau de la maison ou peut-être mes parents règlent-ils en fin de semaine, comme c’est la coutume, je ne me pose pas la question. J’ai conservé beaucoup de tendresse pour la bonne de chez Letort, elle me chouchoutait beaucoup. <br />
<br />
[[Fichier:Fete de campagne occupation.jpg ]]<br />
<br />
''Celui qui réussit à pousser la bouteille vide jusqu'au bout sans la faire tomber gagne une bouteille pleine.''<br />
<br />
<br />
'''''Les fêtes de village'''''<br />
<br />
Pour se distraire, le dimanche, les gens ne se contentent pas ''des bals z'interdits''. Aux beaux jours, il y a les fêtes de village avec de la musique et des stands tout simples, inventifs faits avec trois fois rien. Il y a aussi des pique-niques, notamment celui organisé à ''la Motte'', lieu de baignade à quelques kilomètres de Vezin, le '' La Baule'' des Vezinois. C’est la rivière La Flume qui passe là. Pierrot Letort, Jean et Albert Pinel et bien d’autres, des grands, plongent dans la mare à tour de rôle en effectuant le plus d’effets possibles. Le soleil est présent et les participants à la fête sont nombreux. Est-ce ce jour-là qu’un milicien sensé assurer l'ordre public, marche seul de long en large à travers la foule. Il a dégainé son pistolet, il le jette en l'air en le faisant tourner, il le rattrape avec agilité et recommence à plusieurs reprises sans laisser l’arme tomber à terre. Il fait le malin, il veut se faire remarquer ! Le soir après la fête, à la maison, j'entends mon père dire à ma mère. ''« Tu vois! Si on avait été deux, eh bien, pendant que l'un le bouscule au moment où il jette son arme l'autre s'empare du pistolet, cela aurait été facile »''. Et moi je pense « Pourtant ! Il y avait plein de monde à la fête... Il veut probablement dire... Deux suffisamment hardis... Mais bon ! Le cas échéant, qu'aurait-il fait du pistolet et du propriétaire? Je n'ai jamais songé plus tard à le lui demander. <br />
<br />
<br />
[[Fichier:Fete a la campagne occupation.jpg]]<br />
<br />
''Le pré où s'est déroulée la fête. On reconnaît à droite un mât de cocagne.''<br />
<br />
''Pierrot Letort (lunettes) et mon père (à droite) figurent sur la photo.''<br />
<br />
'''''Le cinéma muet ambulant'''''<br />
<br />
Le cinéma ambulant vient parfois nous rendre visite. La commune de Vezin-le-Coquet ne dispose pas de salle des fêtes, ni aucune salle susceptible d’accueillir le cinématographe. C’est donc dans le préau des garçons, en dessous du bureau de la mairie que l’appareil de projection est installé. Des bancs sont amenés, le public est nombreux et déborde dehors dans la cour. C’est un merveilleux spectacle pour nous les enfants... Des personnages qui bougent, c’est autre chose que les projections d’images fixes. C'est un moment vraiment magique, un piano sur le côté de l'écran nous envoie de la musique mettant en relief les actions qui se déroulent dans le film. Ah ! Les films de Charlot, il y en a sur différents fonds de couleurs, des noirs, des marrons, des verts. Merveilleux souvenirs !!!<br />
<br />
<br />
Févier 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Autres informations Blog Aldebert: [http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°11]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°13]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B013&diff=74116Chronique vezinoise sous l'occupation n°132022-01-28T18:04:45Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
'''Souvenirs d’un enfant'''<br />
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<br />
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<br />
== Derniers potins avant le départ de l’occupant ==<br />
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'''''Avion anglais touché par la DCA'''''<br />
<br />
Un avion, un bombardier anglais, est touché par la DCA. Il tourne au-dessus du village. L’équipage a sauté en parachute. Certains aviateurs ont été récupérés et faits prisonniers par les Allemands. Un side-car passe dans le bourg, il transporte à son bord un des aviateurs. Lorsque celui-ci croise des villageois curieux qui le regardent passer, l’Anglais leur adresse un petit signe d'amitié. Il semble blessé. <br />
<br />
'''''Police allemande à la recherche de parachutistes anglais.'''''<br />
<br />
À une autre date ''guère plus datée que la précédente''… les Allemands recherchent des parachutistes anglais ''(dans l'esprit des gens, les parachutistes ne peuvent qu'être Anglais.).'' <br />
Des Allemands procèdent à des inspections dans le bourg, ils questionnent les habitants. Ils entrent dans le café Touffet pour interroger les consommateurs présents ainsi que la propriétaire. Madame Touffet est une personne âgée qui ignore la signification du mot ''parachutiste''. Croyant avoir à subir un contrôle pour combattre le marché noir, elle ouvre les deux battants de son armoire à étagères, pleine de linge bien rangé et déclare de bonne foi ''« regardez sur ces étagères vous ne trouverez pas de parachutistes. »'' <br />
L'histoire ne précise pas la réaction des Allemands. Ont-ils songé un instant que cette brave dame se payait leur tête ? Non, personne ne le pense, ils auront bien observé madame Touffet, il y a des attitudes qui ne mentent pas.<br />
<br />
'''''Promenade de séminaristes en herbe'''''<br />
<br />
Ma fenêtre qui donne sur la rue principale, laquelle est presque un passage obligé, offre souvent du spectacle. Chaque jeudi, s’il fait beau temps, jour de promenade, je vois passer, deux par deux, les petits devant, les grands derrière, tout un groupe de séminaristes. Ils sont vêtus d’une soutane noire, la tête couverte d'un chapeau à large bord pareillement noir, le missel à la main. Comme il s'agit pour la plus part de jeunes et très jeunes, il y a du chahut en tête des rangs, des rires et parfois des éclats de voix. Cet évènement est pour moi une énigme. ''Comment se fait-il qu'il y ait des curés si petits qui jouent comme des enfants.'' <br />
Je n'ai pas pensé questionner ma mère à ce sujet. Ma mère a pourtant réponse à tout. Par exemple quand je lui dis, entre les repas, '' « maman j’ai faim !'' », elle me répond du tac au tac ''« Mange ta main et garde l'autre pour demain. »''<br />
<br />
'''''Insolite handicapée'''''<br />
<br />
Un autre spectacle vu de ma fenêtre, cette vieille femme, habillée de hardes, elle paraît malpropre. Elle se déplace avec une chaise sur laquelle elle pose un genou recouvert d’un chiffon. Elle avance en se servant de la chaise comme d’une béquille. Elle arrive du bas du bourg et remonte bien lentement toute la rue qui est bien longue. Le déplacement est laborieux. Où va-t-elle, d’où vient-elle. Encore un événement inexpliqué.<br />
<br />
'''''Les réquisitions de l'occupant'''''<br />
<br />
Le passage, dans notre rue, de convois de véhicules allemands de toutes sortes est assez fréquent. Certains s'arrêtent pour la nuit dans le village et des officiers exigent parfois d’être logés chez l'habitant. <br />
Un blindé est stationné contre le mur de l’école. Je suis dans la cour, perché sur la dalle où trônait avant-guerre une statue. La statue a disparu. (''Elle est à inscrire sur l’infiniment longue liste des vols perpétrés par l’occupant qui, pendant presque cinq ans, s’est exercé à un pillage systématique de notre pays.''(1) <br />
J’aperçois la tête et le tronc d’un soldat qui émerge du blindé. Il est vêtu d’un uniforme noir, il me regarde et détourne la tête. Les soldats habillés de noir ou de bleu foncé me font vraiment peur. Ils ressemblent à des miliciens. <br />
<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Support de la statue.jpg|center|thumb|upright=2|Sur le coin tronqué du mur, on aperçoit une margelle, support de la statue volée]]<br />
<br />
<br />
<br />
Un soir et comme d’ailleurs tous les soirs, ma mère réinstalle les lits pour la nuit à venir. C’est un convoi de panzer, qui stationne dans le village, les soldats qui l’accompagnent étant de noir vêtus. Ce soir là, et comme d’ailleurs beaucoup de soirs, je ne suis pas très obéissant. Ma mère me rappelle à l’ordre et menace alors d’héberger un Allemand pour la nuit. Je deviens tout à coup très rapidement sage.<br />
<br />
Devant le portail de l’école, c’est la fin de la journée, tout est calme, il me faut rentrer à la maison. Une voiture légère allemande est stationnée devant chez Letort. Ses propriétaires consomment au café de la maréchalerie. La porte du café s’ouvre brusquement, deux soldats en sortent. Ils sont coiffés de casquette et leur uniforme est de couleur vert de gris. Ils ont dégainé leur pistolet et se poursuivent à tour de rôle en criant comme des gamins. Ils se dirigent vers l’atelier des machines agricoles et commencent à tirer vers l’intérieur. Après chaque coup de pistolet tiré, ils s’exclament. Peut-être s’amusent-ils, me dis-je pour me rassurer, c’est encore une affaire à éclaircir ! Je rentre à la maison.<br />
<br />
'''''L'espoir'''''<br />
<br />
Les Allemands sont-ils partis ?… Pas sûr !… Les Américains ne sont pas encore arrivés, c’est certain!… Mais que font-ils ? <br />
<br />
Le lendemain, dans l’après-midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .<br />
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie-école et, de fait,devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent. <br />
<br />
Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez-vous qu'ils sont encore à Rennes ? »'' <br />
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.<br />
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre km). <br />
<br />
Le père Letort prend le combiné du téléphone....Je suis à côté du téléphone, bien entendu ! Il tourne la manivelle.'' Allô, dit-il. Alors ! Ah oui… sont-ils partis?… Comment? …'''. Oui, ils sont partis''' !'' crie t-il à tous. Joie soudaine, allégresse. <br />
<br />
'''''La Marseillaise est chantée devant l'école'''''<br />
<br />
Sans perdre de temps, monsieur Guérin réunit les enfants présents, pourtant sensés être en grandes vacances, pour chanter haut et clair, une libre Marseillaise. J’étais resté près du téléphone, la bonne, Angèle, m’expédie alors vivement vers le groupe de l’autre côté de la rue. ''« Va chanter avec eux »'' me dit-elle. Adultes et enfants, tous ensemble, entonnent une vibrante Marseillaise, parait-il émouvante.<br />
<br />
'''''Tous aux dépôts allemands'''''<br />
<br />
Persuadés que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté, paraît-il, intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?<br />
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français. <br />
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg. <br />
Soudain, moment de panique, il paraît que les Allemands reviennent ! Affolement général chez les grands. Personnellement je ne perçois pas le danger. Je continue tranquillement de contempler mon butin.<br />
Bien heureusement, les Allemands ne sont pas revenus jusqu’à nous. <br />
<br />
Dans le grand hangar du bois de ''la Glestière'', sont entreposés, par piles, des sacs à dos militaires. La partie supérieure de chaque sac est recouverte d’une peau de vache. La poche principale centrale est vide, les petites disposées de part et d’autre du sac contiennent quelques trésors. De toutes façons, à mon âge, je ne suis pas en mesure d’estimer la valeur de quoi que ce soit. Ce sont des petits drapeaux triangulaires de couleur jaune sur lesquels est imprimée une tête de mort de couleur noire. On y trouve aussi des rouleaux de ruban d’un beau jaune orange reluisant. J’extrais aussi des tubes en bakélite de couleur marron, contenant des pastilles d’eau de javel (chlore). Beurk!...ça sent mauvais. <br />
''Pi-Park'' n'est pas un camp du génie militaire pour rien. <br />
<br />
Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place. <br />
Je suis vraiment déçu de mes trouvailles. J’imaginais découvrir un plus beau et grand trésor. J'emporte des rouleaux de ruban qui ne profiteront qu'aux filles. Le lendemain elles ont toutes des rubans jaunes dans les cheveux. Jeanine et Gaby Trincar ne sont pas en reste. Ah! les filles, elles en ont été si longtemps privées de ces jolis rubans. <br />
<br />
'''''Panique! L'Allemand revient'''''<br />
<br />
Sur la route au moment de notre retour de ''la Gléstière'', après avoir récupéré ce qui pouvait être pris dans ce qui restait des stocks abandonnés par les Allemands, il y eut tout à coup un vent de panique, quelqu'un a crié « Les Allemands reviennent ! ». <br />
En effet deux, trois ou quatre Allemands sont revenus, ils arrivaient de Montigné ''(ça ! c'étaient des mauvais m’a dit Madeleine)''. Ils ont pris un otage, un jeune homme et décident de le fusiller devant le monument aux morts du cimetière en guise de ''« cadeau d’adieu »''. Des témoins de l'événement, voisins ou passants, ont alors crié bien fort ''« les Américains !. ...les Américains arrivent !… »''. Les Allemands ont alors rapidement pris la fuite en abandonnant leur otage vivant. <br />
<br />
Par opposition aux Allemands mauvais, Madeleine me dit qu'il y en avait de gentils. Ceux du champ de DCA, de très jeunes soldats dont j’ai déjà évoqué la présence. Lorsque je me rends dans leur cantonnement, je mange sans crainte et sans hésitation les bonbons qu'ils me donnent. Oui ! Parce qu'il faut préciser, entre nous les enfants, nous nous passons la recommandation suivante ''« il ne faut surtout pas manger des bonbons que les Allemands donnent car ils sont empoisonnés et en plus, dedans il y a de la crotte de cheval »''. J’avoue avoir assumé tous ces risques en ne respectant pas cette consigne.<br />
<br />
Albert Pinel, qui vient de nous quitter en cette année 2010, est le fils du boucher et frère de Jean, ''le bon ami'' de ma sœur aînée. C’est lui qui est chargé d’affûter les couteaux de la boucherie et ceux utilisés après abattage. Il habite au bas du bourg avant la [[Chronique vezinoise sous l'occupation.11|grange à Fourché]] et le café Pécoil/Saunier. Il a l’habitude d’aiguiser ses couteaux sur une meule qui n’est pas motorisée, celle qui se trouve dans une grange de la ferme chez Anger, au Bas Vezin route de Montigné. Alors forcément quand il se rend à l’affûtage, il passe forcément devant notre fenêtre, et forcément je suis là quand je ne suis pas chez Letort ou à l'école. Peut-être n’affûte-t-il que le jeudi ?! Il m’aperçoit et me dit alors ''« Bébert viens tourner la meule »''. Ce n’est pas une demande, pas même une invitation, c’est un ordre. Je me crois donc obligé d’obéir. Il faut dire que je le crains un peu. Il est de l’équipe des grands qui commandent. Je l’accompagne donc jusqu’à la ferme Anger au Bas Vezin. Je connais parfaitement le détail de ce qui va se dérouler. Albert ne parle pas beaucoup. Sous un aspect très réservé, peut-être un peu froid, il a très bon cœur. Je tourne la meule, je tourne, je sais quand il faut cesser de tourner ou recommencer. Le travail terminé, Albert met la main dans sa poche, il sort une pièce trouée et me la tend.'' Je l’savais ! C’est toujours ainsi que ça se passe.!'' Je cours vite porter ma pièce à maman. Je suis sans doute un expert en tournage de meule pour affûtage de couteaux, enfin, c’est comme cela que je le ressens.<br />
<br />
Parmi les personnes du bourg de notre connaissance, nombreux se nomment Albert. Il y a Albert Pinel, fils d'Albert Pinel qui m’a élevé au grade de filleul parce que je m'appelle Albert, mon père que madame Letort appelle toujours ''monsieur'' Albert.<br />
Parmi tous ces Albert et afin d’éviter toute confusion, surtout à la maison, on m’appelle partout Bébert.<br />
<br />
C'est curieux, encore bien longtemps après la guerre, chez le populaire et à la campagne on s’exprime souvent en sou pour désigner la menue monnaie alors que le sou a disparu de la circulation depuis belle lurette. On dit "dix sous" pour une pièce de cinquante centimes, "vingt sous" pour une pièce d'un franc, "quarante sous" pour deux francs et "cent sous" pour une pièce de cinq francs. Le sou a la vie dure !<br />
''<br />
<br />
<br />
Nota (1) - ''Un éclaircissement ici s'impose. En fait la statue, qui représentait un poilu terrassant du pied l'aigle impériale prussien, a été détruite par les Allemands qui n'avaient pu supporter ce spectacle. Les débris ont été laissés sur place. La statue n'était pas métallique, elle n'intéressait donc pas l'occupant. Elle était l’œuvre d'un ancien Vezinois, Monsieur Nicot qui en avait fait don à la commune.'''' En fait, il s'agit très probablement de [[Louis Henri Nicot]].<br />
<br />
Février 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Autres informations Blog Aldebert: [http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°12]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°14]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B004&diff=74033Chronique vezinoise sous l'occupation n°042022-01-24T18:19:30Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
'''La promenade de l’école du samedi après midi. ''Sous l’occupation'''''<br />
<br />
<br />
'''''Promenade du samedi avec l'école sévèrement perturbée par un bombardement'''''<br />
<br />
Un samedi après-midi, les élèves de l’école de Vezin-le-Coquet avec leur maître se dirigent vers le château de Montigné et s'installent pour des jeux dans un petit bois encaissé le long de la ligne de chemin de fer, non loin d’un petit pont qui l'enjambe. Les enfants sont tous présents, petits et grands, ils s’ébattent dans la joie sous un soleil éclatant. Une belle journée, un très joli ciel clair, une météo favorable qui invite à la promenade. Mais attention ! Le beau temps attire aussi certains prédateurs exterminateurs subitement venus du ciel. <br />
<br />
Nous sommes en pleine action de jeu quand tout à coup, de puissantes déflagrations se font entendre, un bombardement survient subitement, sans annonce de sirène, sans vagues d’avions qui auraient pu être aperçues préalablement dans le ciel. Est-ce sur Pi-Park à proximité duquel nous sommes, est-ce sur la ligne de chemin fer située à quelques mètres de notre terrain de jeux ? Rapidement le directeur monsieur Guérin nous fait tous nous allonger contre un haut talus. Le bombardement me semble long, interminable, si près de nous, si intense, si effrayant que pour la toute première fois j’ai vraiment peur. Ce n’est pas une simple peur comme celle du gamin qui va recevoir la fessée, mais une peur panique, une peur qui m’atteint physiquement, comme on dit aux tripes, et m'envahit. Heureusement rien n’est venu s’égarer sur nos têtes et nous rentrons chez nous après cette grande frayeur. Alphonse s’en souvient bien !<ref>[[18 février et 26 février 1943 des Mosquito bombardent le dépôt de la Kriegsmarine]] ou Pi-Park</ref>.<br />
<br />
'''''Conséquence pour l'enfant suite à ce bombardement'''''<br />
<br />
Quelques mois après ce terrible évènement, en décembre 1944, mon père nous emmène mon frère et moi sur sa bicyclette, à Pi-Park, qui, entre temps a changé de locataires mais pas d’ouvriers, pour un goûté offert par les soldats américains aux enfants du personnel civil du camp. Pour nous y rendre nous sommes obligés d’emprunter le chemin qui mène à Montigné et par voie de conséquence, de passer tout près du petit bois encaissé où j’ai eu très peur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je l’aperçois et tout à coup une même peur panique me saisit, s’empare encore de moi d’une manière très forte. Heureusement elle se dissipe peu à peu après avoir franchi le pont de chemin de fer. Je le hais ce petit bois !<br />
<br />
Ce devait être à la période de Noël. À peine entré dans le baraquement où le goûter avait lieu, je suis saisi par deux bras vigoureux d’un soldat américain qui me soulèvent et me placent sur une chaise auprès d’une des nombreuses tables où se régalent déjà des enfants. On me sert aussitôt une assiette bien garnie de crème avec des biscuits. Je goûte la crème, je fais la moue, impossible de la manger. Malgré l’invitation répétée d’un G.I. pourtant très attentionné ''« c’est bon, c’est bon, manger ! »''.<br />
Rien à faire, je ne suis pas habitué au goût de ''la vanilla custard'' en boîte. Impossible de l’avaler malgré les gros yeux que me fait, de loin, mon père resté à l’entrée avec d’autres parents. Même sans vanille je préfère la crème, confectionnée avec du bon lait cru des vaches de la ferme Lebastard. À la fin du goûter je me fais tancer'' pour insuffisance de consommation.'' <br />
<br />
Je n'ai aucunement informé mes parents, ou quiconque du moment d’extrême frayeur ressentie dans le petit bois le jour du bombardement. Comment aurais-je su à cet âge l'expliquer clairement? J’étais même pris comme par une honte pour avoir été possédé de cette manière par cette indescriptible frayeur. Plus tard, adolescent, j'ai oublié ou tout simplement pas trouvé utile d'en parler. Adulte, j'ai plusieurs fois été pris de cauchemars, une peur panique semblable à celle qui s’empara de moi le jour de ce bombardement. Et c’est sexagénaire que j’ai attribué la cause de ces cauchemars à l’événement qui s’est déroulé au cours d’'''une promenade du samedi après midi ''sous l’occupation'''''. ''(En effet, il semble ce jour là, qu'il ne s'agissait pas d'un samedi mais d'un jeudi)<br />
''<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert : http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565 <br />
<br />
===Liens internes===<br />
<references/><br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B002&diff=74023Chronique vezinoise sous l'occupation n°022022-01-23T18:32:20Z<p>Aldebert : </p>
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<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
''Souvenirs d’un enfant.''<br />
<br />
'''LA MARÉCHALERIE ET LE CAFÉ LETORT'''<br />
<br />
'''''Ce jour là sous l'occupation'''''<br />
<br />
Comme beaucoup de maisons du village, l'école est située en bordure de la rue principale, comme aussi celle où nous habitons. Immédiatement faisant face à l’école, de l’autre côté, se tient la maréchalerie. Il suffit de traverser la rue à la fin de l’école et hop voilà !… Je me retrouve dans ce qui était devenu un de mes territoires préférés, là où j’ai particulièrement mes marques. Le risque de me faire renverser par une automobile à cette époque est très limité, peut-être même quasiment nul. Nous sommes en guerre donc pas de carburant, pas de voitures automobiles civiles. Il faut noter néanmoins que j’ai réussi l’exploit de me faire renverser par une bicyclette à deux pas de chez moi. Un peu affolée madame ''Trincart'' la voisine, qui est sur le pas de sa porte et qui a tout vu, me relève, me prend dans ses bras, elle me ramène à ma mère en houspillant très fortement le cycliste. Madame ''Trincart'' a de la voix et se fait entendre. Le transfert se fait par la fenêtre qui donne sur la rue. Je suis immédiatement mis au lit et par voie de conséquence privé de la promenade de l’école du samedi après midi. Je me considère ainsi puni pour une faute que je n’ai pas commise. Je donne aussi de la voix jusqu’à m’endormir.<br />
<br />
[[Fichier:Cafe de la Marechalerie Vezin 1943.jpg|center]]<br />
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Sur la photo au premier plan : l'enfant aux souvenirs heureux. Taïaut est à l'arrière-plan ''(le téléphone est au repos, lui aussi)'' à droite, la rampe de fer pour attacher les chevaux.<br />
<br />
'''''Les chevaux rois'''''<br />
<br />
Les chevaux sont essentiels pour les cultivateurs mais aussi pour les particuliers et tout ce qui concerne les transports. Nous nous en rendons probablement moins compte aujourd’hui. <br />
<br />
Certaines personnes du village, gens aisés, disposent d’un petit attelage pour assurer leurs déplacements, comme par exemple chez ''Touffet''. C’est un cabriolet, attelé à un cheval superbe. ''Jean Pinel'', le petit fils, m’emmène quelque fois avec lui à l’occasion de courses qu’il doit effectuer. ''Jean Pinel'', à l’époque était ''« le bon ami platonique de ma grande sœur, mais chut !… »'', ce qui me valait probablement quelques privilèges.<br />
<br />
Il faut veiller aux soins des chevaux, les entretenir soigneusement, les chausser, d’où l’activité importante qui se déroule dans'' ma'' maréchalerie. Il faut aussi réparer les machines agricoles, fabriquer, forger certaines pièces indispensables, inexistantes sur le marché. Les pièces détachées sont difficiles à trouver sinon impossibles. J’adore me rendre dans la forge. Les ''Letort'' en sont les propriétaires. Le père ''Pierre'', le fils ''Pierrot'' et plusieurs employés s’y activent. Le père ''Letort'' est manchot, il est appareillé comme le Capitaine Crochet. Cela ne l’empêche pas de battre le fer comme les autres. Le fils, ''Pierrot'', c’est un peu mon idole, c’est lui qui porte la Bannière les jours de procession. À cette époque, il a entre dix sept et vingt ans.<br />
<br />
'''''Les forgerons font chanter leurs enclumes'''''<br />
<br />
J’aime sentir toutes les odeurs produites par la forge : la corne du sabot d’un cheval qui grille au moment de l’ajustement du fer, l'odeur que dégage le fer brûlé que le bras martèle sur l’enclume, celle de la graisse des machines agricoles en attente de réparation. L'entrée de la forge est libre pour moi, je ne me prive pas de regarder, d’observer, je regarde attentivement les opérations successives de fabrication d'un superbe fer à cheval à partir d'une simple barre de fer. La réalisation d’une pièce de charrue. Combien de coups de marteau faut-il donner pour effectuer cette transformation ? Le fer retourne souvent au feu dans le charbon incandescent qu'il est constamment nécessaire d'activer. Quand on me le permet, je ne laisse à personne ma place pour tirer la chaîne du grand soufflet dont l'activation de l'air redonne une belle couleur rouge orange au charbon. Le forgeron n'ignore pas le plaisir et la fierté que j’ai en l’actionnant. Je pense qu'il prend plaisir à me faire plaisir. À proximité de chaque enclume, se trouve un fût rempli d'eau dans lequel le forgeron trempe le fer qu'il travaille pour le refroidir, un bouillonnement se fait entendre, la vapeur jaillit, elle ajoute à l'odeur particulière de la forge, cette odeur que j'aime tant. Contre les murs sont disposés quantité d'outils, souvent fabriqués pour des opérations particulières, spécifiques. Je remarque surtout les pinces, peut-être parce qu’elles sont les plus nombreuses. C'est une grande maréchalerie, constamment en activité, les chocs des marteaux sur les enclumes sont comme une musique et donnent un air de fête, de gaîté au village. Les dimanches sont tristes, la forge est muette, ses portes sont pourtant grandes ouvertes, il ne m’est pas interdit d'y entrer. La maréchalerie fait aussi débit de boissons, c’est madame ''Letort'' et la bonne qui font fonctionner le commerce. <br />
<br />
'''''Le café Letort'''''<br />
<br />
L'ensemble des bâtiments se compose d'une grande maison de construction moderne pour l’époque, avec étage, bâtie en schiste rouge. Aujourd’hui c’est une pharmacie. Les impostes des fenêtres du rez-de-chaussée sont ornées de briques rouges ainsi que les fenêtres simples de l’étage. L'étage est réservé aux appartements privés. La salle du café, la cuisine, occupent entièrement le rez-de-chaussée. On y sert du cidre à la bolée et au litre. Les fûts sont à la cave, on tire le cidre à partir du comptoir. Pour les boissons des enfants ou des dames, on propose des sodas. Je les appelle les sodas verts, jaunes et rouges, je ne connais pas ou ne retiens pas les dénominations exactes, Menthe, Citron ou Grenadine. Les bouteilles sont en verre blanc épais, on distingue bien la couleur du produit contenu. Elles sont toutes jolies. Le choix est souvent difficile et les occasions rares, surtout entre la rouge et la verte, la jaune est trop fade à mon goût. Pour pouvoir verser le liquide dans le verre, il faut appuyer sur une bille bloquée par la pression dans le goulot. Je laisse cette opération à un plus costaud que moi ou à un adulte, la chose est trop difficile, je n’en ai pas la force. À l’ouverture, quand la bille est enfin dégagée, j’adore entendre le bruit du gaz qui s'échappe brusquement, pschitt !!… et les bulles qui se forment. C'était un luxe pour un enfant appartenant à une infortunée famille.<br />
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<br />
Le café'' Letort'' est le plus important et le plus fréquenté de tous les cafés du village qui en compte, environ six ou sept, c’est aussi celui que je préfère, bien entendu !<br />
<br />
Le village n’est pas grand, par contre les stations pour se désaltérer sont nombreuses, comme je l'ai déjà souligné. Elles sont aussi des lieux conviviaux de rencontre où les discussions tournent souvent sur ''« comment peut-on se procurer ceci où cela, »'' car tout manque.<br />
<br />
Chez ''Letort'', il y a une cabine téléphonique. ''La cabine téléphonique du village''. Le numéro UN. On téléphone, en même temps, on boit un coup d'cid. Le téléphone est là, surtout pour les urgences, très peu de particuliers en disposent. Quand sa sonnerie se fait entendre suite à un appel, nul dans les parages ne peut l'ignorer, car ''Taïaut'' mon vieux copain, le bon chien du patron, se met à hurler tout durant que tinte la sonnerie. On se le raconte encore actuellement chez les anciens. Le patron, Monsieur ''Letort'', le père ''Letort'', comme on a l’habitude de l’appeler chez nous, a le verbe haut mais combien il est brave, les services qu'il rend ne se comptent plus. Il a perdu une main et travaille avec un crochet. Son épouse le dépasse encore en gentillesse et en amabilité. Le fils, ''Pierrot'', travaille aussi à la forge. ''Pierrot'', mon idole, ma référence me surnomme ''« le p’tit Russe »'' à cause de mes cheveux très blonds et mes chaussures blanches des dimanches… Blanches! En début de journée... parce que le soir... c’est une autre affaire.<br />
<br />
La maréchalerie est pour moi un lieu de spectacles et d’attractions mon deuxième chez moi. Il s’y passe toujours un événement intéressant. Le ferrage des roues des charrettes par exemple. Cette opération mobilise plus d’une demi douzaine de bonshommes. Elle s’effectue en compagnie du menuisier-charron monsieur ''Galet''. Il y a aussi la castration des chevaux de trait. Des spectacles gratuits, vivants, intéressants que les enfants ne manquent pas de regarder quand ils ne sont pas à l’école. Tiens ! Comment se fait-il que je me sois trouvé si souvent spectateur ? Peut-être y avait-il plus d’un jeudi par semaine. Il est vrai qu'en ce temps là, nous revendiquions, en vain, la semaine des quatre jeudis !<br />
<br />
'''''Le charron et la menuiserie galet'''''<br />
<br />
Les roues des chartes, charrettes ou tombereaux sont fabriquées sur place à [[Vezin-le-Coquet]]. Le charron-menuisier intervient sur tout ce qui est bois : moyeux, rayons et jantes. Le forgeron fabrique les cerclages et les fixations. L'opération d'assemblage se passe en haut du bourg, sur une aire aménagée à cet effet devant l’atelier de la menuiserie ''Galet''. Chez monsieur'' Galet'' il y a deux fils ''Pierre'' et ''Georges''. La roue entièrement de bois est prête quand les forgerons se présentent. Elle est placée bien à plat. L'opération de cerclage est une affaire délicate. Le cercle en fer est chauffé sur un aménagement spécial, circulaire. Il faut bien sûr que le fer se dilate pour permettre l'ajustement autour de la roue. Quand il est jugé suffisamment à point quatre intervenants munis chacun d'une pince adaptée saisissent le cerclage et l'emboîte autour de la roue. Il faut faire très vite, car si cette opération traîne, le bois risque de brûler. Des flammes apparaissent d’ailleurs par instant. Des hommes, avec des arrosoirs surveillent et attendent le signal pour verser de l'eau sur le ferrage, pas trop tôt, pas trop tard ! Celui-ci se rétracte en refroidissant, compresse ensemble des assemblages. Encore quelques coups de marteau pour fignoler le travail, ne pas oublier de bien visser les fixations sur la jante. Voilà ! Une belle roue est née. C’est un beau spectacle, nous sommes une flopée d'enfants à nous en réjouir, y compris ''Alphonse''. Après cette rude journée, plus d'une bolée d'cid est bue au café de la maréchalerie.<br />
<br />
'''''Castration des chevaux de trait'''''<br />
<br />
En Ille-et-Vilaine, à cette époque, c’est le cheval qui est utilisé pour le labour ou le charroi, à l'inverse d'autres régions ou les bœufs et même les vaches le remplacent. Périodiquement des chevaux de trait encore entiers, sont amenés par leur propriétaire à la maréchalerie où ils seront castrés. Le spectacle est public. Les chevaux sont alignés devant le café ''Letort'', attachés à une barre métallique, ils attendent d’être opérés. Les uns après les autres, ils sont immobilisés sur un travail ou trémail et le vétérinaire opère. Le vétérinaire est le seul à être revêtu d’une blouse, c’est l’homme de l’art. Les parties de chair qui sont détachées du cheval sont laissées sur place. Ainsi en sortant de l'école j’aperçois ces choses presque rondes, il est tentant de shooter dedans. C’est mou, c’est flasque, ça ne vaut pas un ballon et ça salit les chaussures ! Au fait ! Comment c’est fait un ballon? Je ne me souviens pas en avoir vu un, sauf celui de la première équipe de foot de Vezin en 1943. J’abandonne le shoot, les chaussures sont tâchées, gare à la réprimande une fois de retour à la maison. Les restes filandreux disparaîtront les jours suivants, peut-être ramassés et enterrés ? Peut-être mangés par les chiens, rien ne se perd en temps de guerre. Une fois le travail accompli et les chevaux allégés, les bonshommes ont soif, il faut se rafraîchir le gosier, mais où donc aller, eh bien ! Au café ''Letort'', il n’y a qu’un seul pas à faire et deux marches à monter, ''pour boire un coup d'cid ou p’tet ben deux et aussi, un coup d'calva, ben dame oui !.''<br />
<br />
[[Fichier:1-Enveloppe corresspondance Ets LETORT.jpg]]<br />
<br />
[[Fichier:Forge de chez Letort.jpg|vignette]] <br />
<br />
Eh bien oui! Pour moi LA MARECHALERIE ET LE CAFE LETORT à Vezin le Coquet étaient le centre du monde... il n'y avait pas de gare à Vezin, c'est pourquoi!!!<br />
<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°01]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=74016Chronique vezinoise sous l'occupation n°052022-01-21T17:41:53Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG <br />
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Fichier:Dommages de guerre.JPG<br />
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<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, en d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(en avril 2021)'' effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=74015Chronique vezinoise sous l'occupation n°052022-01-21T17:41:12Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
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Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
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D’instinct nous avons, avec mon frère, bien définir nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
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Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
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Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
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La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
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'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
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Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
<gallery><br />
Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG <br />
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Fichier:Dommages de guerre.JPG<br />
</gallery><br />
<br />
<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, en d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(en avril 2021)'' effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B004&diff=74014Chronique vezinoise sous l'occupation n°042022-01-21T17:37:00Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
'''La promenade de l’école du samedi après midi. ''Sous l’occupation'''''<br />
<br />
<br />
'''''Promenade du samedi avec l'école sévèrement perturbée par un bombardement'''''<br />
<br />
Un samedi après-midi, les élèves de l’école de Vezin-le-Coquet avec leur maître se dirigent vers le château de Montigné et s'installent pour des jeux dans un petit bois encaissé le long de la ligne de chemin de fer, non loin d’un petit pont qui l'enjambe. Les enfants sont tous présents, petits et grands, ils s’ébattent dans la joie sous un soleil éclatant. Une belle journée, un très joli ciel clair, une météo favorable qui invite à la promenade. Mais attention ! Le beau temps attire aussi certains prédateurs exterminateurs subitement venus du ciel. <br />
<br />
Nous sommes en pleine action de jeu quand tout à coup, de puissantes déflagrations se font entendre, un bombardement survient subitement, sans annonce de sirène, sans vagues d’avions qui auraient pu être aperçues préalablement dans le ciel. Est-ce sur Pi-Park à proximité duquel nous sommes, est-ce sur la ligne de chemin fer située à quelques mètres de notre terrain de jeux ? Rapidement le directeur monsieur Guérin nous fait tous nous allonger contre un haut talus. Le bombardement me semble long, interminable, si près de nous, si intense, si effrayant que pour la toute première fois j’ai vraiment peur. Ce n’est pas une simple peur comme celle du gamin qui va recevoir la fessée, mais une peur panique, une peur qui m’atteint physiquement, comme on dit aux tripes, et m'envahit. Heureusement rien n’est venu s’égarer sur nos têtes et nous rentrons chez nous après cette grande frayeur. Alphonse s’en souvient bien !<ref>[[18 février et 26 février 1943 des Mosquito bombardent le dépôt de la Kriegsmarine]] ou Pi-Park</ref>.<br />
<br />
'''''Conséquence pour l'enfant suite à ce bombardement'''''<br />
<br />
Quelques mois après ce terrible évènement, en décembre 1944, mon père nous emmène mon frère et moi sur sa bicyclette, à Pi-Park, qui, entre temps a changé de locataires mais pas d’ouvriers, pour un goûté offert par les soldats américains aux enfants du personnel civil du camp. Pour nous y rendre nous sommes obligés d’emprunter le chemin qui mène à Montigné et par voie de conséquence, de passer tout près du petit bois encaissé où j’ai eu très peur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je l’aperçois et tout à coup une même peur panique me saisit, s’empare encore de moi d’une manière très forte. Heureusement elle se dissipe peu à peu après avoir franchi le pont de chemin de fer. Je le hais ce petit bois !<br />
<br />
Ce devait être à la période de Noël. À peine entré dans le baraquement où le goûter avait lieu, je suis saisi par deux bras vigoureux d’un soldat américain qui me soulèvent et me placent sur une chaise auprès d’une des nombreuses tables où se régalent déjà des enfants. On me sert aussitôt une assiette bien garnie de crème avec des biscuits. Je goûte la crème, je fais la moue, impossible de la manger. Malgré l’invitation répétée d’un G.I. pourtant très attentionné ''« c’est bon, c’est bon, manger ! »''.<br />
Rien à faire, je ne suis pas habitué au goût de ''la vanilla custard'' en boîte. Impossible de l’avaler malgré les gros yeux que me fait, de loin, mon père resté à l’entrée avec d’autres parents. Même sans vanille je préfère la crème, confectionnée avec du bon lait cru des vaches de la ferme Lebastard. À la fin du goûter je me fais tancer'' pour insuffisance de consommation.'' <br />
<br />
Je n'ai aucunement informé mes parents, ou quiconque du moment d’extrême frayeur ressentie dans le petit bois le jour du bombardement. Comment aurais-je su à cet âge l'expliquer clairement? J’étais même pris comme par une honte pour avoir été possédé de cette manière par cette indescriptible frayeur. Plus tard, adolescent, j'ai oublié ou tout simplement pas trouvé utile d'en parler. Adulte, j'ai plusieurs fois été pris de cauchemars, une peur panique semblable à celle qui s’empara de moi le jour de ce bombardement. Et c’est sexagénaire que j’ai attribué la cause de ces cauchemars à l’évènement qui s’est déroulé au cours d’'''une promenade du samedi après midi ''sous l’occupation'''''. ''(En effet, il semble ce jour là, qu'il ne s'agissait pas d'un samedi mais d'un jeudi)<br />
''<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog aldebert : http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565 <br />
<br />
===Liens internes===<br />
<references/><br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=73346Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-09-10T17:11:56Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG <br />
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Fichier:Dommages de guerre.JPG<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, en d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(en avril 2021)'' effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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<br />
Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B004&diff=73226Chronique vezinoise sous l'occupation n°042021-08-15T17:26:29Z<p>Aldebert : </p>
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<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
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'''La promenade de l’école du samedi après midi. ''Sous l’occupation'''''<br />
<br />
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'''''Promenade du samedi avec l'école sévèrement perturbée par un bombardement'''''<br />
<br />
Un samedi après-midi, les élèves de l’école de Vezin-le-Coquet avec leur maître se dirigent vers le château de Montigné et s'installent pour des jeux dans un petit bois encaissé le long de la ligne de chemin de fer, non loin d’un petit pont qui l'enjambe. Les enfants sont tous présents, petits et grands, ils s’ébattent dans la joie sous un soleil éclatant. Une belle journée, un très joli ciel clair, une météo favorable qui invite à la promenade. Mais attention ! Le beau temps attire aussi certains prédateurs exterminateurs subitement venus du ciel. <br />
<br />
Nous sommes en pleine action de jeu quand tout à coup, de puissantes déflagrations se font entendre, un bombardement survient subitement, sans annonce de sirène, sans vagues d’avions qui auraient pu être aperçues préalablement dans le ciel. Est-ce sur Pi-Park à proximité duquel nous sommes, est-ce sur la ligne de chemin fer située à quelques mètres de notre terrain de jeux ? Rapidement le directeur monsieur Guérin nous fait tous nous allonger contre un haut talus. Le bombardement me semble long, interminable, si près de nous, si intense, si effrayant que pour la toute première fois j’ai vraiment peur. Ce n’est pas une simple peur comme celle du gamin qui va recevoir la fessée, mais une peur panique, une peur qui m’atteint physiquement, comme on dit aux tripes, et m'envahit. Heureusement rien n’est venu s’égarer sur nos têtes et nous rentrons chez nous après cette grande frayeur. Alphonse s’en souvient bien !<ref>[[18 février et 26 février 1943 des Mosquito bombardent le dépôt de la Kriegsmarine]] ou Pi-Park</ref>.<br />
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'''''Conséquence pour l'enfant suite à ce bombardement'''''<br />
<br />
Quelques mois après ce terrible évènement, en décembre 1944, mon père nous emmène mon frère et moi sur sa bicyclette, à Pi-Park, qui, entre temps a changé de locataire mais pas d’ouvriers, pour un goûté offert par les soldats américains aux enfants du personnel civil du camp. Pour nous y rendre nous sommes obligés d’emprunter le chemin qui mène à Montigné et par voie de conséquence, de passer tout près du petit bois encaissé où j’ai eu très peur. Lorsque nous arrivons à sa hauteur, je l’aperçois et tout à coup une même peur panique me saisit, s’empare encore de moi d’une manière très forte. Heureusement elle se dissipe peu à peu après avoir franchi le pont de chemin de fer. Je le hais ce petit bois !<br />
<br />
Ce devait être à la période de Noël. À peine entré dans le baraquement où le goûter avait lieu, je suis saisi par deux bras vigoureux d’un soldat américain qui me soulèvent et me placent sur une chaise auprès d’une des nombreuses tables où se régalent déjà des enfants. On me sert aussitôt une assiette bien garnie de crème avec des biscuits. Je goûte la crème, je fais la moue, impossible de la manger. Malgré l’invitation répétée d’un G.I. pourtant très attentionné ''« c’est bon, c’est bon, manger ! »''.<br />
Rien à faire, je ne suis pas habitué au goût de ''la vanilla custard'' en boîte. Impossible de l’avaler malgré les gros yeux que me fait, de loin, mon père resté à l’entrée avec d’autres parents. Même sans vanille je préfère la crème, confectionnée avec du bon lait cru des vaches de la ferme Lebastard. À la fin du goûter je me fais tancer'' pour insuffisance de consommation.'' <br />
<br />
Je n'ai aucunement informé mes parents, ou quiconque du moment d’extrême frayeur ressentie dans le petit bois le jour du bombardement. Comment aurais-je su à cet âge l'expliquer clairement? J’étais même pris comme par une honte pour avoir été possédé de cette manière par cette indescriptible frayeur. Plus tard, adolescent, j'ai oublié ou tout simplement pas trouvé utile d'en parler. Adulte, j'ai plusieurs fois été pris de cauchemars, une peur panique semblable à celle qui s’empara de moi le jour de ce bombardement. Et c’est sexagénaire que j’ai attribué la cause de ces cauchemars à l’évènement qui s’est déroulé au cours d’'''une promenade du samedi après midi ''sous l’occupation'''''. ''(En effet, il semble ce jour là, qu'il ne s'agissait pas d'un Samedi mais d'un Jeudi)<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog aldebert : http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565 <br />
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===Liens internes===<br />
<references/><br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°03]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=WikiRennes&diff=72950WikiRennes2021-07-04T09:51:31Z<p>Aldebert : /* Liste des Chroniques vezinoises */ nouvelle section</p>
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<center><big><br>Le bistro, le forum, le lieu de rencontres et de palabres. <br>Pour discuter, poser des questions, échanger, c'est ici que ça se passe.</big></center><br />
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<br />
<br />
==Du changement pour le Wiki-Rennes==<br />
<br />
Ce message pour vous annoncer mon départ de l'association Bug, et de l'animation du Wiki-Rennes, que je quitterai le 15 août 2014.<br />
<br />
Ce fut un plaisir d'animer le Wiki-Rennes durant ces 18 mois, de découvrir ce territoire autrement et de rencontrer de très intéressants contributeurs.<br />
<br />
Aujourd'hui le Wiki-Rennes compte 2 566 articles, et 731 inscrits, je compte sur ses contributeurs pour qu'il continue d'évoluer.<br />
<br />
Mon remplacement sera assuré dans les semaines à venir, mais en attendant n'hésitez pas à prendre contact avec l'[[Association Bug]] si vous avez des questions ou des besoins particuliers.<br />
<br />
À bientôt et bonnes contributions.<br />
<br />
--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 1 août 2014 à 10:03 (CEST)<br />
:Sniff ! Que le temps passe vite ! A peine ai-je pu te rencontrer deux fois et échanger durant ces quelques mois sur deux-trois petites questions que tu dois passer la main !<br />
:En tout cas, merci Julie de ton véritable investissement dans ce projet, selon ce que j'ai vu et aussi de ce que je devine dans les coulisses !<br />
:Bonne continuation surtout, riche de cette expérience originale ! <u>Stp ne pars pas sans me supprimer en beauté</u> [[Famine en1662]] {{clin}}<br />
:Cordialement. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 1 août 2014 à 15:54 (CEST)<br />
<br />
==Bientôt une nouvelle animatrice pour le Wiki-Rennes==<br />
<br />
Un petit message pour vous annoncer mon départ de Bug, et de l'animation du Wiki-Rennes.<br />
<br />
Je quitterai mon poste dès le 31 décembre (et même un petit peu plus tôt avec la trêve des confiseurs) et serai remplacé à partir du 1er janvier 2013 par [[Utilisateur:Julie|Julie]].<br />
<br />
Ce fut un plaisir de lancer et d'animer le Wiki-Rennes au cours de ces trois années faites de découvertes et de rencontres. <br />
<br />
Le wiki est devenu un site de référence à l'échelle locale, plus de 2000 articles et plus de 600 contributeurs inscrits, et ce n'est que le début. <br />
<br />
L'aventure se poursuit avec Julie, je deviendrai pour ma part un simple contributeur. <br />
<br />
--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 22 novembre 2012 à 09:36 (CET)<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
== Quel nom pour cet article ?!? ==<br />
<br />
Pour faire suite à une discussion que nous avons eu lors du dernier [[Bonjour Wiki]], voici quelques propositions pour le nom de l'article qui pourra servir à collecter les images des [[Suggestions_de_sujets_à_traiter#Photographier_les_b.C3.A2timents_avant_leur_destruction|bâtiments qui subiront des modifications, voire qui seront détruits]].<br />
<br />
Voici ma proposition : [[Dernières images avant mutation]].<br />
<br />
--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 9 janvier 2012 à 16:08 (CET)<br />
:Autre question : doit-on crée un article ou bien une catégorie suffit-elle ?<br />
:Ta proposition me plait. Je préfère le terme « mutation » à « destruction » vu que certains bâtiments ne seront pas réellement détruits (ou très partiellement, comme le couvent de Bonne-Nouvelle notamment).<br />
:Cdlt, [[User:VIGNERON|Vigneron]] * [[User Talk:VIGNERON|<sup>discut.</sup>]] 9 janvier 2012 à 16:52 (CET)<br />
<br />
::J'aime bien dernières images avant mutation, même si le terme mutation me fait penser à des zombies gluants ou autres ^^ [[User:Auregann|Auregann]]<br />
<br />
:::@VIGNERON : les deux ont leur intérêt, une catégorie pour rassembler l'ensemble des images, un article pour mettre en forme ces images, sous forme de mosaïques d'image, classées par lieux dans des paragraphes : plus sympa que la navigation dans les vignettes (un peu petites des catégories). Pour donner une idée, j'aime assez ce que ça donne [[Des_tours_et_des_hommes|sur cette page]].<br />
:::@Auregann : on dénigre trop souvent les zombies. <br />
:::--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 10 janvier 2012 à 09:27 (CET)<br />
::::J'ai commencé à prendre des photos desdits bâtiments, dites-moi où les mettre :)<br />
::::--[[Utilisateur:EdouardHue|EdouardHue]] 15 janvier 2012 à 16:54 (CET)<br />
:::::Bon, c'est parti pour [[Dernières images avant mutation]]. Par contre, j'ai du mal à retrouver pourquoi certains bâtiments sont dans la liste... L'octroi de Châtillon, l'écluse de Chapelle-Boby, c'est touché par quoi ?<br />
:::::--[[Utilisateur:EdouardHue|EdouardHue]] 22 janvier 2012 à 21:13 (CET)<br />
::::::Salut!<br />
::::::Pour les bâtiments que tu as du mal à situer : l'[[octroi de Châtillon]] se situe sur un ilot qui est amené à bouger dans le cadre de l'aménagement du nouveau quartier EuroRennes. Pour l'[[Écluse Chapelle-Boby]], il n'est pas question de la détruire, mais les Amis du patrimoine rennais [http://www.amispatrimoinerennais.org/?page_id=126 militent pour l'aménagement de ses abords], donc c'est vrai qu'elle na pas (vraiment) sa place dans la liste.<br />
::::::--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 23 janvier 2012 à 10:31 (CET)<br />
<br />
== Quel nom pour une église et sa paroisse ==<br />
<br />
[[Fichier:Rennes - Église Toussaints façade.jpg|thumb|L’église en question.]]<br />
<br />
Contre le lycée Zola, il y a à Rennes une église dont la graphie est très variable :<br />
* église paroissiale Saint-Thomas, Toussaints selon [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA35023915 Mérimée IA35023915]<br />
* église Toussaints selon [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00090683 Mérimée PA00090683]<br />
* chapelle Saint-Thomas, actuellement église paroissiale Toussaints, selon [http://patrimoine.region-bretagne.fr/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35023927 le service Inventaire de la Région]<br />
* église Toussaint de la paroisse Toussaints, selon le [http://catholique-rennes.cef.fr/?Paroisse-Toussaints-Presentation diocèse]<br />
* église de Toussaint pour [http://www.openstreetmap.org/?lat=48.109227&lon=-1.675339&zoom=18&layers=M openstreetmap]<br />
* place, porte et paroisse de Toussaints sur le plan Forestier ou les plans Oberthur <small>(Oberthür, là je sais que l’abandon du umlaut date de 1942)</small>.<br />
* etc.<br />
<br />
Bref, en multipliant les sources, on trouve parfois le « s », parfois non. Il semblerait que le « s » soit désuet et/ou « pédant » alors que la version sans « s » soit plutôt utilisée dans la « vie courante moderne » (par contamination du prénom et surtout de la fête de la Toussaint). L'ajout Saint-Thomas semble historique (issue du bâtiment précédent qui semble pourtant avoir été situé sous les actuelles halles) mais je n'ai trouvé aucune confirmation à ce sujet.<br />
<br />
Cdlt, [[User:VIGNERON|Vigneron]] * [[User Talk:VIGNERON|<sup>discut.</sup>]] 9 janvier 2012 à 16:52 (CET)<br />
<br />
<br />
<br />
== Fiche pratique : faire des recherches pour le Wiki-Rennes ==<br />
<br />
Nous lançons un projet de [[Fiche pratique : faire des recherches pour le Wiki-Rennes]], en partenariat avec les [[Archives municipales de Rennes]]. <br />
<br />
Cette page du Wiki pourra faire l'objet par la suite d'une édition papier, la création d'un mini-guide pratique du "wikinaute" rennais.<br />
<br />
L'idée est donc pour le moment de remplir la fiche, la compléter afin de la rendre la plus complète et pédagogique possible, tout en restant concise. <br />
<br />
N'hésitez pas à participer à sa rédaction, donner des nouvelles pistes, émettre des remarques. <br />
<br />
--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 2 février 2012 à 09:12 (CET)<br />
<br />
== Bloavezh mat ! ==<br />
<br />
Est-ce ici qu'on peut se souhaiter la bonne année ? Je décide que oui et j'envoie à tous un grand Bloavezh mat. Avec une pensée particulière pour Régis dont je viens de découvrir non pas qu'il s'en va mais qu'il rend le tablier qu'il a usé depuis un certain temps et donc aussi pour Julie qui le reprend, le tablier ! Et puis tous les autres contributeurs. [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] 1 janvier 2013 à 11:29 (CET)<br />
: Merci [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] et une très bonne année à tous les contributeurs.<br />
: --[[Utilisateur:Julie|Julie]] 8 janvier 2013 à 17:52 (CET)<br />
::Bloavezh mat d’an holl ! A galon, [[User:VIGNERON|Vigneron]] * [[User Talk:VIGNERON|<sup>discut.</sup>]] 18 janvier 2013 à 13:49 (CET)<br />
<br />
== De futurs grands contributeurs ==<br />
<br />
Nous découvrons ce jour, 5 mars 2013, les premières contributions de [[utilisateur:Etournel|nos plus jeunes contributeurs]], sur la commune de Cesson ! <br />
[[Le quartier de La Monniais : " Avant et maintenant "]].<br />
<br />
Bel avenir à eux dans le partage des connaissances et la découverte du patrimoine ! <br />
<br />
Félicitations à l'encadrement !<br />
<br />
[[Utilisateur:TigH|TigH]] 5 mars 2013 à 18:06 (CET)<br />
<br />
: Un travail sur deux jours qui donnera d'ici la fin de la semaine un article intéressant sur l'évolution d'un quartier de Cesson-Sévigné. Bravo à eux et aux animatrices! <br />
<br />
: D'autres projets devraient voir le jour avec Cesson-Sévigné, ce qui est une bonne chose car le Wiki-Rennes n'est pas très riche concernant cette commune de Rennes Métropole.<br />
<br />
--[[Utilisateur:Julie|Julie]] 5 mars 2013 à 20:40 (CET)<br />
<br />
== supprimer un article ==<br />
<br />
Un peu débutant sur ce wiki, j'ai créé un article au lieu d'une catégorie.<br />
J'ai ensuite créé la catégorie quand j'ai compris comment faire mais je n'arrive pas à supprimer l'article devenu inutile.<br />
Y a t-il un moyen ?<br />
Michel<br />
<br />
: Bonjour Michel,<br />
<br />
: En tant que contributeur, vous n'avez pas la possibilité de supprimer des articles. Merci donc d'avoir fait remonter l'information, je vais me charger de la suppression de cet article.<br />
<br />
: Cordialement,<br />
<br />
: --[[Utilisateur:Julie|Julie]] 22 avril 2013 à 09:27 (CEST)<br />
<br />
== Télégramme envoyé de Brest ==<br />
<br />
<br />
Bonjour les WikiRennais ! Il y a déjà quelque temps qu'a été signalée dans Wikipédia, la mise en ligne des archives du <u>Télégramme de Brest</u> jusqu'en 1945 (sauf erreur). Je n'ai pas le lien mais j'avais remarqué que le site avait l'air bien conçu et efficace.<br />
<br />
Bonnes recherches ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] 2 juin 2013 à 13:33 (CEST)<br />
<br />
== Rencontres à Rennes en octobre 2013 ==<br />
<br />
Bonjour à tous !<br />
<br />
Dans le cadre de [http://villes.bienscommuns.org/evenement/listItems?tri=byDpt&dpt=35 Rennes en Biens Communs] et du [https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Mois_de_la_contribution/2013 mois de la contribution sur Wikipédia], de nombreux évènements sont organisés à Rennes du 5 au 18 octobre. Notamment :<br />
* un atelier Wiki-Rennes le 7 octobre à midi à la Cantine Numérique avec Julie<br />
* un atelier découverte de Wikipédia le 11 octobre à midi à la Cantine Numérique, pour ceux qui veulent s'initier à l'encyclopédie<br />
* deux ateliers contributifs aux Archives de Rennes, pour améliorer ensemble des articles de Wikipédia (mais pourquoi pas de Wiki-Rennes aussi) sur l'histoire et le patrimoine de Rennes : les 9 et 16 octobre de 16h à 20h, sur inscription<br />
* une rencontre informelle de wikicontributeurs, pour papoter avec d'autres contributeurs à Wiki-Rennes, Wikipédia, OSM..., le 10 octobre au bar le Dahlia Noir<br />
La liste complète se trouve [http://villes.bienscommuns.org/evenement/listItems?tri=byDpt&dpt=35 ici]. N'hésite pas à passer nous voir !<br />
<br />
A bientôt [[Utilisateur:Auregann|--- &#91;&#91;Utilisateur:Auregann&#124;Auregann&#93;&#93;]] 26 septembre 2013 à 18:23 (CEST)<br />
<br />
== [[Liste des ducs de Bretagne]] ==<br />
<br />
Bonjour les Wiki-Rennais !<br />
<br />
Quand un wiki grossit, vient le temps de la suppression d'articles, n'est-ce-pas ?<br />
<br />
Il n'y a pas urgence, mais je propose de faire un sort à la [[Liste des ducs de Bretagne]] et aux pages liées comme [[Claude de France]]. Dans le cas contraire, il faudrait indiquer le rapport avec Rennes.<br />
<br />
[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 17 novembre 2013 à 09:17 (CET)<br />
<br />
: Heureusement qu'il n'y avait pas d'urgence, cette requête était passée à la trappe. Les articles n'étant pas en lien avec Rennes ont été supprimés.<br />
:--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 5 février 2014 à 14:30 (CET)<br />
<br />
<br />
== [[Maison du peuple]] ==<br />
<br />
En cours de travaux, un travail mémoriel sur la [[Maison du peuple]] a été engagé par la collectivité afin de valoriser le bâtiment et son histoire. <br />
<br />
Des documents d'archives vont probablement être mis à disposition par les Archives de Rennes. Par ailleurs le Wiki-rennes (indirectement ses contributeurs) a été sollicité pour participer à ce travail mémoriel à travers le témoignage d'habitants. <br />
<br />
Il y a-t-il des Wiki-Rennais intéressés pour témoigner ou connaissez-vous des personnes qui seraient en mesure de participer ?<br />
<br />
--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 5 février 2014 à 16:55 (CET)<br />
<br />
== Belles journées sur WikiRennes ==<br />
<br />
Quel plaisir un wiki quand ça tourne !<br />
<br />
Hier, j'entends parler sur France Bleu Armorique d'un café-concert à propos d'un spectacle du cercle de Cesson et j'écris [http://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Cabaret_L%27Alcazar_de_Rennes&oldid=29808 quelques mots] sans penser à plus...<br />
<br />
Le soir, même notre irremplaçable et très assidu [[User:Stephanus|Stephanus]] m'apprend que ce cabaret a déjà une histoire et qu'il en a déjà [http://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Cabaret_L%27Alcazar_de_Rennes&diff=29809&oldid=29808 parlé].<br />
<br />
Mais, ce n'est rien : le lendemain il décuple la substance de mon esquisse avec des données très intéressantes [http://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Cabaret_L%27Alcazar_de_Rennes&diff=29840&oldid=29813].<br />
<br />
Et surprise, j'y apprends que <u>ce café se trouvait [[rue du Champ Jacquet]] dans les serres du ''Petit Trianon'' dépendant de l'hôtel de Robien, </u> alors que je viens de lire l'ouvrage de Gauthier Aubert sur le président de Robien, sachant donc bien où et comment il est question de ce jardin et trianon.<br />
<br />
Le temps pour [[user:Julie|Julie]] de mettre avec diligence cet article dans les nouveautés, nous encourageant donc l'un et l'autre, et j'ouvre un article sur le [[jardin de l'hôtel de Robien|jardin qui mérite un article bien que disparu des lieux et des mémoires.]]<br />
<br />
Donc deux articles rapidement conçus à partir de quelques mots entendus et qui paraissent demander à être saisi au vol... eux-mêmes rapidement repris à travers d'autres directions...<br />
<br />
Merci de vos contributions ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 7 avril 2014 à 20:03 (CEST)<br />
<br />
== Comment supprimer des fichiers inutiles qu'on a importé ??? ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
J'ai importé des images trop grandes ou trop petites pour mon article, et je souhaiterai les supprimer de la banque d'image étant donné qu'elles ne peuvent pas servir... mais je n'y arrive pas.<br />
<br />
Si jamais une bonne âme pouvait m'expliquer la procédure, ce serait vraiment hyper sympa.<br />
<br />
D'avance merci.<br />
<br />
Babelle<br />
:Bonjour Babelle. Habituellement sur les wikis, on ne peut pas supprimer des fichiers sans droit particulier. Ici, il faut écrire à l'animateur, donc à [[Utilisateur:Julie|Julie]] et lui donner le nom du fichier à effacer. Il y a aussi [[WikiRennes:Requêtes aux administrateurs|Requêtes aux administrateurs]] qui n'est pas utilisé.<br />
:Je pense que Julie saura ce que tu veux et le fera à son retour. Je lui signale au passage le fichier [[Famine en1662]] que j'ai renommé ces jours-ci. Merci !<br />
:Bonnes contributions et bon été !<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 17 juillet 2014 à 13:50 (CEST)<br />
<br />
::Bonjour [[Utilisateur:Babelle|Babelle]],<br />
<br />
::Et merci [[Utilisateur:TigH|TigH]], c'est tout à fait cela, si un contributeur souhaite supprimer un article ou un média il faut passer par l'animateur. Donc si vous souhaitez que je supprime un élément, indiquez-moi le nom du fichier et ce sera fait. Cependant s'il s'agit juste d'un problème de taille de l'image, il est possible de la [[Aide:Insérer une image|redimensionner]] lorsqu'elle est insérée dans l'article.<br />
::Si besoin, n'hésitez pas.<br />
:: À bientôt<br />
::--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 29 juillet 2014 à 14:21 (CEST)<br />
<br />
Désolé d'apprendre votre départ de Wiki Rennes. Je vous y avais apprécié votre gentillesse et votre sérieux.<br />
<br />
Mes meilleurs sofhaits pour vos activités à venir<br />
<br />
Stephanus<br />
<br />
== Nouvel animateur pour le Wiki-Rennes Métropole ==<br />
<br />
Bonjour à tous,<br />
<br />
Je suis le nouvel animateur pour ce Wiki, récemment arrivé à l'[[Association Bug]] en remplacement de [[Utilisateur:Julie|Julie]].<br />
<br />
Je vous propose une rencontre afin de faire le point avec vous sur le projet. <br />
<br />
Par ailleurs, je vous informe de la reprise des ateliers Wiki-Rennes qui se dérouleront désormais à la Maison des Associations tous les mercredis de 14H30 à 17H30 au Quantic Café à partir du mercredi 6 mai 2015 et auxquels vous pouvez bien évidemment participer.<br />
<br />
Dans l'attente de vos retours pour une prochaine rencontre contributeurs/animateur.<br />
<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 22 avril 2015 à 16:31 (CEST)<br />
:Bienvenue Naufalle ! On commençait à se sentir un peu seuls sur le wiki, sans parler des plantages du serveur ces jours derniers. Je suis rassuré de savoir que quelqu'un va suivre maintenant ce qui se passe, même s'il n'y a pas une grosse activité.<br />
:Pour une rencontre, pourquoi pas, mais les contributeurs actifs sont rares, je ne sais même pas si j'en suis encore un^^. Un mercredi en fin d'atelier ?<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 22 avril 2015 à 18:51 (CEST)<br />
::Pourquoi pas un mercredi en fin d'atelier effectivement.<br />
::[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 23 avril 2015 à 15:49 (CEST)<br />
<br />
== Extensions Wiki Rennes? ==<br />
<br />
Bonjour à tous,<br />
[[Utilisateur:Seb35|Seb35]] nous propose l'installation d'extensions désormais disponibles sur Wikipédia ([http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:VisualEditor Éditeur visuel], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:MultimediaViewer visionneuse de photos], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:UploadWizard Upload Wizard], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:InputBox Input Box], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:Thanks Thanks]). <br />
<br />
Cela permettrait de faire évoluer l'outil et peut-être d'y faire venir de nouveaux contributeurs. Qu'en pensez-vous? <br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 23 avril 2015 à 15:47 (CEST)<br />
:Seul l'éditeur visuel me paraît utile pour le moment. Il ne faudrait pas qu'un Wikipédien habitué à cet outil soit rebuté en passant par ici. Le reste ne sera pas utilisé. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 25 avril 2015 à 13:53 (CEST)<br />
::Bien noté! Merci [[Utilisateur:TigH|TigH]], nous ne mettrons en ligne que l'éditeur visuel pour commencer [[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) .<br />
:::Je détaille un peu le raisonnement derrière chacune des propositions, puisque c’est issu d’une discussion que j’ai eue avec Naufalle :<br />
:::* Éditeur visuel : bien sûr pour faciliter la prise en main par les nouveaux, en particulier des personnes âgées<br />
:::* Visionneuse de photos : pour pouvoir faire des diaporamas de lieux de Rennes (plus que pour l’affichage des photos d’une page)<br />
:::* UploadWizard : il semble qu’il y ait une communauté de photographes assez importante sur Rennes et l’UploadWizard aide en particulier à importer plusieurs photos en même temps<br />
:::* InputBox : pour ajouter un champ 'Créer une page' sur la page d’accueil ou dans d’autres endroits (actuellement, il y a une telle fonctionnalité dans les catégories, c’est vrai que ça peut faire un peu doublon)<br />
:::* Thanks : comme sur Wikipédia ou ailleurs, pour reçevoir des remerciements<br />
:::* MobileFrontend : ça n’avait pas été marqué, mais ça permettrait de rendre Wiki-Rennes plus facilement utilisable sur smartphone<br />
:::[[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 5 mai 2015 à 15:51 (CEST)<br />
<br />
=== Maintenance de Wiki-Rennes ===<br />
<br />
Je vais m’occuper jeudi de faire la mise à jour de Wiki Rennes Métropole et résolution de divers petits problèmes techniques, d’où la question ci-dessous sur les extensions à installer. Je prévoie de faire les tâches ci-dessous, n’hésitez pas à dire vous voulez des extensions spécifiques ou si vous avez des problèmes techniques sur Wiki-Rennes, j’essaierai de résoudre les petits problèmes (ou plus importants).<br />
<br />
* mise à jour du serveur à Ubuntu 14.04<br />
* mise à jour de MediaWiki à la version 1.23 (version supportée jusqu’en mai 2017)<br />
* installation de l’éditeur visuel et de l’extension Mobile<span style="color:red">*</span><br />
* mise à jour des extensions installées<br />
* installation mais non-activation de UploadWizard, InputBox, MediaViewer, etc<span style="color:red">*</span><br />
* divers réglages (augmenter la taille possible des imports, etc<span style="color:red">*</span>)<br />
* résolution de problèmes divers des extensions voire du wikitexte plutôt technique<span style="color:red">*</span><br />
* amélioration de la vitesse de chargement<br />
<br />
<span style="color:red">*</span> ça convient ? sinon ça peut être ajusté, et n’hésitez pas à lister ci-dessous des problèmes techniques.<br />
<br />
~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 5 mai 2015 à 16:01 (CEST)<br />
<br />
Bonjour - c'est gentil de nous demander notre avis.<br />
<br />
Je ne change pas d'avis justement, mais je vote pour les deux que tu nous proposes cette fois : Thanks et Mobile. Par ailleurs, tu parles de chargement multiple de photos, mais vu la taille un peu décourageante de ce qu'on peut charger à l'unité, ça ne rime à rien. Bon, ça m'est égal moi, parce que j'aimerais comprendre ou savoir c'est ce qui limite la taille. WikiRennes c'est pas Commons, en matière de puissance, mais encore...<br />
<br />
Bonnes mises à jour ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 5 mai 2015 à 17:47 (CEST)<br />
: Hello, je suis pas sûr de comprendre : éditeur visuel et Mobile, ça te convient ? ou Thanks et Mobile ?<br />
: Je précise pour la ligne "installation mais non-activation" : je les installe et il n’y aura plus qu’à les activer si jamais ça intéresse la communauté de les avoir<br />
: Sur la taille des versements, c’est actuellement à 2 Mo, j’augmenterai à disons 20 Mo, ça permettra d’importer les photos en haute résolution. J’avais discuté un peu avec Naufalle entre importer des photos en local ou sur Commons, et en théorie l’import sur Commons est préférable, mais ça peut compliquer le process pour les non-Wikimédiens (qui n’ont pas de compte et/ou pas l’habitude d’importer sur Commons). Après, c’est aussi une question de présentation : mettre ou non un gros lien "Importez vos photos sur Commons", ça c’est surtout à la communauté de décider.<br />
: [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 6 mai 2015 à 18:01 (CEST)<br />
:: PS : '''il se peut que Wiki-Rennes ne soit pas disponible par moments demain après-midi''', je vais essayer que ça n’arrive pas mais je préfère prévenir au cas où. Cette mise à jour devrait contribuer à améliorer la stabilité sur le long terme. [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 6 mai 2015 à 18:08 (CEST)<br />
:::EV + Thanks + Mobile. Merci !<br />
:::'''2 Mo''' non ça serait le rêve et je crois que c'est suffisant. En tout cas quand tu me parles de 20 Mo j'hallucine. Regarde mon dernier import, j'ai du tout raboter pour passer en-dessous de 200 ko !!! (mettons 300 ko max, je n'ai plus le chiffre en tête). C'est pourquoi je parle de ''décourageant''. Oui, ça a été longtemps '''2 Mo''', mais je n'ai pas rêvé. En tout cas, tu parais me rassurer on a de la marge...<br />
::::Dis Seb tant que je te tiens ! A la pause, tu ne veux pas jeter un oeil sur le wiki installé par Bug pour je ne sais quelle ville hors Bretagne, Nozay ou quelque chose de ce genre ? et qui, abandonné, est entièrement pourri par les robots spammeurs. Pourrais-tu y écraser ces sales bêtes ? Il y a plus d'un an que j'y suis passé, les choses ont pu bouger depuis...<br />
::::Merci de tes bons soins. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 6 mai 2015 à 18:39 (CEST)<br />
::::: Ok pour ces trois extensions.<br />
::::: Sur la taille, vu ce que tu me dis, vu les tailles des photos sur Commons (pour simplifier, sur un échantillon rapide, soit 300 Ko soit 2-5 Mo) et vu la taille disponible actuellement sur le serveur (7 Go occupés, 1 Go libre), je met à la limite à 5 Mo pour ne pas permettre de gaspiller de l’espace avec des photos trop grosses, mais pour ne pas avoir besoin de rogner des photos qui ont une bonne qualité intrinsèque.<br />
::::: Je suis pas au courant d’un wiki à Nozay ou vers le sud de l’Ille-et-Vilaine, je vois sur la liste de [http://www.wiki-brest.net/index.php/Wikis_de_territoires Wiki-Brest] qu’il y a un wiki à Saint-Herblain, mais tu parles peut-être de Wiki Armor (j’avais déjà vu qu’il y avait du spam, je vois que ça continue un peu). (Si tu connais un wiki qui n’est pas inscrit sur cette liste, tu peux le rajouter ; à ma connaissance, c’est la liste la plus à jour des wikis territoriaux.)<br />
::::: [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 7 mai 2015 à 09:30 (CEST)<br />
::::::5 Mo - Wouah ! Mais il ne reste qu'un Go ! Comme j'en avais parlé un moment avec Nicolas, il y a une foule de photos, principalement de rues banales de Rennes, qui ne méritent que d'illustrer des articles de rue ici sans les mettre sur Commons où on pourrait en mettre un million rien que pour la France alors que leur intérêt est quasi-nul. Effectivement, il n'y a pas besoin de plus de 2 Mo pour cela.<br />
::::::Concernant le wiki, c'était Niort ! Et je le retrouve propre et actif, au-lieu d'entièrement spammé. C'est Julie, ex-animatrice, qui m'en avait parlé à propos d'autre chose, et comme mis en place par Bug (mais je n'en retrouve pas mention).<br />
::::::Tout va bien donc et merci ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 7 mai 2015 à 18:02 (CEST)<br />
::::::: Je n’ai pas eu le temps de mettre en ligne la mise à jour hier, mais ça sera fait lundi. En fait, j’ai tout installé, fait la mise à jour et résolu plusieurs problèmes, mais tout se trouve sur un nouveau serveur, et la bascule entre les deux serveurs ne dépend pas de moi (et vu que j’ai fini hier à 19h, ça n’était pas trop possible à ce moment-là).<br />
::::::: Sinon l’espace disque n’est pas vraiment un problème, ça n’est pas très cher et on peut en rajouter quand on n’en a plus ; le nouveau serveur a désormais 5 Go libres. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 8 mai 2015 à 11:47 (CEST)<br />
::::::::Merci alors pour ce coup de neuf hard et soft ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 8 mai 2015 à 23:32 (CEST)<br />
<br />
Comme vous avez pu le voir, j’avais mis le wiki en lecture seule depuis hier midi. J’espérais que la bascule (changement de l’adresse IP donnée par le DNS) pourrait être faite rapidement (ça n’est pas moi qui suis en charge de ça), mais vu que ça dure et que je ne sais pas quand cela aura lieu, je ré-autorise la contribution sur cet ancien serveur. Lorsque la bascule sera faite, il faudra attendre que je fasse la synchronisation entre les bases de données, ce qui est l’affaire de quelques minutes. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 12 mai 2015 à 16:45 (CEST)<br />
:Bonjour - non je n'avais rien vu. Fais au plus simple pour toi, les pannes "prévues" sont beaucoup moins désagréables que les pannes imprévues et dont on ignore tout, cause, durée, etc.<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 12 mai 2015 à 18:01 (CEST)<br />
<br />
=== Nouvelle version ===<br />
<br />
Nous avons dorénavant une nouvelle version du logiciel (MediaWiki) sur un nouveau serveur plus à jour que le précédent.<br />
<br />
À première vue, il y a peu de différences, mais on peut tout de même remarquer :<br />
* '''l’éditeur visuel''' : le bouton 'Modifier' permet désormais de modifier avec une interface type traitement de texte ; il est toujours possible d’utiliser le wikitexte avec le bouton 'Modifier le wikicode' ; si vous n’aimez pas l’éditeur visuel, il est possible de le désactiver dans [[Special:Preferences|vos préférences]] (onglet Modification, cadre Éditeur, avant-dernière option "Activer l’ÉditeurVisuel")<br />
* '''l’interface mobile''' : lorsqu’on consulte Wiki-Rennes sur un smartphone, une interface différente est activée, plus adaptée à ce support.<br />
<br />
~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 20 mai 2015 à 17:24 (CEST)<br />
: Présentement, il y a un petit bug qui fait que l’éditeur visuel ne se ferme pas après enregistrement, mais l’enregistrement a bien lieu. J’essaye de corriger ça sous quelques jours. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 21 mai 2015 à 17:50 (CEST)<br />
<br />
=== Encore une nouvelle version ===<br />
<br />
Je vais faire une petite mise à jour de MediaWiki cette semaine (version 1.25), ce qui aura notamment pour effet de corriger le bug de l’éditeur visuel et de le rendre beaucoup plus rapide. Normalement, cette mise à jour devrait être globalement transparente. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 7 septembre 2015 à 10:03 (CEST)<br />
:Voilà, c’est fait. Désolé pour le temps que ça a pris, mais c’est fait, et je viens de parcourir un certain nombre de pages, il ne semble pas y avoir de problème et l’éditeur visuel fonctionne correctement (avec Firefox et Chromium). Toutefois je rencontre encore des petits problèmes avec l’éditeur visuel où j’ai du mal à sélectionner le cadre pour inscrire un résumé de modif (avec Chromium) et l’éditeur visuel ne se charge pas avec Opera 12 (mon navigateur par défaut, utilisé par 0,1% des internautes en moyenne, donc ce n’est pas trop embêtant), et j’ai désactivé l’extension permettant de lire les MP3, elle n’est pas mise à jour depuis plusieurs années et a des problèmes de sécurité. Je chercherai une extension équivalent pour lire les MP3 et surveillerai l’évolution de l’éditeur visuel, en espérant que les problèmes rencontrés soient corrigés, à moins que ça ne soit une incompatibilité avec l’habillage de Wiki-Rennes, ce qui est possible aussi. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 22 septembre 2015 à 12:56 (CEST)<br />
<br />
== Marcel brossier // Butte de la maltière ==<br />
<br />
Bonjour<br />
<br />
tout nouvel adhérent à ce wiki rennes, j'espere que c'est bien dans cette rubrique que ma demande doit s'inscrire.<br />
Bref, en recherchant des infos sur Marcel Brossier (mort fusillé à la maltière), je n'arrive pas à retrouver au moins une photo de lui (en existe il vraiment) et je tente de savoir où a-t-il ete enterré sinon ou se trouve actuellement sa tombe.<br />
<br />
Avez vous des infos sur ces deux points ?<br />
Merci<br />
::Bonjour vous êtes sur le bon espace pour discuter avec les autres utilisateurs de Wiki Rennes.<br />
::Pour votre question, je vous suggère de consulter la "référence historique" de ce wiki [[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]].<br />
::Plus d'infos sur l'utilisation de ce wiki ci-dessous, par ailleurs une permanence se tient tous les mercredis au café de la Maison des Associations à partir de 14H.<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 26 mai 2015 à 14:27 (CEST)<br />
<br />
<br />
{{Bienvenue}}<br />
<br />
== rue Jeanne Malivel ==<br />
<br />
petite nièce de Jeanne Malivel, j'ai lu votre article et je souhaite apporter des modifications, en particulier sur son féminisme et sur votre appréciation de Jeanne Coroller , "autonomiste et future collaboratrice". Jeanne Malivel n'a jamais été autonomiste, elle l'a clairement écrit dans ses courriers. Elle n'a pas pu être collaboratrice étant décédée avant 39-45. Le texte peut laisser supposer des alliances malsaines. Des écrits semblables ont créé un violent débat St Herblain où une rue a également son nom. Je souhaite donc vivement que ce texte soit modifié. Un texte parfait sur Wikipédia a été fait par un historien et validé par la famille. Vous pouvez le consulter.<br />
espérant une réponse de votre part.<br />
:Bonjour,<br />
:Le principe des wikis tels que WikiRennes étant que chacun apporte les améliorations qui lui semblent opportunes, tout en discutant si cette opinion n'est pas partagée, je vous propose de corriger vous-même ce qui est inexact dans cet article. De toute façon, c'est un article sur la rue et non d'abord sur celle qu'elle honore, les grandes lignes suffisent. Il serait bon aussi de garder une trace de cette doléance dans la page de discussion de l'article à toutes fins utiles.<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 24 juin 2015 à 18:05 (CEST)<br />
<br />
Auteur de la modification de l'article sur Jeanne Malivel, en vue d'apporter l'illustration d'un bois gravé réalisé par elle pour l'histoire de ma Bretagne, par Jeanne Coroller, il ne me semble pas qu'un lecteur puisse déduire du texte qu'en collaborant artistiquement avec cette auteure, Jeanne Malivel est présentée elle-même comme une autonomiste et évidemment pas une collaborationniste puisqu'elle est décédée bien avant l'époque de l'occupation allemande. Jeanne Malivel, artiste, comme les autres Seiz Breur, avait bien le droit d'exprimer une sensibilité et une culture bretonnes sans que, comme on l'a malheureusement, à l'issue de la guerre, on l' assimilât ainsi que ces artistes aux indépendantistes et collaborationnistes du Bezen Perrot, qui ont lutté contre les résistants bretons et qui ont été pourtant cinquante fois moins nombreux que les vrais résistants bretons - et en ne tenant pas compte deceux de la 25e heure.<br />
<br />
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] ([[Discussion utilisateur:Stephanus|discussion]]) 24 juin 2015 à 20:20 (CEST)<br />
:Bonjour Stephanus, une fois précisé que je n'ai pas vu l'article, j'ajoute que c'est bien pourquoi je propose une modification par l'intéressé. Je suppose qu'il s'agit de la façon de présenter ou de décrire les choses, et qu'il suffit de quelque chose qui peut s'apparenter de votre point de vue à une retouche de la rédaction, l'accord sur le fonds étant fort probable. Ceci n'interdit pas bien évidemment, toute "retouche" complémentaire. C'est le principe comme la pratique. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 24 juin 2015 à 20:43 (CEST)<br />
<br />
=="Erreur fatale"==<br />
<br />
Qui c'est qui sait c'que c'est que "erreur fatale" (j'en tremble) et notamment ce qu'est la "MW Exception" ? [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] ([[Discussion utilisateur:JCLF|discussion]]) 14 octobre 2015 à 12:07 (CEST)<br />
:Je ne peux pas affirmer que ça provenait de cela, mais jusqu’à récemment Wiki-Rennes n’avait presque plus de place pour stocker certaines données (la base de données plus spécifiquement) et il est possible que ça ait provoqué ce genre d’erreur ou d’autres erreurs intermittentes. Ça ne devrait plus se reproduire, la base de données ayant été déplacée vers un endroit du serveur plus spacieux :-) ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 21 octobre 2015 à 17:41 (CEST)<br />
<br />
== Maintenance technique et questions techniques ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
Après la grosse intervention technique que j’avais faite en mai, je vais faire des petites interventions pour anticiper les problèmes, réparer des petites choses cassées, répondre aux questions techniques, installer si besoin de nouvelles fonctionnalités… Il a été convenu avec Naufalle et l’association Bug que j’y consacrerai une journée par mois d’ici la fin de l’année (je suis rémunéré pour cela), et on verra ensuite si le rythme convient.<br />
<br />
Pour assurer le suivi, je tiendrai à jour la page [[WikiRennes:Technique]]. Si vous avez des questions ou des problèmes techniques, n’hésitez pas à m’en faire part [[Discussion WikiRennes:Technique|sur la page de discussion]], j’essaierai d’y répondre assez rapidement. J’ai fait une première journée le 16 octobre dernier où j’ai fait de la maintenance de fond (mises à jour, nettoyage du serveur, [[WikiRennes:Technique#16 octobre 2015|etc.]]), les deux prochaines fois sont le 16 de chaque mois. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 21 octobre 2015 à 18:05 (CEST)<br />
:On est le 16 novembre, je travaille donc aujourd’hui sur la [[WikiRennes:Technique|maintenance]] de Wiki-Rennes. Normalement je ne vais rien casser, mais je préviens, on ne sais jamais :) Je vais aujourd’hui mettre à jour l’habillage de Wiki-Rennes pour le faire évoluer comme son habillage parent Monobook (donc pas de changement graphique, juste technique) et installer l’outil de statistiques [https://piwik.org Piwik] pour connaître la fréquentation de Wiki-Rennes – je donne les clés à [[Utilisateur:Naufalle|Naufalle]], vous pourrez lui en parler si vous voulez voir les stats. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 16 novembre 2015 à 09:31 (CET)<br />
<br />
== Nouveaux outils à développer? ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
De nouveaux outils open source ont été créés et pourraient peut-être trouver leur place sur ce Wiki.<br />
<br />
Je pense à "StoryMap JS" (https://timeline.knightlab.com/) qui permet de rendre compte d'une histoire en se basant sur la localisation des événements.<br />
<br />
Ou encore à "Juxtapose JS" (https://juxtapose.knightlab.com/), un outil qui permet entre autres à comparer deux images prises à des époques différentes.<br />
<br />
Le travail réalisé par [[Utilisateur:Vesy|Vesy]] d'import de cartes postales anciennes pourrait être valorisé via ce deuxième outil en les juxtaposant avec des prises de vues récentes.<br />
<br />
Ma question aux administrateurs, est-il possible d'intégrer ces outils? Il s'agit de bibliothèques Javascript d'un point de vue technique...<br />
<br />
Si oui, pourrait-on les mettre en place lors d'une mise à jour?<br />
<br />
Merci! [[Utilisateur:Manu35|Manu35]] ([[Discussion utilisateur:Manu35|discussion]]) 24 novembre 2016 à 16:09 (CEST)<br />
<br />
:Bonjour - Il me semble que les améliorations ne peuvent venir que d'une extension du logiciel MediaWiki. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 24 novembre 2016 à 20:43 (CET)<br />
<br />
::Bonjour, je me charge de vérifier la compatibilité de ces modules avec la version de Media Wiki utilisée pour Wiki Rennes. [[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
:::Merci pour votre retour! ;) [[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
::::@Naufalle Al Wahab: avez-vous pu jeter un coup d’œil sur les possibilités de mise à jour? [[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
== Wiki-Rennes aux journées du Patrimoine ==<br />
<br />
Bonjour à tous,<br />
Wiki-Rennes est invité aux journées du patrimoine ce week-end (les 16 et 17 septembre) pour y tenir un stand aux côtés des wikipédiens afin de présenter le wiki.<br />
Je souhaitais proposer à tous les contributeurs actifs de passer afin de parler de l'outil du point de vue utilisateur/contributeur. Certains d'entre vous seraient-ils intéressés et disponibles?<br><br />
--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
:Bonjour, très belle idée que d'exposer au plus grand nombre le wiki. Une plaquette avec le programme est-elle en ligne? Où se passera cette rencontre? Et à quelle heure?<br />
:Merci!<br />
:--[[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
::Merci de votre réponse, toutes mes excuses j'ai oublié de préciser le lieu et les horaires : cela se passe aux Champs Libres de 14H à 18H30 les 2 jours. Si vous souhaitez y participer je vous propose de m'envoyer un mail (naufalle.alwahab@asso-bug.org) avec votre nom complet pour que les Champs Libres vous fassent un badge.<br />
<br />
::Merci!<br />
::--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
:::Bonjour, malheureusement je ne pourrai pas être disponible à ces horaires. Merci pour l'invitation.<br />
:::--[[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
<br />
==Wiki-Rennes loves monuments?==<br />
Bonjour à tous, <br />
Que penseriez-vous de l'opportunité de reprendre sur Wiki-Rennes les opérations Wikipédia? Il y a par exemple sur Wikipédia en ce moment l’opération "Wiki loves monuments" et l'idée serait de reprendre la même chose sur Wiki-Rennes avec un bandeau en haut de page comme ici : [https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal Accueil Wikipédia] <br />
Je pensais donc mettre le bandeau sur Wiki-Rennes sauf objection de l'un d'entre vous.<br />
Belle journée à tous <br><br />
--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
:Bonjour Naufalle,<br />
:A l'heure qu'il est je ne vois pas de bandeau, mais je le connais.<br />
:A la réflexion, je ne vois pas d'inconvénient, mais sur Wikipédia je trouve que ces bandeaux sont plus une gêne qu'autre chose. Tu peux tenter l'expérience, mais je suggère par préférence de faire la promotion de tes propres attentes ou intentions (Rennes Métropole), ou des initiatives comme Baud-Chardonnet ''pendant leur préparation et réalisation''. On pourrait aussi bien imaginer de mettre en avant une ou deux communes pendant un mois ou deux, successivement.<br />
:Cordialement.<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 19 septembre 2017 à 17:34 (CEST)<br />
::Le bandeau n'est pas encore en place, j'ai crée un exemple de bandeau qui pourrait être mis en place :<br />
{{Utilisateur:VIGNERON/WLM}}<br />
::Si le principe du bandeau plaît, il pourrait effectivement être utiliser pour d'autres actions (j'aime bien l'idée de mettre en avant des articles ou des thématiques).<br />
::Cdlt, [[Utilisateur:VIGNERON|VIGNERON]] ([[Discussion utilisateur:VIGNERON|discussion]]) 20 septembre 2017 à 11:03 (CEST)<br />
<br />
==CAPTCHA ??==<br />
<br />
C'est quoi « CAPTCHA incorrect ou absent » ? Quelqu'un peut-il m'éclairer ? [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] ([[Discussion utilisateur:JCLF|discussion]]) 28 septembre 2017 à 18:57 (CEST)<br />
<br />
:Bonjour Le CAPTCHA est le code à rentrer pour prouver que vous n'êtes pas un robot. Il est souvent demandé pour se connecter à Wiki-Rennes. Avez-vous essayé de vous connecter à partir d'un autre appareil que celui utilisé habituellement?<br />
--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
== Nouvelle version à venir ==<br />
<br />
Je ferai une mise à jour de MediaWiki dans 10 jours, vers la version 1.31, bien sûr s’il n’y a pas d’opposition majeure à cela. On sera alors quasiment à la même version que Wikipédia. Quoiqu’il y ait beaucoup d’améliorations sur des détails, voici quelques points majeurs :<br />
* Forte amélioration de l’éditeur visuel, plus rapide notamment<br />
* Diff visuel avant enregistrement : afin de visualiser facilement en mode WYSIWYG avant d’enregistrer<br />
* Mode « slideshow » et d’autres nouvelles présentations pour les galeries d’images ([[:mediawikiwiki:Help:Images#Mode parameter|exemples]])<br />
* Uniformisation des styles de l’interface<br />
<br />
Dans les extensions possiblement à ajouter, je proposerais bien TemplateData afin que les modèles soient plus facilement utilisables avec l’éditeur visuel, notamment en affichant une description et la liste des paramètres (noter que cela demande toutefois du travail de documentation des modèles, ça peut se faire à l’aide d’un éditeur) - par exemple, [https://www.mediawiki.org/wiki/Project:Sandbox?veaction=edit&uselang=fr modifier le bac à sable sur MediaWiki.org] et ajouter le modèle "Localized link" avec le menu Insérer > Modèle > Entrer "Localized link" (=lien traduit).<br />
<br />
Si vous avez des remarques, n’hésitez pas et notamment si vous être intéressé par TemplateData (et si certaines demandes engendrent trop de travail j’en discuterai avec Naufalle).<br /><br />
~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]], pour Wiki Valley, 3 octobre 2018 à 17:16 (CEST)<br />
<br />
:Super! Donc ce sera une bascule vers la version 1.31. Mais quelle est la version actuelle?<br />
:Merci!<br />
<br />
:[[Utilisateur:Manu35|Manu35]] 5 octobre 2018 à 14:21 (CEST)<br />
::La version actuelle est la 1.25, qui a maintenant environ 3 ans. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 9 octobre 2018 à 11:31 (CEST)<br />
:::La nouvelle version 1.31 a été déployée jeudi 24 janvier. Nous avons vérifié avant le déploiement que les syntaxes spéciales fonctionnaient bien, mais si vous constatez des dysfonctionnements sur certaines pages n’hésitez pas à en parler à [[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle]] ou dans cette section du Bistro.<br />
:::En plus des améliorations mentionnées plus haut, les cartes refonctionnent et acceptent même directement les adresses (voir le code dans [[Allée Louis Hémon]]). Le problème sur les cartes était dû à Google qui fait payer désormais Google Maps, mais ça a été l’occasion de passer sur OpenStreetMap, ce qui est préférable par ailleurs.<br />
:::~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 28 janvier 2019 à 10:06 (CET)<br />
<br />
== Partenariat Musée de Bretagne ==<br />
<br />
Bonjour à tous, Wiki-Rennes est désormais partenaire du Musée de Bretagne. L'idée est de pouvoir valoriser les collections en ligne du Musée (en rapport avec Rennes et sa métropole) sur le wiki. Le Musée de Bretagne a mis en ligne ses collections sur le portail : [http://www.collections.musee-bretagne.fr/ Collections en ligne]. Un premier rendez-vous est prévu demain (mardi 9 octobre) au centre de documentation du musée de 14H à 18H et ce rendez-vous est ouvert à tous les contributeurs, curieux, historiens... <br />
Je serai présent pour ce premier rendez-vous avec un ordinateur pour contribuer.<br />
A demain pour ceux qui peuvent être présents.<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
== Infobox ==<br />
<br />
Bonjour,<br /><br />
pour mettre à jour la page de ma commune et créer la page sur l'aéroclub de Rennes Ille-et-Vilaine, j'ai créé deux infobox qui sont utilisables dans les pages techniques suivantes :<br />
* [[Modèle:Infobox ville|Modèle:Infobox_ville]]<br />
* [[Modèle:Infobox-générique]]<br />
Ces infobox sont écrites en CSS et ne nécessitent aucune extension dans le wiki. Je peux les adapter (gratuitement) sur demande.<br /><br />
<center><br />
--[[Utilisateur:pacha35|pacha35]] ([[Discussion utilisateur:pacha35|discussion]]) 9 janvier 2019 à 23h15 (CET)<br />
</center><br />
<br />
== Affichage des images en grand ==<br />
<br />
[[Fichier:Zoom 01.jpg|thumb|Extension FancyBoxThumbs]][[File:Screenshot of MultimediaViewer extension 2014-04-21.png|thumb|Extension MediaViewer]]<br />
[[Utilisateur:Pacha35|Pacha35]] propose d’installer l’extension [[:mediawikiwiki:Extension:FancyBoxThumbs|FancyBoxThumbs]] permettant d’afficher en grand les images tout en restant sur la page (au contraire de maintenant où on est redirigé vers la page de l’image). Dans le domaine, il y a également l’extension [[:mediawikiwiki:Extension:MediaViewer|MediaViewer]] utilisée par Wikipédia et qui ouvre en plein écran l’image.<br />
<br />
Techniquement, l’une ou l’autre peut ête installée. Des opinions/préférences ? ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 30 janvier 2019 à 15:36 (CET)<br />
<br />
PS : la proposition originale est sur la [[Discussion utilisateur:TigH#zoom sur image|page de TigH]] qui m’a [[Discussion utilisateur:Seb35#Extension image ?|transmis la question]]. Aussi, ping [[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]].<br />
<br />
Personnellement je suis pour si les contributeurs n'y voient pas d'inconvénient, c'est plus logique en terme d'ergonomie.<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
Je ne connais pas MediaViewer, un point intéressant de FancyBoxThumbs est que l’image ne prend que la taille maxi de l’originale et qu’on a accès au fichier qui la contient en cliquant sur «More info» en dessous de l’image «zoomée».<br><br />
[[Utilisateur:Pacha35|Pacha35]] ([[Discussion utilisateur:Pacha35|discussion]]) 30 janvier 2019 à 19:27 (CET)<br />
<br />
Un avantage à FancyBoxThumbs, l'image en plein écran n'est pas utile je pense, et en plus pas forcément pratique sur smartphone.<br />
[[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
== Liste des Chroniques vezinoises ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
A la suite de ma dernière intervention, un ajout dans le N°5 des chroniques en question, j'ai fait disparaitre bien involontairement de la liste cette chronique.<br />
Un grand merci à qui réparera l'erreur... peut-être Stèph !!!<br />
Cordialement<br />
Albert René<br />
<br />
== Liste des Chroniques vezinoises ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
Concerne les chroniques vezinoises. Vezin le Coquet<br />
<br />
En page d'accueil, dans l'énumération des chroniques, la N°5 n'y figure plus, même si elle demeure présente dans la succession interne.<br />
Comment faire pour réparer ''le mal''. <br />
<br />
Merci de votre aide <br />
<br />
Albert</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B007&diff=72885Chronique vezinoise sous l'occupation n°072021-06-27T18:13:15Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
<br />
'''Souvenirs d’un enfant'''<br />
<br />
<br />
== Comme l’occupant, les parasites nous occupent ==<br />
<br />
<br />
'''''Notre devise: hygiène et propreté'''''<br />
<br />
<br />
Le matin, nous les enfants Gilmet, sortons de chez nous, propres comme des sous neufs: Soit pour nous rendre à l’école ou à la rencontre de jeux qui se déroulent parfois dans la cour située entre la maison de chez Trincart et le mur qui occulte la propriété de chez Touffet. Sont souvent présents, les deux Jeanine, Gaby, Guy, Alphonse et moi. Georges est trop grand pour participer à nos jeux de filles. Il préfère, quand la saison s’y prête, aller avec Gaston Pitois ramasser des châtaignes pour les revendre afin de se faire quelques ''pratiques.''<br />
<br />
Bien longtemps après la guerre, madame Trincart, à l’occasion d’une visite que nous lui rendions, nous rappelle combien elle aimait ma mère qui faisait, disait-elle, son admiration par son courage, sa volonté de bien tenir sa maisonnée et travailler à la fois à l’extérieur pour récolter quelques ressources supplémentaires. Nous sommes toujours bien propres le matin, à l’image de son intérieur toujours bien astiqué. Le soir, pour nous, c’est une autre affaire.<br />
<br />
Souvent les gens du Nord ont pour devise ''hygiène et propreté'', c’est en tout cas celle de ma mère. Cette devise qui, mise en application, fait parfois le désespoir de notre propriétaire. Dans l’esprit de ma mère tout doit être lavé et désinfecté chaque semaine dans la maison. Madame Bigot n’a pas le même point de vue, elle reproche les lavages du plancher trop fréquents, à grande eau fortement javellisée qui font, dit-elle : ''« pourrir le plancher ».''<br />
<br />
'''''Les parasites sont partout'''''<br />
<br />
Les parasites tels que punaises, cafards, poux sont par excellence des compagnons de misère qui prolifèrent particulièrement en temps de guerre. Peut-être à cause des pénuries et de la promiscuité de vie qu’elle impose. Je dis compagnons, en effet ces petites bêtes sont très attachées à nous. Lorsqu’elles s’installent, elles ne nous quittent pour ainsi dire plus.<br />
<br />
À leur base et à une hauteur d’un mètre, les murs de la pièce que nous occupons sont garnis de lambris et les lambris garnis de punaises. Entre la boiserie et le mur, grouillent des colonies de ces infectes et horribles bestioles puantes qui, écrasées, exhalent une odeur nauséabonde. Les matins nous nous réveillons souvent pleins de morsures qui démangent, car c’est la nuit que se manifeste cette engeance. Mon père essaie différents produits pour les éradiquer. En désespoir de cause il injecte de l'alcali à travers chaque interstice de la paroi de bois. Il semble que cette solution paraisse être la meilleure, toutefois la durée d’efficacité du produit n’est malheureusement que provisoire. Les sujets sont calmés pour un temps, ils reviennent rapidement au galop. On les entend ''sentir'' de loin.<br />
<br />
La chasse aux cafards est pratiquement ouverte toute l’année rien n’arrête leur prolifération. Il faut les attraper et les é…cra…ser. <br />
Rappelons que le pays est occupé par une autre engeance que nous pourrions aussi nommer cafard mais que nous préférons baptiser'' doryphores''. Comme eux ils dévorent et confisquent tout dans notre maison « la France ». Ils ne laissent que très peu à ses légitimes locataires.<br />
<br />
'''''La guerre aux poux'''''<br />
<br />
La majorité des enfants du village ont, ou ont eu, ou auront des poux. Après un bon nettoyage tout laisse à penser que leur tête est débarrassée de ces bébêtes. Mais non ! Les lentes tapies à la base des cheveux, bien cachées, les feront renaître comme le phénix renaît de ses cendres.<br />
Pour les combattre il existe le petit peigne fin à deux côtés symétriques. Ses dents sont très fines et très rapprochées. Cet instrument très pratique est présent dans presque tous les foyers. Quand ma mère décide d’entreprendre l’opération exfiltration des poux, il faut d’abord déplier largement un journal sur la table. Quand il s’agit de mes sœurs, les filles ont une chevelure plus abondante que les garçons, c’est connu, elles ont la tête bien penchée au-dessus du journal ''Le Nouvelliste''. Elles passent méticuleusement le peigne dans leur chevelure, de la racine à son extrémité. Chacun contrôle que les bébêtes tombent bien sur le papier journal. On les écrase sans pitié entre les deux pouces. C’est une victoire pour chaque poux qui chute et nos victoires ne se comptent plus. <br />
<br />
À noter que le journal ''Le Nouvelliste'' est facile à déplier, il se compose comme tous les journaux, d’une seule page. Il n’y a plus assez de papier, pourquoi ? Les doryphores aiment aussi la pâte à papier ! <br />
<br />
Peut-être est-ce pour faciliter l’hygiène des cheveux ou s'agit-il là d'une nouvelle mode, ainsi les cheveux des filles sont très souvent coupés court, à la Jeanne d’Arc dit-on. C’est un bon point qui ne suffit pas pour autant à se libérer des parasites. Les lentes demeurent bien accrochées aux cheveux. Le vinaigre conviendra donc comme pesticide, aucun autre produit n’est mis à notre disposition. Les filles rechignent à utiliser le vinaigre, elles disent qu’il laisse sur la tête une mauvaise odeur. C’est un combat de tous les jours. Tout ce qui est éradiqué aujourd’hui à la maison est vite repris à l’école ou ailleurs. <br />
<br />
'''''Le sarrau dangereux'''''<br />
<br />
Ma mère ou peut-être la couturière, madame Bouget, m'a confectionné un sarrau, taillé dans une épaisse toile de récupération, de couleur kaki. Tissu à toute épreuve destiné aux jeux difficiles, il me faut bien cela. Sur cette toile demeurent encore quelques marques résiduelles, indélébiles, des petites lettres imprimées en noir. Quelques unes d’entre elles apparaissent encore au dos du sarrau trop en évidence à mon goût. <br />
J'avais croisé auparavant, entre Montigné et le Bourg, des prisonniers de guerre, des Russes, utilisés par les Allemands pour l’installation de lignes téléphoniques. Ces bonshommes ont tous sur le dos de leur vêtement, bien visibles, deux lettres inscrites en noir KG. ''(Kriegsgefangener)''. Je sais qu'il s'agit de prisonniers de guerre. <br />
J’ai immédiatement fait une relation entre leurs lettres et les miennes, ce qui m’amène à refuser de porter ce sarrau. En définitive je n’ai pas le choix, ou je le porte sinon je reste à la maison. Le choix est rapidement fait. Je suis alors très inquiet, je fais très attention lors de chacune de mes sorties. Ainsi quand j’aperçois sur mon chemin un Allemand ou un de leurs véhicules qui passe, je me précipite vers une maison et je m’adosse, le dos bien plaqué contre la muraille. Je reste immobile collé à la paroi, tant que le danger, représenté par l’Allemand, est en vue. Vous pensez, la couleur kaki de mon tablier, c’est un signe militaire !… Les lettres noires inscrites dans le dos, que j’imagine énormes !… Je crains que l’ennemi pense que je suis un prisonnier de guerre évadé et m’emmène, je ne sais où, loin de maman.<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Ausweis Fest Pi Park Rennes AG.jpg]]<br />
<br />
'''''Le ravitaillement de fin de semaine'''''<br />
<br />
Mon père est toujours soucieux d’approvisionner le garde-manger familial. Il faut garnir les estomacs et remplir les bouches qui ne se referment que durant le sommeil ou distraites par les jeux et les bavardages. <br />
Sous l'Occupation, sans connaître l'abondance, à table les assiettes sont suffisamment remplies. Pour ce faire, il faut traficoter un tantinet, oui ! Au moins un petit peu, système D. Mon père fait du marché pas vraiment noir, disons gris, du troc. Il travaille à Pi-Park chez les Allemands, route de Lorient. Il a négocié avec sa hiérarchie de ne jamais travailler le samedi après-midi. ''Semaine anglaise'' pense-t-il, mots à ne pas prononcer devant l’Allemand. À l’époque tout le monde ou presque travaille six jours sur sept. Pendant la semaine mon père fait de la perruque durant son temps de travail''. Perruque = Travail pour son compte personnel... das ist verboten...'' … Il y a aujourd’hui prescription. <br />
Au travail il peut disposer de machines outils qui lui permettent de fabriquer toutes sortes de pièces qui peuvent servir aux agriculteurs qu'il visite chaque fin de semaine. Il arrive qu’on lui passe même commande. Le poids des pièces transportées se limite au poids supporté par sa bicyclette, laquelle est brave et courageuse. Il revient des déplacements des fermes qu’il a visitées avec les sacoches souvent bien garnies. Il y a toujours du beurre à la maison. Chaque fin de semaine est à recommencer.<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
Février 2013<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°08]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=WikiRennes&diff=72864WikiRennes2021-06-25T17:32:24Z<p>Aldebert : /* Liste des Chroniques vezinoises */ nouvelle section</p>
<hr />
<div>{{Interdiscussion}}<br />
<br />
<center><big><br>Le bistro, le forum, le lieu de rencontres et de palabres. <br>Pour discuter, poser des questions, échanger, c'est ici que ça se passe.</big></center><br />
<br />
<inputbox><br />
type=commenttitle<br />
page={{FULLPAGENAME}}<br />
hidden=yes<br />
buttonlabel=Ajouter une nouvelle discussion<br />
</inputbox><br />
<br />
<br />
==Du changement pour le Wiki-Rennes==<br />
<br />
Ce message pour vous annoncer mon départ de l'association Bug, et de l'animation du Wiki-Rennes, que je quitterai le 15 août 2014.<br />
<br />
Ce fut un plaisir d'animer le Wiki-Rennes durant ces 18 mois, de découvrir ce territoire autrement et de rencontrer de très intéressants contributeurs.<br />
<br />
Aujourd'hui le Wiki-Rennes compte 2 566 articles, et 731 inscrits, je compte sur ses contributeurs pour qu'il continue d'évoluer.<br />
<br />
Mon remplacement sera assuré dans les semaines à venir, mais en attendant n'hésitez pas à prendre contact avec l'[[Association Bug]] si vous avez des questions ou des besoins particuliers.<br />
<br />
À bientôt et bonnes contributions.<br />
<br />
--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 1 août 2014 à 10:03 (CEST)<br />
:Sniff ! Que le temps passe vite ! A peine ai-je pu te rencontrer deux fois et échanger durant ces quelques mois sur deux-trois petites questions que tu dois passer la main !<br />
:En tout cas, merci Julie de ton véritable investissement dans ce projet, selon ce que j'ai vu et aussi de ce que je devine dans les coulisses !<br />
:Bonne continuation surtout, riche de cette expérience originale ! <u>Stp ne pars pas sans me supprimer en beauté</u> [[Famine en1662]] {{clin}}<br />
:Cordialement. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 1 août 2014 à 15:54 (CEST)<br />
<br />
==Bientôt une nouvelle animatrice pour le Wiki-Rennes==<br />
<br />
Un petit message pour vous annoncer mon départ de Bug, et de l'animation du Wiki-Rennes.<br />
<br />
Je quitterai mon poste dès le 31 décembre (et même un petit peu plus tôt avec la trêve des confiseurs) et serai remplacé à partir du 1er janvier 2013 par [[Utilisateur:Julie|Julie]].<br />
<br />
Ce fut un plaisir de lancer et d'animer le Wiki-Rennes au cours de ces trois années faites de découvertes et de rencontres. <br />
<br />
Le wiki est devenu un site de référence à l'échelle locale, plus de 2000 articles et plus de 600 contributeurs inscrits, et ce n'est que le début. <br />
<br />
L'aventure se poursuit avec Julie, je deviendrai pour ma part un simple contributeur. <br />
<br />
--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 22 novembre 2012 à 09:36 (CET)<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
== Quel nom pour cet article ?!? ==<br />
<br />
Pour faire suite à une discussion que nous avons eu lors du dernier [[Bonjour Wiki]], voici quelques propositions pour le nom de l'article qui pourra servir à collecter les images des [[Suggestions_de_sujets_à_traiter#Photographier_les_b.C3.A2timents_avant_leur_destruction|bâtiments qui subiront des modifications, voire qui seront détruits]].<br />
<br />
Voici ma proposition : [[Dernières images avant mutation]].<br />
<br />
--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 9 janvier 2012 à 16:08 (CET)<br />
:Autre question : doit-on crée un article ou bien une catégorie suffit-elle ?<br />
:Ta proposition me plait. Je préfère le terme « mutation » à « destruction » vu que certains bâtiments ne seront pas réellement détruits (ou très partiellement, comme le couvent de Bonne-Nouvelle notamment).<br />
:Cdlt, [[User:VIGNERON|Vigneron]] * [[User Talk:VIGNERON|<sup>discut.</sup>]] 9 janvier 2012 à 16:52 (CET)<br />
<br />
::J'aime bien dernières images avant mutation, même si le terme mutation me fait penser à des zombies gluants ou autres ^^ [[User:Auregann|Auregann]]<br />
<br />
:::@VIGNERON : les deux ont leur intérêt, une catégorie pour rassembler l'ensemble des images, un article pour mettre en forme ces images, sous forme de mosaïques d'image, classées par lieux dans des paragraphes : plus sympa que la navigation dans les vignettes (un peu petites des catégories). Pour donner une idée, j'aime assez ce que ça donne [[Des_tours_et_des_hommes|sur cette page]].<br />
:::@Auregann : on dénigre trop souvent les zombies. <br />
:::--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 10 janvier 2012 à 09:27 (CET)<br />
::::J'ai commencé à prendre des photos desdits bâtiments, dites-moi où les mettre :)<br />
::::--[[Utilisateur:EdouardHue|EdouardHue]] 15 janvier 2012 à 16:54 (CET)<br />
:::::Bon, c'est parti pour [[Dernières images avant mutation]]. Par contre, j'ai du mal à retrouver pourquoi certains bâtiments sont dans la liste... L'octroi de Châtillon, l'écluse de Chapelle-Boby, c'est touché par quoi ?<br />
:::::--[[Utilisateur:EdouardHue|EdouardHue]] 22 janvier 2012 à 21:13 (CET)<br />
::::::Salut!<br />
::::::Pour les bâtiments que tu as du mal à situer : l'[[octroi de Châtillon]] se situe sur un ilot qui est amené à bouger dans le cadre de l'aménagement du nouveau quartier EuroRennes. Pour l'[[Écluse Chapelle-Boby]], il n'est pas question de la détruire, mais les Amis du patrimoine rennais [http://www.amispatrimoinerennais.org/?page_id=126 militent pour l'aménagement de ses abords], donc c'est vrai qu'elle na pas (vraiment) sa place dans la liste.<br />
::::::--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 23 janvier 2012 à 10:31 (CET)<br />
<br />
== Quel nom pour une église et sa paroisse ==<br />
<br />
[[Fichier:Rennes - Église Toussaints façade.jpg|thumb|L’église en question.]]<br />
<br />
Contre le lycée Zola, il y a à Rennes une église dont la graphie est très variable :<br />
* église paroissiale Saint-Thomas, Toussaints selon [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=IA35023915 Mérimée IA35023915]<br />
* église Toussaints selon [http://www.culture.gouv.fr/public/mistral/merimee_fr?ACTION=CHERCHER&FIELD_1=REF&VALUE_1=PA00090683 Mérimée PA00090683]<br />
* chapelle Saint-Thomas, actuellement église paroissiale Toussaints, selon [http://patrimoine.region-bretagne.fr/main.xsp?execute=show_document&id=MERIMEEIA35023927 le service Inventaire de la Région]<br />
* église Toussaint de la paroisse Toussaints, selon le [http://catholique-rennes.cef.fr/?Paroisse-Toussaints-Presentation diocèse]<br />
* église de Toussaint pour [http://www.openstreetmap.org/?lat=48.109227&lon=-1.675339&zoom=18&layers=M openstreetmap]<br />
* place, porte et paroisse de Toussaints sur le plan Forestier ou les plans Oberthur <small>(Oberthür, là je sais que l’abandon du umlaut date de 1942)</small>.<br />
* etc.<br />
<br />
Bref, en multipliant les sources, on trouve parfois le « s », parfois non. Il semblerait que le « s » soit désuet et/ou « pédant » alors que la version sans « s » soit plutôt utilisée dans la « vie courante moderne » (par contamination du prénom et surtout de la fête de la Toussaint). L'ajout Saint-Thomas semble historique (issue du bâtiment précédent qui semble pourtant avoir été situé sous les actuelles halles) mais je n'ai trouvé aucune confirmation à ce sujet.<br />
<br />
Cdlt, [[User:VIGNERON|Vigneron]] * [[User Talk:VIGNERON|<sup>discut.</sup>]] 9 janvier 2012 à 16:52 (CET)<br />
<br />
<br />
<br />
== Fiche pratique : faire des recherches pour le Wiki-Rennes ==<br />
<br />
Nous lançons un projet de [[Fiche pratique : faire des recherches pour le Wiki-Rennes]], en partenariat avec les [[Archives municipales de Rennes]]. <br />
<br />
Cette page du Wiki pourra faire l'objet par la suite d'une édition papier, la création d'un mini-guide pratique du "wikinaute" rennais.<br />
<br />
L'idée est donc pour le moment de remplir la fiche, la compléter afin de la rendre la plus complète et pédagogique possible, tout en restant concise. <br />
<br />
N'hésitez pas à participer à sa rédaction, donner des nouvelles pistes, émettre des remarques. <br />
<br />
--[[Utilisateur:Regis|Régis]] 2 février 2012 à 09:12 (CET)<br />
<br />
== Bloavezh mat ! ==<br />
<br />
Est-ce ici qu'on peut se souhaiter la bonne année ? Je décide que oui et j'envoie à tous un grand Bloavezh mat. Avec une pensée particulière pour Régis dont je viens de découvrir non pas qu'il s'en va mais qu'il rend le tablier qu'il a usé depuis un certain temps et donc aussi pour Julie qui le reprend, le tablier ! Et puis tous les autres contributeurs. [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] 1 janvier 2013 à 11:29 (CET)<br />
: Merci [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] et une très bonne année à tous les contributeurs.<br />
: --[[Utilisateur:Julie|Julie]] 8 janvier 2013 à 17:52 (CET)<br />
::Bloavezh mat d’an holl ! A galon, [[User:VIGNERON|Vigneron]] * [[User Talk:VIGNERON|<sup>discut.</sup>]] 18 janvier 2013 à 13:49 (CET)<br />
<br />
== De futurs grands contributeurs ==<br />
<br />
Nous découvrons ce jour, 5 mars 2013, les premières contributions de [[utilisateur:Etournel|nos plus jeunes contributeurs]], sur la commune de Cesson ! <br />
[[Le quartier de La Monniais : " Avant et maintenant "]].<br />
<br />
Bel avenir à eux dans le partage des connaissances et la découverte du patrimoine ! <br />
<br />
Félicitations à l'encadrement !<br />
<br />
[[Utilisateur:TigH|TigH]] 5 mars 2013 à 18:06 (CET)<br />
<br />
: Un travail sur deux jours qui donnera d'ici la fin de la semaine un article intéressant sur l'évolution d'un quartier de Cesson-Sévigné. Bravo à eux et aux animatrices! <br />
<br />
: D'autres projets devraient voir le jour avec Cesson-Sévigné, ce qui est une bonne chose car le Wiki-Rennes n'est pas très riche concernant cette commune de Rennes Métropole.<br />
<br />
--[[Utilisateur:Julie|Julie]] 5 mars 2013 à 20:40 (CET)<br />
<br />
== supprimer un article ==<br />
<br />
Un peu débutant sur ce wiki, j'ai créé un article au lieu d'une catégorie.<br />
J'ai ensuite créé la catégorie quand j'ai compris comment faire mais je n'arrive pas à supprimer l'article devenu inutile.<br />
Y a t-il un moyen ?<br />
Michel<br />
<br />
: Bonjour Michel,<br />
<br />
: En tant que contributeur, vous n'avez pas la possibilité de supprimer des articles. Merci donc d'avoir fait remonter l'information, je vais me charger de la suppression de cet article.<br />
<br />
: Cordialement,<br />
<br />
: --[[Utilisateur:Julie|Julie]] 22 avril 2013 à 09:27 (CEST)<br />
<br />
== Télégramme envoyé de Brest ==<br />
<br />
<br />
Bonjour les WikiRennais ! Il y a déjà quelque temps qu'a été signalée dans Wikipédia, la mise en ligne des archives du <u>Télégramme de Brest</u> jusqu'en 1945 (sauf erreur). Je n'ai pas le lien mais j'avais remarqué que le site avait l'air bien conçu et efficace.<br />
<br />
Bonnes recherches ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] 2 juin 2013 à 13:33 (CEST)<br />
<br />
== Rencontres à Rennes en octobre 2013 ==<br />
<br />
Bonjour à tous !<br />
<br />
Dans le cadre de [http://villes.bienscommuns.org/evenement/listItems?tri=byDpt&dpt=35 Rennes en Biens Communs] et du [https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Mois_de_la_contribution/2013 mois de la contribution sur Wikipédia], de nombreux évènements sont organisés à Rennes du 5 au 18 octobre. Notamment :<br />
* un atelier Wiki-Rennes le 7 octobre à midi à la Cantine Numérique avec Julie<br />
* un atelier découverte de Wikipédia le 11 octobre à midi à la Cantine Numérique, pour ceux qui veulent s'initier à l'encyclopédie<br />
* deux ateliers contributifs aux Archives de Rennes, pour améliorer ensemble des articles de Wikipédia (mais pourquoi pas de Wiki-Rennes aussi) sur l'histoire et le patrimoine de Rennes : les 9 et 16 octobre de 16h à 20h, sur inscription<br />
* une rencontre informelle de wikicontributeurs, pour papoter avec d'autres contributeurs à Wiki-Rennes, Wikipédia, OSM..., le 10 octobre au bar le Dahlia Noir<br />
La liste complète se trouve [http://villes.bienscommuns.org/evenement/listItems?tri=byDpt&dpt=35 ici]. N'hésite pas à passer nous voir !<br />
<br />
A bientôt [[Utilisateur:Auregann|--- &#91;&#91;Utilisateur:Auregann&#124;Auregann&#93;&#93;]] 26 septembre 2013 à 18:23 (CEST)<br />
<br />
== [[Liste des ducs de Bretagne]] ==<br />
<br />
Bonjour les Wiki-Rennais !<br />
<br />
Quand un wiki grossit, vient le temps de la suppression d'articles, n'est-ce-pas ?<br />
<br />
Il n'y a pas urgence, mais je propose de faire un sort à la [[Liste des ducs de Bretagne]] et aux pages liées comme [[Claude de France]]. Dans le cas contraire, il faudrait indiquer le rapport avec Rennes.<br />
<br />
[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 17 novembre 2013 à 09:17 (CET)<br />
<br />
: Heureusement qu'il n'y avait pas d'urgence, cette requête était passée à la trappe. Les articles n'étant pas en lien avec Rennes ont été supprimés.<br />
:--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 5 février 2014 à 14:30 (CET)<br />
<br />
<br />
== [[Maison du peuple]] ==<br />
<br />
En cours de travaux, un travail mémoriel sur la [[Maison du peuple]] a été engagé par la collectivité afin de valoriser le bâtiment et son histoire. <br />
<br />
Des documents d'archives vont probablement être mis à disposition par les Archives de Rennes. Par ailleurs le Wiki-rennes (indirectement ses contributeurs) a été sollicité pour participer à ce travail mémoriel à travers le témoignage d'habitants. <br />
<br />
Il y a-t-il des Wiki-Rennais intéressés pour témoigner ou connaissez-vous des personnes qui seraient en mesure de participer ?<br />
<br />
--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 5 février 2014 à 16:55 (CET)<br />
<br />
== Belles journées sur WikiRennes ==<br />
<br />
Quel plaisir un wiki quand ça tourne !<br />
<br />
Hier, j'entends parler sur France Bleu Armorique d'un café-concert à propos d'un spectacle du cercle de Cesson et j'écris [http://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Cabaret_L%27Alcazar_de_Rennes&oldid=29808 quelques mots] sans penser à plus...<br />
<br />
Le soir, même notre irremplaçable et très assidu [[User:Stephanus|Stephanus]] m'apprend que ce cabaret a déjà une histoire et qu'il en a déjà [http://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Cabaret_L%27Alcazar_de_Rennes&diff=29809&oldid=29808 parlé].<br />
<br />
Mais, ce n'est rien : le lendemain il décuple la substance de mon esquisse avec des données très intéressantes [http://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Cabaret_L%27Alcazar_de_Rennes&diff=29840&oldid=29813].<br />
<br />
Et surprise, j'y apprends que <u>ce café se trouvait [[rue du Champ Jacquet]] dans les serres du ''Petit Trianon'' dépendant de l'hôtel de Robien, </u> alors que je viens de lire l'ouvrage de Gauthier Aubert sur le président de Robien, sachant donc bien où et comment il est question de ce jardin et trianon.<br />
<br />
Le temps pour [[user:Julie|Julie]] de mettre avec diligence cet article dans les nouveautés, nous encourageant donc l'un et l'autre, et j'ouvre un article sur le [[jardin de l'hôtel de Robien|jardin qui mérite un article bien que disparu des lieux et des mémoires.]]<br />
<br />
Donc deux articles rapidement conçus à partir de quelques mots entendus et qui paraissent demander à être saisi au vol... eux-mêmes rapidement repris à travers d'autres directions...<br />
<br />
Merci de vos contributions ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 7 avril 2014 à 20:03 (CEST)<br />
<br />
== Comment supprimer des fichiers inutiles qu'on a importé ??? ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
J'ai importé des images trop grandes ou trop petites pour mon article, et je souhaiterai les supprimer de la banque d'image étant donné qu'elles ne peuvent pas servir... mais je n'y arrive pas.<br />
<br />
Si jamais une bonne âme pouvait m'expliquer la procédure, ce serait vraiment hyper sympa.<br />
<br />
D'avance merci.<br />
<br />
Babelle<br />
:Bonjour Babelle. Habituellement sur les wikis, on ne peut pas supprimer des fichiers sans droit particulier. Ici, il faut écrire à l'animateur, donc à [[Utilisateur:Julie|Julie]] et lui donner le nom du fichier à effacer. Il y a aussi [[WikiRennes:Requêtes aux administrateurs|Requêtes aux administrateurs]] qui n'est pas utilisé.<br />
:Je pense que Julie saura ce que tu veux et le fera à son retour. Je lui signale au passage le fichier [[Famine en1662]] que j'ai renommé ces jours-ci. Merci !<br />
:Bonnes contributions et bon été !<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 17 juillet 2014 à 13:50 (CEST)<br />
<br />
::Bonjour [[Utilisateur:Babelle|Babelle]],<br />
<br />
::Et merci [[Utilisateur:TigH|TigH]], c'est tout à fait cela, si un contributeur souhaite supprimer un article ou un média il faut passer par l'animateur. Donc si vous souhaitez que je supprime un élément, indiquez-moi le nom du fichier et ce sera fait. Cependant s'il s'agit juste d'un problème de taille de l'image, il est possible de la [[Aide:Insérer une image|redimensionner]] lorsqu'elle est insérée dans l'article.<br />
::Si besoin, n'hésitez pas.<br />
:: À bientôt<br />
::--[[Utilisateur:Julie|Julie]] ([[Discussion utilisateur:Julie|discussion]]) 29 juillet 2014 à 14:21 (CEST)<br />
<br />
Désolé d'apprendre votre départ de Wiki Rennes. Je vous y avais apprécié votre gentillesse et votre sérieux.<br />
<br />
Mes meilleurs sofhaits pour vos activités à venir<br />
<br />
Stephanus<br />
<br />
== Nouvel animateur pour le Wiki-Rennes Métropole ==<br />
<br />
Bonjour à tous,<br />
<br />
Je suis le nouvel animateur pour ce Wiki, récemment arrivé à l'[[Association Bug]] en remplacement de [[Utilisateur:Julie|Julie]].<br />
<br />
Je vous propose une rencontre afin de faire le point avec vous sur le projet. <br />
<br />
Par ailleurs, je vous informe de la reprise des ateliers Wiki-Rennes qui se dérouleront désormais à la Maison des Associations tous les mercredis de 14H30 à 17H30 au Quantic Café à partir du mercredi 6 mai 2015 et auxquels vous pouvez bien évidemment participer.<br />
<br />
Dans l'attente de vos retours pour une prochaine rencontre contributeurs/animateur.<br />
<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 22 avril 2015 à 16:31 (CEST)<br />
:Bienvenue Naufalle ! On commençait à se sentir un peu seuls sur le wiki, sans parler des plantages du serveur ces jours derniers. Je suis rassuré de savoir que quelqu'un va suivre maintenant ce qui se passe, même s'il n'y a pas une grosse activité.<br />
:Pour une rencontre, pourquoi pas, mais les contributeurs actifs sont rares, je ne sais même pas si j'en suis encore un^^. Un mercredi en fin d'atelier ?<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 22 avril 2015 à 18:51 (CEST)<br />
::Pourquoi pas un mercredi en fin d'atelier effectivement.<br />
::[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 23 avril 2015 à 15:49 (CEST)<br />
<br />
== Extensions Wiki Rennes? ==<br />
<br />
Bonjour à tous,<br />
[[Utilisateur:Seb35|Seb35]] nous propose l'installation d'extensions désormais disponibles sur Wikipédia ([http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:VisualEditor Éditeur visuel], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:MultimediaViewer visionneuse de photos], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:UploadWizard Upload Wizard], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:InputBox Input Box], [http://www.mediawiki.org/wiki/Extension:Thanks Thanks]). <br />
<br />
Cela permettrait de faire évoluer l'outil et peut-être d'y faire venir de nouveaux contributeurs. Qu'en pensez-vous? <br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 23 avril 2015 à 15:47 (CEST)<br />
:Seul l'éditeur visuel me paraît utile pour le moment. Il ne faudrait pas qu'un Wikipédien habitué à cet outil soit rebuté en passant par ici. Le reste ne sera pas utilisé. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 25 avril 2015 à 13:53 (CEST)<br />
::Bien noté! Merci [[Utilisateur:TigH|TigH]], nous ne mettrons en ligne que l'éditeur visuel pour commencer [[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) .<br />
:::Je détaille un peu le raisonnement derrière chacune des propositions, puisque c’est issu d’une discussion que j’ai eue avec Naufalle :<br />
:::* Éditeur visuel : bien sûr pour faciliter la prise en main par les nouveaux, en particulier des personnes âgées<br />
:::* Visionneuse de photos : pour pouvoir faire des diaporamas de lieux de Rennes (plus que pour l’affichage des photos d’une page)<br />
:::* UploadWizard : il semble qu’il y ait une communauté de photographes assez importante sur Rennes et l’UploadWizard aide en particulier à importer plusieurs photos en même temps<br />
:::* InputBox : pour ajouter un champ 'Créer une page' sur la page d’accueil ou dans d’autres endroits (actuellement, il y a une telle fonctionnalité dans les catégories, c’est vrai que ça peut faire un peu doublon)<br />
:::* Thanks : comme sur Wikipédia ou ailleurs, pour reçevoir des remerciements<br />
:::* MobileFrontend : ça n’avait pas été marqué, mais ça permettrait de rendre Wiki-Rennes plus facilement utilisable sur smartphone<br />
:::[[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 5 mai 2015 à 15:51 (CEST)<br />
<br />
=== Maintenance de Wiki-Rennes ===<br />
<br />
Je vais m’occuper jeudi de faire la mise à jour de Wiki Rennes Métropole et résolution de divers petits problèmes techniques, d’où la question ci-dessous sur les extensions à installer. Je prévoie de faire les tâches ci-dessous, n’hésitez pas à dire vous voulez des extensions spécifiques ou si vous avez des problèmes techniques sur Wiki-Rennes, j’essaierai de résoudre les petits problèmes (ou plus importants).<br />
<br />
* mise à jour du serveur à Ubuntu 14.04<br />
* mise à jour de MediaWiki à la version 1.23 (version supportée jusqu’en mai 2017)<br />
* installation de l’éditeur visuel et de l’extension Mobile<span style="color:red">*</span><br />
* mise à jour des extensions installées<br />
* installation mais non-activation de UploadWizard, InputBox, MediaViewer, etc<span style="color:red">*</span><br />
* divers réglages (augmenter la taille possible des imports, etc<span style="color:red">*</span>)<br />
* résolution de problèmes divers des extensions voire du wikitexte plutôt technique<span style="color:red">*</span><br />
* amélioration de la vitesse de chargement<br />
<br />
<span style="color:red">*</span> ça convient ? sinon ça peut être ajusté, et n’hésitez pas à lister ci-dessous des problèmes techniques.<br />
<br />
~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 5 mai 2015 à 16:01 (CEST)<br />
<br />
Bonjour - c'est gentil de nous demander notre avis.<br />
<br />
Je ne change pas d'avis justement, mais je vote pour les deux que tu nous proposes cette fois : Thanks et Mobile. Par ailleurs, tu parles de chargement multiple de photos, mais vu la taille un peu décourageante de ce qu'on peut charger à l'unité, ça ne rime à rien. Bon, ça m'est égal moi, parce que j'aimerais comprendre ou savoir c'est ce qui limite la taille. WikiRennes c'est pas Commons, en matière de puissance, mais encore...<br />
<br />
Bonnes mises à jour ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 5 mai 2015 à 17:47 (CEST)<br />
: Hello, je suis pas sûr de comprendre : éditeur visuel et Mobile, ça te convient ? ou Thanks et Mobile ?<br />
: Je précise pour la ligne "installation mais non-activation" : je les installe et il n’y aura plus qu’à les activer si jamais ça intéresse la communauté de les avoir<br />
: Sur la taille des versements, c’est actuellement à 2 Mo, j’augmenterai à disons 20 Mo, ça permettra d’importer les photos en haute résolution. J’avais discuté un peu avec Naufalle entre importer des photos en local ou sur Commons, et en théorie l’import sur Commons est préférable, mais ça peut compliquer le process pour les non-Wikimédiens (qui n’ont pas de compte et/ou pas l’habitude d’importer sur Commons). Après, c’est aussi une question de présentation : mettre ou non un gros lien "Importez vos photos sur Commons", ça c’est surtout à la communauté de décider.<br />
: [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 6 mai 2015 à 18:01 (CEST)<br />
:: PS : '''il se peut que Wiki-Rennes ne soit pas disponible par moments demain après-midi''', je vais essayer que ça n’arrive pas mais je préfère prévenir au cas où. Cette mise à jour devrait contribuer à améliorer la stabilité sur le long terme. [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 6 mai 2015 à 18:08 (CEST)<br />
:::EV + Thanks + Mobile. Merci !<br />
:::'''2 Mo''' non ça serait le rêve et je crois que c'est suffisant. En tout cas quand tu me parles de 20 Mo j'hallucine. Regarde mon dernier import, j'ai du tout raboter pour passer en-dessous de 200 ko !!! (mettons 300 ko max, je n'ai plus le chiffre en tête). C'est pourquoi je parle de ''décourageant''. Oui, ça a été longtemps '''2 Mo''', mais je n'ai pas rêvé. En tout cas, tu parais me rassurer on a de la marge...<br />
::::Dis Seb tant que je te tiens ! A la pause, tu ne veux pas jeter un oeil sur le wiki installé par Bug pour je ne sais quelle ville hors Bretagne, Nozay ou quelque chose de ce genre ? et qui, abandonné, est entièrement pourri par les robots spammeurs. Pourrais-tu y écraser ces sales bêtes ? Il y a plus d'un an que j'y suis passé, les choses ont pu bouger depuis...<br />
::::Merci de tes bons soins. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 6 mai 2015 à 18:39 (CEST)<br />
::::: Ok pour ces trois extensions.<br />
::::: Sur la taille, vu ce que tu me dis, vu les tailles des photos sur Commons (pour simplifier, sur un échantillon rapide, soit 300 Ko soit 2-5 Mo) et vu la taille disponible actuellement sur le serveur (7 Go occupés, 1 Go libre), je met à la limite à 5 Mo pour ne pas permettre de gaspiller de l’espace avec des photos trop grosses, mais pour ne pas avoir besoin de rogner des photos qui ont une bonne qualité intrinsèque.<br />
::::: Je suis pas au courant d’un wiki à Nozay ou vers le sud de l’Ille-et-Vilaine, je vois sur la liste de [http://www.wiki-brest.net/index.php/Wikis_de_territoires Wiki-Brest] qu’il y a un wiki à Saint-Herblain, mais tu parles peut-être de Wiki Armor (j’avais déjà vu qu’il y avait du spam, je vois que ça continue un peu). (Si tu connais un wiki qui n’est pas inscrit sur cette liste, tu peux le rajouter ; à ma connaissance, c’est la liste la plus à jour des wikis territoriaux.)<br />
::::: [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] ([[Discussion utilisateur:Seb35|discussion]]) 7 mai 2015 à 09:30 (CEST)<br />
::::::5 Mo - Wouah ! Mais il ne reste qu'un Go ! Comme j'en avais parlé un moment avec Nicolas, il y a une foule de photos, principalement de rues banales de Rennes, qui ne méritent que d'illustrer des articles de rue ici sans les mettre sur Commons où on pourrait en mettre un million rien que pour la France alors que leur intérêt est quasi-nul. Effectivement, il n'y a pas besoin de plus de 2 Mo pour cela.<br />
::::::Concernant le wiki, c'était Niort ! Et je le retrouve propre et actif, au-lieu d'entièrement spammé. C'est Julie, ex-animatrice, qui m'en avait parlé à propos d'autre chose, et comme mis en place par Bug (mais je n'en retrouve pas mention).<br />
::::::Tout va bien donc et merci ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 7 mai 2015 à 18:02 (CEST)<br />
::::::: Je n’ai pas eu le temps de mettre en ligne la mise à jour hier, mais ça sera fait lundi. En fait, j’ai tout installé, fait la mise à jour et résolu plusieurs problèmes, mais tout se trouve sur un nouveau serveur, et la bascule entre les deux serveurs ne dépend pas de moi (et vu que j’ai fini hier à 19h, ça n’était pas trop possible à ce moment-là).<br />
::::::: Sinon l’espace disque n’est pas vraiment un problème, ça n’est pas très cher et on peut en rajouter quand on n’en a plus ; le nouveau serveur a désormais 5 Go libres. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 8 mai 2015 à 11:47 (CEST)<br />
::::::::Merci alors pour ce coup de neuf hard et soft ! [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 8 mai 2015 à 23:32 (CEST)<br />
<br />
Comme vous avez pu le voir, j’avais mis le wiki en lecture seule depuis hier midi. J’espérais que la bascule (changement de l’adresse IP donnée par le DNS) pourrait être faite rapidement (ça n’est pas moi qui suis en charge de ça), mais vu que ça dure et que je ne sais pas quand cela aura lieu, je ré-autorise la contribution sur cet ancien serveur. Lorsque la bascule sera faite, il faudra attendre que je fasse la synchronisation entre les bases de données, ce qui est l’affaire de quelques minutes. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 12 mai 2015 à 16:45 (CEST)<br />
:Bonjour - non je n'avais rien vu. Fais au plus simple pour toi, les pannes "prévues" sont beaucoup moins désagréables que les pannes imprévues et dont on ignore tout, cause, durée, etc.<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 12 mai 2015 à 18:01 (CEST)<br />
<br />
=== Nouvelle version ===<br />
<br />
Nous avons dorénavant une nouvelle version du logiciel (MediaWiki) sur un nouveau serveur plus à jour que le précédent.<br />
<br />
À première vue, il y a peu de différences, mais on peut tout de même remarquer :<br />
* '''l’éditeur visuel''' : le bouton 'Modifier' permet désormais de modifier avec une interface type traitement de texte ; il est toujours possible d’utiliser le wikitexte avec le bouton 'Modifier le wikicode' ; si vous n’aimez pas l’éditeur visuel, il est possible de le désactiver dans [[Special:Preferences|vos préférences]] (onglet Modification, cadre Éditeur, avant-dernière option "Activer l’ÉditeurVisuel")<br />
* '''l’interface mobile''' : lorsqu’on consulte Wiki-Rennes sur un smartphone, une interface différente est activée, plus adaptée à ce support.<br />
<br />
~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 20 mai 2015 à 17:24 (CEST)<br />
: Présentement, il y a un petit bug qui fait que l’éditeur visuel ne se ferme pas après enregistrement, mais l’enregistrement a bien lieu. J’essaye de corriger ça sous quelques jours. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 21 mai 2015 à 17:50 (CEST)<br />
<br />
=== Encore une nouvelle version ===<br />
<br />
Je vais faire une petite mise à jour de MediaWiki cette semaine (version 1.25), ce qui aura notamment pour effet de corriger le bug de l’éditeur visuel et de le rendre beaucoup plus rapide. Normalement, cette mise à jour devrait être globalement transparente. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 7 septembre 2015 à 10:03 (CEST)<br />
:Voilà, c’est fait. Désolé pour le temps que ça a pris, mais c’est fait, et je viens de parcourir un certain nombre de pages, il ne semble pas y avoir de problème et l’éditeur visuel fonctionne correctement (avec Firefox et Chromium). Toutefois je rencontre encore des petits problèmes avec l’éditeur visuel où j’ai du mal à sélectionner le cadre pour inscrire un résumé de modif (avec Chromium) et l’éditeur visuel ne se charge pas avec Opera 12 (mon navigateur par défaut, utilisé par 0,1% des internautes en moyenne, donc ce n’est pas trop embêtant), et j’ai désactivé l’extension permettant de lire les MP3, elle n’est pas mise à jour depuis plusieurs années et a des problèmes de sécurité. Je chercherai une extension équivalent pour lire les MP3 et surveillerai l’évolution de l’éditeur visuel, en espérant que les problèmes rencontrés soient corrigés, à moins que ça ne soit une incompatibilité avec l’habillage de Wiki-Rennes, ce qui est possible aussi. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 22 septembre 2015 à 12:56 (CEST)<br />
<br />
== Marcel brossier // Butte de la maltière ==<br />
<br />
Bonjour<br />
<br />
tout nouvel adhérent à ce wiki rennes, j'espere que c'est bien dans cette rubrique que ma demande doit s'inscrire.<br />
Bref, en recherchant des infos sur Marcel Brossier (mort fusillé à la maltière), je n'arrive pas à retrouver au moins une photo de lui (en existe il vraiment) et je tente de savoir où a-t-il ete enterré sinon ou se trouve actuellement sa tombe.<br />
<br />
Avez vous des infos sur ces deux points ?<br />
Merci<br />
::Bonjour vous êtes sur le bon espace pour discuter avec les autres utilisateurs de Wiki Rennes.<br />
::Pour votre question, je vous suggère de consulter la "référence historique" de ce wiki [[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]].<br />
::Plus d'infos sur l'utilisation de ce wiki ci-dessous, par ailleurs une permanence se tient tous les mercredis au café de la Maison des Associations à partir de 14H.<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]] ([[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|discussion]]) 26 mai 2015 à 14:27 (CEST)<br />
<br />
<br />
{{Bienvenue}}<br />
<br />
== rue Jeanne Malivel ==<br />
<br />
petite nièce de Jeanne Malivel, j'ai lu votre article et je souhaite apporter des modifications, en particulier sur son féminisme et sur votre appréciation de Jeanne Coroller , "autonomiste et future collaboratrice". Jeanne Malivel n'a jamais été autonomiste, elle l'a clairement écrit dans ses courriers. Elle n'a pas pu être collaboratrice étant décédée avant 39-45. Le texte peut laisser supposer des alliances malsaines. Des écrits semblables ont créé un violent débat St Herblain où une rue a également son nom. Je souhaite donc vivement que ce texte soit modifié. Un texte parfait sur Wikipédia a été fait par un historien et validé par la famille. Vous pouvez le consulter.<br />
espérant une réponse de votre part.<br />
:Bonjour,<br />
:Le principe des wikis tels que WikiRennes étant que chacun apporte les améliorations qui lui semblent opportunes, tout en discutant si cette opinion n'est pas partagée, je vous propose de corriger vous-même ce qui est inexact dans cet article. De toute façon, c'est un article sur la rue et non d'abord sur celle qu'elle honore, les grandes lignes suffisent. Il serait bon aussi de garder une trace de cette doléance dans la page de discussion de l'article à toutes fins utiles.<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 24 juin 2015 à 18:05 (CEST)<br />
<br />
Auteur de la modification de l'article sur Jeanne Malivel, en vue d'apporter l'illustration d'un bois gravé réalisé par elle pour l'histoire de ma Bretagne, par Jeanne Coroller, il ne me semble pas qu'un lecteur puisse déduire du texte qu'en collaborant artistiquement avec cette auteure, Jeanne Malivel est présentée elle-même comme une autonomiste et évidemment pas une collaborationniste puisqu'elle est décédée bien avant l'époque de l'occupation allemande. Jeanne Malivel, artiste, comme les autres Seiz Breur, avait bien le droit d'exprimer une sensibilité et une culture bretonnes sans que, comme on l'a malheureusement, à l'issue de la guerre, on l' assimilât ainsi que ces artistes aux indépendantistes et collaborationnistes du Bezen Perrot, qui ont lutté contre les résistants bretons et qui ont été pourtant cinquante fois moins nombreux que les vrais résistants bretons - et en ne tenant pas compte deceux de la 25e heure.<br />
<br />
--[[Utilisateur:Stephanus|Stephanus]] ([[Discussion utilisateur:Stephanus|discussion]]) 24 juin 2015 à 20:20 (CEST)<br />
:Bonjour Stephanus, une fois précisé que je n'ai pas vu l'article, j'ajoute que c'est bien pourquoi je propose une modification par l'intéressé. Je suppose qu'il s'agit de la façon de présenter ou de décrire les choses, et qu'il suffit de quelque chose qui peut s'apparenter de votre point de vue à une retouche de la rédaction, l'accord sur le fonds étant fort probable. Ceci n'interdit pas bien évidemment, toute "retouche" complémentaire. C'est le principe comme la pratique. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 24 juin 2015 à 20:43 (CEST)<br />
<br />
=="Erreur fatale"==<br />
<br />
Qui c'est qui sait c'que c'est que "erreur fatale" (j'en tremble) et notamment ce qu'est la "MW Exception" ? [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] ([[Discussion utilisateur:JCLF|discussion]]) 14 octobre 2015 à 12:07 (CEST)<br />
:Je ne peux pas affirmer que ça provenait de cela, mais jusqu’à récemment Wiki-Rennes n’avait presque plus de place pour stocker certaines données (la base de données plus spécifiquement) et il est possible que ça ait provoqué ce genre d’erreur ou d’autres erreurs intermittentes. Ça ne devrait plus se reproduire, la base de données ayant été déplacée vers un endroit du serveur plus spacieux :-) ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 21 octobre 2015 à 17:41 (CEST)<br />
<br />
== Maintenance technique et questions techniques ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
Après la grosse intervention technique que j’avais faite en mai, je vais faire des petites interventions pour anticiper les problèmes, réparer des petites choses cassées, répondre aux questions techniques, installer si besoin de nouvelles fonctionnalités… Il a été convenu avec Naufalle et l’association Bug que j’y consacrerai une journée par mois d’ici la fin de l’année (je suis rémunéré pour cela), et on verra ensuite si le rythme convient.<br />
<br />
Pour assurer le suivi, je tiendrai à jour la page [[WikiRennes:Technique]]. Si vous avez des questions ou des problèmes techniques, n’hésitez pas à m’en faire part [[Discussion WikiRennes:Technique|sur la page de discussion]], j’essaierai d’y répondre assez rapidement. J’ai fait une première journée le 16 octobre dernier où j’ai fait de la maintenance de fond (mises à jour, nettoyage du serveur, [[WikiRennes:Technique#16 octobre 2015|etc.]]), les deux prochaines fois sont le 16 de chaque mois. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 21 octobre 2015 à 18:05 (CEST)<br />
:On est le 16 novembre, je travaille donc aujourd’hui sur la [[WikiRennes:Technique|maintenance]] de Wiki-Rennes. Normalement je ne vais rien casser, mais je préviens, on ne sais jamais :) Je vais aujourd’hui mettre à jour l’habillage de Wiki-Rennes pour le faire évoluer comme son habillage parent Monobook (donc pas de changement graphique, juste technique) et installer l’outil de statistiques [https://piwik.org Piwik] pour connaître la fréquentation de Wiki-Rennes – je donne les clés à [[Utilisateur:Naufalle|Naufalle]], vous pourrez lui en parler si vous voulez voir les stats. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 16 novembre 2015 à 09:31 (CET)<br />
<br />
== Nouveaux outils à développer? ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
<br />
De nouveaux outils open source ont été créés et pourraient peut-être trouver leur place sur ce Wiki.<br />
<br />
Je pense à "StoryMap JS" (https://timeline.knightlab.com/) qui permet de rendre compte d'une histoire en se basant sur la localisation des événements.<br />
<br />
Ou encore à "Juxtapose JS" (https://juxtapose.knightlab.com/), un outil qui permet entre autres à comparer deux images prises à des époques différentes.<br />
<br />
Le travail réalisé par [[Utilisateur:Vesy|Vesy]] d'import de cartes postales anciennes pourrait être valorisé via ce deuxième outil en les juxtaposant avec des prises de vues récentes.<br />
<br />
Ma question aux administrateurs, est-il possible d'intégrer ces outils? Il s'agit de bibliothèques Javascript d'un point de vue technique...<br />
<br />
Si oui, pourrait-on les mettre en place lors d'une mise à jour?<br />
<br />
Merci! [[Utilisateur:Manu35|Manu35]] ([[Discussion utilisateur:Manu35|discussion]]) 24 novembre 2016 à 16:09 (CEST)<br />
<br />
:Bonjour - Il me semble que les améliorations ne peuvent venir que d'une extension du logiciel MediaWiki. [[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 24 novembre 2016 à 20:43 (CET)<br />
<br />
::Bonjour, je me charge de vérifier la compatibilité de ces modules avec la version de Media Wiki utilisée pour Wiki Rennes. [[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
:::Merci pour votre retour! ;) [[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
::::@Naufalle Al Wahab: avez-vous pu jeter un coup d’œil sur les possibilités de mise à jour? [[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
== Wiki-Rennes aux journées du Patrimoine ==<br />
<br />
Bonjour à tous,<br />
Wiki-Rennes est invité aux journées du patrimoine ce week-end (les 16 et 17 septembre) pour y tenir un stand aux côtés des wikipédiens afin de présenter le wiki.<br />
Je souhaitais proposer à tous les contributeurs actifs de passer afin de parler de l'outil du point de vue utilisateur/contributeur. Certains d'entre vous seraient-ils intéressés et disponibles?<br><br />
--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
:Bonjour, très belle idée que d'exposer au plus grand nombre le wiki. Une plaquette avec le programme est-elle en ligne? Où se passera cette rencontre? Et à quelle heure?<br />
:Merci!<br />
:--[[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
::Merci de votre réponse, toutes mes excuses j'ai oublié de préciser le lieu et les horaires : cela se passe aux Champs Libres de 14H à 18H30 les 2 jours. Si vous souhaitez y participer je vous propose de m'envoyer un mail (naufalle.alwahab@asso-bug.org) avec votre nom complet pour que les Champs Libres vous fassent un badge.<br />
<br />
::Merci!<br />
::--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
:::Bonjour, malheureusement je ne pourrai pas être disponible à ces horaires. Merci pour l'invitation.<br />
:::--[[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
<br />
==Wiki-Rennes loves monuments?==<br />
Bonjour à tous, <br />
Que penseriez-vous de l'opportunité de reprendre sur Wiki-Rennes les opérations Wikipédia? Il y a par exemple sur Wikipédia en ce moment l’opération "Wiki loves monuments" et l'idée serait de reprendre la même chose sur Wiki-Rennes avec un bandeau en haut de page comme ici : [https://fr.wikipedia.org/wiki/Wikip%C3%A9dia:Accueil_principal Accueil Wikipédia] <br />
Je pensais donc mettre le bandeau sur Wiki-Rennes sauf objection de l'un d'entre vous.<br />
Belle journée à tous <br><br />
--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
:Bonjour Naufalle,<br />
:A l'heure qu'il est je ne vois pas de bandeau, mais je le connais.<br />
:A la réflexion, je ne vois pas d'inconvénient, mais sur Wikipédia je trouve que ces bandeaux sont plus une gêne qu'autre chose. Tu peux tenter l'expérience, mais je suggère par préférence de faire la promotion de tes propres attentes ou intentions (Rennes Métropole), ou des initiatives comme Baud-Chardonnet ''pendant leur préparation et réalisation''. On pourrait aussi bien imaginer de mettre en avant une ou deux communes pendant un mois ou deux, successivement.<br />
:Cordialement.<br />
:[[Utilisateur:TigH|TigH]] ([[Discussion utilisateur:TigH|discussion]]) 19 septembre 2017 à 17:34 (CEST)<br />
::Le bandeau n'est pas encore en place, j'ai crée un exemple de bandeau qui pourrait être mis en place :<br />
{{Utilisateur:VIGNERON/WLM}}<br />
::Si le principe du bandeau plaît, il pourrait effectivement être utiliser pour d'autres actions (j'aime bien l'idée de mettre en avant des articles ou des thématiques).<br />
::Cdlt, [[Utilisateur:VIGNERON|VIGNERON]] ([[Discussion utilisateur:VIGNERON|discussion]]) 20 septembre 2017 à 11:03 (CEST)<br />
<br />
==CAPTCHA ??==<br />
<br />
C'est quoi « CAPTCHA incorrect ou absent » ? Quelqu'un peut-il m'éclairer ? [[Utilisateur:JCLF|JCLF]] ([[Discussion utilisateur:JCLF|discussion]]) 28 septembre 2017 à 18:57 (CEST)<br />
<br />
:Bonjour Le CAPTCHA est le code à rentrer pour prouver que vous n'êtes pas un robot. Il est souvent demandé pour se connecter à Wiki-Rennes. Avez-vous essayé de vous connecter à partir d'un autre appareil que celui utilisé habituellement?<br />
--[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
== Nouvelle version à venir ==<br />
<br />
Je ferai une mise à jour de MediaWiki dans 10 jours, vers la version 1.31, bien sûr s’il n’y a pas d’opposition majeure à cela. On sera alors quasiment à la même version que Wikipédia. Quoiqu’il y ait beaucoup d’améliorations sur des détails, voici quelques points majeurs :<br />
* Forte amélioration de l’éditeur visuel, plus rapide notamment<br />
* Diff visuel avant enregistrement : afin de visualiser facilement en mode WYSIWYG avant d’enregistrer<br />
* Mode « slideshow » et d’autres nouvelles présentations pour les galeries d’images ([[:mediawikiwiki:Help:Images#Mode parameter|exemples]])<br />
* Uniformisation des styles de l’interface<br />
<br />
Dans les extensions possiblement à ajouter, je proposerais bien TemplateData afin que les modèles soient plus facilement utilisables avec l’éditeur visuel, notamment en affichant une description et la liste des paramètres (noter que cela demande toutefois du travail de documentation des modèles, ça peut se faire à l’aide d’un éditeur) - par exemple, [https://www.mediawiki.org/wiki/Project:Sandbox?veaction=edit&uselang=fr modifier le bac à sable sur MediaWiki.org] et ajouter le modèle "Localized link" avec le menu Insérer > Modèle > Entrer "Localized link" (=lien traduit).<br />
<br />
Si vous avez des remarques, n’hésitez pas et notamment si vous être intéressé par TemplateData (et si certaines demandes engendrent trop de travail j’en discuterai avec Naufalle).<br /><br />
~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]], pour Wiki Valley, 3 octobre 2018 à 17:16 (CEST)<br />
<br />
:Super! Donc ce sera une bascule vers la version 1.31. Mais quelle est la version actuelle?<br />
:Merci!<br />
<br />
:[[Utilisateur:Manu35|Manu35]] 5 octobre 2018 à 14:21 (CEST)<br />
::La version actuelle est la 1.25, qui a maintenant environ 3 ans. ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 9 octobre 2018 à 11:31 (CEST)<br />
:::La nouvelle version 1.31 a été déployée jeudi 24 janvier. Nous avons vérifié avant le déploiement que les syntaxes spéciales fonctionnaient bien, mais si vous constatez des dysfonctionnements sur certaines pages n’hésitez pas à en parler à [[Discussion utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle]] ou dans cette section du Bistro.<br />
:::En plus des améliorations mentionnées plus haut, les cartes refonctionnent et acceptent même directement les adresses (voir le code dans [[Allée Louis Hémon]]). Le problème sur les cartes était dû à Google qui fait payer désormais Google Maps, mais ça a été l’occasion de passer sur OpenStreetMap, ce qui est préférable par ailleurs.<br />
:::~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 28 janvier 2019 à 10:06 (CET)<br />
<br />
== Partenariat Musée de Bretagne ==<br />
<br />
Bonjour à tous, Wiki-Rennes est désormais partenaire du Musée de Bretagne. L'idée est de pouvoir valoriser les collections en ligne du Musée (en rapport avec Rennes et sa métropole) sur le wiki. Le Musée de Bretagne a mis en ligne ses collections sur le portail : [http://www.collections.musee-bretagne.fr/ Collections en ligne]. Un premier rendez-vous est prévu demain (mardi 9 octobre) au centre de documentation du musée de 14H à 18H et ce rendez-vous est ouvert à tous les contributeurs, curieux, historiens... <br />
Je serai présent pour ce premier rendez-vous avec un ordinateur pour contribuer.<br />
A demain pour ceux qui peuvent être présents.<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
== Infobox ==<br />
<br />
Bonjour,<br /><br />
pour mettre à jour la page de ma commune et créer la page sur l'aéroclub de Rennes Ille-et-Vilaine, j'ai créé deux infobox qui sont utilisables dans les pages techniques suivantes :<br />
* [[Modèle:Infobox ville|Modèle:Infobox_ville]]<br />
* [[Modèle:Infobox-générique]]<br />
Ces infobox sont écrites en CSS et ne nécessitent aucune extension dans le wiki. Je peux les adapter (gratuitement) sur demande.<br /><br />
<center><br />
--[[Utilisateur:pacha35|pacha35]] ([[Discussion utilisateur:pacha35|discussion]]) 9 janvier 2019 à 23h15 (CET)<br />
</center><br />
<br />
== Affichage des images en grand ==<br />
<br />
[[Fichier:Zoom 01.jpg|thumb|Extension FancyBoxThumbs]][[File:Screenshot of MultimediaViewer extension 2014-04-21.png|thumb|Extension MediaViewer]]<br />
[[Utilisateur:Pacha35|Pacha35]] propose d’installer l’extension [[:mediawikiwiki:Extension:FancyBoxThumbs|FancyBoxThumbs]] permettant d’afficher en grand les images tout en restant sur la page (au contraire de maintenant où on est redirigé vers la page de l’image). Dans le domaine, il y a également l’extension [[:mediawikiwiki:Extension:MediaViewer|MediaViewer]] utilisée par Wikipédia et qui ouvre en plein écran l’image.<br />
<br />
Techniquement, l’une ou l’autre peut ête installée. Des opinions/préférences ? ~ [[Utilisateur:Seb35|Seb35]] [[Discussion utilisateur:Seb35|<small>[^_^]</small>]] 30 janvier 2019 à 15:36 (CET)<br />
<br />
PS : la proposition originale est sur la [[Discussion utilisateur:TigH#zoom sur image|page de TigH]] qui m’a [[Discussion utilisateur:Seb35#Extension image ?|transmis la question]]. Aussi, ping [[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]].<br />
<br />
Personnellement je suis pour si les contributeurs n'y voient pas d'inconvénient, c'est plus logique en terme d'ergonomie.<br />
[[Utilisateur:Naufalle Al Wahab|Naufalle Al Wahab]]<br />
<br />
Je ne connais pas MediaViewer, un point intéressant de FancyBoxThumbs est que l’image ne prend que la taille maxi de l’originale et qu’on a accès au fichier qui la contient en cliquant sur «More info» en dessous de l’image «zoomée».<br><br />
[[Utilisateur:Pacha35|Pacha35]] ([[Discussion utilisateur:Pacha35|discussion]]) 30 janvier 2019 à 19:27 (CET)<br />
<br />
Un avantage à FancyBoxThumbs, l'image en plein écran n'est pas utile je pense, et en plus pas forcément pratique sur smartphone.<br />
[[Utilisateur:Manu35|Manu35]]<br />
<br />
== Liste des Chroniques vezinoises ==<br />
<br />
Bonjour,<br />
A la suite de ma dernière intervention, un ajout dans le N°5 des chroniques en question, j'ai fait disparaitre bien involontairement de la liste cette chronique.<br />
Un grand merci à qui réparera l'erreur... peut-être Stèph !!!<br />
Cordialement<br />
Albert René</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Manifestation_du_14_juillet_1943&diff=72771Manifestation du 14 juillet 19432021-06-19T10:22:28Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Rennes sous l'occupation]]<br />
[[Catégorie:Manifestation]]<br />
[[Fichier:Attentat_contre_ppf.png|300px|right|thumb|L'Ouest-Éclair du 18 juillet 1943 rapporte l'attentat "stupide" contre les locaux du PPF]]<br />
Pour le 14 juillet 1943, la B.B.C. avait invité les Français à manifester, sans toutefois donner de consignes bien précises quant au port de cocardes et aux chants à entonner, laissant aux organisations locales la définition de celles-ci, mission difficile pour elles qui ne pouvaient toucher, et très lentement, que leurs militants qui représentaient une infime partie de la population. Il y eut quand même quelques rassemblements massifs, au Havre, et à Vannes où près de 2000 personnes se répandirent dans les rues principales et où un magasin de couture exposa en vitrine des robes de mariées bleu-blanc-rouge et d'immenses bouquets de bleuets, marguerites et coquelicots.<ref>''Radio Londres 1940-1944 Les voix de la liberté'', par Aurélie Luneau, Perrin éd. - 2005</ref><br />
<br />
La ville de Rennes ne fut pas en reste : à 18 h 00 des groupes importants stationnèrent en silence pendant dix minutes devant les édifices publics : mairie, palais de Justice, préfecture.<ref> ''Les heures douloureuses de Rennes'', par V. Ladam. Imp. Les Nouvelles</ref><br />
<br />
Coïncidence, un attentat avait eu lieu, dans la nuit du 13 au 14, à la permanence du Parti populaire français (PPF), situé à l'angle du [[boulevard de la Liberté]] et de la [[rue de Nemours]] provoquant de considérables dégâts matériels au magasin qui l'abrite. " Ce geste stupide a provoqué en ville un sentiment général de réprobation" affirmera l'''Ouest-Éclair'' du 15 juillet.<br />
<br />
'''Extrait des mémoires du commandant Pétri responsable régional FTPF'''<br />
<br />
Juillet 1943<br />
<br />
''« Auguste et moi avions passé la nuit du 13 au 14 à Vezin-Ie-Coquet, à préparer et placer nos bombes. Des morceaux de bois calaient, contre le pylône, les explosifs. Nous couchions dehors et je vous assure que, malgré la saison, la nuit n'était pas chaude. Nous avons allumé les mèches et nous sommes rentrés à Rennes. Quand le pylône est tombé, le ciel incendié jusqu'aux limites les plus lointaines de l'horizon. '" Avenue du Mail, à 5 heures moins 10, des agents nous croisèrent. Nous riions très haut comme des ouvriers retour du travail. Mais notre travail n'était pas fini. À 5 heures 05, nous nous séparions rue de la Chalotais. À 5 heures, je posais une bombe au soupirail de la cave du [PPF] et rejoignais ma "planque" chez Mme Nobilet».''<br />
<br />
===Références===<br />
<references/></div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72677Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-12T13:22:22Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
<gallery><br />
Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
</gallery><br />
<gallery><br />
Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG <br />
<gallery><br />
Fichier:Dommages de guerre.JPG<br />
</gallery><br />
<br />
<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(avril 2021)''effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72634Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T13:38:42Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
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Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
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Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
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'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
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Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
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'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG <br />
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Fichier:Dommages de guerre.JPG<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(avril 2021)''effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Fichier:Dommages_de_guerre.JPG&diff=72633Fichier:Dommages de guerre.JPG2021-06-10T13:36:44Z<p>Aldebert : Procès verbal impacts de bombes</p>
<hr />
<div>== Description ==<br />
Procès verbal impacts de bombes</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72632Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T13:13:26Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
<gallery><br />
Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
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Cette information résulte d'une enquête récente ''(avril 2021)''effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Fichier:Ferme_La_Touche_thebault.JPG&diff=72631Fichier:Ferme La Touche thebault.JPG2021-06-10T13:11:12Z<p>Aldebert : Ferme de la Touche Thebault impacts de bombes</p>
<hr />
<div>== Description ==<br />
Ferme de la Touche Thebault impacts de bombes</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72629Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T13:07:09Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
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'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
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Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
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Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
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Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
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Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Flak Belle Epine.jpg<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(avril 2021)''effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72627Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T13:04:29Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
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Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
<br />
<gallery><br />
Fichier:Flak Belle Epine.jpg <br />
<gallery><br />
Fichier:Ferme La Touche thebault (2).JPG<br />
</gallery><br />
<br />
<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(avril 2021)''effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Fichier:Flak_Belle_Epine.jpg&diff=72626Fichier:Flak Belle Epine.jpg2021-06-10T13:01:49Z<p>Aldebert : Aldebert a téléversé une nouvelle version de Fichier:Flak Belle Epine.jpg</p>
<hr />
<div>== Description ==<br />
Photo aérienne NCAP 1944 Flak Belle Epine Vezin le Coquet</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72625Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T12:55:21Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Flak Belle Epine.jpg <br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault (2).JPG<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente ''(avril 2021)''effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72624Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T12:50:37Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
<gallery><br />
Fichier:Flak Belle Epine.jpg <br />
<gallery><br />
Fichier:Ferme La Touche thebault (2).JPG<br />
</gallery><br />
<br />
<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulte d'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72623Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T12:49:17Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Fichier:Ferme La Touche thebault (2).JPG<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
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Cette information résulte d'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72622Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-10T12:47:04Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
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Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon, de Pacé, n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
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'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tête de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
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'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut au-dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz Teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la ferme de la Touche Thébault, propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
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<br />
Cette information résulte d'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72615Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-09T17:42:19Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
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Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
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Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tète de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
[[Fichier:Flak Belle Epine|vignette|Photo aérienne NCAP 1944 Flak Belle Epine - Vezin le Coquet]]<br />
Fichier:Ferme La Touche thebault (2).JPG<br />
<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la Ferme de la Touche Thébault. Propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulted'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72614Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-09T17:39:00Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tète de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
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'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
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<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
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'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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[[Fichier:Flak Belle Epine|vignette|Photo aérienne NCAP 1944 Flak Belle Epine - Vezin le Coquet]]<br />
<br />
Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la Ferme de la Touche Thébault. Propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulted'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72613Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-09T17:16:06Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
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Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tète de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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[[Fichier:Ferma de la Touche thébault|vignette]]<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la Ferme de la Touche Thébault. Propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
<br />
<br />
Cette information résulted'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet <br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72612Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-09T17:14:50Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
<br />
'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tète de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
<br />
'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
<br />
'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
<br />
Fichier:Ferme La Touche thebault<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la Ferme de la Touche Thébault. Propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
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Cette information résulted'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=72611Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-06-09T17:07:37Z<p>Aldebert : </p>
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'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
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'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
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Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
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D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
<br />
'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
<br />
Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
<br />
Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tète de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
<br />
Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
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'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
<br />
Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
<br />
<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
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'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
<br />
Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
<br />
Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
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Il semblerait que l'un des tirs de la DCA allemande qui, en fin de compte, nous distrayaient en nous offrant de beaux éclats d'obus, se soit déroulé le 27 juin 1944. Il répondait ce jour là, à une rapide attaque en piqué de l'aviation américaine P51 et P38, sur le champ même de la DCA de la Belle Épine. Nous nommions les P38 «double queue» et les Allemands, qui les redoutaient particulièrement, les appelaient ''«Gabelschwanz teufel»,'' c’est-à-dire ''«Diable à queue fourchue».'' Je me souviens, à d'autres occasions, en avoir vus évoluer dans le ciel, ils nous faisaient grande impression tellement leur forme était atypique.<br />
Lors de l'attaque du 27 juin 44, des bombes ont endommagé des bâtiments de la Ferme de la Touche Thébault. Propriété appartenant à monsieur Yves de la Blanchardière, monsieur et madame Joseph Primault en étaient les fermiers. On distingue sur la photo aérienne deux impacts, confirmés par des experts sur un croquis qui accompagne un dossier d'indemnisation d'après guerre.<br />
Les Allemands avaient pris possession d'une partie de la propriété le 10 mars 1943 pour y installer leurs canons.<br />
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<br />
Cette information résulted'une enquête récente effectuée par Monsieur Cédric Levin du cabinet d'Etude en sécurité Pyrotechnique. Le Masters. Qu'il en soit remercié.<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Fichier:Ferme_La_Touche_thebault_(2).JPG&diff=72610Fichier:Ferme La Touche thebault (2).JPG2021-06-09T16:53:38Z<p>Aldebert : Ferme bombardée le 27 juin 1944</p>
<hr />
<div>== Description ==<br />
Ferme bombardée le 27 juin 1944</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Fichier:Flak_Belle_Epine.jpg&diff=72609Fichier:Flak Belle Epine.jpg2021-06-09T16:50:57Z<p>Aldebert : Photo aérienne NCAP 1944 Flak Belle Epine Vezin le Coquet</p>
<hr />
<div>== Description ==<br />
Photo aérienne NCAP 1944 Flak Belle Epine Vezin le Coquet</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B013&diff=72163Chronique vezinoise sous l'occupation n°132021-04-11T17:02:10Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
<br />
'''Souvenirs d’un enfant'''<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
== Derniers potins avant le départ de l’occupant ==<br />
<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Avion anglais touché par la DCA'''''<br />
<br />
Un avion, un bombardier anglais, est touché par la DCA. Il tourne au-dessus du village. L’équipage a sauté en parachute. Certains aviateurs ont été récupérés et faits prisonniers par les Allemands. Un side-car passe dans le bourg, il transporte à son bord un des aviateurs. Lorsque celui-ci croise des villageois curieux qui le regardent passer, l’Anglais leur adresse un petit signe d'amitié. Il semble blessé. <br />
<br />
'''''Police allemande à la recherche de parachutistes anglais.'''''<br />
<br />
À une autre date ''guère plus datée que la précédente''… les Allemands recherchent des parachutistes anglais ''(dans l'esprit des gens, les parachutistes ne peuvent qu'être Anglais.).'' <br />
Des Allemands procèdent à des inspections dans le bourg, ils questionnent les habitants. Ils entrent dans le café Touffet pour interroger les consommateurs présents ainsi que la propriétaire. Madame Touffet est une personne âgée qui ignore la signification du mot ''parachutiste''. Croyant avoir à subir un contrôle pour combattre le marché noir, elle ouvre les deux battants de son armoire à étagères, pleine de linge bien rangé et déclare de bonne foi ''« regardez sur ces étagères vous ne trouverez pas de parachutistes. »'' <br />
L'histoire ne précise pas la réaction des Allemands. Ont-ils songé un instant que cette brave dame se payait leur tête ? Non, personne ne le pense, ils auront bien observé madame Touffet, il y a des attitudes qui ne mentent pas.<br />
<br />
'''''Promenade de séminaristes en herbe'''''<br />
<br />
Ma fenêtre qui donne sur la rue principale, laquelle est presque un passage obligé, offre souvent du spectacle. Chaque jeudi, s’il fait beau temps, jour de promenade, je vois passer, deux par deux, les petits devant, les grands derrière, tout un groupe de séminaristes. Ils sont vêtus d’une soutane noire, la tête couverte d'un chapeau à large bord ''idèmement'' noir, le missel à la main. Comme il s'agit pour la plus part de jeunes et très jeunes, il y a du chahut en tête des rangs, des rires et parfois des éclats de voix. Cet évènement est pour moi une énigme. ''Comment se fait-il qu'il y ait des curés si petits qui jouent comme des enfants.'' <br />
Je n'ai pas pensé questionner ma mère à ce sujet. Ma mère a pourtant réponse à tout. Par exemple quand je lui dis, entre les repas, '' « maman j’ai faim !'' », elle me répond du tac au tac ''« Mange ta main et garde l'autre pour demain. »''<br />
<br />
'''''Insolite handicapée'''''<br />
<br />
Un autre spectacle vu de ma fenêtre, cette vieille femme, habillée de hardes, elle paraît malpropre. Elle se déplace avec une chaise sur laquelle elle pose un genou recouvert d’un chiffon. Elle avance en se servant de la chaise comme d’une béquille. Elle arrive du bas du bourg et remonte bien lentement toute la rue qui est bien longue. Le déplacement est laborieux. Où va-t-elle, d’où vient-elle. Encore un événement inexpliqué.<br />
<br />
'''''Les réquisitions de l'occupant'''''<br />
<br />
Le passage, dans notre rue, de convois de véhicules allemands de toutes sortes est assez fréquent. Certains s'arrêtent pour la nuit dans le village et des officiers exigent parfois d’être logés chez l'habitant. <br />
Un blindé est stationné contre le mur de l’école. Je suis dans la cour, perché sur la dalle où trônait avant-guerre une statue. La statue a disparu. (''Elle est à inscrire sur l’infiniment longue liste des vols perpétrés par l’occupant qui, pendant presque cinq ans, s’est exercé à un pillage systématique de notre pays.''(1) <br />
J’aperçois la tête et le tronc d’un soldat qui émerge du blindé. Il est vêtu d’un uniforme noir, il me regarde et détourne la tête. Les soldats habillés de noir ou de bleu foncé me font vraiment peur. Ils ressemblent à des miliciens. <br />
<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Support de la statue.jpg|center|thumb|upright=2|Sur le coin tronqué du mur, on aperçoit une margelle, support de la statue volée]]<br />
<br />
<br />
<br />
Un soir et comme d’ailleurs tous les soirs, ma mère réinstalle les lits pour la nuit à venir. C’est un convoi de panzer, qui stationne dans le village, les soldats qui l’accompagnent étant de noir vêtus. Ce soir là, et comme d’ailleurs beaucoup de soirs, je ne suis pas très obéissant. Ma mère me rappelle à l’ordre et menace alors d’héberger un Allemand pour la nuit. Je deviens tout à coup très rapidement sage.<br />
<br />
Devant le portail de l’école, c’est la fin de la journée, tout est calme, il me faut rentrer à la maison. Une voiture légère allemande est stationnée devant chez Letort. Ses propriétaires consomment au café de la maréchalerie. La porte du café s’ouvre brusquement, deux soldats en sortent. Ils sont coiffés de casquette et leur uniforme est de couleur vert de gris. Ils ont dégainé leur pistolet et se poursuivent à tour de rôle en criant comme des gamins. Ils se dirigent vers l’atelier des machines agricoles et commencent à tirer vers l’intérieur. Après chaque coup de pistolet tiré, ils s’exclament. Peut-être s’amusent-ils, me dis-je pour me rassurer, c’est encore une affaire à éclaircir ! Je rentre à la maison.<br />
<br />
'''''L'espoir'''''<br />
<br />
Les Allemands sont-ils partis ?… Pas sûr !… Les Américains ne sont pas encore arrivés, c’est certain!… Mais que font-ils ? <br />
<br />
Le lendemain, dans l’après-midi, après une bonne nuit passée dans un fossé du ''[[Chronique vezinoise sous l'occupation. 8|Chemin vert]]'', les choses se précipitent .<br />
Une partie de la population du bourg est présente devant la mairie-école et, de fait,devant la maréchalerie. Dans la cour de l'école et dans la rue, les gens conversent. <br />
<br />
Les Allemands sont-ils partis? ''« Croyez-vous qu'ils sont encore à Rennes ? »'' <br />
Un grand espoir mêlé d’un peu d’anxiété se lit sur tous les visages. Le boche est-il enfin parti ? L’impatience de savoir est à son comble.<br />
Monsieur Guérin, le directeur de l'école, dit alors ''« il faut téléphoner à ''la Croix Rouge'' »'' (lieu-dit à l'entrée de Rennes sur la route de Vezin à environ quatre km). <br />
<br />
Le père Letort prend le combiné du téléphone....Je suis à côté du téléphone, bien entendu ! Il tourne la manivelle.'' Allô, dit-il. Alors ! Ah oui… sont-ils partis?… Comment? …'''. Oui, ils sont partis''' !'' crie t-il à tous. Joie soudaine, allégresse. <br />
<br />
'''''La Marseillaise est chantée devant l'école'''''<br />
<br />
Sans perdre de temps, monsieur Guérin réunit les enfants présents, pourtant sensés être en grandes vacances, pour chanter haut et clair, une libre Marseillaise. J’étais resté près du téléphone, la bonne, Angèle, m’expédie alors vivement vers le groupe de l’autre côté de la rue. ''« Va chanter avec eux »'' me dit-elle. Adultes et enfants, tous ensemble, entonnent une vibrante Marseillaise, parait-il émouvante.<br />
<br />
'''''Tous aux dépôts allemands'''''<br />
<br />
Persuadés que l’occupant a fui, c’est maintenant une course presque effrénée pour tous, mais surtout pour les jeunes, vers un lieu de stockage allemand resté, paraît-il, intact dans le bois de ''la Glestière''. Quels trésors va-t-on y découvrir ?<br />
Les petits courent parfois loin derrière les grands, les filles ne suivent pas... prudentes... affaire d'hommes! Après reconnaissance des lieux, force est de constater qu'il n'y a rien d'important qui mérite d'être détruit par l’Allemand ou récupéré par le civil français. <br />
Jean Pinel repart avec un fût de 200 litres plein de quelque chose, il le roule à toute allure sur la route en le poussant vers le bourg. <br />
Soudain, moment de panique, il paraît que les Allemands reviennent ! Affolement général chez les grands. Personnellement je ne perçois pas le danger. Je continue tranquillement de contempler mon butin.<br />
Bien heureusement, les Allemands ne sont pas revenus jusqu’à nous. <br />
<br />
Dans le grand hangar du bois de ''la Glestière'', sont entreposés, par piles, des sacs à dos militaires. La partie supérieure de chaque sac est recouverte d’une peau de vache. La poche principale centrale est vide, les petites disposées de part et d’autre du sac contiennent quelques trésors. De toutes façons, à mon âge, je ne suis pas en mesure d’estimer la valeur de quoi que ce soit. Ce sont des petits drapeaux triangulaires de couleur jaune sur lesquels est imprimée une tête de mort de couleur noire. On y trouve aussi des rouleaux de ruban d’un beau jaune orange reluisant. J’extrais aussi des tubes en bakélite de couleur marron, contenant des pastilles d’eau de javel (chlore). Beurk!...ça sent mauvais. <br />
''Pi-Park'' n'est pas un camp du génie militaire pour rien. <br />
<br />
Les rubans servent à localiser, sur le front, un chemin ouvert à travers un champ de mines et les fanions à indiquer les mines découvertes encore en place. <br />
Je suis vraiment déçu de mes trouvailles. J’imaginais découvrir un plus beau et grand trésor. J'emporte des rouleaux de ruban qui ne profiteront qu'aux filles. Le lendemain elles ont toutes des rubans jaunes dans les cheveux. Jeanine et Gaby Trincar ne sont pas en reste. Ah! les filles, elles en ont été si longtemps privées de ces jolis rubans. <br />
<br />
'''''Panique! L'Allemand revient'''''<br />
<br />
Sur la route au moment de notre retour de ''la Gléstière'', après avoir récupéré ce qui pouvait être pris dans ce qui restait des stocks abandonnés par les Allemands, il y eut tout à coup un vent de panique, quelqu'un a crié « Les Allemands reviennent ! ». <br />
En effet deux, trois ou quatre Allemands sont revenus, ils arrivaient de Montigné ''(ça ! c'étaient des mauvais m’a dit Madeleine)''. Ils ont pris un otage, un jeune homme et décident de le fusiller devant le monument aux morts du cimetière en guise de ''« cadeau d’adieu »''. Des témoins de l'événement, voisins ou passants, ont alors crié bien fort ''« les Américains !. ...les Américains arrivent !… »''. Les Allemands ont alors rapidement pris la fuite en abandonnant leur otage vivant. <br />
<br />
Par opposition aux Allemands mauvais, Madeleine me dit qu'il y en avait de gentils. Ceux du champ de DCA, de très jeunes soldats dont j’ai déjà évoqué la présence. Lorsque je me rends dans leur cantonnement, je mange sans crainte et sans hésitation les bonbons qu'ils me donnent. Oui ! Parce qu'il faut préciser, entre nous les enfants, nous nous passons la recommandation suivante ''« il ne faut surtout pas manger des bonbons que les Allemands donnent car ils sont empoisonnés et en plus, dedans il y a de la crotte de cheval »''. J’avoue avoir assumé tous ces risques en ne respectant pas cette consigne.<br />
<br />
Albert Pinel, qui vient de nous quitter en cette année 2010, est le fils du boucher et frère de Jean, ''le bon ami'' de ma sœur aînée. C’est lui qui est chargé d’affûter les couteaux de la boucherie et ceux utilisés après abattage. Il habite au bas du bourg avant la [[Chronique vezinoise sous l'occupation.11|grange à Fourché]] et le café Pécoil/Saunier. Il a l’habitude d’aiguiser ses couteaux sur une meule qui n’est pas motorisée, celle qui se trouve dans une grange de la ferme chez Anger, au Bas Vezin route de Montigné. Alors forcément quand il se rend à l’affûtage, il passe forcément devant notre fenêtre, et forcément je suis là quand je ne suis pas chez Letort ou à l'école. Peut-être n’affûte-t-il que le jeudi ?! Il m’aperçoit et me dit alors ''« Bébert viens tourner la meule »''. Ce n’est pas une demande, pas même une invitation, c’est un ordre. Je me crois donc obligé d’obéir. Il faut dire que je le crains un peu. Il est de l’équipe des grands qui commandent. Je l’accompagne donc jusqu’à la ferme Anger au Bas Vezin. Je connais parfaitement le détail de ce qui va se dérouler. Albert ne parle pas beaucoup. Sous un aspect très réservé, peut-être un peu froid, il a très bon cœur. Je tourne la meule, je tourne, je sais quand il faut cesser de tourner ou recommencer. Le travail terminé, Albert met la main dans sa poche, il sort une pièce trouée et me la tend.'' Je l’savais ! C’est toujours ainsi que ça se passe.!'' Je cours vite porter ma pièce à maman. Je suis sans doute un expert en tournage de meule pour affûtage de couteaux, enfin, c’est comme cela que je le ressens.<br />
<br />
Parmi les personnes du bourg de notre connaissance, nombreux se nomment Albert. Il y a Albert Pinel, fils d'Albert Pinel qui m’a élevé au grade de filleul parce que je m'appelle Albert, mon père que madame Letort appelle toujours ''monsieur'' Albert.<br />
Parmi tous ces Albert et afin d’éviter toute confusion, surtout à la maison, on m’appelle partout Bébert.<br />
<br />
C'est curieux, encore bien longtemps après la guerre, chez le populaire et à la campagne on s’exprime souvent en sou pour désigner la menue monnaie alors que le sou a disparu de la circulation depuis belle lurette. On dit "dix sous" pour une pièce de cinquante centimes, "vingt sous" pour une pièce d'un franc, "quarante sous" pour deux francs et "cent sous" pour une pièce de cinq francs. Le sou a la vie dure !<br />
''<br />
<br />
<br />
Nota (1) - ''Un éclaircissement ici s'impose. En fait la statue, qui représentait un poilu terrassant du pied l'aigle impériale prussien, a été détruite par les Allemands qui n'avaient pu supporter ce spectacle. Les débris ont été laissés sur place. La statue n'était pas métallique, elle n'intéressait donc pas l'occupant. Elle était l’œuvre d'un ancien Vezinois, Monsieur Nicot qui en avait fait don à la commune.'''' En fait, il s'agit très probablement de [[Louis Henri Nicot]].<br />
<br />
Février 2013<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Autres informations Blog Aldebert: [http://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565]<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°12]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation/Libération n°14]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B006&diff=72162Chronique vezinoise sous l'occupation n°062021-04-11T16:53:27Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div>[[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
'''Souvenir d’un enfant'''<br />
<br />
<br />
== '''Faits divers à Vezin-le-Coquet''' '''''sous l'Occupation''''' ==<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Un réservoir supplémentaire d'avion tombe sur le village'''''<br />
<br />
Tiens ! Un avion allié s’allège de ses réservoirs supplémentaires vides, il les largue sans façon. L’un tombe sur le village, dans un pré entre chez Pinel et la ferme Plassous, un autre dans la lande d’Apigné m’a dit Gaston. Heureusement personne n’est présent à cet endroit au moment de la chute. Les Allemands sont vite arrivés sur les lieux en side-car, pour savoir de quoi il en retourne. <br />
Encore une fois, j’ai de la chance, je suis présent quand survient l’événement. <br />
<br />
Pour l’instant en retrait, j’observe la scène. Un attroupement de gens du village s’est formé près des soldats casqués et vêtus de grands imperméables. Ils tournent autour de la chose, la regardent attentivement, l’inspectent sous toutes les coutures, la tâtent pour comprendre de quelle matière elle est faite, discutent entre eux et repartent. La représentation n’a pas été très longue. Le spectacle est terminé, chacun s’en retourne à ses occupations.<br />
<br />
Le réservoir me paraît très grand. Chouette! On va pouvoir faire une cabane. À présent qu’il n’y a plus personne ou presque, j’entre à l’intérieur pour me rendre compte de la profondeur et juger des possibilité d’aménagement. Très rapidement j’en ressors. L’odeur est insupportable et étouffante, sans doute les émanations des résidus de kérosène. Je crois me souvenir que Jean Pinel m’avait demandé de ne pas demeurer à l’intérieur. Je suis très déçu, j’ai trop rapidement fait plein projets pour l’utilisation de ce cadeau venu du ciel. Qu'est-il, par la suite, devenu ce machin, je ne sais pas.<br />
<br />
'''''Sabotage d'un pylône électrique du chemin vert'''''<br />
<br />
Des lignes haute tension traversent la commune, soutenues par de hauts pylônes. Ils acheminent l’électricité vers le centre de transformation de ''la Belle Epine'' pour, notamment, alimenter les puissants projecteurs du champ de DCA voisin. Il arrive que l’un des pylônes soit dynamité. Par exemple celui qui se trouve en haut du ''chemin vert'', à une très courte distance des canons, et pas loin de chez nous. C’est l’œuvre du groupe du Cdt Louis Pétri, dit Loulou, dit Tanguy. Ce réseau de résistants a payé un lourd tribut dans son combat contre l’occupant pour que la France redevienne libre.<br />
<br />
'''Extrait des mémoires du commandant Pétri responsable régional [https://fr.wikipedia.org/wiki/Francs-tireurs_et_partisans FTPF] '''<br />
<br />
Juillet 1943<br />
<br />
''« Auguste et moi avions passé la nuit du 13 au 14 à Vezin-Ie-Coquet, à préparer et placer nos bombes. Des morceaux de bois calaient, contre le pylône, les explosifs. Nous couchions dehors et je vous assure que, malgré la saison, la nuit n'était pas chaude. Nous avons allumé les mèches et nous sommes rentrés à Rennes. Quand le pylône est tombé, le ciel incendié jusqu'aux limites les plus lointaines de l'horizon.<br />
'''" Avenue du Mail, à 5 heures moins 10, des agents nous croisèrent. Nous riions très haut comme des ouvriers retour du travail. Mais notre travail n'était pas fini. À 5 heures 05, nous nous séparions rue de la Chalotais. À 5 heures, je posais une bombe au soupirail de la cave du [[https://fr.wikipedia.org/wiki/Parti_populaire_fran%C3%A7ais PPF]] et rejoignais ma "planque" chez Mme Nobilet»''. <br />
'''<br />
<br />
Quand ce pylône gît, bien à plat sur le sol, les Allemands ne sont sans doute pas heureux, par contre c’est la fête pour certains enfants du Bourg. Voilà tout à coup un formidable terrain de jeu qui s’offre à nous, tombé de sa hauteur. De plus, il s’étale de tout son long sur notre chemin vert, c’est un bonus ! Nous nous régalons d‘escalades sur ce mécano géant affalé en travers du chemin. Avec Alphonse nous passons bien des moments à jouer sur cet immense tas de ferraille. Tout a une fin et, à notre grand regret, il demeure trop peu de temps dans sa positon de repos. Il doit reprendre son activité. Les réparateurs arrivent. Nous suivons le cours de l’érection de notre ex-terrain de jeu, qui reprend, jour après jour, de l’altitude. Nous passons saluer l’ouvrier qui termine le chantier. Une fois la reconstruction complète du pylône et la remise en état des lignes terminées, des barbelés sont installés pour en interdire l’approche immédiate. Une pancarte en rouge est apposée sur laquelle on peut lire dans les deux langues ''MINEN – Miné''. Je prononce MINANT pour Minen. Je ne comprends pas la signification de Minen, peu importe…<br />
<br />
'''''Des pylônes électriques qu'il faudra garder ?'''''<br />
<br />
Après le dynamitage de notre fameux pylône, les autorités allemandes décident de faire garder, la nuit, tous les pylônes par des civils du village. Suite à cette décision une réunion privée, tout à fait informelle réunissant quelques amis de mon père, se tient chez nous pour, sans doute, organiser les tours de veille ou simplement pour en discuter. Pierrot Letort, mon idole, est présent. Après être entré dans la pièce il me hisse et m’assoit sur la garde-robe, pour quelques instants. C’est une coutume quand il vient nous rendre visite. Toujours curieux, mes oreilles sont grandes ouvertes pour écouter les conversations. Je connais le contexte. Je retiens quelques bribes des paroles échangées. Quelqu’un dit '': « Oui, mais moi, si un résistant veut saboter le pylône, je lui demanderai de me ligoter à un arbre »''. Un autre : ''« il faudrait qu'il nous donne un coup sur la tête pour faire vrai »''. Je n’ai jamais su si le projet des tours de garde du pylône s’est concrétisé ou si les autorités allemandes avaient renoncé à l’application de cette décision. La mairie doit avoir cela dans ses archives.<br />
<br />
<br />
[[Fichier:Pylone dynamité pendant la guerre.JPG]]<br />
''Endroit du Pylône dynamité en haut du Chemin Vert.'' <br />
<br />
'''''Les émissions radio pendant la guerre'''''<br />
<br />
Chez nous, à la maison, nous possédons un poste radio, qui n'est pas caché, il est bien en vue sur une étagère. Pourtant il paraît qu’il faut les remettre à l’administration !? Enfin, il fonctionne très souvent. Trop souvent au gré de mon père qui rappelle que ''« l’électricité coûte cher et ainsi écouter la radio, la journée, est affaire de paresseux »''. Des chansons sont diffusées par Radio Paris, je les retiens facilement et les fredonne encore maintenant, jolies chansons. Elles sont souvent susurrées avec beaucoup de douceur. Je les entends encore, très apaisantes, Rina Ketty, Jean Sablon, Charles Trenet, Berthe Silva avec ses ''Roses Blanches'' et bien d’autres. Quand ma mère me chantait « Les Roses Blanches » chanson qu’elle aimait tant, je ne m’imaginais pas alors qu’elle disparaîtrait aussi comme dans la chanson peu de temps après, en 1946. Beaucoup de ces chansons, qu’on disait « réalistes » me transportent encore aujourd’hui dans ma douce enfance et font naître en moi une douce nostalgie.<br />
<br />
<br />
Le soir, à la radio il y a une émission pour enfants que je ne veux pas manquer. Il semble que cette émission s’intitule DOMINO. Je ne suis par certain. La radio diffuse aussi le soir un feuilleton pour adulte dont le thème musical m’impressionne. Je pense que la musique de présentation du feuilleton est celle de Vincent d'Indy, un extrait de la ''Symphonie Cévenole''. À moins que cela ne soit un extrait de ''l’Amour des trois oranges'' de Stravinsky. L’instant musical est tragique et m’émeut. <br />
<br />
Plus tard dans la soirée ce n’est plus Radio Paris qui est écouté, parce que tout le monde sait que… ''« Radio Paris ment, Radio Paris ment, Radio Paris est allemand »''. Je fredonne cette chanson de [https://fr.wikipedia.org/wiki/Pierre_Dac Pierre Dac], sans en comprendre le sens. Cette radio se présente en énonçant la phrase suivante ''« Ici Londres, les Français parlent aux Français »''.<br />
Toute la famille s’applique à écouter les informations qui nous arrivent d’outre-Manche. Chaque auditeur interprète à sa manière, en fonction de son âge, les propos qui sont dits. Un brouilleur, comme une musique répétitive empêche d’entendre clairement la personnes qui parle. Un speaker débite de courtes phrases prononcées toujours deux fois, qui n’ont ni queue ni tête, c’est paraît-il des messages. Comme à l’école ! <br />
<br />
Non je ne me souviens pas avoir vu affiché la photo du Maréchal Pétain à Vezin-le-Coquet. Elle doit être probablement quelque part mais pas ostensiblement exhibée, peut être affichée à minima. C’est sans doute la raison pour laquelle je n’ai pas de souvenir concernant ce sujet, sauf d’avoir entendu prononcer ''« la milice de Pétain »''. Le panneau public d'affichage est fixé sur le mur extérieur d’un préau de l'école, préau des filles et des petits, côté rue devant chez Letort. Eh bien non ! Pas de souvenir de l'image du Maréchal. Elle doit bien être quelque part. Madeleine Pécoil me disait récemment que la photo pouvait bien être affichée en Mairie… quand même !…<br />
<br />
'''''Le maire de Vezin est un résistant'''''<br />
<br />
Le maire de Vezin, Monsieur Fernand Bons, a des contacts étroits avec des éléments de la Résistance. Il héberge dans sa ferme à proximité du bourg des aviateurs britanniques qu'il cache dans des grands fûts. Chaque jour il leur fait apporter de la nourriture jusqu'à leur prise en charge par un réseau qui les acheminera en zone libre. Il a aussi fait passer des Polonais recherchés par la Gestapo (les vieilles personnes prononcent Jestapo). Il a été décoré après guerre, notamment pour ces faits, lesquels ne sont pas les seuls. Il ne peut et ne veut donc pas assurer la promotion du Maréchal. J'ai consulté, ce jour, deux anciennes du village qui avaient à l'époque entre 13 et 18 ans. S'agissant du Maréchal l'une est certaine de n'avoir jamais vu sa photo affichée dans la commune. L'autre est certaine aussi de la même chose et certifie en outre que les enfants de la communale ne chantent pas la chanson du Maréchal en question. Par contre les enfants chantent et cela est certain : ''« Le p’tit Prince à dit »''. <br />
<br />
'''''La DCA de la Belle Epine et son PC à la Drouétière'''''<br />
<br />
Le poste de commandement du champ de la DCA allemande de ''la Belle Épine'' est situé au Château de la Drouétiére, sur une éminence, tout près du bourg. Une petite tourelle surmonte le château dont le toit est alors plat. En haut de la tourelle se tient comme un petit belvédère à partir duquel on découvre mieux qu’ailleurs le bassin de Rennes. Endroit idéal, qui convient parfaitement à l’occupant pour mieux observer, sans doute, le passage des avions. Avec d'autres femmes, ma mère aide à la préparation des repas des soldats du château ainsi que de ceux des artilleurs qui cantonnent auprès de leurs pièces à environ un kilomètre plus loin. La soupe des artilleurs est transportée du château de ''la Drouétière'' à ''la Belle Épine'' au moyen d'une charrette tirée par uncheval que conduit un jeune du village, Roger Philouze. Ce jeune homme habite dans une ferme en bas du Tertre. Il remplace son père qui a été réquisitionné pour cette corvée. La cuisine est préparée dans le sous-sol à l’arrière du château. J’accompagne parfois ma mère. Un de ces jours-là, il fait beau, les femmes épluchent des pommes de terre, dehors, beaucoup de pommes de terre. C’est bien le diable si quelques unes d’entre elles ne se retrouveront pas plus tard dans notre assiette à la maison, surtout si elles sont transformées en frites. J’adore les frites cuites dans de la graisse de bœuf comme on les prépare ''din l’ch’nord''.<br />
<br />
[[Fichier:Sous sol château de la Drouetiere.JPG]]<br />
<br />
''Arrière du château, le sous sol où était préparée la popote des Allemands''<br />
<br />
<br />
<br />
Le travail des civils employés par les Allemands est rémunéré par l’administration française, c’est une réquisition de l’occupant. <br />
J'accompagne aussi quelquefois ma mère au cantonnement près des pièces de DCA, une petite ferme réquisitionnée. C’est une grande pièce que je découvre en y entrant, des tables, des chaises, c’est le réfectoire. Les soldats sont très jeunes, ils ont tous pour moi de gentilles marques d'attention, certains jouent avec moi et me donnent des bonbons. Ils appartiennent probablement au ''RAD Reichsarbeitsdienst'' (Service du travail de l’Etat) de la Luftwaffe, défense antiaérienne.<br />
<br />
<br />
<br />
Un certain jour, pour une raison que j'ignore, ma mère ne s'est pas rendue à son travail, probablement un mot d’ordre de quelque part. Dans la même journée un soldat allemand, fusil en bandoulière, masque à gaz au ceinturon, une grenade à manche dans une botte, dévale à vélo la route de Montfort. Sans descendre de son engin il frappe à la fenêtre de notre maison qui donne sur la rue. J’ai encore la chance d’être présent dehors, au niveau de la cour devant chez Trincart. Je vois mais je n’entends pas ce qui est dit, l’Allemand gesticule ma mère répond par des signes de tête. L'événement est clos. <br />
Le soir ma sœur aînée raconte ''« Il a dit(l'Allemand) que si maman refuse de venir travailler, « ils » viendront la chercher baïonnette au canon »''. Baïonnette au canon !?… Baïonnette au canon !?… J’imagine mal. Comment peut-on mettre une baïonnette au bout d'un canon de DCA et venir chercher ma maman avec çà !… Encore un mystère qui, toutefois, ne m’a pas tracassé bien longtemps mais qui, plus tard en y repensant, m'a fait sourire.<br />
<br />
<br />
Albert René Gilmet<br />
<br />
Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
<br />
Janvier 2013<br />
<br />
[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°05]]<br />
<br />
'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°07]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Discussion_utilisateur:Micka%C3%ABl&diff=71564Discussion utilisateur:Mickaël2021-03-14T18:42:18Z<p>Aldebert : Page créée avec « Bonjour, Je voudrais répondre à Mickaël et le contacter pour lui demander quel est son nom de famille. En effet si ses parents ont habité le Camp Victor Rault j'aurais... »</p>
<hr />
<div>Bonjour,<br />
Je voudrais répondre à Mickaël et le contacter pour lui demander quel est son nom de famille. En effet si ses parents ont habité le Camp Victor Rault j'aurais plaisir à lui communiquer les informations qu'il souhaite. Et s'il veut me contacter, par ailleurs, voici mon adresse courriel: aldebert.24@orange.fr</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Chronique_vezinoise_sous_l%27occupation_n%C2%B005&diff=71547Chronique vezinoise sous l'occupation n°052021-03-13T18:26:51Z<p>Aldebert : </p>
<hr />
<div><br />
<br />
<br />
'''Les jeux des enfants à Vezin-le-Coquet ''sous l’occupation''.'''<br />
<br />
<br />
<br />
'''''Nos terrains de jeux et leurs limites '''''<br />
<br />
Les jeux que nous partageons, enfants à Vezin-le-Coquet sous l'Occupation, sont simples, inventifs et souvent copiés à partir d’événements de la vie de tous les jours. Tout est prétexte aux jeux. En dehors de l’école et des devoirs pour les grands, il reste pour le temps libre encore de nombreuses heures disponibles. Les habitations sont loin d’être suffisamment spacieuses, ainsi les enfants sont fort bien dehors pour jouer.<br />
<br />
Libres les enfants, nous le sommes, dans ce village qui vit presque ''en autarcie'' compte tenu des possibilités réduites de déplacements et des interdictions de toutes sortes, énoncées par les lois de l’occupant.<br />
<br />
D’instinct nous avons, avec mon frère, bien défini nos marques et établi des frontières du village à ne pas dépasser. <br />
''Le Tertre'' par exemple où demeure Pierre Pécoil est pour moi une terre réservée aux enfants de ce fief. Nous ne le fréquentons jamais, nous le traversons parfois, accompagnés de notre mère. C’est un passage obligé pour se rendre à Rennes. La nouvelle route n’est pas encore percée. Pour ce faire, les travaux qui ont démarré avant guerre sont stoppés net avec la déclaration de celle-ci. Situé peu après la ferme Lefeuvre, l’endroit présente l’aspect d’un chantier abandonné. Des wagonnets encore posés sur quelques mètres de rails menant nulle part, attendent de meilleurs jours pour rependre du service. <br />
Ce lieu domine légèrement Rennes, suffisamment toutefois pour apercevoir, un soir avancé qui précédera le départ de l’occupant, différents points lumineux de la capitale bretonne provoqués par les flammes d’incendies de dépôts de ceux qui, nous ayant humiliés en 1940 s’en retournent enfin rejoindre leurs pénates.<br />
<br />
Une fois traversé ''le Tertre'', en direction de Rennes, la route présente quelques lacets à son point le plus bas. En trottinant avec ma mère je remarque une traction Citroën au fossé abandonnée, dans le sens Rennes-Vezin. Je lui demande ''« c’est à qui l’auto ? »''. Elle me répond qu’elle appartient aux miliciens ''qui devaient être probablement en goguette''. Je pense alors ''« c’est bienfait pour eux »''. Les miliciens me faisaient tellement peur. En même temps, apercevant le volant, les manettes, les jantes jaunes, j’ai envie d’entrer dans le véhicule. Elle est belle la traction, dame, je ne rencontre presque jamais d’automobiles à part celles des soldats allemands. Même le docteur Léon de Pacé n’a pas d’auto, il se rend à motocyclette chez les patients qu’il visite.<br />
<br />
Le cœur du village est à nous jusqu’à ''la Belle Épine'', le chemin vert nous y mène. <br />
Le bois de ''la Glétière'', le château et son grand parc, excellent pour l’exploration, me réserve à chaque visite de merveilleuses découvertes, des petites maisons de couleurs pour les oiseaux et différentes petites constructions de bois. L’ensemble du domaine parait m’appartenir tellement il est libre d’accès et désert. <br />
<br />
La maison du passage à niveau, route du Rheu, est une limite que nous franchissons pour nous rendre à ''la Frelonnière'' avec son château qui a conservé en façade ses plans d’eau. La maison du PN est habitée par d’autres drôles de notre espèce, Gaston Pitois entre autres. Près de la barrière, avec Alphonse Gautier nous regardons parfois passer les trains. <br />
Le périmètre s’élargit au fur et à mesure que nous prenons de l’âge. Il n’existe aucun endroit du village inexploré, nous en connaissons tous les recoins. Nous occupons les lieux en toute tranquillité et sécurité avec la bénédiction de leurs habitants. Qui ne connaît pas qui !<br />
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'''''Jeu de l'attelage'''''<br />
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Un autre jeu consiste à imiter un attelage. On passe une corde d’abord sur le cou puis en dessous des bras de celui qui fera le cheval. La longue corde fait office de rênes que saisit derrière un cocher, une badine à la main et hue... cocotte... ! <br />
Un autre, le side-car. Un garçon mime la moto, les deux mains en avant saisissant un guidon imaginaire. L'autre s'accroche de la main droite à la manche gauche de la moto, c’est lui qui est le side-car. Notre moto a son side-car à gauche, c’est la règle. L'engin démarre avec des brrrreeeeem retentissants. ''Le bruit est une imitation du bruit que fait le moteur du side-car allemand''. Nous n’en n’avions alors pas encore vus ou entendus d’autres.<br />
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'''''Jeu de l'abattoir'''''<br />
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Certains jeux ne sont pas exempts de danger, comme celui, par exemple, de simuler l’abattage d’un bestiau destiné à la boucherie. Encore un spectacle de la vie.<br />
Celui d’un authentique s’est offert à nous avec Albert Pinel qui s’y entend parfaitement. Armé d’un outil ressemblant à un piolet très pointu, il assène un grand coup sur la tète de l’animal qui s’affale, le sang gicle, c’est la vie !… enfin pour ceux qui profiteront de sa viande. Il faut dire qu’à cette époque elle se faisait plutôt rare dans l’assiette du particulier<br />
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Dans le pré de chez Lebastard, nous sommes plusieurs enfants, il doit bien y avoir Gaby, peut-être Alphonse et d’autres. Nous nous positionnons à quatre pattes, les uns derrière les autres, nous singeons des petites bêtes qui se dirigent vers le coup fatal. Le boucher du jour est Bernard, le plus grand. Il est armé d'une barre de fer faisant croix. Il feint d’asséner un violent coup sur la tête. La barre s'arrête un poil au-dessus de la cible et la petite bête s’affale en jetant un petit cri. À chacun son tour pour la tuerie, quand celui de mon frère arrive au moment important où le fer s'abat, il relève soudainement la tête en meuglant pour faire plus vrai. C’est alors la rencontre du fer contre crâne, le choc, des pleurs qui dépassent en intensité sonore les meuglements déjà entendus, il y a beaucoup de sang. Dans ce cas-là on appelle toujours sa maman. Bernard est bouleversé, il prend mon frère par le bras qu’il tient comme pour jouer au side-car. Nous nous précipitons tous en courant vers la maison. Ma mère affolée ne supporte pas la vue du sang. La voisine, madame Blanchard, de Rennes, heureusement présente ce jour là, soigne la plaie, finalement sans gravité. Heureusement Bernard a eu la main plus légère qu’Albert Pinel. On en parle encore. Soixante ans ont passé et Bernard se confond toujours en excuses.<br />
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'''''La chasse aux corbeaux'''''<br />
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Un jour, sans pluie, ma grande sœur participe, pour les petits, à la fabrication d’arcs. Une fine branche bien droite, une ficelle, des flèches. Nous voilà partis à la chasse, tous ensemble quatre ou cinq gamins, Alphonse était du nombre, je crois. Notre souci est de tuer des oiseaux nuisibles, pies ou corbeaux. Nous avions entendu dire qu'une prime est versée par la commune pour chaque bête tuée et bien sûr apportée en mairie. Ma sœur aînée entre dans notre jeu, elle nous encourage, ''« cela va toujours les occuper pour un moment ! »''.<br />
Elle n’imagine pas que nous irions jusqu’au bout de notre projet ''tant que faire se peut''. Nous entrons à fond dans notre jeu avec l’esprit de rapporter de l’argent. Nous le croyons bien fermement. Au bout du compte, notre chasse n’est pas des plus heureuses, aucun gibier n’accepte de venir se suicider à nos pieds. Peu importe nous avons de la ressource. Je ne me souviens plus qui a eu cette idée, c’est tout à fait dans mes cordes de décrocher un volatile mort accroché à la branche d’un pommier. Un cultivateur l’avait attaché là pour écarter les autres nuisibles. Quelle belle idée, plein d'espoir, nous le décrochons et l’emportons. Nous le présentons au secrétaire de mairie qui n'est autre que notre directeur d’école, monsieur Guérin. ''« C’est pour la prime »'' avons-nous dit. À notre grand étonnement la réception n’est pas celle que nous imaginions. Monsieur Guérin lève les bras au ciel, des paroles fusent de sa bouche, je ne me souviens plus lesquelles, je crois tout de même me souvenir d’un mot : galopins. Je pense qu’il est préférable d’avoir oublié les autres. Piteusement nous rentrons rendre compte à ma sœur aînée de nos déboires.<br />
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'''''À la recherche des éclats d'obus'''''<br />
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Plus qu’un jeu, c’est une distraction que le ciel nous apporte offerte par le déroulement des événements habituels du moment. L’éclatement en l’air des obus lancés par les 8,8cm de la DCA de ''la Belle Épine'' lors de chaque passage d’avions alliés retombent un peu partout. Chaque détonation du canon claque sèchement, acide, brève sans écho bien différent des bruits que provoquent un bombardement. Ce bruit m’impressionne, me gêne sans toutefois m’effrayer. J’entends les éclats tomber sur la toiture d’ardoise de la maison, dégoulinant comme de la grêle, accompagnés de petits tintements clairs. Lorsque l’alerte est terminée nous nous élançons à la recherche de ces petits éclats métalliques. Nos recherches se portent sur les routes là où ils sont le plus visibles. Nous en récoltons de grosseurs plus ou moins importantes et de différentes formes. Nous les comparons entre nous, nous nous les échangeons. ''Lesquels sont les plus beaux?''. Le bord des éclats est souvent acéré.<br />
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Ces jours là, nous n’allons pas aux abris, les bombes des vagues des bombardiers qui nous survolent très haut aux dessus de nos têtes, ne nous sont pas destinées. Ce n’est qu’un simple passage.<br />
[[Fichier:Belle Epine 4-6-44 NCAP.JPG]][[Catégorie:Vezin-le-Coquet]]<br />
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'''Photographie aérienne du 04 juin 1944'''<br />
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Albert René Gilmet <br />
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Janvier 2013<br />
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Voir autres informations Blog Aldebert: https://www.39-45.org/blog.php?u=5328&b=565<br />
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[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°04]]<br />
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'''[[Chronique vezinoise sous l'occupation n°06]]'''</div>Aldeberthttps://www.wiki-rennes.fr/index.php?title=Discussion_fichier:Belle_Epine_4-6-44_NCAP.JPG&diff=71546Discussion fichier:Belle Epine 4-6-44 NCAP.JPG2021-03-13T18:02:20Z<p>Aldebert : Page créée avec « A l'aide. Je ne me souviens plus comment on insère une photo dans un texte. Merci de me sortir de là !!! »</p>
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