Notre-Dame de Boulogne à Rennes le 6 avril 1945

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La statue de Notre-Dame de Boulogne, évacuée sur Lourdes au début de la seconde guerre mondiale, fit son grand retour qui dura plus de 5 ans, de mars 1943 à août 1948. Elle parcourut ainsi 16 000 paroisses, à vrai dire multipliée par quatre, trois exemplaires ayant été moulés en 1939. Notre-Dame sur sa barque fut même appelée Notre-Dame du Grand Retour.

Le cortège place Sainte-Anne le 8 avril 1945

Ces processions nationales avaient pour but de faire ratifier par le plus grand nombre de catholiques français la consécration du "cœur immaculé de Marie", selon la formule du pape Pie XII et chaque catholique était invité à signer un formulaire.

Ce fut, dans les villes et villages traversés, l'occasion de grandes démonstrations de foi des catholiques, commencées pendant la période de l'occupation allemande, et, à vrai dire, l'espoir du retour des prisonniers de guerre s'immisça chez beaucoup dans cette notion de "Grand Retour".

C'est le vendredi 6 avril 1945 qu'une des statues de la Vierge, blanche et tenant l'enfant Jésus à la proue d'un navire, parvint à Rennes, via Chantepie, accueillie par Mgr Roques, archevêque de Rennes[1].

Se forma un cortège d'une longueur impressionnante, composé des nombreux membres du clergé de chaque paroisse précédé de son Suisse, de religieuses, de scouts, guides et louveteaux, des jacistes, des jocistes, d'écoliers. Du sud, il monta par la rue Gambetta vers le haut du centre ville et ses sanctuaires. Notre-Dame de Bonne Nouvelle, la Rennaise, était de la partie, sortie pour la première fois depuis 1908 de l'église Saint-Aubin. Elle était portée sur épaules de jeunes gens nu-pieds, suivie du "vœu d'argent"[1] et Notre-Dame de Boulogne, dans sa barque, était halée par des hommes tandis que se succédaient des cantiques chantés par les processionnaires et qui se décalaient en raison de la longueur du cortège :" Chez nous soyez reine, nous sommes à vous...", "Parce Domine, parce populo tuo.." entrecoupés de "Je vous salue, Marie". Des milliers de personnes touchent la statue avec une fleur en papier fixée au bout d'une tige de bois qu'elles se promettent de conserver. Au long du cortège étaient répercutés des souhaits : "pour la libération de nos prisonniers, pour le retour de nos travailleurs et déportés, pour nos sinistrés, pour nos morts, pour la paix". Le lundi 9 avril, la statue quitte la place Sainte-Anne, reconduite par des scouts et louveteaux pieds-nus jusqu'à la sortie de la ville pour Montfort-sur-Meu, Mordelles et Talensac. [2]

La foule et la ferveur dépassèrent de beaucoup les processions de Fête-Dieu auxquelles étaient accoutumés les Rennais mais ces passages des Notre-Dame de Boulogne provoquèrent des manifestations similaires dans l'ensemble du pays. Ces manifestations en 1945, avaient aussi une connotation politique pour les milieux catholiques contre les tenants du parti communiste qui représentait, au plan national, le quart des votants.

lien interne

  1. rue Cardinal Roques
  2. Ouest-France 9 avril 1945